01 jan 2014
143 morts. C’est le dernier bilan des attaques de Kinshasa, Lubumbashi et Kindu attribuées à des partisans du pasteur Joseph Mukungubila. Des ONG dénoncent la réponse disproportionnée des forces armées congolaises face à des assaillants faiblement armés.
Corps des assaillants des attaques de Kinshasa – 30 décembre 2013 © DR
Lundi 30 décembre 2013, des hommes armés ont lancé trois attaques simultanées à Kinshasa contre des symboles du pouvoir. La première attaque visait l’aéroport international de N’Djili, la seconde, le siège de la télévision d’Etat (RTNC) et la troisième, le camp Tshatshi, la principale base militaire de Kinshasa.
A la RTNC, où le groupe, armé de machettes et d’armes à feu, a pris en otages des journalistes, les assaillants ont eu le temps de passer à l’antenne avant que le signal ne soit coupé.
A Kindu, dans la province du Maniema, un petit groupe d’insurgés a essayé de prendre possession de l’aéroport de la ville. Ils ont été rapidement arrêtés.
« Libérer les Congolais des Rwandais«
A Kinshasa, sur les écrans de la télévision nationale, les insurgés se sont identifiés comme étant des partisans du pasteur Joseph Mukungubila, un prédicateur chrétien et candidat malheureux à la présidentielle de 2006.
En civils, les assaillants affirment vouloir « libérer les Congolais de l’esclavage des Rwandais« . Dans une lettre ouverte datée du 5 décembre, le pasteur Joseph Mukungubila avait violemment dénoncé la gestion du pays par Joseph Kabila et tenu un discours haineux à l’encontre du Rwanda voisin, dont il rappelait les agressions contre la RDC et avec qui, selon lui, le président Kabila « pactise« .
Pour ce pasteur, très anti-Rwandais et anti-tutsi, l’accord récent entre les rebelles du M23 (soutenus par Kigali) et le gouvernement, à la mi-décembre, démontre « les liens étroits » entre le président Kabila et le Rwanda. Sur le compte Facebook du pasteur, Joseph Kabila d’ailleurs accusé d’être Rwandais et non Congolais.
Katanga, fief du pasteur
Si les attaques semblent avoir été concertées, Joseph Mukungubila affirme qu’elles n’étaient qu’un soulèvement « spontané » de ses partisans après que les forces de sécurité les ont empêché de distribuer des tracts à Lubumbashi.
Dans la capitale provinciale du Katanga, fief du pasteur, une quarantaine de personnes ont été tuées après les affrontements entre la garde présidentielle et les adeptes de Mukungubila, aux abords de sa résidence. Une autre habitation du pasteur, également à Lubumbashi, a été perquisitionnée et « des armes ont été retrouvées dans une cave » selon l’AFP.
« Véritable massacre«
Le coup de force raté en RDC pose pourtant un certain nombre d’interrogations pour le moment sans réponse. Le bilan tout d’abord. Avec 103 morts dans la triple attaque de Kinshasa et 40 à Lubumbashi, le bilan s’avère particulièrement lourd.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la riposte « disproportionnée » des forces de sécurité congolaises face à des assaillants faiblement armés (machettes et armes de poing).
Interrogé sur RFI, le premier concerné, Joseph Mukungubila, affirme que ses partisans étaient « désarmés » (les images montrent tout de même le contraire). Beaucoup de doutes pèsent en fait sur le niveau d’armement des assaillants.
Des ONG congolaises des droits de l’homme demandent une enquête précise et des preuves des armes utilisés par les partisans de Mukungubila. En clair : de nombreux témoins affirment que les insurgés étaient essentiellement armés d’armes blanches et de fusils, mais pas d’armes lourdes.
La violente riposte de l’armée congolaise et le lourd bilan humain des attaques n’apparaissent pas justifiés pour ces ONG, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).
Sur la toile les opposants politiques à Joseph Kabila parlent d’un « véritable massacre » contre des « civils » ou d’un « faux coup d’Etat monté par le pouvoir« .
« Mascarade » ?
Dernier élément préoccupant pour le régime de Kinshasa : l’extrême facilité avec laquelle les insurgés ont pu pénétrer dans des lieux aussi stratégiques (télévision, aéroport, Etat major militaire).
Beaucoup pensent que les assaillants ont bénéficié de complicité au sein des établissements attaqués ou dans l’appareil sécuritaire… ce qui réveille chez certains, la théorie d’une « mascarade » organisée par le régime de Joseph Kabila, en difficulté politique après sa signature avec les rebelles du M23.
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Christophe RIGAUD
143 morts. C’est le dernier bilan des attaques de Kinshasa, Lubumbashi et Kindu attribuées à des partisans du pasteur Joseph Mukungubila. Des ONG dénoncent la réponse disproportionnée des forces armées congolaises face à des assaillants faiblement armés.
Corps des assaillants des attaques de Kinshasa – 30 décembre 2013 © DR
Lundi 30 décembre 2013, des hommes armés ont lancé trois attaques simultanées à Kinshasa contre des symboles du pouvoir. La première attaque visait l’aéroport international de N’Djili, la seconde, le siège de la télévision d’Etat (RTNC) et la troisième, le camp Tshatshi, la principale base militaire de Kinshasa.
A la RTNC, où le groupe, armé de machettes et d’armes à feu, a pris en otages des journalistes, les assaillants ont eu le temps de passer à l’antenne avant que le signal ne soit coupé.
A Kindu, dans la province du Maniema, un petit groupe d’insurgés a essayé de prendre possession de l’aéroport de la ville. Ils ont été rapidement arrêtés.
« Libérer les Congolais des Rwandais«
A Kinshasa, sur les écrans de la télévision nationale, les insurgés se sont identifiés comme étant des partisans du pasteur Joseph Mukungubila, un prédicateur chrétien et candidat malheureux à la présidentielle de 2006.
En civils, les assaillants affirment vouloir « libérer les Congolais de l’esclavage des Rwandais« . Dans une lettre ouverte datée du 5 décembre, le pasteur Joseph Mukungubila avait violemment dénoncé la gestion du pays par Joseph Kabila et tenu un discours haineux à l’encontre du Rwanda voisin, dont il rappelait les agressions contre la RDC et avec qui, selon lui, le président Kabila « pactise« .
Pour ce pasteur, très anti-Rwandais et anti-tutsi, l’accord récent entre les rebelles du M23 (soutenus par Kigali) et le gouvernement, à la mi-décembre, démontre « les liens étroits » entre le président Kabila et le Rwanda. Sur le compte Facebook du pasteur, Joseph Kabila d’ailleurs accusé d’être Rwandais et non Congolais.
Katanga, fief du pasteur
Si les attaques semblent avoir été concertées, Joseph Mukungubila affirme qu’elles n’étaient qu’un soulèvement « spontané » de ses partisans après que les forces de sécurité les ont empêché de distribuer des tracts à Lubumbashi.
Dans la capitale provinciale du Katanga, fief du pasteur, une quarantaine de personnes ont été tuées après les affrontements entre la garde présidentielle et les adeptes de Mukungubila, aux abords de sa résidence. Une autre habitation du pasteur, également à Lubumbashi, a été perquisitionnée et « des armes ont été retrouvées dans une cave » selon l’AFP.
« Véritable massacre«
Le coup de force raté en RDC pose pourtant un certain nombre d’interrogations pour le moment sans réponse. Le bilan tout d’abord. Avec 103 morts dans la triple attaque de Kinshasa et 40 à Lubumbashi, le bilan s’avère particulièrement lourd.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la riposte « disproportionnée » des forces de sécurité congolaises face à des assaillants faiblement armés (machettes et armes de poing).
Interrogé sur RFI, le premier concerné, Joseph Mukungubila, affirme que ses partisans étaient « désarmés » (les images montrent tout de même le contraire). Beaucoup de doutes pèsent en fait sur le niveau d’armement des assaillants.
Des ONG congolaises des droits de l’homme demandent une enquête précise et des preuves des armes utilisés par les partisans de Mukungubila. En clair : de nombreux témoins affirment que les insurgés étaient essentiellement armés d’armes blanches et de fusils, mais pas d’armes lourdes.
La violente riposte de l’armée congolaise et le lourd bilan humain des attaques n’apparaissent pas justifiés pour ces ONG, dont la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).
Sur la toile les opposants politiques à Joseph Kabila parlent d’un « véritable massacre » contre des « civils » ou d’un « faux coup d’Etat monté par le pouvoir« .
« Mascarade » ?
Dernier élément préoccupant pour le régime de Kinshasa : l’extrême facilité avec laquelle les insurgés ont pu pénétrer dans des lieux aussi stratégiques (télévision, aéroport, Etat major militaire).
Beaucoup pensent que les assaillants ont bénéficié de complicité au sein des établissements attaqués ou dans l’appareil sécuritaire… ce qui réveille chez certains, la théorie d’une « mascarade » organisée par le régime de Joseph Kabila, en difficulté politique après sa signature avec les rebelles du M23.
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Christophe RIGAUD
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