15 août 2014
Tryphon Kin-kiey, ministre des PT-NTIC en compagnie de l’ambassadeur Mova Sakani à l’occasion de la sortie officielle à Bruxelles de l’Association Kabila Désir
Pourquoi donc le ministre congolais des postes, télécommunications et nouvelles technologies a-t-il choisi Bruxelles pour lancer une association énigmatiquement appelée « Kabila désir » ?
Tout simplement parce que, dit-il « c’est depuis Bruxelles, bastion d’une diaspora importante et très politique, que l’on assiste à un « déferlement de mensonges ».
Pour Kin-Kiey Mulumba, « le fossé est immense entre la perception que véhiculent les Congolais résidant à l’étranger (en Belgique, mais aussi en France, en Grande Bretagne, au Canada…) et la réalité d’un pays qui change et se développe à une vitesse surprenante. »
Et de citer les réalisations les plus marquantes du gouvernement auquel il appartient : « les voies rapides, à huit bandes, qui traversent Kinshasa, les nouveaux bus qui font la navette entre le centre ville et les quartiers périphériques, les cités nouvelles et bâtiments neufs qui sortent de terre comme des champignons, le grand projet agro-industriel de Bukanga Lonzo qui approvisionnera la capitale en vivres frais.
Sans oublier les chiffres magiques d’une croissance économique de 8,8% et d’une inflation réduite à zéro. »
Le ministre n’oublie pas non plus de prêcher pour sa propre chapelle : « depuis le point d’atterrage de la fibre optique, ouvert à Moanda, 700 km de câbles ont été tirés jusque Kinshasa et le reste du pays va suivre, la 3G est une réalité dans la capitale, la 4 G va suivre, le pays est destiné à devenir un « hub » de communications pour tout le continent.. »
Bref, le Congo est bien entré dans la « révolution de la modernité » chère au président Kabila et les seuls à ne pas s’apercevoir du changement, ou à refuser d’en prendre acte seraient les Congolais de la diaspora…
En réalité, au vu des manifestants qui se dirigeaient vers l’ambassade de la RDC à Bruxelles mais en furent dissuadés par un important dispositif policier, les soucis des « combattants » sont plutôt d’ordre politique : deux ans avant l’échéance électorale, prévue pour 2016, ils entendent bien veiller à ce que le prescrit de la Constitution soit respecté et que le président Kabila, dont le deuxième et dernier mandat va se terminer, soit dissuadé de se représenter.
Ce souci rejoint d’ailleurs celui de nombreux acteurs nationaux : l’Eglise catholique, les partis d’opposition, de larges pans de la société civile.
Le ministre Kin Kiey ne veut pas s’inscrire dans un tel débat : son souci est seulement celui de la vérité :« reconnaître les réalisations du gouvernement, mettant en œuvre la vision du chef de l’Etat qui souhaite voir apparaître au plus vite un Congo émergent, sorti de la pauvreté.. »
Dénonçant l’ignorance, ou l’aveuglement d’une diaspora très combative, le ministre se dit prêt à organiser des « charters pour Congolais de l’étranger » afin qu’ils se rendent compte de visu des progrès réalisés et retrouvent au pays ceux de leurs compatriotes qui ont déjà franchi le cap et amorcé un retour définitif.
Mais malgré ces bonnes intentions immédiates, le nom de l’initiative, « Kabila désir » demeure ambigu : comment ne pas croire qu’il s’agît, aujourd’hui déjà, de susciter un « désir » qui devrait s’exprimer pleinement durant les deux années qui séparent le Congo de l’échéance électorale ?
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Le carnet de Colette Braeckman
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