Les mille et un visages de Moïse Katumbi, l'homme le plus riche de la RDC
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Moïse Katumbi, Lubumbashi, novembre 2010 / REUTERS
Un documentaire du belge Thierry Michel sur ce personnage central de la vie congolaise fait polémique à Bruxelles et à Kinshasa.
Le réalisateur belge Thierry Michel, auteur notamment de Mobutu, roi du Zaïre,
en 1999, a déclenché une nouvelle polémique en République démocratique
du Congo (RDC) en consacrant son dernier documentaire au puissant
gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi.
L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi sera présenté en
avant-première au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le 15 avril, avant
d'être mis à l'affiche, le 24 avril, dans un cinéma de la capitale
belge où vit une importante communauté congolaise.
Une sortie est également envisagée en septembre en France, mais il y a
peu de chances que le film, le dixième de Thierry Michel consacré à
l'ex-Congo belge, soit projeté en RDC.
«Qui oserait le présenter» au Congo, s'interrogeait cette
semaine à Bruxelles le réalisateur belge, persona non grata en RDC
depuis qu'il a consacré, en 2012, un film à Floribert Chebeya, militant des droits de l'homme congolais tué en juin 2010 après avoir été convoqué par la police de Kinshasa.
Poil à gratter
Déjà acteur majeur d'un autre documentaire de Thierry Michel sorti en 2009, Katanga Business, Moïse
Katumbi est cette fois le personnage central du film, qui retrace la
fulgurante carrière de ce fils d'un juif séfarade ayant fui l'Europe
nazie et d'une Congolaise, devenu à près de 50 ans l'homme d'affaires le
plus riche de RDC.
Dans une interview à l'hebdomadaire Jeune Afrique, le «héros» du documentaire a dénoncé les «contre-vérités» du film, de possibles «manipulations» et des «informations qui n'auraient pas été vérifiées».
Depuis, les deux hommes se sont revus.
«J'ai été très heureux de cette rencontre à Bruxelles dans une
atmosphère constructive qui a permis, me semble-t-il, d'éclaircir
certains malentendus», écrit Thierry Michel dans une lettre où il répond aux critiques de Moïse Katumbi.
Thierry Michel s'inquiète néanmoins d'être menacé, ainsi que «ceux qui travaillent sur le film» ou «s'obstinent à le diffuser» par un groupe de «Jeunes Katangais» se présentant comme des partisans du gouverneur.
Allié et rival du président
Gouverneur élu depuis 2006 de la province du Katanga (sud-est), dont
le sous-sol regorge de minerais, Moïse Katumbi est aussi un homme qui
compte dans le camp du président Joseph Kabila, dont il est à la fois «l'allié et le rival», au point que beaucoup voient en lui un possible futur président de la RDC, analyse Thierry Michel.
Dans son documentaire qui couvre six années, l'auteur de Congo River
dresse de ce «tycoon» africain un portrait en clair-obscur. On le voit
surveiller des travaux de réhabilitation du désastreux réseau routier
congolais ou tancer des douaniers laxistes.
Thierry Michel donne aussi la parole à des opposants critiquant son populisme et à des «creuseurs»,
ces mineurs à la sauvette expulsés de leurs chantiers malgré les
promesses du gouverneur, ou encore la destruction de la propriété d'un
de ses rivaux par des supporteurs du club de football dirigé par Moïse
Katumbi, le Tout-puissant Mazembe.
«C'est un personnage complexe, un grand équilibriste», résume le réalisateur belge, qui se défend d'avoir produit un documentaire «à charge».
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