lundi 22 avril 2013

Est de la RDC : Le Rwanda se transforme en Etat minier

Lundi, 22 Avril 2013


Pierre Damien Habumuremyi

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo vient d’interdire l’exportation des concentrés de cuivre et de cobalt. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la fraude qui touche ces deux minerais.

En attendant les résultats d’une initiative qui risque, comme les précédentes, de s’arrêter à une simple déclaration d’intention, compte tenu de la solidité des réseaux maffieux qui écument les provinces minières de la République, à commencer par le Katanga, une nouvelle alerte vient d’être donnée à l’Est.

Il ne s’agit pas d’un nouvel épisode guerrier du Rwanda ou de l’Ouganda contre notre pays mais c’est tout comme.

Au cours d’une sortie très médiatisée, le Premier ministre rwandais, Pierre Damien Habumurenyi, a déclaré haut et fort, devant le Parlement de son pays, que son gouvernement vient d’élaborer un vaste plan de développement du secteur minier.

L’objectif visé est de faire passer les revenus miniers, actuellement plafonnés à 136,6 millions de dollars américains, du simple au triple, soit 409 millions en 2017.

Pour ce faire, des partenariats gagnant-gagnant ont déjà été conclus avec sept firmes minières, dont notamment Saphira Miners, Rogi Mining, TransAfrica et EMR Resources, en vue des travaux de prospection, de production et de commercialisation des minerais. Selon le Premier ministre rwandais, les matières premières ciblées en priorité sont l’or, le cuivre, le zinc, le nickel, l’argent, etc.

Le Rwandais, Etat minier?

Depuis quand le Rwanda est-il devenu un Etat minier ? La question vaut tout son pesant d’or. L’alerte venue de Kigali devrait interpeller les décideurs congolais, qui donnent l’impression de dormir à présent sur les lauriers de l’Accord- cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations ayant trait au déploiement imminent de la Brigade spéciale chargée de traquer et neutraliser les forces négatives, dont le M23.

L’ambition du Rwanda d’entrer prochainement dans le monde des producteurs des minerais ne devrait pas étonner outre mesure, étant donné que ce pays contrôle, depuis octobre 1996, le « coffre-fort» de la République au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, sans compter les minerais de contrebande en provenance de la Province Orientale et du Maniema, La présence de plus d’une quarantaine de groupes armés nationaux et étrangers dans les parties Nord et Est du pays ne peuvent que donner des résultats comme ceux livrés par le Premier ministre rwandais devant le Parlement de son pays.

Depuis près de 16 ans en effet, des quantités inestimables d’or, de diamant, de cuivre, de cobalt, de coltan, de nickel... prennent la route de Kigali et de Kampala avant d’être vendues sur les marchés internationaux par des multinationales en connexion avec des seigneurs de guerre congolais, rwandais et ougandais, en complicité avec des officiels de la RDC, de l’Ouganda et du Rwanda.

Paul Kagame aurait-il reçu des assurances du côté de Kampala que le gouvernement congolais ne lâcherait pas la bande à Sultani Makenga ? On est tenté de le croire.

Après avoir longtemps pillé les ressources naturelles congolaises dans la cachotterie, le régime de Kigali a décidé d’agir à visage découvert. Chacun peut deviner l’avenir du Nord-Kivu et d’autres provinces minières de la RDC à la lumière du rêve des maîtres de Kigali de tripler leurs recettes minières à l’horizon 2017.

Cela veut tout simplement dire que le M23 et d’autres infiltrés rwandais qui contrôlent plusieurs mines congolaises au Nord-Kivu et Sud-Kivu vont tenir encore longtemps les différents fronts militaires. Le retour de la paix à l’Est du grand Congo ? Ce n’est pas pour bientôt.

Kimp

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire