dimanche 23 février 2014

Karegeya mort: parties civiles de l'attentat inquiètes sur fond de crise régionale



La mort de Patrick Karegeya, ex-officier du renseignement ougandais et ex-chef des services de renseignements extérieurs rwandais risque de provoquer une crise accélération de la marche vers la vérité au sujet des crimes commis en Ouganda, au Rwanda et au Congo depuis les années 1986. 



Les présidents Museveni de l'Ouganda et Kagame du Rwanda risquent d'être rattrapés  prématurément par l'histoire.

 
 
Alors que les autorités rwandaises affirment que Patrick Karegeya, l'homme qui en savait trop et accompagnait Paul Kagame chez Georges Bush, devait mourir (Paul Kagame, président de la République - Gutatira igihango urabizira), que le Rwanda n'a pas à le regretter (Louise Mushikiwabo, Ministre des affaires étrangères) et que les chiens morts doivent être évacués (James Kabarebe, Ministre de la défense), les parties civiles s'inquiètent des blocages de l'enquête sur l'attentat contre l'avion du Président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.

La mort de cet ancien chef des services de renseignements a décidément fait bouger les lignes. 

Le président Paul Kagame a dit ceci: "«You should have been the ones» (who killed Karegeya)... Vous auriez dû être ceux qui ont étranglé à mort le colonel Karegeya au lieu de geindre et de vous confondre en dénégations inutiles sur les réseaux sociaux" (voir la vidéo liée). De l'histoire des dictatures, c'est du jamais vu et entendu.

 

Le Rwanda, l'Ouganda et le Kenya ont signé un accord de coopération militaire. L'Afrique du sud convoque son ambassadeur à Kigali pour consultations, l'ambassadeur rwandais à Londres s'explique (voir vidéo) sans convaincre. 

Et voici que ce 14 janvier 2014, 2 semaines après ce crime odieux, un journal ougandais, Uganda News annonce que le M23 continue à recruter quand le Rwanda amasse ses chars et troupes sur ses frontières avec la RDC, tout en avisant de ses intentions les USA et les l'ONU. Au même moment, les parties civiles dans l'affaire de l'attentat du 6 avril 1994 contre les Présidents Habyarimana du Rwanda et Ntaryamira du Burundi s'inquiètent des blocages que mettent les successifs assassinats de tous ceux qui peuvent aider à connaître la vérité de l'élément qui a déclenché le "génocide rwandais".

 

Minisitiri Gen. Kabarebe yagize icyo avuga ku rupfu rwa Patrick Karegeya (Kigali Today, 11/01/2014. Traduction: le ministre gén. Kabarebe a donné son point de vue sur la mort de Patrick Karegeya)

Igihe en traite aussi

“Iyo uhisemo kuba imbwa upfa nk’imbwa” Gen Kabarebe avuga kuri Karegeya (Igihe, 11/01/2014. Trad.: “Quand tu choisis d’être un chien, tu meurs comme un chien”. Ce que le gén. Kabarebe a dit de Karegeya. )

Tout semble montrer que plus que jamais, Paul Kagame prépare une guerre totale contre son opposition et ses voisins (le Congo et la Tanzanie) qui ne comptent plus parmi ses fidèles admirateurs.

 

L'enquête pour meurtre de Patrick Karegeya en Afrique du Sud semble des plus simples. Mais c'est pour des raisons d'Etats, africains et occidentaux, qu'elle devient trop compliquée, car l'homme en savait trop. Mais il n'emporte pas avec lui tous leurs secrets dans sa tombe.

selon l'AFP, "dans un entretien en juillet à Radio France Internationale (RFI), ce dissident accusait Paul Kagame, parmi d’autres griefs, d’être responsable de l’attentat, affirmant en avoir la preuve.

«On a l’impression dans cette enquête qu’à chaque fois qu’un témoin veut parler, on l’assassine», a accusé Jean-Yves Dupeux, qui représente les enfants Habyarimana.

 

En 2010, un autre dissident exilé en Afrique du Sud, Faustin Kayumba Nyamwasa, avait été la cible d’une tentative d’assassinat. Ancien chef de l’état-major rwandais, il accuse également M. Kagame d’être l’instigateur de l’attentat de 1994.

Visé par un mandat d’arrêt pris par la justice française, il est l’objet d’une demande d’extradition à laquelle Pretoria n’a jamais répondu.

Faute d’obtenir cette extradition, M. Trévidic avait en 2012 délivré une commission rogatoire internationale pour demander -sans succès- l’audition par la police sud-africaine de M. Kayumba Nyamwasa, mais aussi de M. Karegeya. Cette requête vient d’être réitérée".

La France toujours épinglée par le Rwanda

Selon Chimreports d'Uganda News déjà cité, le Rwanda pense que "Karegeya travaillait avec des personnalités francaises et les FDLR non seulement pour déstabiliser mais aussi chasser le président Kagame du pouvoir par les armes".

Résultat des courses

En fin de comptes on peut croire qu'on se dirige vers le changement dans le traitement des affaires rwandaises.

  

En effet, à en juger par l'activisme de la diplomatie militaire du Rwanda et ses partenaires dans la région, suivi dans cette même semaine par l'annonce surprise de la nouvelle donne de l'opposition rwandaise qui a vu Faustin TWAGIRAMUNGU allier son parti RDI - "Rwanda dream initiative" avec les FDRL, les "Forces démocratiques de libération du Rwanda" et le PS, "Parti Social-Imberakuri", la mort de Patrick Karegeya pourrait accélérer une ou l'autre chose: ou la vérité si longtemps cachée qui sous-tend les guerres de l'Ouganda, du Rwanda et du Congo conduira à la réconciliation pour la paix, ou alors une autre crise régionale des pays de la ceinture d'Afrique Centrale sera alors inévitable. 

Twagiramungu aura embrayé pour donner enfin une chance à la vérité?
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