le 14 novembre 2013
Depuis près d’une semaine, le conflit armé opposant les forces armées congolaises aux rebelles du M23 a officiellement pris fin.
La défaite militaire des rebelles a été actée par une déclaration écrite signée par son président Bertrand Bisimwa le 5 novembre 2013.
Le gouvernement congolais a sans surprise justifié ces victoires par la réorganisation de l’armée congolaise combinée à l’appui décisif de la force onusienne (Monusco).
Certains médias internationaux ont par contre, nuancé ces gains en affirmant que la déconfiture de ce mouvement rebelle n’était que la conséquence logique des pressions occidentales exercées sur le président rwandais Paul Kagamé accusé depuis le début de la crise de soutenir le M23.
Le 31 octobre 2013, le journal anglais the telegraph titrait : « DR Congo : M23 rebels close to defeat after US and Britain urge Rwanda to stay out”.(1)
Dans cet article, l’auteur affirmait que le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague et le secrétaire d’État américain John Kerry avaient chacun, individuellement appelé Kagamé pour lui demander de couper tout lien avec les rebelles du M23.
Cette intervention occidentale, bien que salutaire pour l’instant soulève plusieurs questions qui suscitent plus d’inquiétudes que des assurances.
La guerre au Congo sponsorisée par le gouvernement rwandais dure depuis août 1998, avec plus de 6 millions de morts ; pourquoi cette pression subite ?
La thèse de la balkanisation parrainée par les Américains serait-elle toujours d’actualité ?
Il semble régner au sujet du dossier « Congo-Kinshasa » une réelle ambiguïté des occidentaux et particulièrement du gouvernement américain qui tantôt, manifeste son plein soutien au gouvernement congolais face aux agressions répétées venues du Rwanda et qui à d’autres moments, semble protéger le gouvernement rwandais, reconnu pourtant par tous comme le principal instigateur de la déstabilisation de la RDC.
En 2011, Herman Cohen, ancien secrétaire d’État américain aux affaires africaines avait affirmé que pour le Département d’État, le Kivu faisait partie du Rwanda.(2) Ces déclarations avaient aussitôt été rejetées par les autorités américaines réaffirmant leur attachement à un Congo Uni.
Quelques jours plus tard, une note confidentielle de l’ambassade américaine à Kinshasa publiée par Wikileaks affirmait : « la mission diplomatique américaine est donc en train d’identifier ceux qui sont pour ou contre cette théorie (de la balkanisation) du fait que les États-Unis sont cités parmi ceux qui soutiennent les agresseurs de la RDC et que les intérêts américains supportent les efforts supposés du Rwanda d’annexer le Kivu et de monopoliser les ressources de la région ». (2)
En novembre 2012, il était fait état des accointances indéniables entre certains hauts responsables de l’administration Obama et le gouvernement rwandais. Il s’agissait entre autres de Susan Rice, ancienne ambassadrice des Usa à l’ONU et Anthony Lake, membre du Conseil national de sécurité et ancien directeur de la CIA.
Les positions pro-Kigali des Américains lors des débats au sein du Conseil de Sécurité ne cessaient de nourrir les soupçons de duplicité de la part des américains.(3)
En février 2013, un gros pavé fut jeté dans la marre lorsque Johnnie Carson l’ancien sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines affirma devant l’un de plus influents think thank américain The Brookings institute, que les recettes de paix appliquées en Yougoslavie et au Soudan devaient également être appliquées au Congo.(4)
Ces allusions surprenantes n’ont pas manqué d’interloquer l’opinion publique congolaise, confirmant plus que jamais les thèses de la balkanisation.
En août 2013, en plein conflit ouvert entre le gouvernement congolais et le M23, le Département d’État américain a affirmé disposer des « preuves d’une intensification des tensions ethniques à Goma », réduisant cette crise complexe à un simple conflit interethnique.
Ces quelques éléments permettent de mieux saisir la logique cohérente des Américains qui tiennent mordicus à la signature d’un accord entre la partie congolaise et la désormais coquille vide du M23.
L’envoyé spécial américain dans la région des Grands Lacs Russ Feingold n’a d’ailleurs cessé dans cette optique, de mettre pression sur le gouvernement congolais pour poursuivre ces négociations qui dans le fond n’avaient plus raison d’être.
Il paraît donc évident que le plan américain du démembrement du Congo n’est peut-être pas encore à enterrer.
Vigilance !
___________
Charis Basoko
-------------
Sources :
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/democraticrepublicofcongo/10417909/DR-Congo-M23-rebels-close-to-defeat-after-US-and-Britain-urge-Rwanda-to-stay-out.html
http://afrique.kongotimes.info/rdc/politique/3053-balkanisation-congo-position-officielle-gouvernement-usa.html
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2012/12/13/congo-susan-rice-dans-le-collimateur/
http://afrique.kongotimes.info/rdc/politique/6486-balkanisation-congo-secret-polichinelle-
washington-dedouane-kigali-reduisant-tensions-dans-est-base-ethnique.html
Depuis près d’une semaine, le conflit armé opposant les forces armées congolaises aux rebelles du M23 a officiellement pris fin.
La défaite militaire des rebelles a été actée par une déclaration écrite signée par son président Bertrand Bisimwa le 5 novembre 2013.
Le gouvernement congolais a sans surprise justifié ces victoires par la réorganisation de l’armée congolaise combinée à l’appui décisif de la force onusienne (Monusco).
Certains médias internationaux ont par contre, nuancé ces gains en affirmant que la déconfiture de ce mouvement rebelle n’était que la conséquence logique des pressions occidentales exercées sur le président rwandais Paul Kagamé accusé depuis le début de la crise de soutenir le M23.
Le 31 octobre 2013, le journal anglais the telegraph titrait : « DR Congo : M23 rebels close to defeat after US and Britain urge Rwanda to stay out”.(1)
Dans cet article, l’auteur affirmait que le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague et le secrétaire d’État américain John Kerry avaient chacun, individuellement appelé Kagamé pour lui demander de couper tout lien avec les rebelles du M23.
Cette intervention occidentale, bien que salutaire pour l’instant soulève plusieurs questions qui suscitent plus d’inquiétudes que des assurances.
La guerre au Congo sponsorisée par le gouvernement rwandais dure depuis août 1998, avec plus de 6 millions de morts ; pourquoi cette pression subite ?
La thèse de la balkanisation parrainée par les Américains serait-elle toujours d’actualité ?
Il semble régner au sujet du dossier « Congo-Kinshasa » une réelle ambiguïté des occidentaux et particulièrement du gouvernement américain qui tantôt, manifeste son plein soutien au gouvernement congolais face aux agressions répétées venues du Rwanda et qui à d’autres moments, semble protéger le gouvernement rwandais, reconnu pourtant par tous comme le principal instigateur de la déstabilisation de la RDC.
En 2011, Herman Cohen, ancien secrétaire d’État américain aux affaires africaines avait affirmé que pour le Département d’État, le Kivu faisait partie du Rwanda.(2) Ces déclarations avaient aussitôt été rejetées par les autorités américaines réaffirmant leur attachement à un Congo Uni.
Quelques jours plus tard, une note confidentielle de l’ambassade américaine à Kinshasa publiée par Wikileaks affirmait : « la mission diplomatique américaine est donc en train d’identifier ceux qui sont pour ou contre cette théorie (de la balkanisation) du fait que les États-Unis sont cités parmi ceux qui soutiennent les agresseurs de la RDC et que les intérêts américains supportent les efforts supposés du Rwanda d’annexer le Kivu et de monopoliser les ressources de la région ». (2)
En novembre 2012, il était fait état des accointances indéniables entre certains hauts responsables de l’administration Obama et le gouvernement rwandais. Il s’agissait entre autres de Susan Rice, ancienne ambassadrice des Usa à l’ONU et Anthony Lake, membre du Conseil national de sécurité et ancien directeur de la CIA.
Les positions pro-Kigali des Américains lors des débats au sein du Conseil de Sécurité ne cessaient de nourrir les soupçons de duplicité de la part des américains.(3)
En février 2013, un gros pavé fut jeté dans la marre lorsque Johnnie Carson l’ancien sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines affirma devant l’un de plus influents think thank américain The Brookings institute, que les recettes de paix appliquées en Yougoslavie et au Soudan devaient également être appliquées au Congo.(4)
Ces allusions surprenantes n’ont pas manqué d’interloquer l’opinion publique congolaise, confirmant plus que jamais les thèses de la balkanisation.
En août 2013, en plein conflit ouvert entre le gouvernement congolais et le M23, le Département d’État américain a affirmé disposer des « preuves d’une intensification des tensions ethniques à Goma », réduisant cette crise complexe à un simple conflit interethnique.
Ces quelques éléments permettent de mieux saisir la logique cohérente des Américains qui tiennent mordicus à la signature d’un accord entre la partie congolaise et la désormais coquille vide du M23.
L’envoyé spécial américain dans la région des Grands Lacs Russ Feingold n’a d’ailleurs cessé dans cette optique, de mettre pression sur le gouvernement congolais pour poursuivre ces négociations qui dans le fond n’avaient plus raison d’être.
Il paraît donc évident que le plan américain du démembrement du Congo n’est peut-être pas encore à enterrer.
Vigilance !
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Charis Basoko
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Sources :
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/africaandindianocean/democraticrepublicofcongo/10417909/DR-Congo-M23-rebels-close-to-defeat-after-US-and-Britain-urge-Rwanda-to-stay-out.html
http://afrique.kongotimes.info/rdc/politique/3053-balkanisation-congo-position-officielle-gouvernement-usa.html
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2012/12/13/congo-susan-rice-dans-le-collimateur/
http://afrique.kongotimes.info/rdc/politique/6486-balkanisation-congo-secret-polichinelle-
washington-dedouane-kigali-reduisant-tensions-dans-est-base-ethnique.html
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