dimanche 13 avril 2014

Kagame a tué Laurent-Désiré Kabila

le dimanche 13 avril 2014



« Un peuple sans mémoire ne peut pas être un peuple libre. » D. Miterrand

Vingt ans après la tragédie de l’Afrique des Grands Lacs, Paris vient d’organiser un Colloque sur le Rwanda. La RDC s’y est invitée malgré elle. 

Ce faisant, ce Colloque a démontré qu’il est impossible de comprendre le tournant pris par le Congo depuis les années 90 sans questionner ‘’le nazisme tropical’’.

Dans sa conférence-vidéo du 1er avril 2014 au Sénat français, Théogène Rudasingwa est revenu sur l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila en affirmant qu’il a été tué par Paul Kagame. 

Depuis la fin du Colloque de Paris[1] sur ‘’Le drame rwandais : la vérité des acteurs’’, Kinshasa n’a pas encore réagi officiellement sur ce récit d’un témoin de l’intérieur. 

Pourtant, des compatriotes croupissent jusqu’à ce jour en prison à Makala ; ils y sont enfermés sans que leur véritable responsabilité dans cet assassinat ait été établie. 

D’ailleurs, l’un des proches de Mzee, Yérodia Ndombasi, a affirmé que ces compatriotes n’étaient impliqués ni de près ni de loin dans cette affaire. Pourtant, ils croupissent en prison !

Et où sont passés ‘’les députés nationaux’’ ? Leur arrive-t-il de poser des questions d’actualité aux Ministres et d’en assurer le suivi ?

Si cette question de l’assassinat de Mzee pouvait rebondir, elle constituerait une sérieuse remise en question du processus mensonger dans lequel la RDC est engagée depuis la mort du ‘’soldat du peuple’’ et la montée sur le trône de son ‘’Brutus de fils’’ dont les origines fproises sont un secret de polichinelles.

Fort de l’appui de ses parrains que Théogène Rudasingwa cite nommément dans sa conférence, Kagame a tué Laurent-Désiré Kabila pour orienter l’histoire du Rwanda et de la RDC dans le sens de l’assouvissement de ses appétits de pouvoir et d’enrichissement illicite.

Il ne pouvait pas réussir ce coup sans la complicité des Congolais(es) et de ses infiltrés du FPR au Congo. Il a réalisé en RDC (1996/7 et 2001) ce qu’ils ont réussi à faire ensemble en Ouganda (1986) et au Rwanda (1990) avec Museveni.

Avec ‘’le raïs’’, ils sont en train de transformé le Congo en ‘’une chasse-militaro-tutsi-gardée’’ en assiégeant la police, l’armée, les services de sécurité et pourvoyeurs d’argent.

Le Congo est en train de devenir, de ce point de vue, un sosie du Rwanda ; à cette petite exception que les Conglais(es) essaient, tant bien que mal à créer, de l’intérieur, des espaces d’expression libre, d’association et de luttes au prix de plusieurs sacrifices. 

Même si ces luttes tendent plus à protéger les forces du statu quo qu’à impulser un changement en profondeur. Elles ont, néanmoins, le mérite d’exister. 

Le souhait aurait été qu’elles intègrent certaines questions historiques restées sans réponses en accordant une grande attention au développement que prennent certains débats. 

Le Colloque de Paris en est un. Il permet de réentendre Carla Del Ponte et Luc Marchal. Jean-Marie Micombero y apporte un supplément de lumière sur l’attentat du 06 avril 1994 et l’usage que le FPR a pu faire des trêves organisées entre deux négociations ou avant de signer un accord de paix. Ne croyant pas à la paix, il se servait de ces moments pour se réorganiser et se réarme. 

Il donne ainsi raison à Pierre Péan quand il écrit : « Museveni et Kagame utilisent avec Kabila (Mzee) la même tactique qu’avec Habyarimana, le talk and fight : négocier un accord de paix n’empêche pas de continuer à faire parler les armes. 

Après la signature de l’accord de Lusaka, ils n’ont pas renoncé à le renverser par la force. Pas plus que les Etats-Unis, qui, durant l’été 2000, ont décidé d’en finir. »[2]

Revenir sur ce ‘’nazisme tropical’’ peut aider à comprendre le fonctionnement minimal et/ou l’inefficacité de certaines institutions congolaises. 

Sous d’autres cieux, le témoignage de Théogène Rudasingwa aurait provoqué la convocation du Ministre de la justice au Parlement pour qu’il s’explique sur la détention arbitraire des Congolais(es) à la prison de Makala et qu’il dise ce qu’il compte faire pour traduire Paul Kagame en justice en prenant son ex-collaborateur comme témoin. 

Au Congo du ‘’raïs’’, rien. ‘’Le raïs’’ aurait pu être aussi convoqué pour qu’il s’explique sur le retrait de la plainte déposée contre le Rwanda à la Cour Internationale de Justice et qu’il soit entendu sur le témoignage de Théogène Rudasingwa.

Les institutions formelles de la RDC sont impuissantées par des animateurs, partisans du statu quo et donnant l’impression de n’avoir aucune prise sur l’histoire réelle ou se laissant dicter la ligne de conduite à tenir par des acteurs de l’ombre.

Faisant fi de l’histoire du ‘’talk and fight’’ comme tactique de conquête, d’affaiblissement et d’évidement des institutions congolaises, ces animateurs évoquent les multiples accords signés au cours de la guerre de prédation et d’agression menée par les grandes puissances à travers les proxys interposés pour organiser leur activisme partisan ou citoyen.

Cette façon anhistorique de procéder risque de conduire le Congo de Lumumba à la ruine.

Dieu merci ! Tous les témoignages accumulés sur ‘’le génocide oublié’’ en RDC pourraient être archivés et servir de base pour une bonne et efficace Commission Justice, Vérité et Réconciliation, dans un futur proche. 

Carla Del Ponte, Peter Erlinder, Hamuli Rety et tous ces autres magistrats ayant recueilli ces témoignages pourraient siéger dans des tribunaux mixtes, à côté de leurs confrères Congolais pour ‘’un Nuremberg des vaincus’’ précédant une thérapie collective réconciliatrice dans la Vérité. Et ils pourraient, cette fois-ci, à partir du cœur de l’Afrique, redire : ‘’Plus jamais ça’’.

Il ne serait pas mal que tout ceci soit accompagné des études spécialisées sur la résurgence du ‘’nazisme’’ au Sud du monde après les chambres à gaz d’Hitler et sur les moyens de le conjurer pour les générations futures.
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Mbelu Babanya Kabudi

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