mardi 17 juillet 2012

Guerre dans l’Est : un sujet tabou

La guerre dans l’Est du pays est-elle une réalité ou un leurre ? La question vaut son pesant d’or au regard du peu d’intérêt accordé à ce sujet au niveau des institutions de la République. Le gouvernement ne s’est pas montré assez offensif sur le plan diplomatique et communicationnel.

Dénotant une réserve assimilable à une frousse. Même attitude du côté de deux Chambres du Parlement qui ont évité d’aborder la question de manière publique jusqu’à leur départ en vacances. Ce qui, en définitive, fait supputer que les institutions font de la guerre dans l’Est du pays un sujet tabou.

Réserve. Courtoisie. Refus de nommer l’ennemi. Tout dans l’attitude des animateurs des institutions de la République démontre que la guerre déclenchée dans l’Est du pays par le M23 serait couverte par un épais nuage de non dits. C’est comme si ces derniers ploieraient sous le poids d’un lourd secret ou, à la limite, d’une frousse qui ne dirait pas son nom.

L’on en veut pour preuve, la langue de bois dont a fait montre le porte-parole de la rencontre qui a réuni les bureaux de deux bureaux du Parlement. Juste au moment où ils doivent aller en vacances.

En son temps, l’Assemblée nationale avait imposé un huis clos pour traiter du sujet. A l’époque, le bureau de la Chambre basse du Parlement avait invoqué le caractère très sensible du dossier qui empêchait un débat public. Raison : le dossier procédait du secret-défense.

Le ton semblait être donné. Car, le mardi 17 juillet 2012, le Sénat a clos sa session extraordinaire et est parti en vacances. A l’issue de la séance de clôture, aucune déclaration n’a été faite relativement à la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la RD Congo.

Le jeudi 19 juillet 2012, c’est au tour de l’Assemblée nationale d’aller également en vacances. Il n’est pas évident que les députés nationaux se prononcent sur le sujet, par le biais d’une déclaration ou d’un communiqué. Ils auront étalé les mêmes réserves comme pour préserver le tabou.

Actionner la diplomatie parlementaire

Les deux bureaux du Parlement conduits par leurs présidents respectifs, à savoir Léon Kengo wa Dondo pour le Sénat et Aubin Minaku pour l’Assemblée nationale, se sont réunis, le mardi 17 juillet, au Palais du peuple, en vue d’évaluer les travaux parlementaires de la session qui tire à sa fin.

Dans le compte rendu fait à la presse à l’issue de cette rencontre par le rapporteur du Sénat, Modeste Mutinga Mutuishayi, il ressort que les deux Chambres ont décidé de déclencher la diplomatie parlementaire, afin d’assurer le suivi de l’action du gouvernement pour résoudre la crise issue de l’insurrection du M23 soutenu par le Rwanda.

Il a aussi noté la satisfaction du Parlement pour la relance dynamique de la diplomatie par le gouvernement pour arracher quelques succès lors des travaux de la session de l’Union africaine (UA), à Addis-Abeba.

«Cela réconforte le peuple congolais et, le Parlement entend assurer le suivi des décisions prises à Addis-Abeba», a dit Modeste Mutinga. Il a rappelé que les deux bureaux qui se sont aussi retrouvés à l’ouverture de la session ont, dans leur évaluation, marqué un point d’arrêt sur la situation de l’insécurité dans l’Est du pays.

A tout prendre, le Parlement donne l’impression de ne pas voler la vedette au gouvernement en lui laissant l’initiative de toute action à entreprendre au plan politique, diplomatique et militaire. Pourvu que cela marche ; que la neutralisation du M23 (et autres groupes armés qui écument la région des Grands Lacs) endossée par l’Union africaine arrive ramener une paix durable ; allusion est faite ici à la promesse de l’envoi d’une force internationale aux frontières communes RDC-Rwanda.

Pourvu que le spectre de la balkanisation disparaisse de l’Est de la RDC et que les populations qui y vivent retrouvent la quiétude, regagnent leurs domiciles et leurs terres et se remettent au travail.


 © Le Potentiel 

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