15 déc 2014
Dans son discours annuel devant les parlementaires, le président congolais a éviter la question de son avenir politique et dénoncé les « injonctions de l’étranger« .
Joseph Kabila a retardé d’une semaine son discours à la Nation, afin d’attendre l’arrivée du nouveau gouvernement de cohésion nationale © DR
Devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis ce lundi, Joseph Kabila est apparu résolument offensif sur les dossiers chauds de la politique congolaise, en réaffirmant sa volonté de maîtriser son destin. Joseph Kabila était très attendu sur le sujet des prochaines échéances électorales : locales en 2015 et présidentielle en 2016.
Le président a affirmé que les élections étaient désormais devenues « incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat (…) Nous ne pouvons donc pas en faire l’économie quelles que soient nos difficultés».
Avant de confirmer que « toutes les élections prévues par les lois de la République seront organisées conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente (CENI)» .
Si les intentions affichées sont bonnes, pas un mot cependant sur les délais des prochaines élections. Les scrutins locaux sont fixés dans 6 petits mois et aucun calendrier, ni financement complet n’ont été annoncés.
Le président a cependant demandé au gouvernement de mobiliser « les ressources nécessaires pour la bonne organisation des élections».
2016 : le suspens continu
Un certain flou a également été entretenu sur les échéances électorales avec la mise en place d’un recensement général de la population.
Joseph Kabila souhaite que le gouvernement appui l’Office national d’identification de la population, « les résultats du travail de ce service public étant nécessaires pour la bonne fin du processus électoral« .
Une déclaration qui inquiète l’opposition congolaise, persuadée que le président Kabila cherche à faire « glisser » le calendrier électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel de 2016.
Sur son avenir politique, Joseph Kabila a également éviter la question. La Constitution lui interdisant de se représenter en 2016, l’opposition craint que le président ne veuille modifier les textes afin de pouvoir briguer un troisième mandat.
Le président Kabila a encore choisi de faire durer le suspens sur ses intentions et plutôt que de clarifier la situation a décidé de contre-attaquer sur un tout autre terrain.
Affirmer son indépendance
La cible toute trouvée du président congolais se nomme : « l’étranger».
« De nos partenaires et pourvu que cela soit fait dans le respect de notre souveraineté, nous sommes toujours prêts à recevoir des avis, conseils et suggestions mais jamais des injonctions » a déclaré Joseph Kabila devant les parlementaires.
Et de s’étonner que « certains compatriotes » en appellent « systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre Congolais».
Visé par cette phrase : l’américain John Kerry, qui était venu à Kinshasa en mai dernier pour demander à Joseph Kabila de respecter la Constitution et de ne pas se représenter.
L’autre cible pourrait être également François Hollande, qui à Dakar avait demandé aux présidents africains « de ne pas changer l’ordre constitutionnel par intérêt personnel».
Autre sujet qui permet à Joseph Kabila de marquer son autorité et sa volonté de s’émanciper de la tutelle internationale : la Monusco.
Selon le président, « la situation sécuritaire ne justifie plus le maintien d’un contingent de 20.000 hommes. L’heure est donc venue d’amorcer la réduction du nombre de casques bleus sur notre territoire».
Kabila l’affranchi
La meilleure défense étant l’attaque, Joseph Kabila a décidé de ne pas se justifier devant les parlementaires et la communauté internationale.
Il a volontairement éviter les questions qui fâchent et s’est contenté de marquer sa souveraineté en tentant de s’affranchir des pays occidentaux et des bailleurs de fonds donneurs de leçons.
Cette fois, c’est Joseph Kabila qui fait la leçon et donne sa lecture de la situation en RDC. En RDC, le maître du temps s’appelle Joseph Kabila et il l’a encore démontré ce lundi.
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Christophe RIGAUD
AFRIKARABIA
Dans son discours annuel devant les parlementaires, le président congolais a éviter la question de son avenir politique et dénoncé les « injonctions de l’étranger« .
Joseph Kabila a retardé d’une semaine son discours à la Nation, afin d’attendre l’arrivée du nouveau gouvernement de cohésion nationale © DR
Devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis ce lundi, Joseph Kabila est apparu résolument offensif sur les dossiers chauds de la politique congolaise, en réaffirmant sa volonté de maîtriser son destin. Joseph Kabila était très attendu sur le sujet des prochaines échéances électorales : locales en 2015 et présidentielle en 2016.
Le président a affirmé que les élections étaient désormais devenues « incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat (…) Nous ne pouvons donc pas en faire l’économie quelles que soient nos difficultés».
Avant de confirmer que « toutes les élections prévues par les lois de la République seront organisées conformément aux dispositions qui seront prises par l’institution compétente (CENI)» .
Si les intentions affichées sont bonnes, pas un mot cependant sur les délais des prochaines élections. Les scrutins locaux sont fixés dans 6 petits mois et aucun calendrier, ni financement complet n’ont été annoncés.
Le président a cependant demandé au gouvernement de mobiliser « les ressources nécessaires pour la bonne organisation des élections».
2016 : le suspens continu
Un certain flou a également été entretenu sur les échéances électorales avec la mise en place d’un recensement général de la population.
Joseph Kabila souhaite que le gouvernement appui l’Office national d’identification de la population, « les résultats du travail de ce service public étant nécessaires pour la bonne fin du processus électoral« .
Une déclaration qui inquiète l’opposition congolaise, persuadée que le président Kabila cherche à faire « glisser » le calendrier électoral afin de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel de 2016.
Sur son avenir politique, Joseph Kabila a également éviter la question. La Constitution lui interdisant de se représenter en 2016, l’opposition craint que le président ne veuille modifier les textes afin de pouvoir briguer un troisième mandat.
Le président Kabila a encore choisi de faire durer le suspens sur ses intentions et plutôt que de clarifier la situation a décidé de contre-attaquer sur un tout autre terrain.
Affirmer son indépendance
La cible toute trouvée du président congolais se nomme : « l’étranger».
« De nos partenaires et pourvu que cela soit fait dans le respect de notre souveraineté, nous sommes toujours prêts à recevoir des avis, conseils et suggestions mais jamais des injonctions » a déclaré Joseph Kabila devant les parlementaires.
Et de s’étonner que « certains compatriotes » en appellent « systématiquement à l’étranger pour régler les différends entre Congolais».
Visé par cette phrase : l’américain John Kerry, qui était venu à Kinshasa en mai dernier pour demander à Joseph Kabila de respecter la Constitution et de ne pas se représenter.
L’autre cible pourrait être également François Hollande, qui à Dakar avait demandé aux présidents africains « de ne pas changer l’ordre constitutionnel par intérêt personnel».
Autre sujet qui permet à Joseph Kabila de marquer son autorité et sa volonté de s’émanciper de la tutelle internationale : la Monusco.
Selon le président, « la situation sécuritaire ne justifie plus le maintien d’un contingent de 20.000 hommes. L’heure est donc venue d’amorcer la réduction du nombre de casques bleus sur notre territoire».
Kabila l’affranchi
La meilleure défense étant l’attaque, Joseph Kabila a décidé de ne pas se justifier devant les parlementaires et la communauté internationale.
Il a volontairement éviter les questions qui fâchent et s’est contenté de marquer sa souveraineté en tentant de s’affranchir des pays occidentaux et des bailleurs de fonds donneurs de leçons.
Cette fois, c’est Joseph Kabila qui fait la leçon et donne sa lecture de la situation en RDC. En RDC, le maître du temps s’appelle Joseph Kabila et il l’a encore démontré ce lundi.
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Christophe RIGAUD
AFRIKARABIA
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