samedi 16 novembre 2013

La fin du M23 retarde la formation du gouvernement

le samedi 16 novembre 2013



La fin impromptue de la rébellion menée par le M23 a modifié la donne dans la composition du « gouvernement de cohésion nationale ». Et la difficulté de conclure, à Kampala, un accord avec le M23 complique davantage l’équation. La donne de l’Est ayant complètement changé, la perspective de la formation d’un gouvernement de cohésion nationale a aussi évolué. Tout semble donc à refaire, afin de se conformer au nouveau contexte créé, diamétralement opposé à celui qui a prévalu au moment des concertations nationales.

La formation d’un gouvernement de cohésion nationale, vœu exprimé par les délégués aux dernières concertations nationales, se fait toujours attendre. Pourtant, devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, s’était engagé à tout mettre en œuvre pour accélérer la formation de ce gouvernement, censé consolider davantage les vertus de la cohésion nationale. Mais, l’eau a coulé sous le pont.

La nouvelle donne

Dans le temps, tout était en ordre. Mais, avec la défaite du mouvement rebelle du M23, la donne semble avoir sensiblement changé et le contexte ne s’y prête plus. Ce qui n’a pas manqué d’influer sur la formation de ce gouvernement. D’où, les choses tirent en longueur.

Dans certains milieux, des tentatives d’explication se multiplient. L’on justifie ce retard, entre autres, par le fait que désormais, rien ne pourrait être décidé au niveau interne sans obtenir le consentement préalable de la communauté internationale, particulièrement celui des Etats-Unis. Ceux-ci, on le sait, ont joué le rôle de premier plan dans le retournement de la situation sur le terrain militaire. En clair, Washington avait intimé l’ordre à Kigali de ne pas intervenir dans l’offensive que les FARDC menaient contre le M23.

Le choix du nouvel animateur ou le maintien de l’actuel Premier ministre ne devrait pas être de manière cachotière. Autrement dit, la RDC gagnerait en jouant cartes sur table sans sacrifier sa souveraineté sur l’autel des intérêts étrangers.

D’aucuns rappellent l’accompagnement dont la RDC doit bénéficier de la part de la communauté internationale aux termes de l’accord d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu.

Est-ce pour cette raison que le chef de l’Etat prend son temps avant de rendre public le nouveau gouvernement voulu de large ouverture ? Rien n’est exclu. D’autant qu’au sortir de concertations nationales, le décor était bien planté pour accélérer la mise en place de ce nouvel exécutif national.

Dans ce nouveau contexte, susurre-t-on dans des milieux diplomatiques, Kinshasa aurait tout intérêt à ne pas ignorer le groupe de 4+11, lequel ne cesse d’insister sur une issue politique qui règlerait les tensions et autres différends survenus au lendemain du double scrutin du 28 novembre 2011. Ce qui créerait les conditions de réconciliation et de cohésion nationale.

Dans la foulée, l’on note le respect de l’échéance de 2016 et du calendrier électoral que la nouvelle direction de la CENI est en train de peaufiner, mais aussi l’observance stricte de la bonne gouvernance.

Sur le plan externe, Kinshasa devrait engager de vraies discussions avec ses voisins afin de dissiper tous les malentendus et juguler les velléités belliqueuses qui minent la région des Grands Lacs. Ce qui serait fort possible avec l’accompagnement de la communauté internationale assorti d’un minimum de franchise de la part de tous les acteurs impliqués et intéressés.

Pour l’instant, il urge de clore le dossier Kampala avant de s’attaquer à la formation du nouveau gouvernement, qui se voulait de cohésion nationale. Tant que, relève-t-on, l’on ne sera pas en mesure de conclure les pourparlers engagés en décembre 2012 à Kampala, avec les ex-rebelles du M23, on devra encore prendre son mal en patience.

Le gouvernement en veilleuse

Sur le plan interne cependant, le retard pris dans la formation de ce nouveau gouvernement porte un coup dur sur la marche de l’Etat. Le gouvernement, qui expédie officiellement les affaires courantes, peine à transmettre au Parlement le projet de loi des finances 2014.

Appelé à intégrer les nouvelles donnes issues des concertations, le gouvernement fait preuve d’une incapacité subite à déposer le budget 2014, pourtant adopté en conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat, suivant le compte rendu lu le 28 octobre dernier par le porte-parole intérimaire du gouvernement, Mme Wivine Mumba, Garde des sceaux.

Il se pose, sans l’ombre d’un doute, des problèmes dans le dépôt du Budget 2014 sur la table de travail du bureau de l’Assemblée nationale. Fonctionnant au strict minimum, le gouvernement se trouve en même temps amputé d’une de ses plus importantes prérogatives, c’est-à-dire la gestion quotidienne de l’Etat. Pour cette raison, certains ministres sont interdits de mission à l’étranger.

A de grandes rencontres internationales de portée stratégique, le pays est représenté soit par des fonctionnaires, soit par personne. Les illustrations sont nombreuses. On n’en épingle quelques-unes, notamment, sur les projets innovants dans le secteur de l’énergie. Le pays qui regorge d’un potentiel important en multiples sources d’énergie, n’a pu bénéficier de discussions abordées à cette occasion. Des grandes orientations ont été arrêtées à l’absence de la RDC qui en subirait les conséquences ultérieurement.

A l’importante rencontre sur la santé tenue à Nairobi, au Kenya, le pays était également aux abonnés absents. A la conférence sur les changements climatiques qui se tient présentement à Varsovie, en Pologne, le pays est représenté par des fonctionnaires. Alors que la RDC héberge, après le Brésil, le deuxième massif forestier de la planète. D’aucuns auraient souhaité qu’une représentation de haut niveau pour des échanges fructueux sur une question aussi stratégique.

Dans l’administration publique, la situation est plus que jamais préoccupante. Bref, la machine de l’Etat risque de s’éterniser dans le provisoire, si l’on ne se hâte pas à former rapidement ce gouvernement de cohésion nationale. Ou encore, s’il faut garder la même équipe, en l’élargissant aux opposants et à la Société civile, des formules ne manquent pas pourvu que l’Etat reprenne vie.

Son format ayant été clairement décrit par le chef de l’Etat, rien ne devrait en principe retarder la mise en place de ce nouvel exécutif. Autant lever tous les verrous qui se dressent sur son chemin pour permettre à la machine de l’Etat de redémarrer de bon pied.
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Le Potentiel

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