le 14 juillet 2012.
Les affrontements s’intensifient au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Mercredi 11 juillet, les troupes de la Monusco, mission de l’ONU en RDC, se sont jointes aux forces loyalistes de l’armée congolaise pour protéger Goma, la capitale du Nord Kivu, d’une éventuelle attaque rebelle.
Les combats initiés fin avril par les mutins ravivent les tensions entre le Rwanda et la RDC, dans cette région convoitée pour ses richesses naturelles et foyer historique de conflits.
La région du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est à nouveau le théâtre d’affrontements armés entre d’ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement de la rébellion congolaise tutsi créé par Laurent Nkunda lors de la dernière guerre du Kivu en 2007-2008, et les forces armées congolaises (FARDC).
Les combats ont déjà causé le déplacement de 220 000 personnes et la fuite de 30 000 réfugiés dans les pays voisins. L’ONU et la RDC redoutent particulièrement une attaque de la ville de Goma, capitale de la province, peuplée de 500 000 habitants et point de départ des guerres qui ont enflammé la région.
À l’origine de la reprise des hostilités, la mutinerie début avril d’officiers supérieurs de l’armée congolaise proches de Bosco Ntaganda, ex-chef d’état-major du CNDP. Entraînant avec eux une centaine d’hommes, ils ont déserté les rangs de l’armée et lancé une attaque contre les FARDC dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, fin avril.
Depuis, ils ont bénéficié de nouveaux ralliements – portant leur effectif à 2 000 hommes – et ils ont pris aux forces loyalistes de l’armée congolaise plusieurs localités du Nord-Kivu, dont le stratégique poste-frontière de Bunagana et Rutshuru. Bien armés et entraînés, ils seraient aujourd’hui rassemblés près de la frontière rwandaise et ougandaise, non loin de Goma.
CE QUE VEULENT LES REBELLES
La constitution des rebelles en « Mouvement du 23 mars » (M23), avec à sa tête l’ancien numéro trois du CNDP Sultani Makenga, vient éclairer le contexte du conflit. Le nom du mouvement fait référence à la date de signature des accords de 2009 entre les rebelles tutsis du CNDP et le gouvernement de la RDC, dont les mutins revendiquent l’application.
En 2007-2008, sous la direction du général Laurent Nkunda et avec le soutien du Rwanda, le mouvement de rébellion tutsi avait mis en déroute l’armée congolaise dans le Nord Kivu. Il fut stoppé par un retournement d’alliance entre le Rwanda et la RDC, qui conduisit à l’arrestation du chef des rebelles au Rwanda en 2009.
L’accord de paix du 23 mars 2009 prévoyait la transformation du CNDP en parti politique et offrait aux ex-rebelles le contrôle d’une grande partie de la région du Kivu. Lorsque les soldats du mouvement rebelle ont été réintégrés dans l’armée congolaise, 50 % des commandants du Kivu étaient issus du CNDP.
L’ALLIANCE A FAIT LONG FEU
Jusqu’à il y a quelques mois, la situation satisfaisait les intérêts des deux parties. Bosco Ntaganda, nouveau chef du CNDP après l’arrestation au Rwanda de Laurent Nkunda, contrôlait de fait la région, riche en minerais et abritant les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). L’homme, surnommé « Terminator », est recherché par la Cour pénale internationale depuis 2006 pour crimes de guerres.
Le pouvoir central bénéficiait de son côté d’un allié précieux : les bourrages d’urnes au Kivu auraient largement contribué à la victoire électorale de Joseph Kabila en novembre 2011. Mais l’alliance a fait long feu début 2012, lorsque le pouvoir central a décidé de reprendre le contrôle sur les Kivus, en transférant des officiers du CNDP ailleurs dans le pays.
Les récents événements ont réveillé les tensions entre la RDC et le Rwanda. Depuis le génocide tutsi, les rebelles hutus hostiles au régime de Kigali, accusés d’avoir participé au génocide tutsi, sont réfugiés au Nord Kivu. Regroupés en 2001 au sein des FDLR, ils ont appuyé les forces armées congolaises lors des guerres du Kivu, tandis que le Rwanda soutient régulièrement les rebelles congolais tutsis.
DES RENFORTS ENVOYÉS AU NORD DE GOMA
L’association Human Right Watch et des rapports d’experts de l’ONU accusent aujourd’hui de hauts responsables rwandais, dont le ministre de la défense, d’apporter leur aide au M23, en leur fournissant armes, munitions et recrues. Kigali accuse la RDC de relancer la coopération entre son armée et les rebelles hutus des FDLR.
De son côté, Kinshasa exige des autorités rwandaises qu’elles « cessent de laisser leurs officiers alimenter la guerre ».
Mercredi 11 juillet, le chef de l’ONU Ban Ki-Moon a appelé les présidents Paul Kagame et Joseph Kabila « à poursuivre le dialogue et mettre fin à la crise » . Les forces de l’ONU, présentes en RDC dans le cadre de la mission Munesco, comptent 18 000 hommes.
Pour protéger les civils d’une éventuelle attaque des rebelles contre Goma, la Munesco a envoyé des renforts au nord de Goma le même jour.
Jeudi, elle a participé au bombardement des mutins aux côtés de l’armée congolaise. Les principaux leaders de la mutinerie sont cités dans des rapports de l’ONU et d’ONG pour des crimes et abus graves des droits de l’homme mais aussi des trafics de ressources naturelles.
Laurence Neveu
Les affrontements s’intensifient au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Mercredi 11 juillet, les troupes de la Monusco, mission de l’ONU en RDC, se sont jointes aux forces loyalistes de l’armée congolaise pour protéger Goma, la capitale du Nord Kivu, d’une éventuelle attaque rebelle.
Les combats initiés fin avril par les mutins ravivent les tensions entre le Rwanda et la RDC, dans cette région convoitée pour ses richesses naturelles et foyer historique de conflits.
La région du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est à nouveau le théâtre d’affrontements armés entre d’ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement de la rébellion congolaise tutsi créé par Laurent Nkunda lors de la dernière guerre du Kivu en 2007-2008, et les forces armées congolaises (FARDC).
Les combats ont déjà causé le déplacement de 220 000 personnes et la fuite de 30 000 réfugiés dans les pays voisins. L’ONU et la RDC redoutent particulièrement une attaque de la ville de Goma, capitale de la province, peuplée de 500 000 habitants et point de départ des guerres qui ont enflammé la région.
À l’origine de la reprise des hostilités, la mutinerie début avril d’officiers supérieurs de l’armée congolaise proches de Bosco Ntaganda, ex-chef d’état-major du CNDP. Entraînant avec eux une centaine d’hommes, ils ont déserté les rangs de l’armée et lancé une attaque contre les FARDC dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, fin avril.
Depuis, ils ont bénéficié de nouveaux ralliements – portant leur effectif à 2 000 hommes – et ils ont pris aux forces loyalistes de l’armée congolaise plusieurs localités du Nord-Kivu, dont le stratégique poste-frontière de Bunagana et Rutshuru. Bien armés et entraînés, ils seraient aujourd’hui rassemblés près de la frontière rwandaise et ougandaise, non loin de Goma.
CE QUE VEULENT LES REBELLES
La constitution des rebelles en « Mouvement du 23 mars » (M23), avec à sa tête l’ancien numéro trois du CNDP Sultani Makenga, vient éclairer le contexte du conflit. Le nom du mouvement fait référence à la date de signature des accords de 2009 entre les rebelles tutsis du CNDP et le gouvernement de la RDC, dont les mutins revendiquent l’application.
En 2007-2008, sous la direction du général Laurent Nkunda et avec le soutien du Rwanda, le mouvement de rébellion tutsi avait mis en déroute l’armée congolaise dans le Nord Kivu. Il fut stoppé par un retournement d’alliance entre le Rwanda et la RDC, qui conduisit à l’arrestation du chef des rebelles au Rwanda en 2009.
L’accord de paix du 23 mars 2009 prévoyait la transformation du CNDP en parti politique et offrait aux ex-rebelles le contrôle d’une grande partie de la région du Kivu. Lorsque les soldats du mouvement rebelle ont été réintégrés dans l’armée congolaise, 50 % des commandants du Kivu étaient issus du CNDP.
L’ALLIANCE A FAIT LONG FEU
Jusqu’à il y a quelques mois, la situation satisfaisait les intérêts des deux parties. Bosco Ntaganda, nouveau chef du CNDP après l’arrestation au Rwanda de Laurent Nkunda, contrôlait de fait la région, riche en minerais et abritant les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). L’homme, surnommé « Terminator », est recherché par la Cour pénale internationale depuis 2006 pour crimes de guerres.
Le pouvoir central bénéficiait de son côté d’un allié précieux : les bourrages d’urnes au Kivu auraient largement contribué à la victoire électorale de Joseph Kabila en novembre 2011. Mais l’alliance a fait long feu début 2012, lorsque le pouvoir central a décidé de reprendre le contrôle sur les Kivus, en transférant des officiers du CNDP ailleurs dans le pays.
Les récents événements ont réveillé les tensions entre la RDC et le Rwanda. Depuis le génocide tutsi, les rebelles hutus hostiles au régime de Kigali, accusés d’avoir participé au génocide tutsi, sont réfugiés au Nord Kivu. Regroupés en 2001 au sein des FDLR, ils ont appuyé les forces armées congolaises lors des guerres du Kivu, tandis que le Rwanda soutient régulièrement les rebelles congolais tutsis.
DES RENFORTS ENVOYÉS AU NORD DE GOMA
L’association Human Right Watch et des rapports d’experts de l’ONU accusent aujourd’hui de hauts responsables rwandais, dont le ministre de la défense, d’apporter leur aide au M23, en leur fournissant armes, munitions et recrues. Kigali accuse la RDC de relancer la coopération entre son armée et les rebelles hutus des FDLR.
De son côté, Kinshasa exige des autorités rwandaises qu’elles « cessent de laisser leurs officiers alimenter la guerre ».
Mercredi 11 juillet, le chef de l’ONU Ban Ki-Moon a appelé les présidents Paul Kagame et Joseph Kabila « à poursuivre le dialogue et mettre fin à la crise » . Les forces de l’ONU, présentes en RDC dans le cadre de la mission Munesco, comptent 18 000 hommes.
Pour protéger les civils d’une éventuelle attaque des rebelles contre Goma, la Munesco a envoyé des renforts au nord de Goma le même jour.
Jeudi, elle a participé au bombardement des mutins aux côtés de l’armée congolaise. Les principaux leaders de la mutinerie sont cités dans des rapports de l’ONU et d’ONG pour des crimes et abus graves des droits de l’homme mais aussi des trafics de ressources naturelles.
Laurence Neveu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire