21/10/2013
Photo d'illustration. © AFP
La Conférence régionale sur l’utilisation de l’Histoire générale de l’Afrique dans l’enseignement supérieur s’est ouverte lundi à Accra (Ghana). À l’ordre du jour : trouver un discours africain pour parler du passé.
Les concepts utilisés depuis l’ère coloniale à propos de l’Afrique sont-ils innocents ?
Quelle influence continuent-ils à avoir sur la perception que l’Africain a de lui-même et de sa propre histoire ?
Comment trouver d’autres mots, conçus par les Africains pour remettre de l’ordre dans une discipline encore tributaire des présupposés extérieurs ?
C’est à cela que doivent répondre les participants au colloque organisé dans la capitale ghanéenne par l’Organisation des nations pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Cette institution a publié, à partir de 1964, une Histoire générale de l’Afrique en huit volumes, qui a été traduite en 13 langues dont le swahili, le peul et le haoussa.
Selon Ali Moussa-Iye, chef de la section Histoire et mémoire pour le dialogue à l'Unesco, la conférence d’Accra a pour finalité "une réappropriation de l’Histoire du continent en la débarrassant de tous les concepts occidentaux qui, non seulement ne correspondent pas aux réalités des sociétés africaines, mais sont chargés d’une idéologie réductrice et pleins d’erreurs."
La meilleure façon d’y parvenir c’est faciliter l’enseignement de l’Histoire générale de l’Afrique dans l’enseignement supérieur où sont formées les nouvelles élites, insiste Moussa-Iye.
"Consolider les identités"
Pour sa part, l’historien Elikya Mbokolo, président du Comité scientifique de l’Histoire générale de l’Afrique, "les jeunes doivent savoir que l’écriture de l’histoire africaine n’est pas terminée, elle commence.
Revoir les concepts anciens n’est pas synonyme de retour au passé, mais une façon de consolider les identités." L’essentiel du contenu des huit volumes de l’Histoire générale de l’Afrique doit être revu pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que les connaissances ont évolué, notamment en ce qui concerne la préhistoire. Il s’agit de préciser et de décliner les principales étapes de l’antériorité du continent.
Ensuite, le huitième volume, paru il y a quinze ans, s’arrête à l’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud. "C’était une analyse à chaud", précise Mbokolo.
"Il faut également prendre du recul par rapport aux cinquante dernières années de l’histoire du continent, bien analyser le processus des indépendances en fonction de ce qui n’a pas été dit sur les mouvements de libération et les divisions qui les ont marqués. Sans oublier de repenser la place de l’Afrique dans le monde actuel et au cours des prochaines cinquante années" ajoute l’historien.
Débarrasser l’Histoire africaine des paradigmes extérieurs ne suffira pas. Il faudra aussi et surtout que l’Afrique sorte du carcan de ses rapports avec le seul monde occidental.
Elle devra avoir une vision plus large des choses et se demander quels ont été ses liens avec les autres continents avant la conquête européenne.
La conférence, qui s’achèvera le 25 octobre, se poursuivra à Elmina et Cape Coast, à une centaine de kilomètres d’Accra.
____________________
Tshitenge Lubabu M.K., envoyé spécial
Jeune Afrique
Photo d'illustration. © AFP
La Conférence régionale sur l’utilisation de l’Histoire générale de l’Afrique dans l’enseignement supérieur s’est ouverte lundi à Accra (Ghana). À l’ordre du jour : trouver un discours africain pour parler du passé.
Les concepts utilisés depuis l’ère coloniale à propos de l’Afrique sont-ils innocents ?
Quelle influence continuent-ils à avoir sur la perception que l’Africain a de lui-même et de sa propre histoire ?
Comment trouver d’autres mots, conçus par les Africains pour remettre de l’ordre dans une discipline encore tributaire des présupposés extérieurs ?
C’est à cela que doivent répondre les participants au colloque organisé dans la capitale ghanéenne par l’Organisation des nations pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Cette institution a publié, à partir de 1964, une Histoire générale de l’Afrique en huit volumes, qui a été traduite en 13 langues dont le swahili, le peul et le haoussa.
Selon Ali Moussa-Iye, chef de la section Histoire et mémoire pour le dialogue à l'Unesco, la conférence d’Accra a pour finalité "une réappropriation de l’Histoire du continent en la débarrassant de tous les concepts occidentaux qui, non seulement ne correspondent pas aux réalités des sociétés africaines, mais sont chargés d’une idéologie réductrice et pleins d’erreurs."
La meilleure façon d’y parvenir c’est faciliter l’enseignement de l’Histoire générale de l’Afrique dans l’enseignement supérieur où sont formées les nouvelles élites, insiste Moussa-Iye.
"Consolider les identités"
Pour sa part, l’historien Elikya Mbokolo, président du Comité scientifique de l’Histoire générale de l’Afrique, "les jeunes doivent savoir que l’écriture de l’histoire africaine n’est pas terminée, elle commence.
Revoir les concepts anciens n’est pas synonyme de retour au passé, mais une façon de consolider les identités." L’essentiel du contenu des huit volumes de l’Histoire générale de l’Afrique doit être revu pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que les connaissances ont évolué, notamment en ce qui concerne la préhistoire. Il s’agit de préciser et de décliner les principales étapes de l’antériorité du continent.
Ensuite, le huitième volume, paru il y a quinze ans, s’arrête à l’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud. "C’était une analyse à chaud", précise Mbokolo.
"Il faut également prendre du recul par rapport aux cinquante dernières années de l’histoire du continent, bien analyser le processus des indépendances en fonction de ce qui n’a pas été dit sur les mouvements de libération et les divisions qui les ont marqués. Sans oublier de repenser la place de l’Afrique dans le monde actuel et au cours des prochaines cinquante années" ajoute l’historien.
Débarrasser l’Histoire africaine des paradigmes extérieurs ne suffira pas. Il faudra aussi et surtout que l’Afrique sorte du carcan de ses rapports avec le seul monde occidental.
Elle devra avoir une vision plus large des choses et se demander quels ont été ses liens avec les autres continents avant la conquête européenne.
La conférence, qui s’achèvera le 25 octobre, se poursuivra à Elmina et Cape Coast, à une centaine de kilomètres d’Accra.
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Tshitenge Lubabu M.K., envoyé spécial
Jeune Afrique
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