jeudi 1 novembre 2012

RDC : Nous sommes en guerre ?



De nouveaux mouvements de troupes régulières rwandaises ont été récemment signalés sur un nouvel axe du territoire de Rutshuru, situé à 40 km au nord-ouest de Goma, dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC), a indiqué samedi Lambert Mende, porte-parole du gouvernement et ministre des Médias.

Kigali réfute toujours officiellement ses « accusations ». Sur terrains, la vraie guerre a peut-être commencé.
À Goma, rapporte Laurent Larcher  dans un reportage sur  La-Croix.com, les attentats sont quasi quotidiens.

Ce jour-là, raconte-il, un individu vient de lancer une grenade devant un salon de coiffure, la Maison de Chicago, qui jouxte l’hôtel Jola. Le bilan des secours est d’un mort et d’une vingtaine de blessés.

« Depuis mi-septembre, nous sommes visés, aveuglément,témoigne Cédric, 17 ans, un voisin de la Maison de Chicago. Cette fois, c’est notre quartier. Et puis demain ? Nous avons de plus en plus peur de ces attaques aveugles. »

Elles ne sont pas revendiquées. La police, l’armée, les casques bleus de l’ONU semblent bien impuissants devant cette nouvelle menace. Les bérets rouges de la garde républicaine, chargés de sécuriser le quartier, sont très impopulaires dans la population.

« Ils entrent dans nos maisons, volent nos biens et nos téléphones et prennent notre argent, accuse Cédric. Dès qu’ils viennent, tout le monde fuit. Alors que faire ? Partir ! Mais pour aller où ? »

À la menace de ces attentats s’ajoute celle de la prise de la ville par le M23. Depuis le début du mois d’octobre, le mouvement menace de s’emparer de Goma, affirmant vouloir « protéger la population des attentats aveugles » .

Une menace encore renouvelée la semaine dernière. À Bunagana et à Rutshuru, les deux principales villes occupées par la rébellion, le discours est sans équivoque parmi les soldats, les officiers, les politiques : « Nous nous préparons à prendre la ville », répètent-ils. Pour l’heure, la rébellion ne campe qu’à une trentaine de kilomètres de Goma.

Pour arriver à ses fins, le Mouvement du 23 mars (M23),  rebaptisé Armée révolutionnaire du Congo, compterait sans doute sur les éléments de l’armée régulière Rwandaise dont faisait notamment échos ce dimanche le porte-parole du gouvernement congolais.

Selon lui, il s’agit vraisemblablement des préparatifs d’une nouvelle attaque à proximité de cette partie de la province du Nord-Kivu.

D’autant plus que le dispositif déployé pour protéger la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, par l’armée congolaise n’est pas impressionnant. Pour un mouvement militaire bien organisé et bénéficiant de soutiens extérieurs, dont celui du Rwanda, tout proche, prendre cette ville ne semble pas très compliqué.

L’unitile mission Onusienne

Reste une inconnue de taille : l’attitude de la Mission des Nations unies pour la sécurisation du Congo (Monusco). Officiellement, les forces de l’ONU ont annoncé qu’elles défendraient la ville. En pratique, elles ont reculé, jusque-là, devant les troupes du M23 qui se sont emparées de plusieurs villages.

Pour la rébellion, prendre Goma, c’est la première étape qui doit les conduire, 2 200 km plus loin, à Kinshasa, la capitale. En attendant, la vie à Goma s’arrête à la nuit tombante, à 18 heures.

Il est clair que dans une telle configuration, l’Etat Congolais devrait en effet prendre au sérieux la menace rebelle, mais aussi, Rwandaise et même Burundaise.

D’autant plus que malgré les « dénonciations » et « mises en garde » Onusiennes, les deux pays dont l’implication n’est plus à prouver continuent leur œuvre.

Kinshasa qui a longtemps préconiser l’option diplomatie, par peur ou par choix politique  ( ?), devrait maintenant prendre ses responsabilités, car personne ne croit en une solution Onusienne sur l’affaire.

Au communiqué publié la semaine dernière par le Conseil de Sécurité de l’ONU qui menaçait des « sanctions ciblées » contre les dirigeants du M23 et « ceux qui violent le régime de sanctions et l’embargo sur les armes » auxquels est soumise la RDC, un Conseiller Politique d’une Ambassade Européenne à Kinshasa, qui a requis l’anonymat, affirme que l’ONU n’est « politiquement pas  capable de sanctionner qui que se soit au Rwanda », mettant ainsi en cause « l’efficacité » des desdites sanctions.

Kabila la taupe ?

Il est clair qu’aucune Ambassade occidentale ne viendra à notre secours,  d’autant plus que l’Ouganda se donnait déjà  en parade, affirmant que les « menaces de sanctions évoquées ne sont que des paroles qui ne nous impressionnent pas parce que la vérité va émerger ».

Laquelle des vérités parle-t-on ici ? Sans doute celle qui justifierait cette histoire à dormir débout, où l’agressé se tait, l’agresseur dément et les sauveurs ne font que « menacer ».

Le Président Kabila qui lui est accusé, à tort ou à raison, par l’opposition congolaise de « taupe » à la tête de l’Etat, tiendrait là une occasion de s’attirer enfin une « sympathie » tant recherchée, en déclarant ouvertement la guerre aux agresseurs.

Seul hic, le fils de Mzee LD Kabila sait sans doute que les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ne tiendront sans doute pas face  à la puissance de feu Rwando-Burundaise, d’où il faudra (encore) faire appel aux alliés traditionnels  de Kinshasa.

Le pauvre, a-t-il les moyens de sa guerre ? Avec une population congolaise pas tellement  innocente, et qui, comme d’habitude, somnole encore, préoccupée par sa survie quotidienne, condamnant à majorité le gouvernement « Matata », lui amputant, hélas avec raisons,  tous ou presque ses maux, oubliant ainsi l’essentiel du patriotisme, oubliant la défense et l’unité du pays pour  lesquelles ses héros se sont battus tant.

Tout ceci, sans compte sur une opposition très opposante et désunie. Sans doute occupée à être « réprimée » ou à se diviser dans une guerre qui ne dit pas son nom.

Pour l’heure, nous croisons les doigts, entendant la chute de Goma, il y aura peut-être du bon dans ce malheur. Une chose est néanmoins sûre : NOUS SOMMES EN GUERRE.

Benjamin Litsani Choukran,Rédacteur en Chef, Direct.cd

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