Dans son édito du mois de mars, le magazine « Numéro » a réalisé une série de photos intitulées : African Queen. Mais contre toute attente, pour représenter la beauté africaine, c’est le mannequin Ondra Hardin qui a été engagé par le magazine.

La jeune fille aux cheveux blonds et au teint particulièrement clair a été maquillée à l’extrême avec du fond de teint brun et une crème autobronzante pour lui donner un air plus exotique.

Le débat fait rage : pourquoi ne pas avoir mis une femme noire ? Une démarche qui se veut contestataire dans ce milieu où la diversité n’est clairement pas mise en valeur. Il est normal que les clichés suscitent une polémique, scandalisée par l’idée de représenter la beauté noire avec une mannequin blanche.

Lors de la Fashion Week de New York, un rapport accablant a été publié par le magazine web féminin Jezebel.

Ce dernier aurait totalisé sur les podiums 82 % de mannequins blanches contre seulement 6 % de mannequins noires.

Laura Beck, journaliste de mode pour Jezebel s’interroge alors : « C’est impossible de voir ça et de ne pas avoir mal pour toutes ces jeunes femmes de couleur qui veulent percer dans le mannequinat. […] Si les jobs pour des photos intitulées African Queen ne vont pas aux femmes noires, quel espoir reste-t-il ? ».

Le magazine Numéro a tenté de se défendre : « Le but artistique du photographe Sebastian Kim, auteur de cet éditorial, est en continuité avec ses précédentes créations photographiques, qui insistent sur la rencontre et le mélange des cultures, l’exact opposé de toute discrimination fondée sur la couleur de peau.

Numéro a toujours soutenu la liberté artistique des photographes de talent qui illustrent ses pages et n’a pas pris part au processus de création de cet éditorial. » Les responsables du magazine ont rappelé qu’un mannequin noir était en couverture du numéro du 15 mars et que l’édition russe de ce mois-ci mettait Naomi Campbell en avant.

Ce qui démontre la nature totalement inappropriée des accusations portées. Sebastian Kim de son côté, a déclaré vouloir rendre hommage à Talitha Getty et Marissa Berenson, des femmes blanches, véritables icônes de 60’s parties vivre au Maroc et au Moyen-Orient ou bien Veruschka adapte de la peinture corporelle.

Il ajoute que ces références auraient été masquées par un titre trompeur : « Je crois que le très malheureux titre African Queen (duquel je n’étais pas conscient avant la publication) y est pour beaucoup dans la mauvaise interprétation de ces images. »

Salima Ouchêne (St.)
Source : Le Soir