samedi 6 novembre 2010

Sénégal/Côte d’Ivoire : Un Cheval de Troie nommé Wade

Laurent Gbagbo, Abdoulaye Wade et Alassane Ouattara (Ph D.R.)(AfriSCOOP Rédaction) — C’est à croire que le vieux président sénégalais adore faire parler de lui. Il aime ça, c’est son délire. En bien ou en mal, il s’en moque comme de l’an 40 dès l’instant qu’on prononce son nom en dehors des frontières sénégalaises. Sauf que sa dernière trouvaille comporte des risques et peut avoir un effet boomrang sur ses propres désidératas mais aussi et surtout sur le vécu de ses administrés vivant chez Gbagbo.

De plus, dépêcher un avion à Abidjan pour cueillir « Ado » en faisant supporter au contribuable sénégalais tous les frais n’est pas si lumineuse que ça comme idée pour plusieurs raisons. Que ce soit Gbagbo ou Ouattara, ce n’est pas un président ivoirien qui va régler les problèmes des Sénégalais.
Un argument de campagne inespéré pour Gbagbo
Les autorités ivoiriennes qui ont vite fait de l’accuser d’ingérence ne s’y sont pas trompées, tactiquement parlant. C’est en effet une aubaine pour Gbagbo et sa clique de mieux défendre son argumentaire consistant depuis toujours à traiter son rival d’aujourd’hui au second tour de « candidat de l’étranger ».
Populiste hors pair, démagogue combattant et tenace (ce n’est pas feu le général Robert Gueï qui me démentira outre-tombe), Laurent Gbagbo et sa majorité présidentielle ne rate aucun fait susceptible d’être exploité à des fins politiciennes. Compaoré (l’ennemi juré devenu l’ami intime), Chirac et MAM (ancienne ministre française de la défense) en savent bien quelque chose.
Mais on ne reprochera pas à la douce moitié de Simone d’avoir pris la balle au bond en ces temps de second tour incertain. Tous les mots (ou M-A-U-X) sont bons pour décrédibiliser un adversaire qui mathématiquement a plus de chances de remporter l’élection présidentielle prévue fin novembre. Y compris une rupture des relations diplomatiques avec un pays qui n’est pas si frère que ça.
Avouons le net, Wade n’a pas bonne presse du côté de la lagune Ebrié. Et ce, depuis qu’il s’est soucié, non sans démagogie du sort des Burkinabé chez leurs voisins ivoiriens (de quoi je me mêle !). Une première bourde diplomatique à l’aube de sa présidence qui avait une influence très négative sur le sort des Sénégalais résidents en Côte d’Ivoire.
Et Ado dans tout ça ?
Ce dernier incident diplomatique pèsera peut-être un peu moins lourd même si Yamoussoukro (on a tendance à l’oublier mais c’est la capitale ivoirienne) parle de « conspiration » et Dakar d’ « accusation grave ». Mais le mal est déjà fait surtout que les deux ennemis avaient fumé le calumet de la paix avec des déplacements historiques de Gbagbo à Dakar et de Wade en Abidjan en Avril 2010.
Comment a-t-il pu accepter un tel déplacement dont les conséquences sur l’élection peuvent lui être désastreuses ? Ignore-t-il les accusations que le camp Gbagbo ne cesse de proférer en son encontre ? Peut-être bien que d’Abobo à Korogho, il n ’y a pas suffisamment de vieux sages capables de lui prodiguer des conseils pour remporter un second tour même si on est devancé au premier. Ceci expliquerait cela…

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