le 24 juillet 2014
Alors que des voix s’élèvent pour une alternance en 2016, la situation sur le terrain fait craindre une impasse à même d’offrir à la communauté internationale l’occasion d’imposer son choix. Cela du fait de la difficulté qu’éprouvent l’Opposition et la Majorité à négocier la transition.
Après avoir longtemps encaissé des coups aussi bien de l’Opposition, de la Société civile que de certains partenaires extérieurs, la Majorité présidentielle (MP) a finalement opté pour un choc frontal.
Elle a décidé d’opérer à découvert en rendant coup pour coup dans la grande bataille politique qui mène à l’échéance 2016. Aussi est-elle sortie de son mutisme en annonçant clairement ses intentions.
Et, pour le faire, Aubin Minaku, secrétaire général de la MP et président de l’Assemblée nationale, a inauguré une série qui promet d’être houleuse.
Devant la presse nationale, triée à la voilée, ce dernier a dévoilé ce qu’il fait considérer comme la position officielle de la famille politique du président de la République.
Que retenir de cette sortie médiatique ? Le plus évident est que la MP s’est engagée à se battre jusqu’au bout pour faire triompher ses idées.
Et, dans ce lot, la plus importante d’entre toutes ses initiatives est cette révision de quelques articles de la Constitution pour, a soutenu Minaku, s’adapter à la dynamique de l’environnement politique.
Touchera-t-on à l’article 220 qui verrouille systématiquement le mandat du président de la République ? Minaku n’a pas exclu cette hypothèse. C’est au peuple, souverain primaire de trancher, a-t-il indiqué.
Quant à la voie à emprunter, Minaku pense déjà à un référendum, rappelant que la Constitution n’exclut pas cette procédure. Contrairement à certaines langues, le secrétaire général de la MP est convaincu que le projet de révision de la Constitution, mûrement préparé par sa famille politique, ne voile en rien la Constitution.
En revanche, l’Opposition, qui se tient en alerte, ne partage pas ce point de vue. Selon ses principaux ténors, la Constitution actuelle ne devait subir aucune modification, et ce, jusqu’aux prochaines élections, prévues en 2016.
C’est vrai qu’on n’est pas en face d’un dialogue de sourds. Mais, il faut dire que le chemin qui mène à 2016 est parsemé d’embûches. L’incertitude est d’autant plus grande que la communauté internationale a donné de la voix au débat politique interne en annonçant clairement sa position.
De l’avis des partenaires au développement, aucune entorse ne devait être portée au processus électoral au risque de brouiller les cartes.
A Kinshasa, les déclarations, parfois tonitruantes de la communauté internationale, sont retournées dans tous les sens. Certaines ont valu une mise au point en règle du gouvernement, brandissant par moment la souveraineté de la RDC lorsqu’il s’agissait par exemple de défendre la CENI dans ses choix.
Dans tous les cas, la communauté internationale s’est fixé une ligne. A l’instar d’autres capitales occidentales, Washington est de ceux qui ont clairement fait part de leur intention de voir finalement une alternance s’installer en RDC dès 2016.
Comment négocier 2016 ?
Si tous, notamment l’Opposition et la communauté internationale, prônent l’alternance en 2016, personne ne propose cependant la voie à suivre pour y arriver.
Avec une Opposition désunie et désarticulée qui n’est pas parvenue jusqu’à ce jour à se mettre d’accord sur le choix de son porte-parole, l’on conçoit mal qu’elle parvienne à aligner une candidature unique en 2016. Ce qui risque davantage de compliquer l’alternance tant espérée par l’ensemble de la communauté internationale.
Dans ces conditions, la Majorité a toutes les chances de conserver le pouvoir, comme l’a d’ailleurs prédit son secrétaire général, Aubin Minaku. Ne serait-ce pas aller trop vite en besogne ?
C’est le cas, entre autres, d’une acceptation de l’autorité morale de la MP de renoncer à se présenter en 2016.
Pour l’instant, l’unité de la Majorité est incarnée par la personne du chef de l’Etat en qui tout le monde se reconnaît et à qui tous se soumettent. D’autant que la MP n’a pas les coudées franches s’agissant de s’affranchir de l’omniprésence de son autorité morale.
Dans l’hypothèse où la MP n’arriverait pas à faire sauter le verrou de l’article 220, elle se retrouverait dans l’obligation de proposer un autre candidat en 2016.
Un choix qui ne sera pas facile, à la lumière de toutes les forces politiques qui composent la Majorité présidentielle. Il y a une forte probabilité que la MP implose. Dans ce cas, l’alternance pourrait davantage se compliquer.
Si ce tableau devait se réaliser en 2016, ce serait une aubaine pour la communauté internationale, qui nourrit toujours des prétentions pour la RDC. Elle s’en en saisira sans doute pour imposer son choix à la tête de l’Etat.
Un scenario qu’il faudra éviter dans la mesure où il a l’inconvénient de ramener la RDC 60 ans en arrière. Il constitue en même temps une négation de l’indépendance du Congo.
Joseph Kabila non partant en 2016, personne n’est préparé à pareil événement, que ce soit dans la Majorité ou dans l’Opposition. Si dans l’Opposition, un oiseau rare peut surgir du néant, dans la Majorité, la question n’a jamais été à l’ordre du jour.
Pourtant, elle est susceptible de resurgir dans deux ans.
Est-ce que la classe politique est en mesure de contrer cette offensive internationale ? Il est temps de se ressaisir, de faire évoluer le débat politique en le dépersonnalisant. L’intérêt de la nation en dépend.
Si la classe politique congolaise s’éternise dans son débat de bas étage – comme c’est le cas actuellement - elle vivra de grandes surprises en 2016.
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Le Potentiel
Alors que des voix s’élèvent pour une alternance en 2016, la situation sur le terrain fait craindre une impasse à même d’offrir à la communauté internationale l’occasion d’imposer son choix. Cela du fait de la difficulté qu’éprouvent l’Opposition et la Majorité à négocier la transition.
Après avoir longtemps encaissé des coups aussi bien de l’Opposition, de la Société civile que de certains partenaires extérieurs, la Majorité présidentielle (MP) a finalement opté pour un choc frontal.
Elle a décidé d’opérer à découvert en rendant coup pour coup dans la grande bataille politique qui mène à l’échéance 2016. Aussi est-elle sortie de son mutisme en annonçant clairement ses intentions.
Et, pour le faire, Aubin Minaku, secrétaire général de la MP et président de l’Assemblée nationale, a inauguré une série qui promet d’être houleuse.
Devant la presse nationale, triée à la voilée, ce dernier a dévoilé ce qu’il fait considérer comme la position officielle de la famille politique du président de la République.
Que retenir de cette sortie médiatique ? Le plus évident est que la MP s’est engagée à se battre jusqu’au bout pour faire triompher ses idées.
Et, dans ce lot, la plus importante d’entre toutes ses initiatives est cette révision de quelques articles de la Constitution pour, a soutenu Minaku, s’adapter à la dynamique de l’environnement politique.
Touchera-t-on à l’article 220 qui verrouille systématiquement le mandat du président de la République ? Minaku n’a pas exclu cette hypothèse. C’est au peuple, souverain primaire de trancher, a-t-il indiqué.
Quant à la voie à emprunter, Minaku pense déjà à un référendum, rappelant que la Constitution n’exclut pas cette procédure. Contrairement à certaines langues, le secrétaire général de la MP est convaincu que le projet de révision de la Constitution, mûrement préparé par sa famille politique, ne voile en rien la Constitution.
En revanche, l’Opposition, qui se tient en alerte, ne partage pas ce point de vue. Selon ses principaux ténors, la Constitution actuelle ne devait subir aucune modification, et ce, jusqu’aux prochaines élections, prévues en 2016.
C’est vrai qu’on n’est pas en face d’un dialogue de sourds. Mais, il faut dire que le chemin qui mène à 2016 est parsemé d’embûches. L’incertitude est d’autant plus grande que la communauté internationale a donné de la voix au débat politique interne en annonçant clairement sa position.
De l’avis des partenaires au développement, aucune entorse ne devait être portée au processus électoral au risque de brouiller les cartes.
A Kinshasa, les déclarations, parfois tonitruantes de la communauté internationale, sont retournées dans tous les sens. Certaines ont valu une mise au point en règle du gouvernement, brandissant par moment la souveraineté de la RDC lorsqu’il s’agissait par exemple de défendre la CENI dans ses choix.
Dans tous les cas, la communauté internationale s’est fixé une ligne. A l’instar d’autres capitales occidentales, Washington est de ceux qui ont clairement fait part de leur intention de voir finalement une alternance s’installer en RDC dès 2016.
Comment négocier 2016 ?
Si tous, notamment l’Opposition et la communauté internationale, prônent l’alternance en 2016, personne ne propose cependant la voie à suivre pour y arriver.
Avec une Opposition désunie et désarticulée qui n’est pas parvenue jusqu’à ce jour à se mettre d’accord sur le choix de son porte-parole, l’on conçoit mal qu’elle parvienne à aligner une candidature unique en 2016. Ce qui risque davantage de compliquer l’alternance tant espérée par l’ensemble de la communauté internationale.
Dans ces conditions, la Majorité a toutes les chances de conserver le pouvoir, comme l’a d’ailleurs prédit son secrétaire général, Aubin Minaku. Ne serait-ce pas aller trop vite en besogne ?
C’est le cas, entre autres, d’une acceptation de l’autorité morale de la MP de renoncer à se présenter en 2016.
Pour l’instant, l’unité de la Majorité est incarnée par la personne du chef de l’Etat en qui tout le monde se reconnaît et à qui tous se soumettent. D’autant que la MP n’a pas les coudées franches s’agissant de s’affranchir de l’omniprésence de son autorité morale.
Dans l’hypothèse où la MP n’arriverait pas à faire sauter le verrou de l’article 220, elle se retrouverait dans l’obligation de proposer un autre candidat en 2016.
Un choix qui ne sera pas facile, à la lumière de toutes les forces politiques qui composent la Majorité présidentielle. Il y a une forte probabilité que la MP implose. Dans ce cas, l’alternance pourrait davantage se compliquer.
Si ce tableau devait se réaliser en 2016, ce serait une aubaine pour la communauté internationale, qui nourrit toujours des prétentions pour la RDC. Elle s’en en saisira sans doute pour imposer son choix à la tête de l’Etat.
Un scenario qu’il faudra éviter dans la mesure où il a l’inconvénient de ramener la RDC 60 ans en arrière. Il constitue en même temps une négation de l’indépendance du Congo.
Joseph Kabila non partant en 2016, personne n’est préparé à pareil événement, que ce soit dans la Majorité ou dans l’Opposition. Si dans l’Opposition, un oiseau rare peut surgir du néant, dans la Majorité, la question n’a jamais été à l’ordre du jour.
Pourtant, elle est susceptible de resurgir dans deux ans.
Est-ce que la classe politique est en mesure de contrer cette offensive internationale ? Il est temps de se ressaisir, de faire évoluer le débat politique en le dépersonnalisant. L’intérêt de la nation en dépend.
Si la classe politique congolaise s’éternise dans son débat de bas étage – comme c’est le cas actuellement - elle vivra de grandes surprises en 2016.
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Le Potentiel
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