vendredi 28 février 2014

Michel Thierry Atangana est de retour en France

le 28-02-2014 

 

Michel Thierry Atangana (c) a rencontré pour la première fois son fils Eric (g), ce vendredi 28 février.RFI / David Thomson

Libéré ce 24 février après avoir passé 17 ans en prison au Cameroun, Michel Thierry Atangana est arrivé ce vendredi matin à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, au nord de Paris. Il était accusé de détournement de fonds publics, des faits qu’il a toujours niés.

Il était environ 6h30 lorsque Michel Thierry Atangana a atterri à l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Attendu par la presse et les officiels au pavillon de réception de l’aéroport et par son comité de soutien, brandissant des pancartes sur lesquelles étaient écrit « Enfin libre », le Franco-Camerounais a d'abord retrouvé se proches dans l'intimité.

Aucune caméra n'était présente au moment de sa descente d’avion. Une volonté de Paris, qui ne veut pas donner l’impression qu’il s’agit là d’une libération d’ex-otage, mais c’est surtout une demande de Michel Thierry Atangana lui-même. 


Le Français d’origine camerounaise a attendu un moment avant de s’exprimer publiquement, trop d’ému après dix-sept années de détention au Cameroun.

Tout juste arrivé en France, Michel Thierry Atangana retrouve ses proches pour la première fois depuis dix-sept années de prison. Il s'est d'abord isolé quelques minutes avec ses deux fils. 


Une première rencontre depuis dix-sept ans avec Eric, 23 ans aujourd’hui. Il avait cinq ans quand son père avait été jeté en prison. Une toute première en revanche avec son deuxième fils, Etienne, 18 ans, que Michel Thierry Atangana n’a jamais vu. Tous deux vont donc apprendre à se connaître à partir d’aujourd’hui.

« Je suis extrêmement usé »

Lors de ses premiers mots à la presse, Michel Thierry Atangana est alors apparu les traits tirés, marqué par ces dix-sept années de détention. « Je suis extrêmement usé mentalement, moralement. Le choc est un choc que vous ne pouvez pas imaginer. Ce n’était pas 17 ans dans une prison, c’était 17 ans dans une cellule en isolement. Les codes de la société française, que je partage totalement, il faut d’abord que je les retrouve intérieurement pour m’exprimer librement ».

Des conditions de détention sur lesquelles sont revenus aussi les membres de son comité de soutien. Des conditions de vie très dures en prison dans une cellule de 7m2 rappelant aussi que sa mère était décédée pendant sa détention : « morte de chagrin », a déclaré le porte-parole de ce comité Dominique Sopo. Il a salué l’engament personnel du président Hollande, ses nombreux appels, tout comme ceux de l’ONU, au président camerounais pour permettre enfin cette libération.

Puis Michel Thierry Atangana a adressé ses remerciements à François Hollande, « Ce qu’a fait le président de la République française, François Hollande a été un effort d’une haute grandeur sur le plan humain. Donc je veux simplement dire merci ce matin, merci à toute la France, merci à mon pays. Je suis content de revoir mes enfants ». 


Pendant toute la conférence de presse il n’a pas lâché la main de son fils Eric. Ils se sont ensuite retirés. Après quelques examens, aujourd’hui à l’hôpital du Val-de-Grâce, ils pourront enfin se retrouver en famille pour la première fois depuis 17 ans.


Ma famille, le comité de soutien et moi sommes très fiers de lui. On imaginait même plus le revoir, et là, c’est magique. 


Eric Atanganafils de Michel Thierry Atangana 28/02/2014 - par David Thomson écouter

■ Une nouvelle libération au Cameroun

Au Cameroun, de nombreux autres détenus sont concernés par la grâce présidentielle qui a permis la libération du Français, Michel Thierry Atangana et du Camerounais, Titus Edzoa. Jeudi soir, un ancien ministre a été libéré, il s’agit de Mounchipou Seidou, détenu depuis 1999.

Mounchipou Seidou est le troisième prisonnier libéré après le décret de commutation et de remise de peine du président Paul Biya, décret signé le 18 février dernier. Comme Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana, l’ancien ministre des Postes et Télécommunications a quitté la prison en pleine nuit, à 23 heures précises.

Condamné à vingt ans de prison en 1999 pour complicité de détournement de deniers publics, il avait interjeté appel de cette condamnation à la cour d’appel qui l’avait alors ramenée à 15 ans. Il lui restait donc six mois à purger de cette condamnation, mais finalement, après examen de son cas à la lumière du décret du président Paul Biya, les autorités judiciaires ont signé sa levée d’écrou.

D’autres milliers de cas sont toujours en attente. Le ministre de la Communication a indiqué récemment lors d’une déclaration à la presse que la commission chargée d’apprécier les différents cas est à pied d’œuvre. L’opération devrait prendre fin au plus tard le 10 mars prochain.

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De notre envoyé spécial à Roissy,David Thomson

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