samedi 26 septembre 2015

Kinshasa : la 3ème lettre du "G7" plombe la "MP"


"Joseph Kabila" et Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale et secrétaire exécutif de la "majorité présidentielle"

Depuis la divulgation de la 3ème lettre lui adressée par les "frondeurs", "Joseph Kabila" se confine dans son attitude favori: le mutisme. La série des révocations et démissions parle en ses lieu et place. 


Au-delà du discours serein claironné par quelques rentiers de la "Majorité présidentielle" (MP), "l’autorité morale" de cette plateforme serait dans tous ses états, dit-on. L’homme est réputé faible au plan psychique. 

Il y a désormais un avant et un après 14 septembre 2015. La "MP" est plombée et amorce son agonie. Adieu climat politique apaisé.

"La critique n’a jamais tué ce qui doit vivre, et l’éloge surtout n’a jamais fait vivre ce qui doit mourir", a pu dire Chateaubriand.

Près de deux semaines après la divulgation de la 3ème correspondance adressée à "Joseph Kabila" par les sept "frondeurs" de la "MP", ceux-ci sont voués aux gémonies. Les membres des sept formations politiques qui occupaient des postes de responsabilité sont placées devant une cruelle alternative : désavouer leur chef ou se démettre. 


La lâcheté et l’opportunisme ont incité certains d’entre eux à tourner le dos à leur dirigeant respectif jurant "fidélité" à l’"autorité morale" de la MP. C’est le cas notamment de certains parlementaires et ministres provinciaux.

Dans une interview qu’il accordée mercredi 23 septembre à radio Okapi, le sénateur Jacques Djoli Es’Engekeli, professeur de droit à l’université de Kinshasa, a eu ces mots : «Lorsqu’on quitte volontairement un parti, on perd le mandat acquis sous le label de ce parti». En cas de différend, il revient aux tribunaux de trancher.

Deux semaines après, l’onde de choc de la 3ème lettre des "frondeurs" continue à secouer les fondements de la mouvance kabiliste. Et ce en dépit de la fausse sérénité qu’affichent, sans convaincre, certains caciques de l’oligarchie en place.

"Faire bloc"

Depuis le 14 septembre, des voix pour le moins hypocrites s’élèvent pour aller à la rescousse d’un "Joseph Kabila" qui ne s’est jamais senti redevable de quelques explications à la population. "Kabila", le"taiseux", laisse ses "petits soldats" exercer le ministère de la parole par "procuration".

Au total, les sept "frondeurs" sont "accusés" non seulement de "rébellion" mais aussi de "faire un procès d’intention" à l’encontre de "l’autorité morale" de la MP alors que celle-ci n’a jamais dit qu’il ne respecterait pas la Constitution.

Qui oserait affirmer que les sept leaders politiques précités sont exempts de reproches au regard des années passées aux côtés de "Joseph Kabila"? Personne! 


Reste que le débat suscité par le "G7" va dans le sens des préoccupants du grand nombre. Les déclarations d’attachement et autres marches de soutien en faveur du "raïs" ne changeront rien. "Kabila" est vomi par la grande majorité de la population. Le compte à rebours est enclenché.

Sur un air de "je vais bien , tout va bien" qui ne trompe personne, les députés nationaux de la majorité se sont retrouvés dimanche 20 septembre dans un hôtel de la capitale. 


L’objectif, disaient-ils, est de "faire bloc". Tels des "caporaux" soumis au diktat d’un "général", les 315 parlementaires présents ont été contraints de signer une lettre de confirmation de leur "soutien" à "Joseph Kabila". 

"L’initiative des frondeurs est un coup d’épée dans l’eau", a bredouillé Ramazani Shadari, le chef du groupe PPRD à la chambre basse du Parlement.

Marche de soutien

Mardi 22 septembre, le gouverneur de la province démembrée du Kasaï Oriental, l’ex-négociant en diamant Alphonse Ngoy Kasanji, n’a pas trouvé mieux que de recourir aux pratiques anachroniques de la IIème République. 


Il a organisé une "marche de soutien" en faveur de "Joseph Kabila". Un comble dans un Etat pluripartite. Le gouverneur Ngoyi Kasanji a déclaré que la marche organisée à Mbuji-Mayi «démontre à la face du monde le soutien de la population au président Joseph Kabila malgré le départ des membres du G7».

A Kisangani, une marche de soutien a été également organisée. 


Le vice-gouverneur de l’ex-Province Orientale Pascal Mombi - dont la carrière est soumise aux aléas du découpage territorial - a pris la tête de cette manifestation. Les députés nationaux et provinciaux, le maire de la ville de Kisangani, les bourgmestres de six communes se sont joints à lui.

Et revoici le "pasteur Daniel"

Mercredi 23 septembre, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendance, le très sulfureux Daniel Mulunda Ngoy Nyanga est sorti - une fois de plus - de son silence pour blâmer les "frondeurs". 


Selon lui, les "revendications" (sic!) du "G7" sont " inopportunes et dangereuses ". Inopportunes et dangereuses par rapport à qui, par rapport à quoi? Mulunda reste muet.

Adepte de la thèse du "complot", Mulunda qui ne va jamais jusqu’au bout de sa pensée d’estimer que le moment choisi pour rédiger cette lettre est "politiquement motivé". 


Le "pasteur" de brandir une menace à peine voilée en rappelant que "les frondeurs d’aujourd’hui oublient qu’ils ont été jusque-là des gestionnaires de la chose publique et que leur lettre ne les exonère pas de rendre un jour compte à la nation". 

Que dire de lui-même après les consultations politiques chaotiques du 28 novembre 2011 et ses conséquences en termes des vies humaines broyées?

Assurer l’alternance démocratique

Une chose paraît désormais certaine : la "majorité présidentielle" amorce le temps des vaches maigres. L’agonie ne serait plus qu’une question de temps. La MP va connaitre le sort réservé à toute structure contre-nature. 


L’alinéa 3 de l’article 69 de la Constitution promulguée le 18 février 2006 érige le Président de la République en "arbitre". "Il assure par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que la continuité de l’Etat. (...)". 

En France, le chef de l’Etat est considéré comme étant l’"arbitre suprême". 

Peut-on concilier le rôle d’arbitre à celui d’"autorité morale" d’une majorité aux allures de "clan"? Qui s’occupera de l’intérêt général? "Joseph Kabila" n’est-il pas tombé dans son propre piège?

Signe du désarroi qui règne au sein de la mouvance kabiliste où ce qui en reste, le ministre de la Communication et des médias Lambert Mende Omalanga a annoncé jeudi 24 septembre la mise sur pied d’un machin aux allures de fuite en avant dénommé "Forum citoyen". 


"Pendant deux jours, a-t-il expliqué, les participants, notamment des journalistes, vont échanger afin de façonner et rendre tangible l’image de marque forte de la RDC et sortir des sentiers battus". 

"Nous avons l’impression qu’on s’alimente souvent aux mauvaises sources pour parler de la République démocratique du Congo", a regretté un Mende qui semble découvrir ce que tout le monde savait déjà.

Dans l’exposé des motifs de la Constitution en vigueur, les législateurs de 2005 ont énuméré les "préoccupations majeures" ayant présidé à l’organisation des institutions du pays. 


A savoir: assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat; éviter les conflits; instaurer l’Etat de droit; contrer toute tentative de dérive dictatoriale; garantir la bonne gouvernance; lutter contre l’impunité et assurer l’alternance démocratique. En réalité, les "frondeurs" n’ont rien inventé... 
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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