le 29/04/2014
Kizito Mihigo, devant la presse, Kigali, le 15 avril / AFP
Kizito Mihigo est-il le Mohamed Bouazizi du Rwanda?
Les ressorts ne sont pas les mêmes, mais l'affaire pourrait renforcer la contestation contre Paul Kagamé.
Le chanteur Kizito Mihigo reste en détention préventive pour 30 jours. La décision a été prise hier par le tribunal de Kigali, devant lequel il comparaissait, en compagnie de trois autres personnes, pour terrorisme, atteinte à la sûreté de l’Etat et tentative d’assassiner le président rwandais Paul Kagamé.
Depuis le début de cette affaire, le pays est en émoi. Du fait de la popularité et de l’histoire personnelle du chanteur, mais aussi en raison des très nombreuses questions qui entourent l’annonce de son arrestation, le 15 avril, et de ses aveux peu de temps après devant la presse.
Kizito Mihigo est un rescapé du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, un drame dans lequel il a perdu toute sa famille. Après un exil à Bruxelles, il revient dans son pays où il s’engage, à travers la musique, dans une œuvre de réconciliation.
Or, c’est précisément ce que semblent lui reprocher les autorités de Kigali.
Comme se demandait encore le blog The Green Frog, «comment est-il possible pour un chanteur d’attaquer un gouvernement, et surtout d’assassiner un président qui possède le système de sécurité le plus efficace du continent»?
Au Rwanda, la consternation s’est muée en colère tant il apparaît qu’il s’agit d’une affaire montée de toute pièce par le pouvoir de Paul Kagamé. C’est, en tout cas, ce que soutient Les Nouvelles de Kigali à Bruxelles.
«C’est l’évocation par Kizito des victimes des crimes autres que le génocide qui lui valent aujourd’hui des accusations aussi graves qu’invraisemblables», écrit l’animateur du blog.
En effet, si les chansons de Kizito Mihigo prônent la réconciliation, elles encouragent aussi à remettre la notion d’être humain avant toute chose.
En gros, «les Rwandais sont des êtres humains avant d’être des Rwandais», semble-t-il dire Kizito dans ses textes. Un engagement humaniste qui a fait sa popularité depuis son retour au pays en 2011.
Mais le site Umuhuza considère que l’affaire Kizito est la cristallisation des divisions au sein même de l’ethnie tutsie, au pouvoir depuis 1994 et que tente maladroitement de masquer Paul Kagamé. Mais, ce faisant, le président rwandais place aussi Kizito Mihigo en héros et en martyr.
L’artiste prône la liberté et dénonce tous les crimes, même tous ceux commis en dehors du génocide.
Représenterait-il donc une menace pour le pouvoir?
Etait-il sur le point de faire un naître un soulèvement contre le régime de Paul Kagamé?
Les Nouvelles de Bruxelles à Kigali tentent une comparaison avec Mohamed Bouazizi, en Tunisie. Ce martyr dont le geste désespéré enclencha une furieuse révolution contre le régime de Ben Ali.
Le contexte n’est pas tout à fait le même, les ressorts ne sont pas identiques. Mais l’on peut tout de même s’inquiéter des proportions que pourraient prendre l’affaire, tant elle est rocambolesque et illustre les menaces à la liberté d’expression et les intimidations du pouvoir sur ceux qui le critiquent ou le contestent.
___________
Raoul Mbog
SlateAfrique
Kizito Mihigo, devant la presse, Kigali, le 15 avril / AFP
Kizito Mihigo est-il le Mohamed Bouazizi du Rwanda?
Les ressorts ne sont pas les mêmes, mais l'affaire pourrait renforcer la contestation contre Paul Kagamé.
Le chanteur Kizito Mihigo reste en détention préventive pour 30 jours. La décision a été prise hier par le tribunal de Kigali, devant lequel il comparaissait, en compagnie de trois autres personnes, pour terrorisme, atteinte à la sûreté de l’Etat et tentative d’assassiner le président rwandais Paul Kagamé.
Depuis le début de cette affaire, le pays est en émoi. Du fait de la popularité et de l’histoire personnelle du chanteur, mais aussi en raison des très nombreuses questions qui entourent l’annonce de son arrestation, le 15 avril, et de ses aveux peu de temps après devant la presse.
Kizito Mihigo est un rescapé du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, un drame dans lequel il a perdu toute sa famille. Après un exil à Bruxelles, il revient dans son pays où il s’engage, à travers la musique, dans une œuvre de réconciliation.
Or, c’est précisément ce que semblent lui reprocher les autorités de Kigali.
Comme se demandait encore le blog The Green Frog, «comment est-il possible pour un chanteur d’attaquer un gouvernement, et surtout d’assassiner un président qui possède le système de sécurité le plus efficace du continent»?
Au Rwanda, la consternation s’est muée en colère tant il apparaît qu’il s’agit d’une affaire montée de toute pièce par le pouvoir de Paul Kagamé. C’est, en tout cas, ce que soutient Les Nouvelles de Kigali à Bruxelles.
«C’est l’évocation par Kizito des victimes des crimes autres que le génocide qui lui valent aujourd’hui des accusations aussi graves qu’invraisemblables», écrit l’animateur du blog.
En effet, si les chansons de Kizito Mihigo prônent la réconciliation, elles encouragent aussi à remettre la notion d’être humain avant toute chose.
En gros, «les Rwandais sont des êtres humains avant d’être des Rwandais», semble-t-il dire Kizito dans ses textes. Un engagement humaniste qui a fait sa popularité depuis son retour au pays en 2011.
Mais le site Umuhuza considère que l’affaire Kizito est la cristallisation des divisions au sein même de l’ethnie tutsie, au pouvoir depuis 1994 et que tente maladroitement de masquer Paul Kagamé. Mais, ce faisant, le président rwandais place aussi Kizito Mihigo en héros et en martyr.
L’artiste prône la liberté et dénonce tous les crimes, même tous ceux commis en dehors du génocide.
Représenterait-il donc une menace pour le pouvoir?
Etait-il sur le point de faire un naître un soulèvement contre le régime de Paul Kagamé?
Les Nouvelles de Bruxelles à Kigali tentent une comparaison avec Mohamed Bouazizi, en Tunisie. Ce martyr dont le geste désespéré enclencha une furieuse révolution contre le régime de Ben Ali.
Le contexte n’est pas tout à fait le même, les ressorts ne sont pas identiques. Mais l’on peut tout de même s’inquiéter des proportions que pourraient prendre l’affaire, tant elle est rocambolesque et illustre les menaces à la liberté d’expression et les intimidations du pouvoir sur ceux qui le critiquent ou le contestent.
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Raoul Mbog
SlateAfrique
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