30/09/2014
"Joseph KABILA" - Président sortant de la RDC.
Depuis les guerres d’occupation et d’agression menées par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi soutenus par les multinationales et les puissances occidentales, la République démocratique du Congo se trouve à la croisée des chemins.
Dans ce contexte, l’avenir du Congo devient incertain. Cependant, tout dépend de la capacité des élites congolaises à relever les défis dans ce monde en pleine mutation.
Elles sont contraintes à lire avec lucidité les signes de temps afin de tirer les leçons d’histoire de façon à se mettre du bon côté de l’histoire.
1. Lire les signes de temps
En 1997, lorsque la coalition des armées rwandaise, ougandaise et burundaise agresse la République du Zaïre (aujourd’hui RDC) sous le mandat de l’ancien Président américain Bill Clinton, le monde occidental a justifié l’agression comme une guerre entre les populations banyamulenge et l’Etat zaïrois qui ne voulait pas reconnaître leur nationalité zaïroise.
Le 2 août 1998, lors de la deuxième guerre d’agression, la communauté internationale a justifié celle-ci comme la conséquence de la mauvaise gouvernance de feu le Président Laurent Désiré Kabila.
Aucune capitale occidentale n’a reconnu cette guerre comme une agression contre la République démocratique du Congo, malgré les dénonciations du président Laurent Désiré Kabila.
Il a fallu plusieurs rapports des experts des Nations unies pour démontrer l’implication du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi.
Curieusement ni le Rwanda ni l’Ouganda, encore moins le Burundi, n’ont été condamnés par la communauté internationale. Victime, le Congo a été plutôt présenté dans le monde occidental comme le bourreau des agresseurs (Rwanda et Ouganda).
Cette approche a été encouragée à l’époque par la nouvelle politique africaine de l’administration Clinton qui tenait à promouvoir une nouvelle génération de leaders et la renaissance africaine. Aussi les présidents Kagamé et Museveni furent-ils des chouchous des Américains.
Les voyages officiels des diplomates occidentaux débutaient par Kinshasa pour terminer à Kigali ou Kampala avant le go back at home. D’ailleurs, le président Clinton avait effectué plusieurs voyages à Kampala et à Kigali. Bref, le leadership dans la région des Grands Lacs était géré par les présidents Museveni et Kagame.
L’arrivée du président Obama à la Maison Blanche va bouleverser la donne.
Durant les premier et deuxième mandats du président Obama, la question de la RDC est mise sur la table. La Maison Blanche nomme des envoyés spéciaux dans la région des Grands Lacs. Les deux Secrétaires d’Etat américains sous administrations Obama, en l’occurrence Mme Hillary Clinton et John Kerry n’effectuent pas de visites officielles à Kigali.
Par contre, ils se rendent en RDC ; deux fois pour ce qui est de Mme Hillary Clinton et une fois quant à John Kerry.
Ces voyages officiels démontrent l’intérêt que porte le président Obama à la RDC et à la Région des Grands Lacs. Pourquoi cet intérêt ?
En premier lieu, la nouvelle politique africaine des USA est orientée vers la sécurité et le développement.
Dans un article signé le 14 juin 2012 définissant la stratégie des Etats-Unis envers l’Afrique subsaharienne, le président américain annonçait déjà les couleurs : «
L’Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale, et pour les Etats-Unis en particulier... Notre message à ceux qui veulent faire dérailler le processus démocratique est clair et sans équivoque : les Etats-Unis n’entendent pas demeurer impassibles quand des acteurs menacent des gouvernements légitimement élus ou qu’ils manipulent l’impartialité et l’intégrité des processus démocratiques, et nous serons les partenaires inébranlables de ceux qui sont acquis aux principes de l’égalité, de la justice et de l’Etat de droit ».
De son côté, l’ancien secrétaire d’Etat Hillary Clinton, dans ses Mémoires intitulées « Les temps de décisions » et publiés chez Fayard, souligne l’importance accordée à l’Afrique. C’est ce qu’on peut lire dans le chapitre intitulé : « Afrique : Les armes ou le développement ». Hillary Clinton démontre qu’un avenir différent de l’Afrique est possible.
A cet égard, le président Obama et Hillary ont décidé d’aider l’Afrique à mettre fin à des guerres et à privilégier le développement. « C’est pourquoi, il (Obama) s’est rendu en Afrique subsaharienne plus tôt au cours de son mandat que n’importe lequel de ses prédécesseurs, avec un voyage au Ghana en juillet 2009 », écrit Hillary Clinton.
D’ailleurs, l’implication des USA en Afrique est confirmée par le sommet USA-Afrique organisé à la Maison blanche par le président Obama du 6 au 8 août 2014 à Washington.
En deuxième lieu, les Etats-Unis tiennent à asseoir leur leadership en RDC. Après une séance de la Commission des relations extérieures du Sénat sur la violence faite aux femmes dans les zones de guerre, trois sénateurs dont Russ Feingold, ont envoyé une lettre contenant une série de recommandations sur les moyens dont disposaient les Etats-Unis pour asseoir leur leadership en RDC.
Voilà pourquoi les USA sont impliqués dans la crise congolaise et ceci nous aide à comprendre certaines prises de position des officiels américains.
La première position américaine émane des églises chrétiennes. Selon John Campbell, de Council on Foreign Relations (Think Tank américain) basé à New-York, les églises chrétiennes américaines ont fait des pressions sur le Congrès et l’administration Obama pour mettre fin à la guerre à l’est de la RDC.
C’est dans cette logique qu’il faut placer les pressions faites sur le Rwanda pour mettre fin au soutien qu’il accordait aux rebelles du M23.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères de la Grande Bretagne, William Huge, avaient téléphoné au président Kagame pour lui demander de ne plus intervenir dans la guerre qui sévissait dans l’Est de la RDC.
Pour les Américains, il faut mettre fin à la guerre et amorcer la paix afin de préparer un environnement favorable aux affaires et au finish, déboucher sur le développement de la Région. Seul un Etat de droit et démocratique peut garantir un environnement économique stable.
Voilà ce qui explique les prises de position de l’envoyé spécial Russ Feingold et du secrétaire d’Etat John Kerry sur les élections, la modification de la Constitution et le respect de mandats présidentiels en RDC.
Le dernier acte de l’administration Obama a été la signature d’un décret demandant au département d’Etat et au Trésor de geler les avoirs des dirigeants congolais qui veulent entraver le bon déroulement du processus démocratique. Il s’agit d’une menace à prendre au sérieux.
Par ailleurs, la nouvelle configuration dans la région des Grands Lacs fait que le leadership actuel de la région est confié à l’Angola vu la catastrophe occasionnée par le Rwanda et l’Ouganda. C’est la fin de la politique américaine de nouveaux dirigeants africains et de la renaissance africaine instituée par l’Administration Bill Clinton.
En tout état de cause, cette lecture de signes de temps doit aider les élites congolaises à tirer les leçons de l’histoire.
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[Freddy Mulumba Kabuayi]
© KongoTimes
"Joseph KABILA" - Président sortant de la RDC.
Depuis les guerres d’occupation et d’agression menées par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi soutenus par les multinationales et les puissances occidentales, la République démocratique du Congo se trouve à la croisée des chemins.
Dans ce contexte, l’avenir du Congo devient incertain. Cependant, tout dépend de la capacité des élites congolaises à relever les défis dans ce monde en pleine mutation.
Elles sont contraintes à lire avec lucidité les signes de temps afin de tirer les leçons d’histoire de façon à se mettre du bon côté de l’histoire.
1. Lire les signes de temps
En 1997, lorsque la coalition des armées rwandaise, ougandaise et burundaise agresse la République du Zaïre (aujourd’hui RDC) sous le mandat de l’ancien Président américain Bill Clinton, le monde occidental a justifié l’agression comme une guerre entre les populations banyamulenge et l’Etat zaïrois qui ne voulait pas reconnaître leur nationalité zaïroise.
Le 2 août 1998, lors de la deuxième guerre d’agression, la communauté internationale a justifié celle-ci comme la conséquence de la mauvaise gouvernance de feu le Président Laurent Désiré Kabila.
Aucune capitale occidentale n’a reconnu cette guerre comme une agression contre la République démocratique du Congo, malgré les dénonciations du président Laurent Désiré Kabila.
Il a fallu plusieurs rapports des experts des Nations unies pour démontrer l’implication du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi.
Curieusement ni le Rwanda ni l’Ouganda, encore moins le Burundi, n’ont été condamnés par la communauté internationale. Victime, le Congo a été plutôt présenté dans le monde occidental comme le bourreau des agresseurs (Rwanda et Ouganda).
Cette approche a été encouragée à l’époque par la nouvelle politique africaine de l’administration Clinton qui tenait à promouvoir une nouvelle génération de leaders et la renaissance africaine. Aussi les présidents Kagamé et Museveni furent-ils des chouchous des Américains.
Les voyages officiels des diplomates occidentaux débutaient par Kinshasa pour terminer à Kigali ou Kampala avant le go back at home. D’ailleurs, le président Clinton avait effectué plusieurs voyages à Kampala et à Kigali. Bref, le leadership dans la région des Grands Lacs était géré par les présidents Museveni et Kagame.
L’arrivée du président Obama à la Maison Blanche va bouleverser la donne.
Durant les premier et deuxième mandats du président Obama, la question de la RDC est mise sur la table. La Maison Blanche nomme des envoyés spéciaux dans la région des Grands Lacs. Les deux Secrétaires d’Etat américains sous administrations Obama, en l’occurrence Mme Hillary Clinton et John Kerry n’effectuent pas de visites officielles à Kigali.
Par contre, ils se rendent en RDC ; deux fois pour ce qui est de Mme Hillary Clinton et une fois quant à John Kerry.
Ces voyages officiels démontrent l’intérêt que porte le président Obama à la RDC et à la Région des Grands Lacs. Pourquoi cet intérêt ?
En premier lieu, la nouvelle politique africaine des USA est orientée vers la sécurité et le développement.
Dans un article signé le 14 juin 2012 définissant la stratégie des Etats-Unis envers l’Afrique subsaharienne, le président américain annonçait déjà les couleurs : «
L’Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale, et pour les Etats-Unis en particulier... Notre message à ceux qui veulent faire dérailler le processus démocratique est clair et sans équivoque : les Etats-Unis n’entendent pas demeurer impassibles quand des acteurs menacent des gouvernements légitimement élus ou qu’ils manipulent l’impartialité et l’intégrité des processus démocratiques, et nous serons les partenaires inébranlables de ceux qui sont acquis aux principes de l’égalité, de la justice et de l’Etat de droit ».
De son côté, l’ancien secrétaire d’Etat Hillary Clinton, dans ses Mémoires intitulées « Les temps de décisions » et publiés chez Fayard, souligne l’importance accordée à l’Afrique. C’est ce qu’on peut lire dans le chapitre intitulé : « Afrique : Les armes ou le développement ». Hillary Clinton démontre qu’un avenir différent de l’Afrique est possible.
A cet égard, le président Obama et Hillary ont décidé d’aider l’Afrique à mettre fin à des guerres et à privilégier le développement. « C’est pourquoi, il (Obama) s’est rendu en Afrique subsaharienne plus tôt au cours de son mandat que n’importe lequel de ses prédécesseurs, avec un voyage au Ghana en juillet 2009 », écrit Hillary Clinton.
D’ailleurs, l’implication des USA en Afrique est confirmée par le sommet USA-Afrique organisé à la Maison blanche par le président Obama du 6 au 8 août 2014 à Washington.
En deuxième lieu, les Etats-Unis tiennent à asseoir leur leadership en RDC. Après une séance de la Commission des relations extérieures du Sénat sur la violence faite aux femmes dans les zones de guerre, trois sénateurs dont Russ Feingold, ont envoyé une lettre contenant une série de recommandations sur les moyens dont disposaient les Etats-Unis pour asseoir leur leadership en RDC.
Voilà pourquoi les USA sont impliqués dans la crise congolaise et ceci nous aide à comprendre certaines prises de position des officiels américains.
La première position américaine émane des églises chrétiennes. Selon John Campbell, de Council on Foreign Relations (Think Tank américain) basé à New-York, les églises chrétiennes américaines ont fait des pressions sur le Congrès et l’administration Obama pour mettre fin à la guerre à l’est de la RDC.
C’est dans cette logique qu’il faut placer les pressions faites sur le Rwanda pour mettre fin au soutien qu’il accordait aux rebelles du M23.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères de la Grande Bretagne, William Huge, avaient téléphoné au président Kagame pour lui demander de ne plus intervenir dans la guerre qui sévissait dans l’Est de la RDC.
Pour les Américains, il faut mettre fin à la guerre et amorcer la paix afin de préparer un environnement favorable aux affaires et au finish, déboucher sur le développement de la Région. Seul un Etat de droit et démocratique peut garantir un environnement économique stable.
Voilà ce qui explique les prises de position de l’envoyé spécial Russ Feingold et du secrétaire d’Etat John Kerry sur les élections, la modification de la Constitution et le respect de mandats présidentiels en RDC.
Le dernier acte de l’administration Obama a été la signature d’un décret demandant au département d’Etat et au Trésor de geler les avoirs des dirigeants congolais qui veulent entraver le bon déroulement du processus démocratique. Il s’agit d’une menace à prendre au sérieux.
Par ailleurs, la nouvelle configuration dans la région des Grands Lacs fait que le leadership actuel de la région est confié à l’Angola vu la catastrophe occasionnée par le Rwanda et l’Ouganda. C’est la fin de la politique américaine de nouveaux dirigeants africains et de la renaissance africaine instituée par l’Administration Bill Clinton.
En tout état de cause, cette lecture de signes de temps doit aider les élites congolaises à tirer les leçons de l’histoire.
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[Freddy Mulumba Kabuayi]
© KongoTimes
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