24/03/2015
Des membres du collectif Y'en a marre. © Émilie Régnier/JA
"Y'en a marre", le mouvement fondé par cet ancien journaliste sénégalais, fait des émules dans toute l'Afrique.
Son objectif : inciter les jeunes à se conduire en citoyens éclairés.
"Be strong!" ("restez forts !"). Ce sont les derniers mots qu'avait adressés Barack Obama à Fadel Barro, coordinateur du mouvement Y'en a marre, le 27 juin 2013.
La scène se déroulait au Gorée Institute, sur l'île symbole de la traite négrière qui fait face au port de Dakar, à l'occasion de la visite officielle du chef de l'exécutif américain.
"Nous voulions montrer au président de la première puissance mondiale que la jeunesse africaine avait pris conscience de sa force, témoignait alors Fadel Barro. Nous représentons une jeunesse conquérante, qui rejette le fatalisme et refuse de se morfondre."
Né en janvier 2011 dans la maison de cet ancien journaliste d'investigation, le soir d'une énième et interminable coupure de courant, Y'en a marre a, depuis, fait du chemin.
Si le mouvement s'est fait connaître lors des frondes spontanées anti-Wade, entre la réforme constitutionnelle avortée de 2011 et la candidature présidentielle controversée de 2012, sa philosophie ne saurait se réduire à ces premiers faits d'armes.
"Nous ne sommes pas des tombeurs de présidents, rappelle le rappeur Simon, membre de la première heure. Notre ambition, c'est de promouvoir la citoyenneté parmi les jeunes générations et de fonder l'Union africaine des peuples."
Pour la société civile du continent, Dakar est donc devenu l'Addis-Abeba de cette UA informelle dont les piliers sont l'action citoyenne pacifique, le rap, les réseaux sociaux et les grandes figures du panafricanisme.
"Des membres de mouvements originaires de toute l'Afrique sont venus nous voir pour bénéficier de notre expérience, raconte Simon : des gens du Togo, du Niger, du Cameroun, du Bénin, de la RD Congo, du Mali ou du Burkina..."
Les Y'en a marristes sont par ailleurs invités dans différents forums mondiaux, où ils nouent des contacts et densifient leur réseau à la sauce 2.0. C'est dans ce contexte que Fadel Barro a subi quelques déboires en RD Congo.
>> Lire aussi : Y'en a marre, Balai citoyen, Filimbi... : l'essor des sentinelles de la démocratie
En guise de programme, cette nouvelle vague d'activistes entend s'inspirer de l'action de Y'en a marre au Sénégal.
D'un côté, promouvoir l'inscription sur les listes électorales, vulgariser et traduire en langues locales les dispositions constitutionnelles afin de permettre aux jeunes du continent de ne plus rester passifs face à des chefs d'État omnipotents.
De l'autre, étendre à l'Afrique tout entière le concept du "nouveau type de Sénégalais" (NTS) : "Un citoyen qui ne jette plus ses ordures dans les rues, qui rejette la corruption et aspire à changer lui-même son comportement", comme le résume Thiat, du groupe Keur Gui.
Rap et slam
Pour Y'en a marre, l'"Urban Guerilla Poetry" consiste à occuper un bus, un marché ou tout autre lieu public pour sensibiliser ses concitoyens à ces enjeux, en rappant ou en slamant.
Une façon de contourner les interdictions de manifester mais qui, apparemment, a été interprétée comme une rébellion par les services sécuritaires de Joseph Kabila, lesquels soupçonnent Fadel Barro et ses camarades d'être venus "entraîner les jeunes Congolais à préparer des cocktails Molotov".
"Toutes les tactiques que nous déployons sont fondées sur la non-violence", assure pourtant Simon.
>> Lire aussi : pourquoi dix militants congolais sont-ils toujours sous les verrous ?
Quant aux soutiens "extérieurs" dont bénéficierait le mouvement, qui a pu compter ponctuellement sur l'appui de l'Usaid, l'agence américaine de développement, la question suscite l'agacement du Y'en a marriste, qui, gérant lui-même une société d'événementiel, sait parfaitement trouver des sponsors et nouer des partenariats : "Quand nous sommes invités dans un pays, c'est l'organisation invitante qui prend tout en charge. On n'a jamais sollicité une ambassade ni un gouvernement pour mener nos actions."
________
Mehdi Ba
Jeune Afrique
Des membres du collectif Y'en a marre. © Émilie Régnier/JA
"Y'en a marre", le mouvement fondé par cet ancien journaliste sénégalais, fait des émules dans toute l'Afrique.
Son objectif : inciter les jeunes à se conduire en citoyens éclairés.
"Be strong!" ("restez forts !"). Ce sont les derniers mots qu'avait adressés Barack Obama à Fadel Barro, coordinateur du mouvement Y'en a marre, le 27 juin 2013.
La scène se déroulait au Gorée Institute, sur l'île symbole de la traite négrière qui fait face au port de Dakar, à l'occasion de la visite officielle du chef de l'exécutif américain.
"Nous voulions montrer au président de la première puissance mondiale que la jeunesse africaine avait pris conscience de sa force, témoignait alors Fadel Barro. Nous représentons une jeunesse conquérante, qui rejette le fatalisme et refuse de se morfondre."
Né en janvier 2011 dans la maison de cet ancien journaliste d'investigation, le soir d'une énième et interminable coupure de courant, Y'en a marre a, depuis, fait du chemin.
Si le mouvement s'est fait connaître lors des frondes spontanées anti-Wade, entre la réforme constitutionnelle avortée de 2011 et la candidature présidentielle controversée de 2012, sa philosophie ne saurait se réduire à ces premiers faits d'armes.
"Nous ne sommes pas des tombeurs de présidents, rappelle le rappeur Simon, membre de la première heure. Notre ambition, c'est de promouvoir la citoyenneté parmi les jeunes générations et de fonder l'Union africaine des peuples."
Pour la société civile du continent, Dakar est donc devenu l'Addis-Abeba de cette UA informelle dont les piliers sont l'action citoyenne pacifique, le rap, les réseaux sociaux et les grandes figures du panafricanisme.
"Des membres de mouvements originaires de toute l'Afrique sont venus nous voir pour bénéficier de notre expérience, raconte Simon : des gens du Togo, du Niger, du Cameroun, du Bénin, de la RD Congo, du Mali ou du Burkina..."
Les Y'en a marristes sont par ailleurs invités dans différents forums mondiaux, où ils nouent des contacts et densifient leur réseau à la sauce 2.0. C'est dans ce contexte que Fadel Barro a subi quelques déboires en RD Congo.
>> Lire aussi : Y'en a marre, Balai citoyen, Filimbi... : l'essor des sentinelles de la démocratie
En guise de programme, cette nouvelle vague d'activistes entend s'inspirer de l'action de Y'en a marre au Sénégal.
D'un côté, promouvoir l'inscription sur les listes électorales, vulgariser et traduire en langues locales les dispositions constitutionnelles afin de permettre aux jeunes du continent de ne plus rester passifs face à des chefs d'État omnipotents.
De l'autre, étendre à l'Afrique tout entière le concept du "nouveau type de Sénégalais" (NTS) : "Un citoyen qui ne jette plus ses ordures dans les rues, qui rejette la corruption et aspire à changer lui-même son comportement", comme le résume Thiat, du groupe Keur Gui.
Rap et slam
Pour Y'en a marre, l'"Urban Guerilla Poetry" consiste à occuper un bus, un marché ou tout autre lieu public pour sensibiliser ses concitoyens à ces enjeux, en rappant ou en slamant.
Une façon de contourner les interdictions de manifester mais qui, apparemment, a été interprétée comme une rébellion par les services sécuritaires de Joseph Kabila, lesquels soupçonnent Fadel Barro et ses camarades d'être venus "entraîner les jeunes Congolais à préparer des cocktails Molotov".
"Toutes les tactiques que nous déployons sont fondées sur la non-violence", assure pourtant Simon.
>> Lire aussi : pourquoi dix militants congolais sont-ils toujours sous les verrous ?
Quant aux soutiens "extérieurs" dont bénéficierait le mouvement, qui a pu compter ponctuellement sur l'appui de l'Usaid, l'agence américaine de développement, la question suscite l'agacement du Y'en a marriste, qui, gérant lui-même une société d'événementiel, sait parfaitement trouver des sponsors et nouer des partenariats : "Quand nous sommes invités dans un pays, c'est l'organisation invitante qui prend tout en charge. On n'a jamais sollicité une ambassade ni un gouvernement pour mener nos actions."
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Mehdi Ba
Jeune Afrique
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