mercredi 7 octobre 2015

Mlouma, une plate-forme qui connecte agriculteurs et acheteurs sénégalais

05/10/2015
 
  

© Mlouma | Un agriculteur utilisant le service Mlouma au Sénégal.

Comment permettre à l’agriculteur d’une ville reculée du Sénégal de vendre sa récolte aux Dakarois à meilleur prix? C’est à cette question qu’essaye de répondre Mlouma, une startup sénégalaise lauréate du Challenge API en 2014.

Mlouma fonctionne comme une bourse agricole virtuelle connectant les paysans aux clients et consommateurs potentiels afin de leur permettre de mieux vendre leurs productions. Concrètement, l’entreprise fondée par Aboubacar Sidy Sonko propose une alternative aux intermédiaires onéreux qui transportaient les vivres vers la capitale.

Le principe est simple. Lorsqu’un produit spécifique est affiché en ligne, les acheteurs potentiels sont prévenus par alertes SMS. Ils peuvent alors passer un ordre d’achat via leur téléphone portable.

Il existe deux façons de faire. L’offre peut être mise en ligne par le paysan directement. S’il n’en a pas la possibilité, il peut aussi se faire assister par des personnes physiques via un centre d’appel pour réaliser les achats et/ou ventes de produits. Ce service permet de prendre en compte les clients qui ne sont pas instruits.

Diffuser les bonnes pratiques

Mlouma souhaite aussi développer une communauté constituée de tous les acteurs du secteur agricole au Sénégal, l’idée étant de diffuser les bonnes pratiques.

Mlouma repose essentiellement sur le système USSD : en clair, agriculteurs et acheteurs peuvent échanger, via SMS et sans Internet. Il leur suffit pour cela d’avoir un forfait mobile ponctuel ou par mois. Un partage de revenus se fait ensuite entre Mlouma et l’opérateur de téléphonie mobile. Un site internet est également disponible.

Aujourd’hui, la plate-forme travaille avec plusieurs groupes qui rassemblent 10 000 paysans de la zone maraîchère de Saint-Louis, Dakar, Louga, Thiès et Ziguinchor.

Cependant, plusieurs défis restent à relever. La majorité des exploitants ne sont pas habitués aux nouvelles technologies et plusieurs villes du Sénégal restent à couvrir. “Nous voulons également toucher d’autres secteurs comme l’élevage et la pêche” ajoute Aboubacar Sonko.

L’innovation technologique pour les Africains et par les Africains

Fils de paysans et ingénieur informaticien de formation, Aboubacar Sidi Sonko reste confiant quant à l’avenir de son service. Plus qu’une simple source de revenus, il voit en Mlouma un moyen d’aider la communauté d’où il est issu et qui a longtemps été lésée par les intermédiaires.

Après avoir gagné le Challenge API, Aboubacar Sidi Sonko a été sélectionné cette année dans le cadre du programme Young African Leaders Initiative (YALI). Ce programme propose aux jeunes élites africaines des stages de leadership dans certaines des universités les plus prestigieuses des États-Unis.

Cette année, le challenge Développeurs AMEA Orange 2015 est ouvert aux start-ups de onze pays africains (Botswana, Cameroun, Côte d’Ivoire, Égypte, Guinée-Bissau, Guinée, Sénégal, Mali, Niger, RD Congo et Tunisie), avec comme objectif de doper l'innovation technologique. À la clé, 10 000 euros.

Dix start-ups sont invitées dans chaque pays à participer au concours qui s’achèvera à la fin du mois d’octobre. Orange mettra à disposition des candidats trois interfaces de programmation (SMS, USSD et Direct Operator Billing) accessibles depuis une plate-forme de test. 

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Sinatou SAKA 

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