Mardi, 19 Novembre 2013
Depuis que les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) ont fait le ménage au Nord-Kivu, en neutralisant le M23 avec le concours des troupes de la Monusco et de la Brigade neutre d’intervention, c’est l’interminable euphorie dans les milieux politiques et sociaux de Kinshasa et de l’arrière-pays.
Marches de soutien, cultes religieux, réjouissances populaires n’en finissent pas de se succéder pour rendre hommage aux éléments de l’armée nationale, auteurs de hauts faits d’armes qui ont effacé toutes les humiliations subies par le peuple congolais au Nord-Kivu pendant plus de 18 mois.
Mais, au fil des jours, les manifestations de joie commencent à épouse des contours dangereux tant pour l’avenir sécuritaire de la République que sa gestion au quotidien.
Au plan de la défense, l’on a tendance à croire que le Mouvement du 23 Mars et ses parrains ont jeté définitivement l’éponge, et qu’il ne resterait qu’à leur assener le coup de grâce à travers la « Déclaration de reddition » de Kampala.
Les bruits de bottes qui se font entendre à nos frontières de l’Est indiquent que nos voisins belliqueux se trouvent pas dar la logique de la construction de la paix dars les Grands Lacs.
Au contraire, ils cherchent à gagner du temps soit pour relancer eux-mêmes la guerre au Nord-Kivu à visages découverts, soit pour instrumentaliser une nouvelle rébellion à créer de toutes pièces.
Ainsi, la paix difficilement restaurée et l’intégrité territoriale retrouvée dans la partie Est du pays nous interdisent de dormir sur des lauriers peu rassurants.
Le Palais du peuple au rythme du tralala ?
La fête de la victoire des FARDC au Nord-Kivu est tellement contagieuse que les Parlementaires n’ont pas été épargnés. Il y a de quoi inquiéter du relâchement des élus du peuple dans l’examen et l’adoption de plusieurs lois qui, en temps normal, auraient été recalées tant au Sénat qu’à l’Assemblée nationale.
Tel est le cas de la loi portant libéralisation de l’exploitation de l’eau et de l’électricité, cassant automatiquement le monopole de la Régideso et de la Snel.
On a du mal à croire que les parlementaires congolais ont décidé de franchir le Rubicon, en laissant aux privés la latitude de commercialiser des produits aussi stratégiques pour le pays que l’eau et l’électricité.
Pourquoi l’Etat congolais a-t-il accepté la concurrence dans des secteurs où il finance sur fonds propres ou co-finance avec l’appui de ses partenaires, les infrastructures de base (barrages hydroélectriques, lignes à haute, moyenne et basse tension.., usines de captage et de traitement d’eau, stations de pompage et de repompage, canneaux de distribution de l’eau)?
Cette libéralisation des secteurs de l’eau et de l’électricité tombent d’autant mal qu’elle intervient en pleine phase de mutation de la Snel et de la Régideso des entreprises publiques vers des sociétés commerciales.
Ne s’achemine-ton pas vers une « guerre » de l’eau et de l’électricité à l’intérieur des frontières nationales, si ces deux sociétés s’avisaient d’interdire aux privés l’utilisation de leurs réseaux ?
Ou encore, la libéralisation sauvage du secteur ne cache-telle le dessein inavoué de signer leur arrêt de mort, comme c’est le cas pour les LAC (Lignes Aériennes Congolaises) dans le domaine du transport aérien?
Présentement, la proposition de loi ficelée par le député Delly Sesanga au sujet des manifestations et réunions se trouvant au niveau de la commission ad hoc pour son toilettage.
En dépit de’ la controverse soulevée par certaines de ses dispositions, notamment celle relative à la limitation à 22 heures la tenue des réunions publiques et privées, on a applaudit frénétiquement une œuvre de tous les dangers pour la démocratie congolaise.
Comme souligné dans notre livraison d’hier, la République Démocratique du Congo s’achemine le régime du « couvre-feu » permanent.
Car, pour une raison ou une autre, de paisibles citoyens et surtout des acteurs politiques et de la Société Civile risquent de connaître des tracasseries sans nombre dans leurs contacts et déplacements nocturnes.
Toute autorité administrative, policière ou sécuritaire tentée de nuire aux tiers n’aurait qu’à invoquer cette loi dans une ville ou un village pour faire passer quiconque à la trappe.
Cette restriction temporaire est fort surprenante pour une matière (réunion) pourtant libérée de toute formalité administrative (pas de déclaration ni autorisation préalable).
Au rythme où des matières ultra-sensibles tant pour la vie politique que la vie économique du pays sont en train d’être liquidées au niveau des deux chambres du Parlement, il est à craindre que le pays ne se réveille, dans les mois à venir, avec des textes de loi dont l’application pourrait empoisonner sérieusement le fonctionnement de la société congolaise.
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Kimp
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