23 mar 2014
Si la Constitution ne permet pas au président Kabila de briguer un troisième mandat, sa majorité envisage plusieurs scénarios pour contourner la Constitution.
Portrait officiel du président "Joseph Kabila" en 2013 © Ch. Rigaud
A seulement 42 ans, il y a peu de doute sur la volonté du président congolais, Joseph Kabila, de rester aux commandes de la République démocratique du Congo (RDC).
Après bientôt 13 ans passés à la présidence, on imagine mal l’un des plus jeunes chefs d’Etat de la planète, raccrocher les gants.
Pourtant l’article 220 de la Constitution congolaise est clair : le nombre de mandat présidentiel est limité à deux et Joseph Kabila arrivera en fin de second mandat en décembre 2016.
Pour se maintenir au pouvoir, Joseph Kabila doit donc modifier la Constitution ou bien trouver un autre stratagème. Depuis sa dernière réélection très contestée de novembre 2011, les scénarios pour garder Joseph Kabila à la présidence sont légions dans sa majorité.
Élection au suffrage indirect
Dernier projet en date : un changement du mode de scrutin permettrait de contourner l’article 220 et d’élire le nouveau président de la République au suffrage indirect.
L’information a opportunément « fuitée » en fin de semaine sur RFI et Jeune Afrique. Dans ce cas, l’élection présidentielle aurait lieu en 2015, un an avant la date prévue : les compteurs seraient donc remis à zéro pour Joseph Kabila qui pourrait alors briguer un troisième mandat.
Il serait également plus facile au camp présidentiel d’influer sur quelques centaines de « grands électeurs » que sur les 30 millions de congolais inscrits sur les listes électorales.
Cerise sur le gâteau : la durée du mandat passerait de 5 à 7 ans. Ce ne serait pas la première fois que la majorité présidentielle changent les règles du jeu en cours de route puisqu’en janvier 2011, quelques mois avant les élections, le mode de scrutin était subitement passé de deux tours à un seul tour, garantissant une réélection sans surprise de Joseph Kabila.
Pour valider l’élection du président au scrutin indirect et lui donner un soupçon de légitimité, cette modification pourrait être proposée par référendum.
Prolonger le mandat de Joseph Kabila
Autre scénario possible : jouer la montre. La RDC est devenue une sorte de spécialiste des calendriers électoraux « extensibles » et à « géométrie variable » .
L’organisation chaotique des élections et le manque de moyens financiers sont souvent les meilleurs arguments pour retarder une échéante électorale.
Au lendemain de la réunion qui a vu fuiter les intentions présidentielles de contourner la Constitution, la majorité présidentielle s’est précipitée pour annoncer qu’elle souhaitait organiser un recensement administratif avant les prochains scrutins.
Compte tenu de l’ampleur de la tâche dans un territoire grand comme cinq fois la France et sans aucune infrastructures efficaces, ce nouveau recensement sonne, selon l’opposition congolaise, comme une manœuvre pour reculer la date de la présidentielle.
Le manque de moyen financier pourrait également être utilisé par le régime pour prolonger, de fait, le mandat de Joseph Kabila.
Les bailleurs de fond ont été échaudés par les élections anarchiques de 2011 et s’inquiètent du flou entretenu par la Commission électorale (CENI) pour l’organisation des prochains scrutins.
Les plans B
Si tous ces scénarios échouent, Joseph Kabila pourrait être tenté de rejouer le scénario « Poutine-Medvedev » de 2008.
Pour respecter la Constitution, Joseph Kabila quitterait la présidence pour la laisser à un proche et prendrait le poste de « super » Premier ministre en attendant les prochaines élections pour se représenter.
Cela nécessite de confier les rênes du pouvoir à un homme de confiance (ils ne manquent pas) qui accepterait de laisser la main au bout de 5 ans.
Au pire, Joseph Kabila pourrait garder le pouvoir « dans la famille » en présentant à sans place sa sœur jumelle, Jaynet, qui est déjà députée et cultive un fort réseau politique.
Au vue de tous ces scénarios possibles, il est donc peu probable que Joseph Kabila s’efface en 2016 comme le prévoit la Constitution actuelle. Ce que cherche actuellement le Chef de l’Etat c’est la formule la moins coûteuse en terme d’image aux yeux de la communauté internationale.
Joseph Kabila est en quête de la bonne formule qui comme en 2011 lui permettra de rester à son poste sans se mettre hors jeu.
_______________
Christophe RIGAUD
Afrikarabia
Si la Constitution ne permet pas au président Kabila de briguer un troisième mandat, sa majorité envisage plusieurs scénarios pour contourner la Constitution.
Portrait officiel du président "Joseph Kabila" en 2013 © Ch. Rigaud
A seulement 42 ans, il y a peu de doute sur la volonté du président congolais, Joseph Kabila, de rester aux commandes de la République démocratique du Congo (RDC).
Après bientôt 13 ans passés à la présidence, on imagine mal l’un des plus jeunes chefs d’Etat de la planète, raccrocher les gants.
Pourtant l’article 220 de la Constitution congolaise est clair : le nombre de mandat présidentiel est limité à deux et Joseph Kabila arrivera en fin de second mandat en décembre 2016.
Pour se maintenir au pouvoir, Joseph Kabila doit donc modifier la Constitution ou bien trouver un autre stratagème. Depuis sa dernière réélection très contestée de novembre 2011, les scénarios pour garder Joseph Kabila à la présidence sont légions dans sa majorité.
Élection au suffrage indirect
Dernier projet en date : un changement du mode de scrutin permettrait de contourner l’article 220 et d’élire le nouveau président de la République au suffrage indirect.
L’information a opportunément « fuitée » en fin de semaine sur RFI et Jeune Afrique. Dans ce cas, l’élection présidentielle aurait lieu en 2015, un an avant la date prévue : les compteurs seraient donc remis à zéro pour Joseph Kabila qui pourrait alors briguer un troisième mandat.
Il serait également plus facile au camp présidentiel d’influer sur quelques centaines de « grands électeurs » que sur les 30 millions de congolais inscrits sur les listes électorales.
Cerise sur le gâteau : la durée du mandat passerait de 5 à 7 ans. Ce ne serait pas la première fois que la majorité présidentielle changent les règles du jeu en cours de route puisqu’en janvier 2011, quelques mois avant les élections, le mode de scrutin était subitement passé de deux tours à un seul tour, garantissant une réélection sans surprise de Joseph Kabila.
Pour valider l’élection du président au scrutin indirect et lui donner un soupçon de légitimité, cette modification pourrait être proposée par référendum.
Prolonger le mandat de Joseph Kabila
Autre scénario possible : jouer la montre. La RDC est devenue une sorte de spécialiste des calendriers électoraux « extensibles » et à « géométrie variable » .
L’organisation chaotique des élections et le manque de moyens financiers sont souvent les meilleurs arguments pour retarder une échéante électorale.
Au lendemain de la réunion qui a vu fuiter les intentions présidentielles de contourner la Constitution, la majorité présidentielle s’est précipitée pour annoncer qu’elle souhaitait organiser un recensement administratif avant les prochains scrutins.
Compte tenu de l’ampleur de la tâche dans un territoire grand comme cinq fois la France et sans aucune infrastructures efficaces, ce nouveau recensement sonne, selon l’opposition congolaise, comme une manœuvre pour reculer la date de la présidentielle.
Le manque de moyen financier pourrait également être utilisé par le régime pour prolonger, de fait, le mandat de Joseph Kabila.
Les bailleurs de fond ont été échaudés par les élections anarchiques de 2011 et s’inquiètent du flou entretenu par la Commission électorale (CENI) pour l’organisation des prochains scrutins.
Les plans B
Si tous ces scénarios échouent, Joseph Kabila pourrait être tenté de rejouer le scénario « Poutine-Medvedev » de 2008.
Pour respecter la Constitution, Joseph Kabila quitterait la présidence pour la laisser à un proche et prendrait le poste de « super » Premier ministre en attendant les prochaines élections pour se représenter.
Cela nécessite de confier les rênes du pouvoir à un homme de confiance (ils ne manquent pas) qui accepterait de laisser la main au bout de 5 ans.
Au pire, Joseph Kabila pourrait garder le pouvoir « dans la famille » en présentant à sans place sa sœur jumelle, Jaynet, qui est déjà députée et cultive un fort réseau politique.
Au vue de tous ces scénarios possibles, il est donc peu probable que Joseph Kabila s’efface en 2016 comme le prévoit la Constitution actuelle. Ce que cherche actuellement le Chef de l’Etat c’est la formule la moins coûteuse en terme d’image aux yeux de la communauté internationale.
Joseph Kabila est en quête de la bonne formule qui comme en 2011 lui permettra de rester à son poste sans se mettre hors jeu.
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Christophe RIGAUD
Afrikarabia
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