lundi 23 juillet 2012

Les 5 raisons qui dissuadent les Congolais de voter

La République du Congo va vivre un second tour des législatives le 5 août. Un scrutin qui, comme au premier tour, risque d'être déserté. Explications.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso, Brazzaville, 26/03/2009, REUTERS/POOL New
 
23 juillet 2012
 
Le parti du président Denis Sassou Nguesso a, sans surprise, obtenu une très large avance au premier tour des législatives au Congo organisé le 15 juillet, qui devrait lui permettre de conserver, avec ses alliés, la mainmise sur l'Assemblée nationale. 
 
Le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) a remporté 57 des 69 sièges pourvus dès la première manche du scrutin, selon les résultats annoncés le 20 juillet par le ministre de l'Intérieur. Le second tour, annoncé au 29 juillet par la Commission nationale électorale (Conel) a été fixé au 5 août par un "décret présidentiel", a déclaré le ministre.
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Le 15 juillet dernier, plus de 2 millions d’électeurs du Congo-Brazzaville étaient appelés à se rendre aux urnes pour choisir 139 députés parmi 1.213 candidats.

Ce scrutin législatif a avant tout été marqué par une forte abstention comme l’ont analysé l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) et l’Organisation pour le développement et les droits humains au Congo (ODDHC).

Ils estiment à 15% le taux de suffrage exprimés, à partir de relevés opérés sur 235 bureaux de vote.
Les observateurs de l’Union Africaine et de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac), d’ordinaire peu enclins à mettre en cause les conditions d’un vote, ont quant à eux constatés «plus de points négatifs que positifs» dans ce premier tour des législatives, citant entre autres «la faible affluence des électeurs».

Mais pourquoi diable les Congolais ne vont-ils plus voter? 5 raisons plus ou moins bonnes pour le comprendre:

1 – Parce qu’à la fin, ce sont toujours les mêmes qui gagnent…


La représentation parlementaire au Congo est jusqu’à présent monopolisée par les membres de la majorité présidentielle, issus du Parti Congolais du Travail (PCT), vestige du socialisme congolais et parti du président congolais Denis Sassou Nguesso.

Sur les 137 sièges de la précédente législature, une douzaine était accordée à des représentants de l’opposition.

Le président Denis Sassou Nguesso est au pouvoir depuis 1979 (malgré une interruption de 5 ans entre 1992 et 1997) et ce sont des proches de son camp ou de sa famille politique qui occupent les principaux postes.

Parmi les candidats aux élections législatives 2012, on peut noter la présence de deux enfants du président congolais.

Claudia Lemboumba Sassou Nguesso, conseillère en communication à la présidence est candidate (PCT) à Talangaï dans la sixième circonscription de Brazzaville.

Denis Cristel Sassou Nguesso, fils du président et membre de la Direction de la Société nationale des pétroles du Congo est quant à lui candidat du PCT à Oyo, fief du président situé à 400 kms au Nord de Brazzaville.

Le gendre de Denis Sassou Nguesso et actuel maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé se présente dans la circonscription de Gamboma, où il affronte l’un des principaux leaders de l’opposition, le président de l’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD) Mathias Dzon

Pour Roch Euloge N’zobo, le responsable des programmes de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme, «la population est las des tripatouillages et (a) estim(é) qu’il (etait) inutile de faire l’effort de se déranger.»

Plusieurs incidents et actes de tricherie ont en effet été relevés par l’OCDH pour ce premier tour des législatives: arrestation à Gamboma de militants de Mathias Dzon, séquestration de représentants du PCT par l’opposition à Mbomo, achat de consciences à Brazzaville, vote de militaires en uniforme sans cartes ni inscriptions sur les listes électorales…

Urfet, un jeune électeur brazzavillois était assesseur dans un bureau de vote de la capitale congolaise. Il témoigne:
«Il y a eu de nombreuses bagarres dans ma circonscription car le candidat sortant s’est présenté en tant qu’indépendant et a refusé de porter les couleurs du PCT malgré les pressions.»
 

2 – Parce que les électeurs ne savent pas où et si ils peuvent voter


La nécessité d’établir des listes électorales crédibles et de mieux organiser le scrutin explique aussi en grande partie la démobilisation des électeurs selon l’opposition congolaise.

Guy-Romain Kinfoussia est le président de l’UDR-Mwinda, l’Union pour la Démocratie et pour la République, parti de feu le premier ministre André Milongo. Pour lui comme pour l’ensemble des partis d’opposition:
«les listes électorales ne sont pas crédibles. Et elles ne sont sciemment affichées que 24 heures avant le vote. Tous ceux qui n’y figurent pas ou dont le nom est écorché n’ont donc pas le temps de remédier à la situation.»
Les listes électorales qui croisent celles de vieux recensements et la liste établie dans la période troublée de 2002 comportent de nombreuses erreurs. On y trouve le nom d’électeurs décédés tandis que des Congolais bien vivants manquent à l’appel.

L’opposition réclame de longue date un recensement administratif extraordinaire pour établir des listes et un redécoupage électoral fiables, contestant la surreprésentation de départements acquis à la majorité.
L’organisation matérielle du scrutin pose aussi problème.

Les cartes d’électeurs sont diffusées bien trop tard pour que les votants aient le temps de prendre connaissance de leurs bureaux et de s’organiser. En outre ces cartes ne sont pas synonymes d’une inscription sur les listes électorales et vice versa.

Les bureaux de vote ont aussi bien du mal à respecter les dispositions prévues dans la loi électorale. Ils ouvrent et ferment à des heures aléatoires, ne disposent pas du matériel suffisant, n’affichent pas les résultats…

3 – Parce que la classe politique dans son ensemble est décrédibilisée


Ce fort taux d’abstention est en outre le signe d’une défiance des électeurs à l’égard de la classe politique congolaise. L’éditorialiste de la Semaine Africaine, bihebdomadaire indépendant congolais stigmatise dans son édition du 17 juillet 2012 «le décalage entre l’opulence affichée par certains candidats et une population, dont la moitié des quatre millions d’habitants ploie sous le joug de la pauvreté.»

Plus de la moitié des Congolais vit en effet sous le seuil de pauvreté dans un pays où la croissance du PIB dépasse les 5% depuis plusieurs années et où une partie des élites se partagent la rente pétrolière, qui représente plus de 80% du PIB du pays.

De manière conjoncturelle, les atermoiements de l’opposition et ses difficultés à formuler une stratégie et un message communs peuvent également expliquer la lassitude des électeurs.

Les membres du principal parti de l’opposition, l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS), parti de l’ancien président Pascal Lissouba (1992-97) qui bénéficie d’une forte implantation électorale dans les régions du centre du pays, n’arrivent pas à résoudre la crise qui le mine entre ralliés au pouvoir et francs opposants.

Quant aux autres partis de l’opposition, dont l’assise électorale est plus modeste, ils peinent à se mettre d’accord, pas aidés il est vrai par le peu de place qui leur est accordée dans les médias et dans le débat public.

Dernière dispute en date en décembre 2011: la participation ou non à une concertation politique organisée par le pouvoir à Ewo pour préparer les élections législatives.

Tandis que certains partis de l’opposition répondent présents, d’autres comme l’ARD de Mathias Dzon boycottent le rendez vous en mettant en cause l’intégrité des participants et la bonne volonté du gouvernement.

Guy-Romain Kinfoussia qui avait pris part à cette discussion, veut garder espoir:
«le choc de l’élection législative et le consensus qui se dégage pour fustiger la légitimité du scrutin vont nous permettre de relancer le Front des partis de l’opposition congolaise (FPOC) dont le rôle est de nous rassembler. Toutes les forces politiques crédibles de ce pays vont manifester la volonté de se remettre en ordre de marche.»

4 – Parce que la guerre civile a laissé des traces


Enfin plus largement, le détournement de la politique peut être resitué dans la perspective historique d’un pays «post-conflit», qui a connu les violents épisodes de la guerre civile de 1993 à 2002.

Parmi de nombreux autres facteurs, les manœuvres, les ambitions électorales personnelles et contradictoires ne sont pas étrangères aux épisodes tragiques qu’a connus le pays.

Même si la situation est apaisée aujourd’hui, un climat de peur et de crainte subsiste.

Et dans ce contexte, comme l’analyse avec finesse l’anthropologue Remy Bazenguissa-Ganga, une partie de la population notamment les jeunes se «dépolitise», pour éviter d’ajouter aux difficultés économiques des conflits d’ordre politique.

Un fort contraste se dessine ainsi entre le discours des Congolais installés dans le pays et ceux de la diaspora, qui loin des fourches caudines du pouvoir se montrent beaucoup plus virulents dans la dénonciation des travers du régime, notamment sur le web.

5 – Parce que l’inventivité des slogans des candidats ne suffit plus


Il faut croire que malgré leur inventivité les slogans de campagne n’ont pas suffi à mobiliser les électeurs.
Une journaliste de Jeune Afrique a listé avec humour certains slogans que les candidats font peindre sur des banderoles accrochées en ville.

Au palmarès des formules les plus étonnantes: «ce n’est pas le chemin qui est difficile mais c’est difficile qui est le chemin»; ou encore une subtile référence au printemps arabe où l’on note le jeu d’allitérations en «t» et «r» «Place Tahrir ne trahira pas»; et enfin une promesse sportive (quasi) mensongère: «Enfin le Congo champion du monde!» 

Il faut dire que dans le registre du slogan de campagne, le président congolais Denis Sassou Nguesso avait ouvert la voie lors de l’élection présidentielle 2009, avec le nom choisi pour son projet politique: «le chemin d’avenir.»

Hervé Keruet
SlateAfrique

RDC : recherche armée désespérément

23/07/2012  Par Philippe Perdrix


Le colonel séditieux Sultani Makenga (c.), à Bunagana, le 8 juillet 2012. © Marc Hofer/AP/Sipa

La retraite des militaires congolais face à l'avancée d'un nouveau mouvement rebelle dans le Nord-Kivu confirme encore une fois l'état préoccupant des forces de sécurité congolaises.

« Que la population reste tranquille, qu'elle fasse confiance à son armée. C'est la seule armée qu'elle a de toutes les façons. » Derrière cet appel au calme lancé le 10 juillet depuis Goma par Didier Etumba, le chef d'état-major des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), il y a comme un aveu.

En effet, les Congolais n'ont que cette armée. Et c'est loin d'être une assurance-vie. En moins de trois jours, du 6 au 8 juillet, une colonne rebelle composée au grand maximum de 2 000 hommes a bousculé 4 000 militaires déployés sur une étroite bande du Nord-Kivu frontalière de l'Ouganda et du Rwanda.

Le mouvement du M23, créé et commandé par un colonel séditieux depuis début mai, Sultani Makenga, a conquis une demi-douzaine de localités avant de se replier sur Bunagana. Sans coup férir.

« Après la défaite de Bunagana, le seul endroit où il y a eu véritablement des combats, il y a eu l'abandon de Rutshuru, où l'armée a plié bagage », résume un haut fonctionnaire international chargé des questions de sécurité en RDC.

Pourquoi ? « La combativité supposée des FARDC s'est évanouie dès que le M23 a musclé son jeu.

L'histoire tourne en rond, c'est désespérant », lance Thierry Vircoulon, le directeur d'International Crisis Group (ICG) en Afrique centrale. Le moral, la discipline et l'équipement des troupes sont en cause. Encore une fois, certains soldats s'en sont pris aux populations. Mais la plus grosse lacune concerne le commandement.

Une intégration des ex-rebelles "imposée"

« Des unités valables, formées par la Belgique et l'Afrique du Sud, étaient sur le front. Mais la coordination a fait défaut. Les échelons intermédiaires ne sont pas à la hauteur », explique notre expert, qui pointe notamment l'insuffisance en moyens de communication.

« Il est difficile de faire des merveilles avec seulement des puces pour téléphone portable ! » C'est le fruit de l'Histoire dans un pays qui se reconstruit péniblement depuis une dizaine d'années.

Les derniers officiers sont sortis des écoles militaires il y a vingt ans. Et cela fait seulement deux ou trois ans que les programmes de formation ont repris.


L'intégration à marche forcée des anciens rebelles au sein de l'armée congolaise contribue à la démobiliser.
© AFP

Autre aspect, et pas des moindres, le « brassage » à marche forcée des ex-rebelles depuis les accords de paix de Sun City, signés en 2002. La dernière intégration au sein des FARDC, début 2009, a concerné les 4 500 hommes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) dirigés par Bosco Ntaganda après la mise sur la touche de Laurent Nkunda.

Dans la foulée, Bosco Ntaganda est catapulté général, malgré un mandat d'arrêt lancé, en 2006, par la Cour pénale internationale (voir encadré ci-dessous). Trois ans plus tard, celui que l'on appelle Terminator a pris le maquis avec un carré de fidèles, qui pour certains ont rejoint Makenga.

« Parmi ceux qui sont restés au sein de l'armée, un bon nombre compose une sorte de cinquième colonne renseignant le M23 », assure un diplomate européen en poste à Kinshasa. Un proche collaborateur du président Joseph Kabila ne dément pas : « La communauté internationale nous a imposé d'intégrer des mutins et des rebelles sans formation, cela a été un coup fatal. »

De fait, les grades ont été généreusement distribués à d'ex-chefs de guerre dont la principale occupation a consisté à détourner les soldes versées à la troupe. Si on ajoute à cela les commandements parallèles court-­circuitant l'état-major de Kinshasa, les alliances nouées entre officiers dans les Kivus pour contrôler les mines de cassitérite..., c'est la chronique d'un désastre annoncé.

Quatorze ans de prison pour Lubanga

La Cour pénale internationale (CPI) a prononcé son premier verdict, le 10 juillet. L'ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC), Thomas Lubanga, a été condamné à quatorze ans de prison pour enrôlement d'enfants-soldats en Ituri, entre 2002 et 2003.

Cette condamnation est un nouveau signal envoyé au général mutin Bosco Ntaganda, qui a fait défection en avril dernier. Il était en Ituri avec Lubanga. La CPI a émis un mandat d'arrêt contre lui en 2006. Et après l'avoir protégé dans le cadre des accords de paix avec le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) en 2009, Kinshasa se dit déterminé à l'arrêter.

Cette condamnation devrait également être méditée par le colonel Sultani Makenga, le chef du nouveau mouvement rebelle M23. Lui aussi était en Ituri, lui aussi a ensuite rejoint le CNDP avant d'intégrer les FARDC, en janvier 2009.

Il était même le numéro deux des opérations militaires dans le Sud-Kivu. Les ex-chefs de guerre reconvertis en militaires en RDC ont un horizon moins dégagé..

« Seuls des pourparlers régionaux peuvent offrir une issue »

Même si le M23 a la « politesse » de ne pas vouloir prendre Goma, le rapport des forces sur le terrain lui est favorable. Il contrôle la zone frontalière avec le Rwanda, le parc de la Virunga, et dispose d'appuis dans les montagnes du Masisi.

Entre les deux, la route de Goma. De quoi poser ses conditions : « Le retour des réfugiés congolais qui sont au Rwanda, une bonne démocratie, et nos grades militaires qui doivent être confirmés », a rappelé Makenga.

Passons sur le deuxième point, qui relève de la posture, et sur le troisième, tout aussi improbable pour des mutins qui ont été radiés par le Conseil supérieur de la défense, présidé par Joseph Kabila. Mais le retour des réfugiés est un enjeu lourd.

Selon les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), ce sont 57 000 personnes qui doivent rentrer au pays. Leur région d'origine est le Masisi, mais leurs terres ont été récupérées par d'autres groupes communautaires, notamment les Hundes.

« Seuls des pourparlers régionaux peuvent offrir une issue », résume notre diplomate, pour qui il ne fait aucun doute que le Rwanda a les moyens d'agir.

Selon un groupe d'experts sur la RDC qui a remis ses conclusions au Conseil de sécurité de l'ONU, le 21 juin, le voisin a apporté une assistance au M23, en hommes et en armes.

Depuis, Bruxelles, New York, Paris, Washington envoient des messages à Kigali. Le 11 juillet, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelait les présidents Kabila et Kagamé pour leur demander de « mettre fin à la crise ».

Non à la balkanisation - 1er août : les Evêques dans la rue !

Lundi, 23 Juillet 2012

 

*Si ça et là la mobilisation générale prônée par le Gouvernement semble traîner les pieds, les Archevêques et Evêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) ont décidé de passer à la vitesse supérieure pour traduire, dans les faits, leur refus catégorique au plan de balkanisation qu’ils voient déjà prendre corps dans l’Est de la RDC.

Battre le macadam de façon pacifique, organiser des prières, à la fois de combat, pour frapper d’aveuglement les ennemis du Congo, et d’intercession en faveur de la RDC, organiser des collectes de fonds en faveur des concitoyens victimes des atrocités dans la partie Est de la RDC,… telles sont les stratégies adoptées par les prélats.

La guerre menée par le M23 contre les FARDC, l’occupation des territoires par ces derniers ainsi que l’insécurité créée par les FDLR, sont là des faits indéniables qui ont provoqué ce déclic.

C’est ce qui ressort de la quarante-neuvième Assemblée plénière de la CENCO tenue à Kinshasa, du 2 au 6 juillet 2012. C’est le secrétaire général de la CENC O, l’Abbé Léonard Santedi qui a livré l’information au cours d’un point de presse, le samedi dernier.

Ces actions, affirme-t-il, au cours du point de presse qu’il a animé, le samedi 21 juillet dernier au Centre interdiocésain de la Gombe, s’étale sur cinq axes principaux. C’est un appel à la mobilisation qui nécessite l’implication de tous.

En liminaire, les Evêques préconisent un triduum de prière pour la paix, l’unité et l’intégrité du territoire du 31 juillet au 1er août 2012 avec une prière pour la paix à réciter chaque jour à la fin de la célébration eucharistique et des assemblées de prière.

 Attachés au plus haut point à l’unité et l’indivisibilité de la nation congolaise, les Evêques invitent les fidèles de toutes les paroisses de tous les diocèses, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, à la marche de l’espérance le 1er août 2012 pour dire non à la balkanisation. Ce, avant de marteler qu’aucun congolais ne va gagner si une partie du pays nous échappe.

Quant à l’itinéraire à prendre, chaque diocèse à l’autonomie d’organiser et de préciser les itinéraires de cette marche dont on ne veut pas permettre un seul centimètre aux inciviques à se greffer pour perturber le déroulement de celle-ci.

Pour la province de Kinshasa, les itinéraires que prendront les fidèles dans chaque paroisse seront précisés au moment opportun. Aussi, ils en appellent à la conscience du peuple Congolais dans son ensemble à demeurer solidaire envers les frères de l’Est qui continuent à subir d’une manière injuste, les affres de la guerre.

C’est pourquoi, décident-ils, de mener une action caritative pour collecter de fonds et dons divers dans tous les diocèses afin de venir en aide aux populations sinistrées et en errance.

Une démarche de plaidoyer va être engagée pour sensibiliser les décideurs au niveau national et international notamment, les Ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, de l’Union Européenne et l’Union Africaine.

L’espérance, c’est l’antidote à toutes les fatalités, déclarent les Evêques par l’entremise de l’Abbé Secrétaire général qui, confiant en l’avenir radieux de cette nation convoitée, invite tous les Congolais à faire le même rêve, celui de reconnaître que quel que soit le degré du complot, le combat sera gagné et le pays sera totalement pacifié.

Et, la cinquième et dernière action arrêtée par la haute instance de l’Eglise catholique se rapporte à la visite pastorale de solidarité qui sera conduite par la Présidence de la CENCO avec les Evêques délégués des provinces ecclésiastiques dans les diocèses touchés par la guerre.

La CENCO prie pour le rétablissement de la paix en RDC-Congo et agit effectivement en faveur de la paix Par ailleurs, dans le souci de consolider une paix durable dans la région, une rencontre de haut niveau est prévue dès ce lundi 23 juillet à Nairobi, au Kenya, avec les Evêques de la RDC, du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda.

Cette rencontre est élargie aux Evêques Protestants et Orthodoxes. De ce fait, les Evêques confient la réalisation de cette visite à la prière de tous les fidèles catholiques de l’Eglise Famille de Dieu en RD-Congo.

Soutien du Rwanda au M23 : Paul KAGAME exaspéré


23/07/2012


Paul Kagame et Museveni

Les propos tenus par le Coordonnateur du M23 trahi un désarroi certain. Un désarroi perceptible d’ailleurs dans le premier cercle du pouvoir à Kigali. Depuis plusieurs mois, le satrape rwandais est accusé de toutes parts de fournir la logistique aux combattants du CNDP-M23.

Les dénégations des dirigeants rwandais peinent à convaincre. Le rapport publié récemment par des experts onusiens a laissé Paul Kagame sans voix. Dimanche 22 juillet, la télévision publique française «France 24» a publié un reportage sur le chef d’Etat rwandais.

Interrogé sur l’implication de son pays dans des actions de déstabilisation à l’Est du Congo, le numéro un Rwandais dissimulait mal son exaspération : «Ce qui se passe au Congo est une affaire congolo-congolaise, a-t-il répondu au journalisme français. Je n’en sais rien du tout. J’aimerai que vous me posiez des questions sur le Rwanda…».

Comme annoncé, les mutins du «Mouvement du 23 mars» ont tenu samedi 21 juillet leur conférence de presse à... Bunagana, province du Nord Kivu. Dans son mot introductif, Jean-Marie Runiga Lugerero, promu «Coordonnateur» - Dieu seul sait pas qui -, a dit tout le mal qu’il pense de la décision de l’Union Africaine de déployer une «force neutre» à la frontière congolo-rwandaise.

Pour lui, cette nouvelle donne ne résout rien. Comme pour disculper le Rwanda de Paul Kagame dans l’instabilité qui règne dans les provinces du Kivu, Runiga de déplorer que le régime de Kinshasa accepte de discuter avec les «pays voisins» tout «en ignorant les vrais acteurs sur terrain».

L’homme n’a pas n’exclu que le M23 recourt à des «stratégies alternatives» pour contraindre les autorités de Kinshasa à honorer les «engagements» contenus dans l’Accord de paix du 23 mars 2009 entre le gouvernement de «Joseph Kabila» et des bandes armées dont le CNDP.

Après le sommet d’Addis Abeba au cours duquel les chefs d’Etat présents ont arrêté le 15 juillet le «principe» du déploiement d’une «force neutre» à la frontière entre le Congo-Kinshasa et le Rwanda, il fallait s’attendre à ce que le M23 prenne position.

Cette "force" dont la mise en oeuvre reste hypothétique a reçu pour «mission» d’«éradiquer» les forces dites négatives - dont le M23 - qui font plus la pluie que le beau temps dans la partie orientale du Congo en général et dans les provinces du Kivu en particulier.

Revendiquant le statut de «partenaire» du gouvernement de Kinshasa dans l’Accord du 23 mars 2009, le M23, par la bouche de son frais émoulu Coordonnateur Jean-Marie Runiga Lugerero, craint que «l’appui militaire» obtenu par les autorités congolais se mue en «un chèque en blanc accordé à la violation tous azimuts d’un accord que la même communauté Internationale a parrainé et une répression rigoureuse et ferme contre celui qui en revendique le respect».

Dans cette hypothèse, Runiga n’exclut pas que lui et ses "amis" recourent à des «stratégies alternatives». Lesquelles? Le M23 compte-il proclamer la sécession des territoires sous son contrôle? Et d’ajouter : «Recourir à l’appui des troupes étrangères pour régler une crise interne aura toujours un caractère limité dans le temps et dans l’espace et ne saurait constituer qu’un expédient humiliant pour le peuple congolais qui, le moment venu, saura s’en souvenir».

En lisant la déclaration de Runiga entre les lignes, le M23 semble remettre à l’ordre du jour l’idée défendu jadis par Walter Kansteiner. Sous-sécrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines au début des années 90, cet officiel US était favorable à une «yougoslavisation» de l’ex-Zaïre sous le fallacieux prétexte que le pays était ingouvernable du fait de son immensité.

Sans user des mêmes mots, Runiga Lugerero note que «la classe politique congolaise n’est pas en mesure de gérer correctement et efficacement la RDC, dans sa configuration actuelle». Il poursuit : «(…) l’immensité du pays jointe à une gouvernance centralisée à outrance, c’est-à-dire dans laquelle le peuple n’est jamais consulté sur les choix politiques faits en son nom, alors qu’il est concerné au premier chef (…). Il faut donc oser innover profondément et radicalement». Innover en faisant quoi ? Toute la question est là.

Kagame exaspéré

Les propos tenus par le Coordonnateur du M23 trahi un désarroi certain. Un désarroi perceptible d’ailleurs dans le premier cercle du pouvoir à Kigali. Depuis plusieurs mois, le satrape rwandais est accusé de toutes parts de fournir la logistique aux combattants du CNDP-M23.

Les dénégations des dirigeants rwandais peinent à convaincre. Le rapport publié récemment par des experts onusiens a laissé Paul Kagame sans voix. Dimanche 22 juillet, la télévision publique française «France 24» a publié un reportage sur le chef d’Etat rwandais.

Interrogé sur l’implication de son pays dans des actions de déstabilisation à l’Est du Congo, le numéro un Rwandais dissimulait mal son exaspération : «Ce qui se passe au Congo est une affaire congolo-congolaise, a-t-il répondu au journalisme français. Je n’en sais rien du tout. J’aimerai que vous me posiez des questions sur le Rwanda…».

Dans son mot introductif, Runiga a égrené les griefs habituels articulés à l’encontre du régime incarné par «Joseph Kabila». Un régime au demeurant unanimement rejeté par la population. L’orateur cite notamment : la mauvaise gestion des affaires militaires, la mauvaise gouvernance, la prédation et la corruption.

Il ajoute au passage les soupçons qui planent sur «des membres du clan présidentiel» d’avoir négocié la vente de l’uranium avec l’Iran ou la Corée du Nord. Et de souligner qu’«en lieu et place de s’occuper des affaires du pays, le régime actuel s’acharne à la destruction physique de l’opposition politique interne pour se pérenniser au pouvoir.»

Lassitude

Faisant feu de tout bois, le «Bishop» Runiga de regretter l’absence de démocratie et d’un «Etat impartial» où il y a une «appropriation civique par les administrés des fondamentaux de la démocratie qui se nomment : paix, sécurité, stabilité, promotion des vertus citoyennes d’unité et de solidarité nationales, de tolérance et d’acceptation mutuelles, d’intégrité et d’honnêteté, respect des droits humains et des libertés publiques, égalité de tous devant la loi et égale protection de tous par la loi, primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, souci du développement et du bien-être de la population». Ouf !

Ancien membre du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), qui n’est rien d’autre qu’un avatard de l’AFDL, Jean-Marie Runiga feint d’ignorer tous les méfaits commis en 1997-1998 par les "libérateurs", ivres de leur "victoire".

On ne serait peut-être pas là si l’AFDL avait honoré ses promesses de promouvoir l’Etat de droit et d’achever le processus de démocratisation amorcée le 24 avril 1990 par Mobutu Sese Seko. Runiga - qui parle de l’actuel numéro un Congolais avec une certaine déférence en articulant bien «le président de la République, Joseph Kabila Kabange» - a sans doute oublié que la crise actuelle au Nord Kivu n’aurait pas eu lieu n’eut été la décision de la Cour pénale internationale de juger Bosco Ntaganda.

La crise actuelle a un arrière-goût maffieux. «La population congolaise est résignée face au régime de Kinshasa», note-t-il. Sans aucun doute.

Cette même population congolaise ne cache plus une certaine lassitude. Elle est fatiguée par une décennie de menées subversives dans la partie orientale du Congo par le voisin rwandais.

Et ce, par l’entremise de quelques "agents de l’étranger". Voilà pourquoi le M23 et «Joseph Kabila» sont renvoyés dos à dos par la grande majorité des citoyens…

[Baudouin Amba Wetshi]
CongoIndependant

8 civils décapités à la machette et 25 disparus à MBAU, Territoire de Beni

Lundi, 23 Juillet 2012


L’accalmie constatée aux fronts des FDLR, ADF-NALU et Mai-Mai lors de la marche du M23 sur les cités de Bunagana et Rutshuru aura été de courte durée comme d’aucuns l’avaient prédit.

Cela n’est pas la première fois. Chaque fois que les Tutsi occupent le devant de la scène du conflit congolais, les FDLR disparaissent comme par un coup de baguette magique.

Chaque fois que les Tutsi échouent dans leur démarche de balkanisation du Kivu-Ituri, les FDLR, ADF/NALU et Mai-Mai refont surface sur la scène pour poursuivre dans l’impunité la plus totale leurs exactions sur les populations civiles pendant que les Tutsi distraient la nation par des pourparlers et des sommets de paix pour gagner du temps.

Avec le retour en force des FDLR, ADF/NALU, Mai-Mai depuis le sommet d’Addis-Abeba, il n’est pas impossible d’assister dans les prochains jours à un énième dialogue et partage du pouvoir entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23.

Les faits macabres et leurs méthodes d’exécution souvent attribués à la trilogie FDLR-ADF/NALU-MAI-MAI sont de retour. A titre d’exemple, le 10 juillet dernier, à 10h00 à MAPOBU, une localité située à environ 14 km au nord-est d’OICHA, Chef-lieu du Territoire de Beni, 8 corps décapités à la machette ont été retrouvés dans un champ. Ces corps sont identifiés comme étant ceux des personnes suivantes :

1. MUHINDO KAKOTI (habitant d’Oïcha/Tenambo),

2. KITSUKU (habitant de la localité Kamakombu, à 2km de Mapobu),

3. KAHUNGA (habitant de la localité Kamakombu, à 2km de Mapobu)

4. PAPYCHO KIVONGWERE (du Quartier Nzanza d’Oïcha),

5. BEKERE MUNGELE (du Quartier Mambabeka/Oïcha),

6. KAMBALE KAGHOMA (du Quartier Mambabeka/Oïcha)

7. TATE SIKU (du village de Kokola, à 1km-est de Mapobu, sur l’axe Oïcha-Eringeti).

8. MANENO (du village Kokola à 1km –Est de Mapobu, sur l’axe-Oïcha- Eringeti).

A ces victimes, il faut ajouter 25 habitants de la même localité qui sont portés disparus.

En territoire de Rutshuru, la société civile du Nord-Kivu rapporte que 4 personnes d’une même famille ont été abattues dans la nuit de jeudi au vendredi 20 juillet 2012.

Un groupe des bandits armés soupçonnés être du M23 selon la société civile et de Fardc selon la Huitième Région Militaire, s’étaient introduits au domicile d’une famille à KIRINGA dans le faubourg de la cité de RUTSHURU en Groupement de BUSANZA, pour abattre sur le champ 4 membres de la famille et blesser grièvement deux autres.

La recrudescence des massacres des populations civiles, lesquels sont attribués aux FDLR, MAI-MAI et ADF/NALU fait dire à bien d’observateurs que la rencontre d’Addis-Abeba où les rebelles du M23 étaient condamnées comme forces négatives, a ramené le conflit congolais à la situation d’avant avril 2012, date de l’apparition des rebelles pro-rwandais du M23.

Selon les fuites du Sommet d’Addis-Abeba, le Président ougandais Yoweri Museveni appelé à la rescousse par son frère Hima Paul Kagame du Rwanda aurait réussi à centrer le débat plus sur les FDLR que sur le M23. C’est ainsi que depuis Addis-Abeba, les FDLR, ADF/NALU et les Mai-Mai (cas de Rai-Mutomboki) sont de nouveau à la une.

En effet, l’alibi des FDLR et des ADF/NALU a réussi depuis 1996 à camoufler dans l’opinion internationale la guerre d’agression, d’occupation, et d’exploitation minière de la R.D.C. par le Rwanda et l’Ouganda. De toute évidence, l’alibi des FDLR qui sont des citoyens Hutu rwandais n’aide pas à avancer la cause de la balkanisation du Kivu-Ituri par une colonie de peuplement.

C’est pourquoi les tenants de la cause de la balkanisation ont toujours tenté de recourir à la thèse de la minorité Tutsi de la RDC qui serait menacée de disparition tantôt par les FDLR et tantôt par les tribus congolaises.

Cette thèse n’a jamais tenu debout non plus car la seule fois que les Tutsi étaient menacés au Kivu entre 1994 et 1996, ce n’était par les congolais mais par les réfugiés Hutu Rwandais. Ainsi, le pretexte de la menace contre la Communautéme rwando-rwandais dont le clef de la solution se trouve non en RDC mais au Rwanda.

Pour les Tutsi congolais vivent en paix en RDC, il faut que les FDLR soient rapatriés dans leur pays, le Rwanda. Le pacifisme des congolais envers les Hutu et les Tutsi n’a jamais permis de les opposer par un conflit ethnique sanglant pouvant offrir au Rwanda un prétexte officiel de sa grande guerre d'occupation qui peine à se matérialiser depuis une dizaine d'années.

Bref, les deux alibis de la menace FDLR et de la Communauté Tutsi en danger d’extermination, ne sont pas solides pour servir de fondement à guerre de la balkanisation du Kivu-Ituri au profit des rwandophones.

Mais les balkanisateurs ne semblent pas fatigués d’essayer de forcer les choses car les enjeux économiques de cette balkanisation sont immenses.

Après le sommet d’Addis-Abeba où FDLR, ADF/NALU, et Mai-Mai ont été remis au-devant de la scène, on constate sur terrain au Nord-Kivu la résurgence des massacres des populations qui avaient diminué d’intensité pendant la marche du M23 sur Bunagana et sur Rutshuru.

Des montages grossiers réapparaissent de nouveau et sont véhiculés par les medias proches de balkanisateurs.

Nous en donnons deux exemples :
A propos du Territoire de Rutshuru, le site internet de la radio onusienne OKAPI ainsi que SYFIA Grands-Lacs ont diffusé une histoire abracadabrante selon laquelle dans la localité de BWITO les habitants payaient une taxe aux FDLR pour leur sécurité et que depuis lors ces habitants se sentaient plus en insécurité sous les FDLR que sous les Fardc.

Pour forcer la thèse des FDLR capables de sécuriser les populations mieux que les Fardc, un nom d’un major FDLR ‘’RUBAHIZA’’ a été cité avec comme actif une libération au mois d’avril dernier d’un européen employé de Médecins sans Frontières.

Le décor du retour en force des FDLR est donc planté depuis le sommet d’Addis-Abeba. La dépêche oubliait de dire que la localité de BWITO a accueilli plusieurs retournés du Rwanda. Or, selon, les experts de l’ONU, les FDLR déployés actuellement au Kivu-Ituri sont aussi des retournés du Rwanda.

En effet, rappellent les experts de l’ONU, les FDLR que la Monuc/Monusco rapatriait de la RDC vers le Rwanda comme forces négatives réclamées par Kigali pour répondre de leurs crimes devant la justice rwandaise, allaient subir une formation militaire au Rwanda avant d’être renvoyés en RDC pour des activités criminelles au bénéfice du Rwanda.

On peut ainsi comprendre pourquoi les retournés du Rwanda, civils et militaires de Bwito se sentent plus en sécurité entre eux. Cette histoire de Bwito apparait ainsi comme une bouteille lancée en mer pour voir combien d’eau elle prendrait!

Heureusement que les congolais savent déjà que l’ennemi voudrait les jeter entre les mains de leurs bourreaux raison pour laquelle il n’y a pas d’intervention militaire de grande envergure en leur faveur.

Un autre exemple du retour à la case de départ a été diffusé par la presse onusienne OKAPI et repris par BBC et la Voix de l’Amérique, trois oiseaux de même plumage qui soufflent du chaud et du froid dans leur traitement du conflit congolais. Il s’agit de l’évacuation vers Goma de 48 Hutu rwandais victimes d’atrocités des Mai-Mai de Raia Mutomboki qui les aurait ciblées à cause de leur appartenance ethnique.

Or selon plusieurs sources locales, les Mai-Mai de Rai-Mutomboki comme ceux de la Kakule Lafontaine sont des marionnettes du M23. Plusieurs éléments de ces groupes Mai-Mai sont des anciens du CNDP qui lors de la cascade de défections d’avril dernier avaient pris le chemin des maquis Mai-Mai au lieu de rejoindre les rebelles du M23 à Runyonyi en Territoire de Rutshuru.

Ainsi par exemple, le colonel Kahasha qui avait fui Eringeti en Territoire de Beni avait rejoint Lafontaine dans son maquis de Bunyatenge. Toutes les actions militaires de ces Mai-Mai sont donc une diversion du M23 et elles auraient comme but de donner une image d’une province du Nord-Kivu ingouvernable, repaire des bandes armées qui seraient une menace aux rwandais.

L’autre conséquence du recadrage du conflit congolais à d’Addis-Abeba, c’est le retour des ADF/NALU en Territoire de Beni. Pendant la marche du M23 sur Bunagana et Rutshuru, la société civile de Beni avait signalée la présence de l’armée ougandaise autour du Massif du Rwenzori, un emplacement où les vrais ADF/NALU avaient opéré jusqu’à décembre 1996, date de leur démantèlement par la coalition armée de l’AFDL et alliés.

Après le recadrage d’Addis-Abeba, les troupes de l’UPDF sont portées disparues pour laisser la place de nouveau aux ADF-/ALU. La vérité est que ceux qu’on appelle aujourd’hui ADF/NALU sont des militaires rwandais et ougandais qui participent aux côtés du M23-CNDP à la guerre d’occupation et de balkanisation de la RDC.

Pour faire de nouveau avaler le mensonge du retour des ADF/NALU en Territoire de Beni au peuple congolais, 8 civils ont été massacrés et décapités à la machette dans leurs champs, et 25 autres sont portés disparus. Comme du temps des Opérations Ruwenzori contre les ADF/NALU, des opérations militaires qui avaient accouché d’une souris, les militaires Fardc déployés en territoire de Beni se disent impuissants devant les ADF/NALU, au point qu’ils ne peuvent pas aider les familles éprouvées à récupérer les corps des victimes du lieu du crime pour leur offrir des sépultures dignes.

Les zones rouges occupées par les soi-disant ADF/NALU sont ainsi inaccessibles aussi bien à la population qu’aux militaires congolais. Selon le Président de la Société Civile de Beni-Territoire, les paroisses de Mbau, Oïcha et Eringeti ont fermé plusieurs secteurs situés en ces zones réoccupées par les soi-disant ADF/NALU.

C’est le cas du secteur de TOTOLITO en Paroisse de Mbau. L’impuissance des Fardc devant les ADF/NALU a comme but de préparer la population locale à s’abandonner un jour entre les mains de ses bourreaux. Mais la résilience du peuple congolais fait qu’il continue de résister en dépit des atrocités.

La leçon à tirer de faits ci-dessus est que le conflit congolais parait insoluble parce qu'il est fait d'une montagne des mensonges et que les médiateurs auto-proclamés sont aussi des protagonistes. Comme l'a dit récemment un journaliste kenyan, les sommets de paix sur la RDC ressemblent à des rencontres convoquées par les cambrioleurs du quartier pour traiter de la sécurité du même quartier.

Depuis 1996, plusieurs organisations internationales se disent concernées par la déterioration des conditions de vie en RDC mais en coulisses, elles financent les tueurs des congolais. On peut comparer leurs soucis aux larmes du malfaiteur qui prend plaisir à lire l'oraison funèbre de sa victime.

De toute évidence, le peuple congolais demeure à la fois la victime et la cible privilégiée du conflit. La violence inouïe contre le peupe congolais ne s’explique que par le projet d’exploitation des richesses minières enfouies sous ses villages et ses champs d’où il est pourchassé et le projet du Rwanda de profiter du soutien lui accordé par les multinationales pour peupler les villages abandonnés par des rwandais qui lui sont fidèles.

Tout le reste n’est que propagande. Ces deux projets machiavéliques se matérialisent sur terrain grâce à plusieurs complicités locales, nationales et internationales. Dans sa démarche de paix, le peuple congolais doit se rappeler de cette duplicité de ceux qui lui promettent la paix tout en travaillant activement à son malheur.

Maintenant que les Eglises viennent de se rendre compte de cette duplicité qui retarde la résolution du conflit congolais, le vœu de plusieurs observateurs est qu’elles constituent une plateforme d’où on pourra enfin traiter le conflit congolais pour ce qu’il est réellement ( une guerre économique d'agression, d'exploitation minière et d'occupation territoriale) et non comme ce que l’ennemi voudrait qu’il fut (un conflit ethnique, un manque de démocratie).



La leçon de l'échec de la médiation internationale en RDC est que les congolais se libèrerons eux-mêmes. Ils peuvent faire appel à leurs amis et alliés mais toute force internationale sur laquelle ils n’auront aucune emprise ne peut apporter la solution escomptée.

Les Eglises ont déjà annoncé des actions de mobilisation de grande envergure contre la balkanisation de la RDC. Ces actions porteront le fruit escompté si elles mettent le congolais au centre de leur stratégie à la fois comme acteur et bénéficiaire.

Que le peuple congolais tout entier s’approprie cette démarche des Eglises et qu'il la gère collégialement pour la garder contre toute récupération par l’ennemi comme c'est le cas de plusieurs plateformes politiques et civiles.

©Beni-Lubero Online

Ray Lema - Dansometer 12" [Instrumental]

Paul Kagame vient de le dire sur Al Jazeera La RDC est son gouvernemen...

RDC : La lutte contre le projet de balkanisation a atteint le point de non retour

 
image Mgr Nicolas DJOMO - President de CENCO


Les princes de l’Eglise catholique ont arrêté cinq actions d’envergure pour contrer le plan de balkanisation. Elles vont de la prière à la visite pastorale dans les zones en proie à l’instabilité avec comme point d’orgue la marche projetée le 1er août 2012.

Visiblement, cette fois-ci, l’Eglise catholique parle le même langage. Plus de sons discordants comme précédemment enregistrés dans d’autres circonstances. Cette initiative de la CENCO constitue un tournant décisif dans la lutte contre le projet de balkanisation du pays.

La différence entre la marche des chrétiens du 16 février et celle en préparation réside sur le fait que cette fois-ci, les évêques catholiques ont pris clairement le leadership de l’action à mener.

La lutte contre le projet de balkanisation de la RDC a atteint le point de non retour. La CENCO a cerné cinq actions principales, au nombre desquelles un triduum de prière, une collecte de fonds et dons divers, un plaidoyer au niveau national et international, une visite pastorale de solidarité et enfin une marche.

Qualifiée de «marche de l’espérance», cette dernière action est prévue le 1er août 2012. Date d’aboutissement de la prière en faveur de la paix, l’unité et l’intégrité territoriale. Cette prière débutera le 31 juillet.

Quant à la marche, les prélats entendent mettre à contribution l’ensemble de la nation à travers un sursaut national et, dans le même élan, annihiler toute velléité de complicité du plan macabre d’émiettement et d’occupation du territoire congolais.

La lutte contre la balkanisation de la République démocratique du Congo n’est plus une affaire de quelques individus. Désormais, des institutions sérieuses comme l’Eglise Catholique et l’ensemble des Eglises ont embouché le même credo. Plutôt que de rester attentistes, les évêques catholiques ont décidé de passer à la vitesse supérieure.

Le ton donné le 6 juillet 2012 à travers la déclaration «Non à la balkanisation de la RD Congo» était suffisamment clair. «Les évêques stigmatisent énergiquement ce plan de balkanisation», tout en réaffirmant «l’unité et l’indivisibilité de la RD Congo».

Ils condamnent fermement et publiquement la reprise de la guerre dans le Kivu de même que tous les acteurs qui y sont impliqués

Dans un élan patriotique, les prélats ont invité «les élus du peuple ainsi que le peuple congolais tout entier à un sursaut patriotique pour ne pas être complice de ce plan macabre d’émiettement et d’occupation de notre territoire national».

L’option avait été levée, à l’occasion, de ne pas s’arrêter en si bon chemin : «A cet effet, des actions seront menées concomitamment dans toutes les paroisses des diocèses de la RD Congo et dans les aumôneries des Congolais à l’étranger pour exprimer notre refus catégorique de ce plan et implorer la grâce de la paix.»

Aujourd’hui c’est chose faite. Au cours d’un point de presse animé par le secrétaire général de la CENCO le week-end, les princes de l’Eglise catholique ont arrêté cinq actions d’envergure pour contrer le plan de balkanisation. Elles vont de la prière à la visite pastorale dans les zones en proie à l’instabilité avec comme point d’orgue la marche projetée le 1er août 2012.

Visiblement, cette fois-ci, l’Eglise catholique parle le même langage. Plus de sons discordants comme précédemment enregistrés dans d’autres circonstances.

Cette initiative de la CENCO constitue un tournant décisif dans la lutte contre le projet de balkanisation du pays. La différence entre la marche des chrétiens du 16 février et celle en préparation réside sur le fait que cette fois-ci, les évêques catholiques ont pris clairement le leadership de l’action à mener.

En assumant leur responsabilité face à l’histoire, la nation entière répondra ainsi à l’appel de mobilisation lancé par le gouvernement de la République. La prise de conscience collective manifestée par toutes les couches de la population congolaise est un élément déterminant.

L’unanimité est telle que le succès de cette marche retentira à travers le monde entier. De sorte que les commanditaires, acteurs et autres profiteurs de cette balkanisation soient confondus et découragés.

La CENCO croit, prie et espère que ces actions sont le prélude d'une grande prise de conscience que le Congo est notre patrimoine à tous et que nous devons le sauvegarder.

Ci-après, le message des évêques dans son intégralité tel que lu par le secrétaire général de la CENCO.

POINT DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL DE LA CENCO SUR LA SITUATION DE GUERRE DANS LE PAYS (Samedi 21 juillet 2012)


Chers Amis de la Presse, Distingués invités, Frères et Sœurs,

A l'issue de leur 49ème Assemblée Plénière, les Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) avait publié un communiqué sur la situation de guerre dans le pays intitulé: « Non à la Balkanisation de la RD Congo! ».

Dans ce communiqué ils exprimaient leur profonde consternation sur la guerre qui sévit encore dans le Nord et Sud-Kivu et qui est l'illustration du plan de balkanisation maintes fois dénoncé dans leurs déclarations et messages.

Attachés au plus haut point à l'unité de la nation congolaise les Evêques réaffirmaient l'unité et l'indivisibilité de la RD Congo dans ses frontières issues de la colonisation et reconnues par la Communauté internationale le 30 juin 1960.

Ils annonçaient également que l'Eglise catholique engagerait des actions concrètes pour traduire dans les faits son refus de la balkanisation de la RDC.

Je suis heureux aujourd’hui de vous communiquer les actions arrêtées par la CENCO à cet effet.

1. Triduum de prière pour la paix, l'unité et l'intégrité du territoire du 31 juillet au 1er août 2012 avec une prière pour la paix à réciter chaque jour à la fin de la célébration eucharistique et des assemblées de prière ;

2. La marche de l'espérance le 1er août 2012 dans tous les diocèses de la RD Congo pour dire non à la balkanisation ;

3. Une action caritative (collecte de fonds et dons divers) organisée dans tous les diocèses pour venir en aide aux populations sinistrées, victimes des affres de cette guerre injuste ;

4. Une démarche de plaidoyer pour sensibiliser les décideurs au niveau national et international (Ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies; Union européenne et Union Africaine) ;

5. Une visite pastorale de solidarité conduite par la Présidence de la »: CENCO avec les Evêques délégués des provinces ecclésiastiques dans les diocèses touchés par la guerre.

La CENCO prie pour le rétablissement de la paix en RD Congo et agit effectivement en faveur de cette paix. Nous confions la réalisation de cette visite à la prière de tous les fidèles catholiques de l'Eglise Famille de Dieu en RD Congo.

La CENCO croit, prie et espère que ces actions sont le prélude d'une grande prise de conscience que le Congo est notre patrimoine à tous et que nous devons le sauvegarder.

Nous savons que les défis que nous devons lever pour un Congo uni et pacifié sont réels, ils sont graves, ils sont nombreux. Ils ne seront pas faciles à relever. Mais, nous sommes convaincus que, mus par « l'espérance qui ne déçoit point» (Rm 5,5) nous les relèverons.

C'est donc le moment de la prise de conscience que nous devons choisir de faire triompher l'espoir sur la peur, l'unité de notre destin sur les conflits, le moment de choisir de défendre l'intégrité de notre territoire. Les actions que propose l'Eglise s'inscrivent dans ce choix à opérer pour un Congo uni et prospère.

Puisse le Seigneur nous donner un souffle nouveau pour lutter contre la balkanisation de notre pays et bâtir une grande destinée pour la RD Congo.


[Le Potentiel]

Pour dire non à la balkanisation de la RD Congo Les évêques et les chrétiens catholiques dans la rue pour une marche populaire !

Lundi, 23 Juillet 2012


Abbé Santedi

Les évêques catholiques vont organiser le 1er août prochain une marche de protestation pour ” dénoncer la déstabilisation et la balkanisation du pays “. C’est ce qu’a déclaré le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo, l’abbé Santedi, au cours d’une conférence de presse, samedi dernier.


Il a en outre promis que les évêques catholiques vont faire un plaidoyer en faveur de la paix en RDC auprès des « acteurs nationaux et internationaux influents. Et ’ajouter que les évêques prévoient aussi d’organiser trois journées de prière “ pour la paix, l’unité et l’intégrité du territoire », du 30 juillet au 1er août, dans toutes les paroisses catholiques.

Les évêques projettent enfin d’organiser, dans les prochains jours, une visite pastorale dans les diocèses touchés par la guerre. L’appel des prélats catholiques s’inscrit dans la droite ligne de leur assemblée plénière du lundi 9 juillet au cours de laquelle ils avaient dénoncé un plan macabre de balkanisation et d’émiette de la RDC “, appelant le peuple congolais au sursaut populaire” pour sauver la patrie en danger “. Ci-dessous l’intégralité de ce communiqué.

Communiqué de la Cenco sur la situation de guerre dans le pays

Les évêques

1. Le Cardinal, les Archevêques et les Evêques membres de la Conférence Episcopale nationale du Congo (CENCO) réunis en Assemblée plénière à Kinshasa du 2 au 6 juillet 2012, expriment leur profonde consternation sur la guerre qui sévit encore dans le Nord et Sud Kivu et qui est l’illustration du plan de balkanisation maintes fois dénoncé dans leurs déclarations et messages antérieurs.

2. Ce plan est en exécution sous plusieurs formes. Sur le plan économique, par la présence de réseaux d’exploitation illégale des ressources naturelles et sur le plan politique, par une intensification de la présence inacceptable des milices et des groupes armés étrangers qui tuent, violent et pillent, entraînant le déplacement forcé des populations congolaises et une occupation irrégulière de notre territoire. Les Evêques expriment leur compassion aux populations sinistrées, victimes des affres de cette guerre injuste et injustifiable.

3. Attachés au plus haut point à l’unité de la nation congolaise toujours mise à mal par des guerres successives et des rébellions, les Evêques réaffirment l’unité et l’indivisibilité’ de la RD Congo dans ses frontières issues de la colonisation et reconnues par la communauté internationale le 30 juin 1960. Il doit être clair l’intégrité du territoire de la RD Congo n’est pas négociable.

4. Les Evêques stigmatisent énergiquement ce plan de balkanisation. Ils condamnent publiquement ses acteurs. Ils condamnent fermement la reprise de la guerre dans le Kivu. Ils affirment leur soutien aux sacrifices des soldats congolais et à la diplomatie pour défendre l’intégrité territoriale de la RD Congo.
5. Ils invitent les élus du peuple ainsi que le peuple congolais tout entier à un sursaut patriotique pour ne pas être complice de ce plan macabre d’émiettement et d’occupation de notre territoire national. Ils leur demandent de dénoncer toutes les stratégies visant l’affaiblissement de l’unité nationale, l’exploitation anarchique et illégale de nos ressources naturelles ainsi que tout ce qui vise à dresser les groupes ethniques ou les provinces les unes contre les autres. Les ressources naturelles du Congo appartiennent au peuple congolais et doivent d’abord servir à son développement et au bien-être de sa population.

6. La CENCO appelle instamment tous les Congolais vivant en RD Congo et ceux de la diaspora à se mobiliser pour faire échec à ce plan ennemi et destructeur. A cet effet, des actions seront menées concomitamment dans toutes les paroisses des diocèses de la RD Congo et dans les aumôneries des Congolais à l’étranger pour exprimer notre refus catégorique de ce plan et implorer la grâce de la paix.
7. La CENCO appelle les pays voisins à la RD Congo à cesser toute ingérence et toute agression et à privilégier la voix de la paix et la cohabitation pacifique pour permettre un développement durable dans la sous-région des Grands lacs.

8. Les Evêques tirent la sonnette d’alarme et ils lancent un vibrant appel aux Nations- Unies et à tous les pays épris de paix pour qu’ils mettent fin à la guerre et à ce plan de balkanisation en appliquant sans délai les décisions déjà prises. Qu’ils appuient franchement la RD Congo dans la sauvegarde de son unité nationale, en vue d’une paix véritable et durable.



LP

Rébellion du M23: une affaire nationale

Loin d’être une affaire de seuls ressortissants de la partie Est de la République démocratique du Congo, particulièrement ceux du Nord-Kivu, la rébellion menée par le Mouvement du 23 mars (M23) revêt une dimension nationale.

Avec la guerre de l’Est, c’est la RDC qui est attaqué dans ce qu’elle a de plus précieux à préserver, c’est-à-dire son intégrité territoriale et sa souveraineté.

En effet, des rapports réalisés par des experts indépendants ont nettement prouvé l’existence d’une main étrangère, notamment celle du Rwanda, dans le nouveau drame de l’Est de la RDC.

Après le gouvernement qui a lancé officiellement un mot d’ordre à la mobilisation, relayé par les chefs de confessions religieuses, toutes tendances confondues, l’Eglise Catholique vient de s’engager solennellement dans le grand combat contre la balkanisation de la RDC.

L’Eglise Catholique est donc convaincue que la guerre de l’Est du pays a des connexions avec ce vieux projet de démantèlement de la RDC. Gagner la bataille de l’Est, pense-t-elle, passe inévitablement par une intense mobilisation pour faire échec au plan de balkanisation de la RDC.

Si l’Eglise est ouvertement montée au créneau, ce qu’elle a trouvé de bonnes raisons pour se lancer dans l’arène. Quoi de plus normal que la population entière lui emboîte le pas.

Déjà, le 1er août, journée consacrée aux parents vivants et décédés, l’Eglise Catholique a promis de mobiliser tous ses fidèles dans une marche dite de «l’espérance» ; espérance pour un Congo et un peuple qui tient à défendre son pays et sa dignité.

Car, l’humiliation qu’on a fait subir à la RDC et à son peuple n’a que trop duré. Il est temps d’y mettre fin pour donner, enfin, l’occasion à la RDC de se construire un avenir meilleur dans la paix et la dignité retrouvée.

Avec ses neuf voisins, la RDC ne peut plus servir de déversoir des problèmes des autres. Elle a longtemps souffert de son hospitalité qualifiée de légendaire. C’est sur cette même notion d’hospitalité que s’explique en partie son malheur. Il est temps aussi de recadrer les choses sur ce point.

Et c’est au peuple congolais dans son ensemble que revient cette lourde charge. Celle de se redonner espoir pour rayonner véritablement au cœur de l’Afrique.

Comme le rappelle la bible, le salut du Congolais ne viendra ni de l’Orient, ni de l’Occident ; il sera la résultante d’une action interne, menée par des Congolais, soucieux de se libérer de la servitude de ceux qui craignent son épanouissement.

Car, le jour où la RDC s’éveillera, c’est toute l’Afrique qui se relèvera. Franz Fanon l’avait prédit.
Raison de plus pour les Congolais de dresser leurs fronts longtemps courbés pour se laver de l’opprobre et barrer la route au plan macabre de balkanisation de la RDC.

© Le Potentiel

Lutte contre la balkanisation de la RDC: les Congolais se mobilisent



La lutte contre la balkanisation de la République démocratique du Congo devient une question nationale. La prise de conscience qui gagne du terrain au quotidien et l’appel à la mobilisation générale en est une illustration éloquente.


La République démocratique du Congo est parmi les pays africains qui regorgent de nombreuses ressources tant du sol que du sous-sol. C’est grâce à ses richesses qu’elle est appelée «scandale géologique».

Avec ses multiples richesses dont elle dispose, la RDC devrait être classée parmi les Etats développés de l’Afrique centrale. Ce n’est pas le cas, malheureusement.

Pire encore, les richesses de la RDC font l’objet d’une convoitise de la part de grandes puissances qui alimentent des conflits pour accéder illicitement aux minerais et autres ressources du pays. C’est ce qui explique les guerres à répétition enregistrées depuis des années dans les deux provinces du Kivu.

La raison cachée de tous ces conflits armés, c’est scruter des voies et moyens de morceler la partie Est de la RDC. Elaboré par des multinationales occidentales, ce plan a été démasqué par des compatriotes déterminés à faire échec aux ennemis du Congo.

C’est pourquoi la lutte contre la balkanisation du pays intéresse, de nos jours, la quasi-totalité de la population congolaise. Illustration : des médias, des organisations de la Société civile en font leur cheval de bataille.

MISE EN GARDE

Le gouvernement n’est pas resté en marge de cette lutte qui est en train de prendre des dimensions nationales, compte tenu de la gravité du problème.

Pour preuve, l’Exécutif congolais a lancé dernièrement, un appel à la mobilisation générale. Dans cet appel, il invite le peuple congolais à barrer la route à ceux qui cherchent à diviser la RDC comme on vient de le faire avec le Soudan.

Préoccupée par la situation de guerre qui sévit dans le Kivu, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a, dans un communiqué de presse publié à Kinshasa, déploré le plan consistant à balkaniser le Congo.

Dans ce communiqué, les évêques catholiques ont exprimé leur profonde consternation sur la guerre qui sévit encore dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu et qui est l'illustration du plan de balkanisation maintes fois dénoncé dans leurs déclarations et messages.

Attachés au plus haut point à l'unité de la nation congolaise les évêques ont, au cours d’un point de presse animé le samedi 21 juillet par le secrétaire général de la CENCO, réaffirmé l'unité et l'indivisibilité de la RDC dans ses frontières héritées de la colonisation et reconnues par la communauté internationale, le 30 juin 1960.

Ils ont pris l’engagement de mener des actions concrètes pour traduire dans les faits, leur refus de balkanisation de la RDC.

Comme on peut le constater, ce refus n’est pas une lutte engagée contre un Etat, ni encore moins contre qui que ce soit mais plutôt une prise de conscience collective d’une population qui voit son pays menacé de morcellement par ceux qui le convoitent pour des raisons d’intérêts économiques.

La RDC est une et indivisible. Tout plan tendant à la diviser ne rencontrera pas l’assentiment des Congolais.

Mobilisé derrière un seul idéal, le peuple congolais dit non à la balkanisation de son pays et met en garde quiconque chercherait à le diviser en passant par le truchement des conflits armés.

Albert tshiambi
© Le Potentiel

Asphyxie du M23: Kinshasa contourne le poste de Bunagana

Dimanche, 22 juillet 2012



La douane de Bunagana, sous contrôle des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) à la frontière avec l’Ouganda, est fermée. C’est ce qu’indique une correspondance du ministre congolais de l’Intérieur, adressée le samedi 21 juillet, au gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, pour exécution.

Les opérateurs économiques qui empruntaient cette voie sont priés de passer désormais, et jusqu’à nouvel ordre, par les postes frontaliers de Ishasha à Rutshuru, de Kasindi à Beni, ou de Grande et Petite Barrières à Goma.

Les récalcitrants s’exposent à la rigueur de la loi, a menacé le ministre de l’Intérieur dans sa correspondance. Celle-ci est venue officialiser ce que le gouverneur Paluku avait déjà annoncé sur Radio Okapi, mercredi 10 juillet.

Il avait appelé les opérateurs économiques à ne plus dédouaner leurs marchandises au poste frontalier de Bunagana:

«J’en profite pour mettre en garde tous les opérateurs économiques qui vont passer par le poste frontalier de Bunagana pour y payer les frais douaniers. Ils vont payer le triple, une fois arrivés à Goma. Parce qu’il y a des passages à Ishasha, Kasindi et Tchanika.»

Cette mesure des autorités de Kinshasa est venue couper ces rebelles d’une importante source de revenus, selon des sources locales. 

Ce poste-frontière réalise en effet entre 500 et 700 mille dollars américains des recettes douanières mensuelles, d’après des sources de la Direction générale des douanes et accises (DGDA).

Le M23 contrôle la localité de Bunagana, depuis le vendredi 6 juillet, après des combats contre l’armée congolaise.

Congo365

RDC: la mère d'Eugène Diomi Ndongala à la recherche de son fils


Eugène Diomi Ndongala (à gauche) aux côtés du leader du principal parti d'opposition Etienne Tshisekedi, le 22 juin 2012, quelques jours avant sa disparition.
Eugène Diomi Ndongala (à gauche) aux côtés du leader du principal parti d'opposition Etienne Tshisekedi, le 22 juin 2012, quelques jours avant sa disparition.
AFP PHOTO / JUNIOR DIDI KANNAH

Par RFI
Cela fait  semaine qu'Eugène Diomi Ndongala, président du parti d'opposition la Démocratie Chrétienne, est porté disparu. 
Poursuivi par la justice pour une affaire de viol de mineures, cet opposant proche d'Etienne Tshisekedi aurait été enlevé par les services de sécurité, selon ses proches. 
Mais pour la justice, Diomi est en cavale. Dans un point de presse tenu samedi 21 juillet à Kinshasa, sa mère a parlé d'une cabale et accusé un député de la majorité d'avoir voulu lui extorquer de l'argent en proposant de faire régler cette affaire de viol à l'amiable.

À la tribune du centre Carter, Sona Diakiessé, la mère d'Eugène Diomi, était l’invitée du réseau des ONG des droits de l’homme, section Kinshasa. Cette femme d’environ 70 ans a dit être à la recherche de son fils. Eugène Diomi a disparu de la circulation depuis quelques semaines, enlevé par la police et gardé au secret, selon sa mère.

Quant aux accusations de viol mises à charge du président de la Démocratie chrétienne, « une cabale », a tranché Sona Diakiessé qui a dit avoir été approchée par Francis Kalombo, un député de la majorité, venu proposer une facilitation moyennant de l'argent.

« Lorsqu’il nous a parlé, il m’a demandé de dire à son excellence, mon fils, de donner de l’argent pour qu’on règle l’affaire en famille. Il a dit : "Ces filles-là sont mes filles, les enfants de mon grand frère. La maman ne s’en occupe pas tellement. Ce sont des filles qui font le trottoir. Nous pouvons arranger ça en famille ».

Mis en cause, le député PPRD Francis Kalombo, a rejeté toutes ces allégations : « Elles étaient à trois femmes qui sont venues me voir, s'est-il justifié. Je n’ai pas été les chercher. Elles sont venues me voir, justement pour me demander de l’aide. Et la maman a reconnu qu’elle savait où se trouvait son fils. Mais il ne peut pas travailler, il ne peut pas apparaître. Il a peur ! 
Donc si je peux trouver un arrangement pour le mettre en contact avec la famille [des victimes supposées, NDLR] de manière à leur permettre de pouvoir négocier et de trouver un arrangement... Je leur ai dit que j'allais essayer et de me recontacter le mardi. J'ai donné mon numéro de téléphone, depuis, elles ne m’ont plus jamais contacté ! »

M23 : Un mouvement terroriste !

22/07/2012 

M23

Le Mouvement du 23 mars (M23) devrait être considéré comme un mouvement terroriste, afin de décourager des politiciens véreux à se livrer à l’aventure.

Chaque jour vient avec son lot d’actes cruels et barbares commis sur la population civile habitant les territoires de deux provinces de Nord-Kivu et Sud-Kivu, par des personnes qui animent des groupes armés sous différents noms. Le dernier à naître s’appelle Mouvement du 23 Mars (M23). 

Ces différents mouvements, et le M23 en particulier, emploient systématiquement de la violence pour atteindre leur objectif politique. M23 s’attaque aux civils et vient de se doter d’une aile politique pour contraindre l’Etat congolais et toute sa population à des négociations, de forcer le gouvernement de la RDC à adhérer à son idéologie politique.

En effet, après la condamnation de Thomas Lubanga par la Cour pénale internationale (CPI) en mars 2012, le procureur Louis Moreno Ocampo avait demandé au président de la RDC, Joseph Kabila, d’arrêter et livrer le général Bosco Ntaganda à la Cour. 

Celui-ci est sous le coup du mandat d’arrêt de la CPI depuis 2006, accusé de complicité avec Thomas Lubanga reconnu coupable de crimes graves, notamment l’enrôlement des enfants dans sa milice et de les avoir fait participer activement aux combats durant la guerre entre les tribus Hema et Lendu, en Ituri, dans la Province Orientale. 

Bosco Ntaganda avait ensuite formé sa propre milice avant d’intégrer le groupe armé du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), et plus tard intégrer les FARDC lors de l’opération de mixage.

Pour échapper à cette arrestation imminente, général Bosco avait procédé, durant la première semaine d’avril 2012, à la mobilisation de ses troupes fidèles dont il avait toujours gardé contrôle au sein même des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), à travers des régiments basés au Sud-Kivu et au Nord-Kivu, constitués en un commandement militaire parallèle. 

Des semaines plus tard, il avait créé le Mouvement du 23 mars appelé M23 qui exige à ce jour des négociations avec le gouvernement de Kinshasa. Le M23 est animé et s’est inscrit dans la logique idéologique de mêmes personnes membres du CNDP, RCD et AFDL qui toutes avaient bénéficié de l’appui substantiel du Rwanda.

Le M23 et ses forces alliées s’activent à intimider gravement la population des territoires qu’ils occupent dans le Nord-Kivu les contraignant aux déplacements massifs, créant ainsi une crise humanitaire. Ils recrutent de force des enfants à Jomba, Busanza et Rwanda; s’activent à déstabiliser les pouvoirs publics, détruire les structures fondamentales mises en place. 

Dans la nuit du 09 au 10 juillet, ils avaient causé des destructions massives à l’entrepôt de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) et emporter des ordinateurs ainsi que des groupes électrogènes. Au cours de la première quinzaine du mois de juin 2012, ils avaient procédé à l'interruption de l'approvisionnement en eau potable à Bunagana et ses environs ayant pour effet de déplacer la population et rendre invivable les territoires.

Face à la menace de s’attaquer à la ville de Goma et commettre des crimes à grande échelle, trois hélicoptères de la Mission onusienne de stabilisation de la RDC (Monusco) avaient du bombarder, le jeudi 12 juillet 2012, des positions du M23 pour empêcher sa progression. 

Un Casque bleu indien y avait perdu la vie. En réaction à cet acte de protection de la population civile par la Monusco, le M23 menace de s’attaquer aux Casques bleus, exigeant des explications sur le mandat de la Monusco et, ce dans une lettre datée du vendredi 13 juillet 2012 adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, citée par d’Associeted press (AP) dans un article publié par Washington Post.

La représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies en RDC, Leila Zérouigoui avait déjà invité depuis le vendredi 6 avril, le gouvernement de la RDC à prendre des sanctions contre les militaires des Forces armées de la RDC (FARDC) qui avaient fait défection dans les territoires d’Uvira et de Fizi (Sud-Kivu).

Au cours d’un point de presse qu’elle avait tenu à Bukavu, elle avait exhorté aux «autorités militaires […] de ne pas permettre la perpétuation de ce jeu dangereux pour la stabilité des institutions», avait-elle déclaré à Radiookapi.net. 

Selon elle, il était temps pour l’Etat congolais de dire «ça suffit» aux fauteurs de troubles et autres militaires à problèmes. Elle estimait qu’«ils ne doivent pas revenir négocier à rentrer dans l’armée et ensuite exiger des grades».

GUERRE INJUSTE, IMPOPULAIRE ET ILLEGITIME : LE PEUPLE A SA VOIE

La légitimité se définie comme la qualité d’autorité fondée sur des bases juridiques, éthiques ou morales, et permet de recevoir le consentement des membres d'un groupe. Autrement, la légitimité est un accord tacite subjectif et consensuel axé selon des critères éthiques et de mérite quant au bien-fondé existentiel d'une action humaine naturellement opposable au tiers.

Ainsi, d’un côté, elle donne lieu au droit revendiqué, et de l’autre, elle fait apparaître le devoir de l'autre partie. La légitimité confronte une attitude de respect des principes du droit (avec l'idée que ceux-ci doivent être primés) à une situation ou cette attitude est remise en cause au nom des principes posés comme supérieurs, soit de manière particulière, soit d'une manière systématique. 

Le 6 juillet 2012, quarante et un chefs religieux de l’Eglise catholique de la RDC, y compris son Eminence Laurent Cardinal Monsengwo avaient signé un communiqué condamnant la guerre en RDC et les attaques contre la population civile. 

Les Evêques avaient exprimé leur compassion à la population sinistrée, les victimes survivant des affres de cette guerre injuste et injustifiable menée par «des milices et des groupes armés étrangers qui tuent, violent et pillent, entraînant le déplacement forcé de la population congolaise […]». 

Cette voix s’associe à celle unanime des autres structures, corporations et organisations non gouvernementales (ONG) à travers la RDC : Bukavu, Goma, Butembo, Kinshasa, etc.

La population congolaise dénonce la guerre illégitime et impopulaire. Elle exige aux acteurs politiques de respecter la constitution ayant cours en RDC, car issue de la leçon de l’expérience douloureuse de l’histoire qu’elle rend dans son exposé de motif en ces termes : «Depuis son indépendance, le 30 juin 1960, la République démocratique du Congo est confrontée à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes fondamentales est la contestation de la légitimité des Institutions et de leurs animateurs. 

Cette contestation a pris un relief particulier avec les guerres qui ont déchiré le pays de 1996 à 2003».

LA VOIE DE LA CONSTITUTION NEGOCIEE

La Constitution de la RDC rappelle un sentiment de frustration du peuple congolais qui avait conduit à des crises politiques. Elle reconnaît et justifie des contestations qui avaient fait autre fois l’usage de la violence (les guerres) qui avait déchiré le pays de 1996 à 2003, en tire une leçon et ouvre une voie de sortie définitive : «En vue de mettre fin à cette crise chronique de légitimité et de donner au pays toutes les chances de se reconstruire, les délégués de la classe politique et de la Société civile, forces vives de la Nation, réunis en Dialogue inter congolais, ont convenu, dans l’Accord global et inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud le 17 décembre 2002, de mettre en place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution démocratique sur base de laquelle le peuple congolais puisse choisir souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles».

La constitution de la RDC nie l’exercice du pouvoir contre la volonté du peuple, réaffirme «le principe démocratique selon lequel tout pouvoir émane du peuple en tant que souverain primaire» et condamne les contre-valeurs en «considérant que l’injustice avec ses corollaires, l’impunité, le népotisme, le régionalisme, le tribalisme, le clanisme et le clientélisme, par leurs multiples vicissitudes, sont à l’origine de l’inversion générale des valeurs et de la ruine du pays».

La constitution intègre les droits humains et libertés fondamentaux dans son corps et rattache la RDC aux instruments juridiques internationaux auxquels elle a adhéré. Elle déclare en son article 16 que «la personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger» et fait obligation à chaque citoyen de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prennent et exercent le pouvoir en violation de la Constitution.

Le respect des droits humains et des libertés fondamentales consacrés s’impose de manière absolue aux pouvoirs publics et à toute personne vivant en RDC et en aucun cas, et même lorsque l’Etat de siège ou l’Etat d’urgence aura été proclamé, il ne peut être dérogé aux droits et principes fondamentaux, notamment la liberté de pensée et de conscience. De même, elle lui donne «le devoir de protéger la propriété, les biens et intérêts publics et de respecter la propriété d’autrui».

La constitution de la RDC exige au citoyen congolais de défendre ses droits par tous les moyens et en même temps lui prévient que seul le gouvernement a le monopole légal de détenir de la force. Autant qu’elle organise aussi le droit de révolte et fixe des mécanismes d’opposition au gouvernement qu’elle érige en un droit plus élevé. Sans l’organisation de ce droit supérieur contre «l’ordre existant», la RDC court le risque de revivre la barbarie primitive des guerres généralisées de 1996-2003.

Il se dégage que les leçons douloureuses du passées ont conduit à une sagesse collective, coulée sous forme de volonté du peuple congolais dans sa constitution qui renvoie en définitif au bon sens individuel; à la capacité individuelle de comprendre et d’apprécier les situations avant d’agir de bonne foi; à la responsabilité individuelle du citoyen congolais face à son destin. 

Il y a là une opportunité de soutenir le sens de responsabilité citoyenne individuelle de chacun des membres de la famille congolaise, face à un mode de vie qui n’a rien d’humain. Une vie dans laquelle des millions de membres de la communauté sont réduits aux statistiques de survivants des massacres et viols pendant des années, et des déplacés/réfugiés fuyant dans la brousse, sans abris et exposés a toute forme d’intempérie, dans un état de peur constante du M23 et autres groupes armés. 

Une famille congolaise dont des personnes ayant obligation de protéger la communauté se livrent à la massacrer et lui dénient toute autre forme de justice. Une société qui finalement ne sait pas encore tirer de leçons du passé douloureux qui a abouti à la sagesse d’instaurer des principes démocratiques permettant au peuple de se choisir ses dirigeants en toute liberté et transparence.

LES CONDITIONS DU DROIT DE REVOLTE

Le troisième paragraphe du préambule de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) considère la révolte contre la tyrannie et l'oppression comme un suprême recours. C’est des leçons des guerres immondes que les esprits révoltés qui animaient les nations, à la rédaction de la Charte de l’Organisation des Nations unies (ONU) s’étaient fait cette promesse de respecter désormais les droits fondamentaux, la dignité et des valeurs de la personne humaine partout au monde. 

Cette promesse est constamment rappelée dans toutes les actions de l’ONU, à travers la Charte et autres instruments qui en découlent, à l’instar de la DUDH.

Au-delà de la DUDH, la constitution de la RDC organise la résistance politique à deux niveaux. Premièrement, elle consacre la lutte interne en ce que «l’opposition politique est reconnue […]. Les droits liés à son existence, à ses activités et à sa lutte pour la conquête démocratique du pouvoir sont sacrés [...]». 

Cette disposition s’adapte à la situation d’une dynamique politique et laisse la latitude à la classe politique de développer des stratégies adaptées à influencer «l’ordre institutionnel interne». Deuxièmement, la constitution congolaise reconnaît à chaque citoyen, individuellement, le droit de penser, s’associer a n’importe quelle autre personne et d’exprimer ses opinions politiques. 

De même, chaque individu, dans les limites des lois qui protègent tout le monde, a le droit de développer des stratégies pour conquérir, exercer et conserver le pouvoir politique. La Constitution de la RDC se base sur des leçons tirées de la révolte des consciences des Congolais suite aux guerres ayant causé d’énormes pertes en vies humaines. 

A cette fin, le législateur congolais a adopté la nouvelle constitution en février 2006 et la motive avec des promesses de mettre fin à «la crise chronique de légitimité» en mettant sur pied un «nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution démocratique sur base de laquelle le peuple congolais puisse choisir souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles.»

LE TERRORISME DU M23 N’EST PAS UNE REVOLUTION

Le terrorisme est une idéologie, mais surtout «un ensemble d'actes violents et illégaux commis avec l'objectif de provoquer un climat de terreur au sein de l'opinion publique ou d'ébranler la force d'un gouvernement ou d'un groupe». 

Les terroristes procèdent par des assassinats, massacres ou autres crimes qui choquent l’esprit humain. Les actes terroristes sont aveugles, ils ne tiennent aucunement compte des considérations humaines, ne respectent pas la dignité humaine et n’écoutent que leurs propres vues. Ils se présentent comme des résistants et se considèrent comme des héros auprès des adhérents ou sympathisants.

Comme le M23, les groupes terroristes sont habituellement le fruit des groupes restreints, organisés selon des principes militaires par des criminels qui n’ont rien à perdre et souvent ne pouvant se reconvertir à une vie normale. Leur action s'oppose à la révolution qui suppose un mouvement de masse et une ingéniosité des partis politiques. 

Dans les cas ou ils se prétendent être un mouvement politique, les terroristes n’ont aucune adhésion populaire si ce n‘est des fanatiques, ou par la force des armes (exemple du (CNDP), ou encore par l’adhésion des individus véreux, opportunistes et cyniques. 

Les terroristes n’ont de force qu’a travers la victimisation de la population civile avec espoir de s’en servir contre des gouvernements à la table de négociation à l’instar des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) au Rwanda, Lord resistance army (LRA) en Ouganda, les Shebab en Somalie, le Boko Haram au Nigeria, l’Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), etc.

La création du M23 pose plus de question qu’elle ne donne de réponse. Que peut offrir à la population congolaise le M23 si ce n’est exiger des avantages matériels à court terme en faveur de ses animateurs ? 

Quelles valeurs morales, principes universels de vie en société que peut donner un groupe qui est animé par des personnes poursuivies pour des crimes de masse? 

Que peut gagner l’humanité en s’associant à une organisation qui défend une idéologie de donner la mort au lieu de contribuer à la prospérité du monde?

Que peut-on gagner d’un groupe de personnes qui ont tué des masses, pas une seule fois, mais plusieurs fois sur une longue période dans la même zone géographique? 

Que va devenir la société congolaise si ces groupes se développent et s’associent aux groupes incontrôlés qui sont en action et qui tuent en série dans des villes? 

Qui a la moindre idée de l’état mental des membres du M23 quand on sait qu’ils ont vécu trop longtemps dans une situation de non droit ou tout leur était permis, et que seul leurs armes parlaient?

Il y a beaucoup de raison de craindre des groupes des personnes qui ne croient trouver de sécurité que dans une sorte d’organisation criminelle constituée exclusivement de membres de leur groupe ethnique dont le chef doit exclusivement être un membre très proche de leur tribu. 

Il y a aussi lieu de craindre des sérieuses difficultés pour le reste de la société autant que pour les membres du M23 eux-mêmes. Comment peuvent-ils vivre avec leurs victimes quand on sait que les crimes de masses traumatisent plus les victimes et créent une peur permanente chez le bourreau? 

La meilleures solution n’est vivement que de déclarer «terroriste» le M23, pour décourager d’autres politiciens véreux à rentrer dans l’aventure; contraindre ses fondateurs à se conformer à la constitution; et réintégrer ses membres individuellement dans la société, en tirant des leçons de l’expérience de l’échec du mixage et son coût en termes financiers, humains temporels sur toute communauté internationale.

Tshiswaka Masoka Hubert, Johannesburg, le 18 juillet 2012.
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