19/02/2014
Zone neutre entre Goma et Gisenyi
C’est aussi une interpellation concernant la délimitation des frontières entre les deux (2) pays. Cette zone neutre entre le Rwanda et la RDC n’est plus clairement délimitée. On y a construit de telle sorte qu’on ne sait plus si on se retrouve au Rwanda ou en RDC.
C’est en ces termes que le prof Ntumba Luaba, secrétaire exécutif de la Conférence internationale de la région de Grands Lacs (CIRGL) s’exprimait à l’occasion de la libération le mardi 17 septembre 2013 du sergent-major André Munanga Kusakana, soldat congolais de la 10ème région militaire des FARDC à Goma dans la province du Nord-Kivu.
Ce sous-officier congolais a été kidnappé le dimanche 15 septembre 2013 sur cette zone dite neutre. Accusé de violation du territoire rwandais, il a été enlevé et amené manu militari à Kigali au Rwanda.
Cet acte n’a pas laissé les autorités congolaises indifférentes. Elles ont exigé la libération immédiate et sans condition du soldat congolais.
C’est dans ce contexte que le professeur Ntumba Luaba en sa qualité de secrétaire exécutif de la CIRGL a saisi les responsables du mécanisme conjoint de la CIRGL : sa démarche a abouti à la libération effective du soldat congolais deux jours plus tard, soit le mardi 17 septembre 2013.
POURQUOI UNE ZONE NEUTRE ENTRE DEUX VILLES?
La réponse à cette question peut se trouver dans ce rappel historique. En effet, une grave crise politique s’est installée au Congo-Kinshasa après son accession à l’indépendance le 30 juin 1960. Les nouvelles autorités de cette jeune république ont fait appel aux instances de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Une année plus tard, l’ONU a constaté une situation d’insécurité due à la criminalité transfrontalière entre la ville congolaise de Goma et la ville rwandaise de Gisenyi.
Ainsi sous la supervision de l’ONU, il a été décidé d’installer une zone neutre entre ces deux villes.
Pour réaliser ce projet, une rencontre était organisée entre les autorités congolaises et rwandaises.
Le Rwanda n’étant pas encore indépendant à cette époque, était représenté par des sujets belges. La rencontre a eu lieu à Goma du 25 au 27 mars 1961.
De cette rencontre est née la convention dite de Goma-Gisenyi du 25 mars 1961, consacrant la mise en place effective de cette zone neutre.
Vingt ans plus tard soit le 27 mars 1981, le Rwanda étant déjà indépendant depuis 19 ans soit le 1er juillet 1962, date de son accession à l’indépendance, les autorités de la RDC et du Rwanda ont estimé que cette zone neutre n’était plus utile; elle était devenue un repère des bandits, des malfaiteurs qui y entretenaient une criminalité transfrontalière, il fallait simplement la supprimer.
Pour ce faire, les deux pays ont créé une commission technique mixte chargée d’étudier les voies et moyens de supprimer cette zone neutre entre les deux villes.
Une rencontre était prévue le lundi 27 mars 1981 à l’issue de laquelle ladite commission a fait une descente sur le terrain. Le constat suivant était établi:
- 8 bornes frontières bien qu’en place, étaient totalement dégradées par l’usure du temps. Elles nécessitaient une réparation tandis que la borne frontière VIII exigeait une reconstruction totale.
- 135 maisons étaient construites à l’intérieur de la zone neutre.
- 1 bâtiment abritant les services de douane rwandais était construit entre les bornes frontières I et II.
- 1 autre bâtiment abritant les services de douane congolais était construit entre les bornes frontières V et VI.
Il y a lieu de relever que la majorité de ces constructions étaient bâties totalement ou légèrement à cheval sur la ligne frontière.
En raison du mandat lui confié, la commission technique mixte a décidé ce qui suit:
1. Construire en matériaux durables conformément aux normes internationalement reconnues, les 8 bornes frontières qui, à l’époque séparaient les deux villes.
2. Procéder au dégagement forcé, dans un délai de 12 mois, de la ligne frontière à raison de 2,5 m de part et d’autre pour obtenir un couloir neutre de 5m.
3. A dater du 30 avril 1981, la convention dite Goma/Gisenyi du 25 mars 1961 portant création, sous la supervision de l’ONU, de la zone neutre entre les deux villes, était abolie.
4. Aucune nouvelle construction ne pouvait-être tolérée à moins de 50 m de la ligne frontière.
Avec le temps, il y a lieu de constater malheureusement que ces 4 sages décisions n’étaient pas appliquées. Sinon, la situation telle que déplorée par le secrétaire exécutif de la CIRGL, ne se serait pas produite. Car, à ce jour, il n’y aurait aucune difficulté à distinguer la frontière commune RDC-Rwanda entre la ville de Goma et celle de Gisenyi (Ruhavu).
__________________________________
COLONEL-GEOGRAPHE-CARTOGRAPHE
ROGER-NESTOR LUBIKU LUSIENSE
DIRECTEUR GENERAL HONORAIRE DE L’INSTITUT GEOGRAPHIQUE DU CONGO
____________
© KongoTimes
Zone neutre entre Goma et Gisenyi
C’est aussi une interpellation concernant la délimitation des frontières entre les deux (2) pays. Cette zone neutre entre le Rwanda et la RDC n’est plus clairement délimitée. On y a construit de telle sorte qu’on ne sait plus si on se retrouve au Rwanda ou en RDC.
C’est en ces termes que le prof Ntumba Luaba, secrétaire exécutif de la Conférence internationale de la région de Grands Lacs (CIRGL) s’exprimait à l’occasion de la libération le mardi 17 septembre 2013 du sergent-major André Munanga Kusakana, soldat congolais de la 10ème région militaire des FARDC à Goma dans la province du Nord-Kivu.
Ce sous-officier congolais a été kidnappé le dimanche 15 septembre 2013 sur cette zone dite neutre. Accusé de violation du territoire rwandais, il a été enlevé et amené manu militari à Kigali au Rwanda.
Cet acte n’a pas laissé les autorités congolaises indifférentes. Elles ont exigé la libération immédiate et sans condition du soldat congolais.
C’est dans ce contexte que le professeur Ntumba Luaba en sa qualité de secrétaire exécutif de la CIRGL a saisi les responsables du mécanisme conjoint de la CIRGL : sa démarche a abouti à la libération effective du soldat congolais deux jours plus tard, soit le mardi 17 septembre 2013.
POURQUOI UNE ZONE NEUTRE ENTRE DEUX VILLES?
La réponse à cette question peut se trouver dans ce rappel historique. En effet, une grave crise politique s’est installée au Congo-Kinshasa après son accession à l’indépendance le 30 juin 1960. Les nouvelles autorités de cette jeune république ont fait appel aux instances de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Une année plus tard, l’ONU a constaté une situation d’insécurité due à la criminalité transfrontalière entre la ville congolaise de Goma et la ville rwandaise de Gisenyi.
Ainsi sous la supervision de l’ONU, il a été décidé d’installer une zone neutre entre ces deux villes.
Pour réaliser ce projet, une rencontre était organisée entre les autorités congolaises et rwandaises.
Le Rwanda n’étant pas encore indépendant à cette époque, était représenté par des sujets belges. La rencontre a eu lieu à Goma du 25 au 27 mars 1961.
De cette rencontre est née la convention dite de Goma-Gisenyi du 25 mars 1961, consacrant la mise en place effective de cette zone neutre.
Vingt ans plus tard soit le 27 mars 1981, le Rwanda étant déjà indépendant depuis 19 ans soit le 1er juillet 1962, date de son accession à l’indépendance, les autorités de la RDC et du Rwanda ont estimé que cette zone neutre n’était plus utile; elle était devenue un repère des bandits, des malfaiteurs qui y entretenaient une criminalité transfrontalière, il fallait simplement la supprimer.
Pour ce faire, les deux pays ont créé une commission technique mixte chargée d’étudier les voies et moyens de supprimer cette zone neutre entre les deux villes.
Une rencontre était prévue le lundi 27 mars 1981 à l’issue de laquelle ladite commission a fait une descente sur le terrain. Le constat suivant était établi:
- 8 bornes frontières bien qu’en place, étaient totalement dégradées par l’usure du temps. Elles nécessitaient une réparation tandis que la borne frontière VIII exigeait une reconstruction totale.
- 135 maisons étaient construites à l’intérieur de la zone neutre.
- 1 bâtiment abritant les services de douane rwandais était construit entre les bornes frontières I et II.
- 1 autre bâtiment abritant les services de douane congolais était construit entre les bornes frontières V et VI.
Il y a lieu de relever que la majorité de ces constructions étaient bâties totalement ou légèrement à cheval sur la ligne frontière.
En raison du mandat lui confié, la commission technique mixte a décidé ce qui suit:
1. Construire en matériaux durables conformément aux normes internationalement reconnues, les 8 bornes frontières qui, à l’époque séparaient les deux villes.
2. Procéder au dégagement forcé, dans un délai de 12 mois, de la ligne frontière à raison de 2,5 m de part et d’autre pour obtenir un couloir neutre de 5m.
3. A dater du 30 avril 1981, la convention dite Goma/Gisenyi du 25 mars 1961 portant création, sous la supervision de l’ONU, de la zone neutre entre les deux villes, était abolie.
4. Aucune nouvelle construction ne pouvait-être tolérée à moins de 50 m de la ligne frontière.
Avec le temps, il y a lieu de constater malheureusement que ces 4 sages décisions n’étaient pas appliquées. Sinon, la situation telle que déplorée par le secrétaire exécutif de la CIRGL, ne se serait pas produite. Car, à ce jour, il n’y aurait aucune difficulté à distinguer la frontière commune RDC-Rwanda entre la ville de Goma et celle de Gisenyi (Ruhavu).
__________________________________
COLONEL-GEOGRAPHE-CARTOGRAPHE
ROGER-NESTOR LUBIKU LUSIENSE
DIRECTEUR GENERAL HONORAIRE DE L’INSTITUT GEOGRAPHIQUE DU CONGO
____________
© KongoTimes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire