mardi 29 juillet 2014

Après l’ADG de la Gécamines Ahmed Kalej. Coup de balai. A qui le prochain tour ?

mardi 29 juillet 2014



• Après un audit mené par les services du ministère du Portefeuille, des conclusions faisant état d’une mégestion criante ont poussé le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange à révoquer le gestionnaire de la Gécamines

• Il était temps. L’impunité s’est établie en mode de gestion des entreprises de l’Etat transformées en sociétés commerciales. Ce qui pousse à se poser la question de savoir à qui le tour tant il ne s’agit là que d’un premier coup de balai du Président de la République

A Lubumbashi, capitale du cuivre où se situe le siège social de la Gécamines, le limogeage de Ahmed Kalej Kant n’est pas vraiment une surprise. 

Les observateurs avertis notaient déjà des signes évidents de la catastrophe et la révocation du Directeur financier adjoint, il y a quelques temps, ressemblait fort au fusible que l’on fait sauter pour éviter l’incendie. 

Un audit mené par les services du Portefeuille a mis un terme à ce pillage en règle.

On en vient dès lors à s’interroger sur non pas la compétence du mandataire congolais, mais bien plus sur son intégrité morale.

Il n’y a pas si longtemps, le Gouvernement congolais avait décidé de la mise sur pied de programmes de stabilisation dans quelques entreprises du Portefeuille de l’Etat. 

Il s’agissait précisément de la Gécamines, de la SNCC, de la SNEL, de la SCTP, ex ONATRA et de la RVA. On sait comment l’expérience s’est terminée. Piqués au vif, les intellectuels congolais sont montés au créneau.

Le refrain était partout le même, repris en chœur dans toutes les institutions de la République. Les Pécune-Ponson, (ONATRA), Jean Assices, (RVA) et autres ont été vilipendés longuement au Palais du peuple lorsqu’ils n’étaient pas tous simplement pas cueillis sur la voie publique par les services judiciaires, comme des malfrats. 

Et quand ça ne suffisait pas, les syndicats joignaient leurs voix à la clameur pour réclamer leur départ.

Le silence coupable des syndicats de la Gécamines

Mais dans le feuilleton de la Gécamines, les syndicats sont restés curieusement silencieux. Ignorance ou plutôt complicité active ? 

On ne le sait. Les mandataires congolais savent que pour manger tranquille et éviter les coups, rien de tel qu’un bouclier humain. Les travailleurs, manipulés à souhait, sont des boucliers humains tout désignés.

Dès que le gouvernement lance un programme de redressement, une mission de stabilisation, un audit, les travailleurs se dressent.

Le dernier feuilleton en date se déroule à la RVA. De 2007 à 2010, à la demande du Gouvernement, la firme française ADPI tente de redresser la RVA. 

Bien entendu, les mandataires alors en place font les frais de la thérapeutique. Aussitôt, leurs alliés se dressent. Grève par ci, grève par-là, interpellation par-ci, interpellation par là.

Parmi les critiques principales, l’IDEF accusé de tous les maux. L’Exécutif congolais finit par céder : la mission de ADPI n’est pas reconduite. 

Pourtant 4 ans plus tard, l’IDEF tant décrié s’avère la principale force de la RVA, qui lui permet de mobiliser des fonds sur le marché financier local pour tenter de réhabiliter les infrastructures.

Cependant, de l’avis des observateurs, la RVA est à nouveau malade. Pour preuve, le cabinet d’audit Price Water House Coopers, mandaté il y a quelques temps par le Gouvernement pour auditer les états financiers de cette entreprise, et également ceux de la SCTP (ex ONATRA) aurait jeté l’éponge. 

L’information est à prendre avec les réserves d’usage, mais il n’y a pas de fumée sans feu. Au besoin, les entreprises concernées pourraient démentir.

Le Gouvernement qui suit de près l’évolution de ses entreprises ne s’y est pas trompé et a décidé de reprendre l’expérience, ADPI, avec une variante pour protéger l’ego des congolais. 

Les mandataires restent en place et se font assister par des experts. Aussitôt le contrat signé et les experts ADPI arrivés à Kinshasa, les syndicats montent au créneau. 

Depuis vendredi, les syndicats de la RVA ont décrété une grève générale. Les motifs évoqués paraissent raisonnables.

Le Secrétaire Général de la Force syndicale congolaise (FSC), Trésor Kapia, interrogé sur Radio Okapi, révèle que les agents demandent notamment : « que l’employeur apure les arriérés de salaire de toutes les entités de l’intérieur, des arriérés liés au paiement tardif du Smig et celles de toutes les cotisations syndicales » ; la signature de la convention collective révisée et l’apurement des décomptes finals d’environ 800 agents décédés, retraités ou encore licenciés injustement.

Trésor Kapia déplore également que les agents de la RVA et leur dépendants ne bénéficient plus de prise en charge médicale appropriée.

Toutes ces revendications, peut-être fondées, sont de la responsabilité de l’équipe de gestion actuelle de la RVA.

Mais alors, d’où vient que les agents ne réclament pas les têtes de leurs dirigeants, mais plutôt la renonciation par l’Etat-propriétaire de sa décision de remettre de l’ordre dans une de ses entreprises ?
La réponse est claire. Comme toujours lorsque l’Etat-propriétaire décide de remettre de l’ordre dans ses actifs, on brandit le bouclier humain.

Et pour cause ! Il est clair en effet qu’une pareille mission ne peut démarrer que par un diagnostic clair de la situation de l’entreprise. 

Et là, feu rouge. C’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Pourtant, celui qui a les comptes propres n’a aucune raison de s’émouvoir, au contraire, il attendrait avec sérénité les félicitations qui ne manqueront de lui être adressé.

Bravo au Premier Ministre Matata Mponyo et au Gouvernement. Il faut du courage pour combattre l’hydre à plusieurs têtes qui gangrène nos entreprises et qui entend maintenir la population dans le dénuement.

Bravo surtout au Raïs Joseph Kabila Kabange. Résolument tourné vers la quête de l’émergence de la Rdc, le Chef de l’Etat qui vient une fois de plus de démonter, par son ordonnance du week-end dernier, son amour pour la patrie en envoyant un signal clair aux prédateurs : le règne de l’impunité est fini. A qui le prochain tour ? Ca ne saurait peut être pas tarder.
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L’Avenir

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