samedi 26 septembre 2015

«Majorité présidentielle» : l’heure de vérité !


 

A quelques quatorze mois de l’expiration du second et dernier mandat de l’actuel locataire du palais de la nation, les Congolais assistent à une sorte d’accélération de l’Histoire. 

Les alliés d’hier qui avaient contribué largement à la "victoire" de l’"OVNI politique" qu’était "Joseph Kabila" lors de l’élection présidentielle de 2006 sont en passe de devenir les «meilleurs ennemis». 

Les semaines et mois à venir pourraient être riches en rebondissements. Jeudi 17 septembre, le «raïs» a fait retirer bruyamment les policiers qui assuraient la sécurité dans les résidences des caciques «auto-exclus» de la «majorité présidentielle». 

Des témoins assurent que l’opération s’est déroulée avec une certaine brutalité chez José Endundo Bononge, président du PDC.

C’est un sondage d’opinion riche en enseignements réalisé jeudi 17 septembre par radio Okapi, soit 24 heures après l’éviction du ministre du Plan Olivier Kamitatu Etsu et le conseiller spécial en matière de sécurité, Pierre Lumbi Okongo et l’exclusion de sept partis de la fameuse "majorité présidentielle".

Sans prétendre à un caractère scientifique, cette enquête traduit dans une certaine mesure le sentiment suscité au sein de l’opinion congolaise par la crise qui secoue l’oligarchie au pouvoir.

Sur un total de 2.828 internautes, 2.302 soit 81% ont cliqué sur la phrase «le front pour le respect absolu de la constitution va grossir au fil des mois »; 446 votants (16%) ont choisi « les élections se tiendront dans les délais constitutionnels » et 140 (5%), «le front pour le respect absolu de la constitution ne va pas grossir au fil des mois ».

Dans un communiqué au ton stalinien, daté du mercredi 16 septembre, le bureau politique de la mouvance kabiliste demande à tous les membres des bureaux du Sénat et de l’Assemblée nationale "à désavouer publiquement les signataires de la lettre ouverte adressée à Joseph Kabila ou à démissionner". 


Le même message a été adressé à tous les membres du gouvernement dont les partis sont dans le "G7". Que devient, dès lors, l’idée de "partenariat" claironnée en 2006 lors du lancement de la défunte AMP (Alliance de la majorité présidentielle"?

Une dizaine d’années après sa création, le PPRD se comporte en parti dominant et arrogant. La "majorité présidentielle" a pris ainsi l’allure d’une garnison alors qu’il est avant tout une plateforme politique. C’est-à-dire un regroupement de partis. Chaque formation gardant son identité.

Mardi 15 septembre, les auditeurs de Radio Okapi ont été surpris d’entendre André Atundu Liongo, un des "communicateurs" de la MP, reprocher aux membres du "G7" de n’avoir pas respecté la "hiérarchie" en s’adressant directement au président de la République. Un comble!

Jeudi, deux événements majeurs se sont succédé.

D’abord, la démission du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Charles Mwando Nsimba. Celui-ci est le président de l’Unadef (Union nationale des démocrates fédéralistes) et l’un des signataires de la 3ème lettre des « frondeurs » adressée à «Joseph Kabila». Natif de Moba (Katanga), Mwando est considéré comme un « sage ». Il passait pour un des piliers du régime Kabila au Katanga.

Ensuite, l’annonce faite par Mwando Nsimba selon laquelle les sept partis politiques «auto-exclus» de la «Majorité» entendent se muer «prochainement» en une plateforme politique.


Objectif : continuer à défendre les valeurs fondamentales dont le respect de la Constitution.

Rien n’indique cependant que les 78 députés nationaux du "G 7" vont se jeter dans les bras de l’opposition. Une chose paraît sûre : ils vont contester les choix non seulement du gouvernement mais aussi de leur ancienne famille politique. Une sorte d’opposition dans l’opposition.

Il n’est pas exclu que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo fasse l’objet d’une vive interpellation à l’Assemblée nationale afin de justifier la destination donnée à une somme estimée à un milliard USD. Cet argent a été collecté depuis 2012 afin de financer les opérations électorales en 2016.

Dans l’ordonnance présidentielle portant révocation du ministre Kamitatu, on peut lire qu’il est "reproché" à celui-ci "des manquements graves dans l’exercice de ses fonctions". 


En langage moins ésotérique, l’ex-secrétaire général du MLC est "puni" pour avoir violé "l’obligation de réserve et de discrétion en toute circonstance à laquelle sont soumis les membres du gouvernement". 

L’intéressé rétorque qu’il n’y a pas de débat au sein de la majorité. C’est ainsi que les "frondeurs" avaient jugé bon d’écrire au chef de l’Etat. 

Pierre Lumbi, lui, est révoqué pour «manquements graves aux devoirs déontologiques auxquels sont soumis les membres du cabinet du Président de la République.»

En réalité, en dépit de leur "collaboration" avec "Joseph Kabila", les "frondeurs" ont dit à haute voix ce que murmure la grande majorité des Congolais.

Parti cher à l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité, le MSR (Mouvement social pour le renouveau) a renouvelé sa confiance à Pierre Lumbi ainsi qu’au combat qu’il mène "depuis plusieurs décennies pour la fondation et l’émergence d’un Etat de droit en République démocratique du Congo". 


Ce parti a, par ailleurs, réaffirmé son "soutien indéfectible au G7 dans son combat pour le respect de la constitution et des valeurs républicaines et démocratiques". Ce parti a besoin d’un temps de réflexion avant de se déterminer.

Le comité directeur de l’ARC (Alliance pour le renouveau du Congo) a renouvelé jeudi son "soutien" à son président, Olivier Kamitatu Etsu. 


Le parti affirme aussi son « soutien indéfectible au G7 dans son combat visant le respect de la constitution et de valeurs républicaines et démocratiques ». 

Des observateurs restent réservés sur la "fidélité" des membres du gouvernement dont les partis sont représentés au "G7".

La "majorité présidentielle" vit son heure de vérité... 

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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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