Les médias sont-ils plus libres à Abidjan qu'à Paris ? La question est évidemment provocatrice, mais il faut bien reconnaître que le paysage médiatique français ne se montre guère ouvert au débat sur la question la Côte d'Ivoire. Les choses commencent à bouger doucement en France, Kernews n'est pas étrangère à cela, mais, alors que les débats s'enflamment à Abidjan, entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, à Paris, le discours reste assez monolithique. C'est tout l'objet du débat entre Yannick Urrien et le politologue Michel Galy, chercheur au Centre sur les conflits et animateurs de la revue «Culture et conflits». Michel Galy était l'invité de Yannick Urrien jeudi 6 janvier dans le magazine de 8h10 pour aborder cette question sensible de la désinformation sur la question ivoirienne. Écoutez, vous comprendrez beaucoup de choses…
(Durée: 16 minutes). Pour écouter l'entretien cliquez sur le bouton lecture:
Quelques extraits de l'intervention de Michel Galy :
«L'opinion est très formatée. À Abidjan, vous avez deux camps et une presse très plurielle et vous entendez deux sons de cloche. À Paris, on n'en entend qu’un, il y a une uniformisation très curieuse des médias, une sorte de formatage de l'opinion publique. En effet, à Abidjan, Alassane Ouattara et Guillaume Soro sont enfermés à l'Hôtel du Golf et ils sont extrêmement isolés. À l'international, vous avez l'image inverse… C'est un véritable contraste sur le plan médiatique».
«Il y a des médias qui sont quand même aux ordres, comme France 24 au Radio France Internationale, qui dépendent du Quai d'Orsay et donc un peu de l'Élysée. Il y a des groupes minoritaires au sein de ces médias qui m'appellent et qui me disent qu'ils ne peuvent pas parler, mais cela ne les empêche pas de penser. À côté, il y a une image dominante, c'est lié à cet effet miroir entre la France et la Côte d'Ivoire, et cela devient plutôt malsain cinquante ans après l'indépendance».
« Il n'y a pas une distribution d'enveloppes qui fait que les journalistes seraient à la solde d’Alassane Ouattara, mais il y a une opinion tellement dominante qu'il devient très difficile d'aller à l'encontre et surtout un manque de recul. J'étais à Abidjan avec un certain nombre de journalistes, au moment du second tour, et, depuis 2002, la rébellion était très ouverte à l'égard des médias étrangers. Ce sont les hélicoptères de l’ONUCI qui toute la journée transportent les journalistes à l'Hôtel du Golf pour interviewer Guillaume Soro, qui en remet sur l'intervention militaire en ce moment, et qui s'appuie très directement sur les médias internationaux. En sens inverse, il y a une sorte de minimisation du rôle de la presse internationale par le gouvernement de Laurent Gbagbo, avec cette thèse sous-jacente, que lorsque l'on a une position juste, cela suffit, les médias suivront… »
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