Dimanche, 22 Septembre 2013
En prévision de sa participation à l’Assemblée générale de l’Onu à New-York, Kabila Kabange et ses éminences grises ont voulu frapper un grand coup en prenant la distance avec la question gênante des FDLR.
C’est dans ce contexte que se justifie, depuis six jours, la présence du général Paul Ilunga Dikita de l’Auditorat général des FARDC à la tête d’une mission d’enquête judiciaire au Nord-Kivu.
En effet, il est question pour Paul Ilunga Dikita d’enquêter sur les crimes et autres griefs reprochés au général Amisi dit Tango Fort, ancien chef d’Etat major de la Force terrestre des FARDC suspendu le lendemain de la prise dela ville de Goma par les troupes du M23 en novembre 2012.
De source autorisée, il s’agit d’une enquête pré-juridictionnelle en prévision du procès à organiser pour juger Tango Fort accusé non seulement des crimes de guerre, mais surtout de savoir plus sur le trafic illicite des armes et munitions de guerre au profit des FDLR depuis bien longtemps.
A la vérité, la question des FDLR est une épine dans le pied du pouvoir congolais depuis l’avènement de l’AFDL. Qu’on se souvienne de ce qu’après avoir combattu aux cotés des troupes de l’APR (Armée patriotique rwandaise) de Paul Kagame les ex-FAR ( Forces armées rwandaises) converties en FDLR, Laurent-Désiré Kabila s’en était approché lors de la guerre de 1998 contre ses anciens alliés de l’AFDL qui avaient créé le RCD avec l’appui du même Rwanda, donnant ainsi à Kigali le prétexte rêvé pour avoir un œil rivé sur les activités de ses pires ennemies au Congo à démocratiser.
Il n’est secret pour personne que Laurent-Désiré Kabila avait toujours nié les faits jusqu’à l’avènement de son successeur désigné.
A la surprise générale, en 2001, Vital Kamerhe, alors commissaire général adjoint chargé des rapports avec la Mission de l’Onu au Congo (MONUC), invite la presse à assister à Kamina à une opération de désarmement, de démobilisation et de rapatriement volontaire des FDLR !
Une fois passée l’opération de communication destinée surtout à la consommation extérieure, Kinshasa a-t-il rompu tous les liens avec les fameuses FDLR dont certains étaient devenues des supplétifs des Maï-Maï, eux-mêmes quelques fois alliés objectifs du gouvernement, dans une sorte d’alliances contre nature que rien ne peut raisonnablement expliquer ni justifier ?
Dès lors, on peut comprendre pourquoi dès que la communauté internationale échafaude un quelconque plan de paix pour la RD Congo, la question des FDLR est systématiquement liée au point qu’elle semble aussi être une question congolaise.
Il n’y a pas que le trafic illicite des armes au profit des FDLR qui fait que le général Amisi dit Tango Fort intéresse la justice congolaise et peut-être bientôt la justice internationale.
Une source proche du dossier rappelle que Tango Fort qui est issu de l’ancienne rébellion du RCD avait commandé les troupes rwandaises en compagnie de Laurent Nkunda Batware lors des affrontements entres rwandais et ougandais à Kisangani en 1999.
Là où le procès diligenté pour juger le général Amisi dit Tango Fort semble relever de l’absurde c’est quand on évoque, dans ce qui semble une affaire exclusivement congolaise, l’implication de Kigali qui voudrait museler ceux qui en savent trop et qui pourraient être des témoins gênants en cas d’enquête de la CPI à l’égard de Bosco Ntaganda. Là, on n’y comprend plus rien !
En attendant d’en savoir plus sur la suite de la mission d’enquête judiciaire conduite par Paul Ilunga Dikita, les populations de l’Est sont livrées à elles-mêmes notamment à cause de l’impuissance de FARDC et de la passivité de la MONUSCO.
Cette dernière ne cesse d’ailleurs de souffler le chaux et le froid en annonçant sa volonté de neutraliser toutes les forces négatives tout en se disant disponible pour accompagner les groupes armés qui sont prêtes à déposer les armes et à s’inscrire dans une logique de réconciliation nationale en vue de résoudre tous les différends par la voie pacifique.
En tout état de cause, la Mission de l’Onu au Congo semble consciente de ses limites et souhaite repenser sa stratégie afin de mieux protéger les populations civiles car son action n’a que peu d’effets. C’est ce qui ressort d’un document interne de la mission.
Selon le même document, la Monusco semble justifier son indolence par le fait les sites sur lesquels elle est implantée sont mal situés et ne lui permettent pas d’accomplir des missions au-delà des simples patrouilles dites de proximité.
D’où, la conviction que la protection par la seule présence ne suffit pas et donne un faux sentiment de sécurité.
Il reste à espérer que cette tardive prise de conscience de la Monusco ne soit pas que de la com.
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Raymond LUAULA
Congoone
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