lundi 25 octobre 2010

Paul Kagame défie l'Occident

Rédaction en ligne
mardi 26 octobre 2010, 06:29

Pour la première fois depuis le rapport de l'ONU, début octobre, le président rwandais Paul Kagame sort de son mutisme. « Ce rapport manque d'honnêteté », dit-il, en « colère ». L'intégralité de l'entretien dans Le Soir

Paul Kagame défie l'Occident
(Belga)
Pour la première fois depuis le rapport de l'ONU, début octobre, accusant l'armée rwandaise de massacres anti-hutus au Congo, de 1996 à 2002, le président rwandais Paul Kagame sort de son mutisme. Dans l'entretien qu'il accorde, depuis Kigali, à Colette Braeckman, envoyée spéciale du Soir, il fait part de « la colère » avec laquelle il a pris connaissance du rapport l'accablant. « Ce rapport manque d'honnêteté, dit-il. Il est tronqué et révèle les intentions malveillantes de ses auteurs. Il est influencé par certaines organisations de défense des droits de l'homme, comme Human Rights Watch… Ces gens veulent-ils créer le chaos dans la région ? »
Pour Paul Kagame, « la publication de ce rapport confirme certains de mes soupçons : je me demande si certains ne sont pas opposés à ce que l'Afrique se développe, qu'elle aille de l'avant… C'est comme s'il y avait deux mondes : l'un au Nord, qui continue à aider l'autre, qui se sent bien dans ce rôle, et l'autre, qui se maintient dans le chaos, la souffrance, l'incompréhension. Je veux briser ce cycle. »
Embrayant sur un véritable réquisitoire anti-Occident, le maître du Rwanda, dit s'interroger : « Les Européens se demandent ce que font les Chinois en Afrique ? Ils feraient mieux de se demander ce qu'eux, ils ont réalisé au cours des 50 dernières années ? En quoi l'Afrique a-t-elle bénéficié de ses contacts avec l'Europe ? Parfois je me demande s'il n'a pas été assigné à l'Afrique la vocation de rester un lieu dont d'autres exploitent les richesses, où ils exercent leur compassion, un continent qui ne peut pas faire de choix par lui-même. L'Afrique doit pouvoir s'exprimer par elle-même… »
Sur la façon très autoritaire dont il administre le Rwanda, l'ancien chef de guerre récemment réélu rétorque : « Voyez les faits : lors des élections, les gens étaient littéralement euphoriques. Des centaines de milliers de personnes ont fêté le résultat. Comment croire que ces gens étaient forcés ? Les gens voudraient peut-être que nous soyons un pauvre petit pays mendiant sa nourriture, que nous soyons comme une réserve où les étrangers viendraient pour nourrir les animaux, à condition que ces derniers disent merci… Nous voulons être de fiers Rwandais, de fiers Africains. Mais tout le monde ne se réjouit pas des progrès d'un pays comme le nôtre. »

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