vendredi 19 novembre 2010

Sénégal : Idrissa Seck exige de Wade des primaires

Idrissa Seck, ancien Premier ministre du Sénégal (à droite) et le président Me Abdoulaye Wade (Ph : leral.net))Abdoulaye Wade, président de la République « candidat autoproclamé du Pds » doit « se ressaisir » et organiser des primaires. But de la manœuvre, selon Idrissa Seck qui en a fait l’exigence, après la prière de la Tabaski mercredi dernier, « identifier un ou deux candidats de qualité, de manière à ce que si le candidat titulaire a des problèmes, l’acteur remplaçant soit dans la même forme ». Le maire de Thiès a en outre, argumenté pour persister sur l’inconstitutionnalité de la candidature du président Wade à la présidentielle de 2012.

Idrissa Seck compte aller jusqu’au bout de sa logique, après avoir signifié à Me Wade l’irrecevabilité de sa candidature à la présidentielle, par le biais d’une correspondance. À la Grande mosquée de Moussanté où, comme à son habitude, il a prié sous la direction de l’imam ratib Cheikh Babacar Ndiour, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck a invité « le candidat autoproclamé de (leur) parti », Me Wade, à « se ressaisir ». Car des « avis unanimes » des « éminents constitutionalistes sénégalais » et de « nombre de spécialistes français en la matière » il en tire la conclusion qu’« aucun président de la République n’a droit à un troisième mandat. Le nombre de mandats reste limité à deux ».
« Aucun président de la République n’a droit à un troisième mandat »
Le maire de Thiès a aussi rappelé que « le Pds a un règlement intérieur dont les dispositions sont claires en matière de candidature à l’élection présidentielle. L’article 20 dit que c’est sur proposition du Bureau politique ou de la Convention nationale que le Congrès du parti investit un candidat ». Et, indique-t-il : « Nous n’en sommes pas encore là. Je ne considère donc pas aujourd’hui que le Pds, en tout cas, ait encore un candidat à l’élection présidentielle de 2012 ». Ce à quoi il invite, « c’est qu’on en discute justement pour gérer le risque qu’à 29 jours du scrutin, le Conseil constitutionnel prive le Pds de la possibilité de participer à la compétition électorale en invalidant la candidature du président de la République sortant et du Secrétaire général national actuel du parti. Ce risque-là, nous devons le traiter ».
Indépendamment des points de vue juridique et politique, l’ancien Premier ministre, s’inspirant de la philosophie des grands clubs et entraîneurs de football qui remportent des coupes dans le monde avec des joueurs titulaires et remplaçants qui sont préparés tous dans la même rigueur, trouve judicieux pour le Pds « d’avoir deux, trois candidats d’assez bonne qualité pour que, s’il arrive à l’un quelque chose pour une raison ou pour une autre, l’autre puisse garantir la présence du parti à la compétition ». Donnant un exemple, il rappelle le « dernier mondial de football, si la Côte d’Ivoire avait un autre Drogba, elle n’aurait pas été traumatisée par la blessure de Drogba ».
Le but de sa démarche : « si le candidat titulaire a des problèmes, le remplaçant soit dans la même forme »
Il précise : « lorsque les grands partis organisent des primaires, c’est dans ce but qu’ils le font, mais pas seulement pour régler une querelle entre acteurs ». Se voulant plus précis, Idrissa Seck explicite sa pensée : « C’est pour permettre à notre parti d’identifier un ou deux candidats de qualité, de manière à ce que si le candidat titulaire a des problèmes, l’acteur remplaçant soit dans la même forme. Voilà le but de ma démarche ».
Au-delà de la discussion interne au niveau du Pds, le maire de Thiès pense que la question de « l’État de droit et du respect de la loi », en particulier de « la Loi fondamentale », est une question qui concerne chaque citoyen et même les partenaires au développement. Cela, « conformément au premier fondement en matière démocratique ». Pour lui, « si on admet que la loi (la Constitution) soit violée, ce n’est pas la peine de se battre pour le processus électoral, le fichier électoral. Ça n’aura plus aucune importance ». La seule bataille qui vaille aujourd’hui, aux yeux d’Idrissa Seck, c’est de faire en sorte que « tout le monde, le président de la République en premier, respecte la Constitution et les lois de ce pays ».
« Il faut se prémunir contre des troubles qui naissent d’une violation de la loi »
Ainsi, il invite tous les citoyens, en particulier ceux qui parmi ces derniers ont des positions influentes (les chefs religieux, les grands artistes et intellectuels, la société civile, les journalistes) à se mobiliser autour de « cette notion de respect par tous de la loi, surtout de la Loi fondamentale ». « Il faut se prémunir contre des troubles qui naissent d’une violation de la loi. J’approuve tout ce qui est convenable, je condamne tout ce qui est blâmable », a ajouté Idrissa Seck, selon qui, « sans vérité, il n’y a pas de paix, il n’y a pas de stabilité, il n’y aura pas de tranquillité », lesquelles demeurent indispensables à « l’éclosion des talents de tous les Sénégalais » et sans lesquelles « il n’y a pas de développement possible ». La paix étant pour Idrissa Seck « un arbre qui ne pousse que dans la terre de la vérité et de la justice », il se devait, sur cette matière, de s’intéresser à savoir ce qu’est la « vérité ». Le maire de Thiès, qui assure avoir été formaté de la sorte, révèle d’ailleurs avoir toujours dit la vérité à Me Wade, et compte, jusqu’à l’extinction du soleil, lui tenir le même langage. Seulement, il dit l’avoir toujours fait avec « douceur » et « gentillesse ». « Ce qui ne compromettra jamais le message, son contenu et son essence qui demeureront en toute circonstance la vérité ».
Tidiane CAMARA (Correspondant) - LE POPULAIRE

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