dimanche 29 décembre 2013

Ex-combattants du M23, réfugiés, déplacés internes, biens pillés ou spoliés, projets sociaux : lourde et inquiétante facture pour la RDC

17/12/2013

Les engagements pris par le gouvernement dans sa « Déclaration » consacrant le bouclage des pourparlers de Kampala avec le Mouvement du 23 mars 2009 continuent de faire trembler plus d’un Congolais.



M23

En tournant et retournant dans tous les sens les dossiers des ex-combattants du M23 à démobiliser et réinsérer socialement, des réfugiés congolais résidant dans les pays voisins et déplacés internes à rapatrier et installer, des victimes des biens pillés, spoliés, détruits ou volés à indemniser, des projets sociaux de développement à financer, l’on se demande si ces futures rubriques de dépenses sont budgétisées pour l’exercice 2014.

Si tel n’est pas le cas, le Parlement, qui va être convoqué incessamment en session extraordinaire pour l’examen et l’adoption de la Loi des Finances, va-t-il dégager des fonds spéciaux pour des rubriques liées aux « Déclarations » de Nairobi ?

Combien d’ex-combattants ?

En attendant que la situation soit clarifiée dans les semaines à venir, force est de constater que la République démocratique du Congo se trouve devant une lourde et inquiétante facture à supporter. 


En effet, il lui faudra disponibiliser une enveloppe spéciale pour la démobilisation et la réinsertion sociale des ex-combattants du M23. 

La mission est d’autant délicate qu’elle concerne des soldats et officiers à prendre correctement en charge, avec leurs familles, en termes de rémunération, de restauration, de logement, d’habillement, des soins de santé, de reconversion professionnelle… afin de les empêcher d’être tentés par le démon du retour à la rébellion. 

Combien sont-ils et quel serait l’impact financier de leur « entretien » mensuel aux frais de l’Etat ? 

Pendant combien de temps pèseraient-ils sur le trésor public congolais ?

Personne ne peut risquer la moindre réponse en ce moment où l’après M23 a démarré sur fond de polémique entre Kinshasa et Kampala, au sujet du nombre réel des compagnons du colonel Makenga présentement sous la protection du gouvernement ougandais. 


D’ores et déjà, les autorités congolaises ont contesté le chiffre de 1.700 soldats avancé par leurs homologues ougandaises. 

Or, en plus de ce contingent, il y a les résidus incontrôlés qui avaient déposé les armes et sont rendus aux FARDC ou à la Monusco après les chutes de Kibumba, Rutshuru, Bunagana, Rumangabo, Chanzu, etc.

Combien de réfugiés et déplacés internes ?

Le gouvernement congolais a également accepté le rapatriement de ses réfugiés résidant dans les pays voisins, notamment l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, ainsi que le retour de ses déplacés internes, et d’assurer leur réinstallation dans leurs présumés milieux d’origine. 


Ici aussi, le hic se situe au niveau des effectifs, qui devraient s’exprimer en termes de plusieurs centaines de milliers de personnes. 

Kinshasa a-t-il les moyens de supporter financièrement les vagues des réfugiés à la congolité douteuse, dont les chiffres pourraient être gonflés démesurément à dessein, de manière à favoriser de nouvelles infiltrations de sujets étrangers ? 

Par ailleurs, le pays est-il en mesure de financer leur réinsertion sociale, quant on sait qu’il peine à améliorer le social des compatriotes vivant en zones non touchées directement par les conflits armés ?

Quid des biens pillés, spoliés, volés ou détruits ?

C’est avec surprise que les Congolais apprennent que leur Etat est redevable financièrement vis-à-vis des victimes des biens pillés, spoliés, volés et détruits, dont l’état des lieux devrait être dressé avec le concours du M23. 


L’on croit savoir qu’il s’agit là d’une voie largement ouverte à des primes spéciales à accorder aux cadres politiques et militaires du M23, même s’il existe des compatriotes réellement sinistrés à cause de leur collusion, réelle ou supposée, avec cet ex-mouvement rebelle.

Pourquoi le gouvernement congolais a-t-il accepté de payer seule la facture des biens pillés, spoliés, volés ou détruits, même dans les localités contrôlées et administrées pendant dix-huit mois par le colonel Makenga Sultani et ses compagnons d’armes ? 


Il est incompréhensible que le M23 ait pu obtenir, de la facilitation ougandaise, une telle faveur, laquelle s’apparente à un paquet des libéralités à leur accorder pour des actes qui devaient leur valoir des séjours à durée indéterminée dans des prisons.

Le commun des Congolais est scandalisé d’apprendre que des criminels coupables de massacres, de viols, vols, pillages aient pu convaincre le gouvernement congolais de les dédommager après tous les torts faits aux compatriotes du Nord-Kivu.

Projets sociaux : développement à deux vitesses ?

Au terme d’un conseil des ministres extraordinaire tenu à Goma, le gouvernement a fait savoir à l’opinion nationale qu’un plan spécial de développement était adopté en faveur de la Province Orientale, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema. 


Celui-ci prévoit le financement des travaux de construction ou réhabilitation des routes, écoles, hôpitaux, installations de traitement d’eau potable et de production de l’énergie électrique, de relance de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, de création d’emplois, etc.

Curieusement, la partie Est du pays, où sont attendus un nombre inconnu de réfugiés et déplacés internes, est appelée à bénéficier des projets spécifiques de développement et d’aménagement des infrastructures de base. 


Ce qu’il faut craindre que la RDC connaisse un développement à deux vitesses, avec d’une part, des provinces désenclavées et promises à une intégration économique certaine et, d’autre part, celles condamnées à l’enclavement et au sous-développement. 

La conséquence logique de pareille situation serait que les provinces du Nord et de l’Est, déconnectées de celles du Centre, du Sud et de l’Ouest aux plans des échanges commerciaux, des transports, des productions agricoles, industrielles et énergétiques risquent de se tourner carrément vers l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, qui leur sont plus proches géographiquement.

Ainsi, au regard des coûts financiers qu’entraînent les « Déclarations » signées à Nairobi par le M23 et le gouvernement congolais, il est difficile de soutenir que celui-ci est sorti gagnant. 


Bien au contraire ! La lourde facture de l’après-guerre n’est pas de nature à faire pavoiser les Congolais, qui devraient s’attendre à des lendemains difficiles. 

Le sentiment qui s’en dégage est qu’après Nairobi, l’effort de guerre se poursuit de plus belle, au détriment de l’ensemble des contribuables congolais. 

Il s’agit, en définitive, d’un coup dur pour des entités administratives, des régies financières et des entreprises publiques, dont certaines sont en faillite, pour avoir sacrifié l’essentiel de leurs ressources sur l’autel de la défense nationale. 

A l’heure où les membres du M23 s’apprêtent à cueillir les dividendes politiques et financiers de leur insurrection armée, certaines entreprises du Portefeuille, dont les trésoreries se sont asséchées à cause de la guerre, sont vouées à la faillite, à plus ou moins brève échéance.
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Kimp

(Le Phare)

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