Serait-ce encore parti pour des embrouilles entre le Rwanda et la Belgique ?
Tout porte à le croire, surtout avec la récente prise de position du plat pays contre son ancienne colonie. Dans un message posté sur un réseau social, le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a indiqué que son pays suspendait toute coopération militaire avec le Rwanda ; au motif que ce dernier a été mis en cause par l’ONU pour son soutien à une rébellion active dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Bruxelles ne voit donc pas d’un bon œil l’appui qu’apporterait Kigali au Mouvement du 23-Mars (M-23), un groupe composé lors de la guerre du Kivu et d’ex-rebelles du CNDP réintégrés, après un accord de paix avec Kinshasa en 2009, dans l’armée congolaise et qui se sont mutinés après.
Ainsi donc, c’est ce soutien du Rwanda au M-23 que l’ancien colonisateur condamne ; et comme le chef du gouvernement belge l’a signifié, il ne faut « pas former des militaires qui pourraient contribuer à la déstabilisation » de la République Démocratique du Congo.
A ce propos, l’outre-Quiévrechain a parfaitement raison, car c’est tout à fait logique que l’on dénonce l’assistance d’un pays à une rébellion en cours dans un autre.
D’ailleurs, à plusieurs reprises, Bruxelles avait attiré l’attention de son protectorat sur ses actions déstabilisatrices en faveur du M-23 ; seulement jusque-là, le régime de Paul Kagamé faisait la sourde oreille. Ce, jusqu’à ce que l’Union européenne suspende en fin septembre ses projets d’aide au gouvernement rwandais.
La position du pays des Mille collines est d’autant plus incompréhensible que Kigali avait apporté aussi son aide à Kabila père lorsque celui-ci luttait pour la conquête du pouvoir. Il y a ensuite que Paul Kagamé a appuyé Kabila fils. Ironie du sort, c’est ce même Rwanda qui s’insurge contre son grand voisin.
Autant dire qu’il est devenu l’enfant terrible de la région des Grands-Lacs, car, malgré sa petitesse, sa capacité de nuisance est considérable. L’on se rappelle que le Programme de partenariat militaire (PPM) conclu en 2004 entre la Belgique et le Rwanda portait principalement sur la formation de militaires rwandais, la recherche et la santé.
Si militairement cette rupture de relation belgo-rwandaise n’a pas d’effet assez primordial, elle est tout de même un signal sur le plan des relations internationales, car, étant donné que le Rwanda est un membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2013-2014, cela va le mettre à mal au sein de ses pairs.
De toute façon, Kigali n’est pas encore au bout de ses peines, puisqu’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE se tiendra le 19 novembre et examinera la question de sanctions contre Kigali.
C’est sûr que le pays de Kagamé, qui n’avait vraiment pas besoin de cette altération de son image, devra se ressaisir et revoir sa copie, surtout que le chef de la diplomatie belge n’écarte pas l’hypothèse d’une suspension de sa coopération civile.
Kader Traoré — L’Observateur Paalga
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