mardi 4 janvier 2011

RDC : une éplucheuse de manioc réduit le temps de travail


Par  Le Potentiel
En expérimentation depuis juillet 2010, l’éplucheuse de manioc inventée par le colonel Zéphyrin Ndombi se révèle une solution au fastidieux travail manuel. La perspective de l’épluchage mécanique va beaucoup réduire le temps mis par les femmes pour le rouissage et faciliter l’accès rapide à une farine de meilleurs aspect et qualité.
Debout dans l’atelier mécanique de l’Institut supérieur pédagogique technique de Kinshasa (ISPT/Kin) fin décembre, les ingénieurs de l’IITA (Institut international d’agriculture tropicale) suivent attentivement la démonstration de Friendship, l’éplucheuse locale de manioc inventée par Zéphyrin Ndombi, un colonel des FARDC (Forces armées de la RD Congo).
La machine met 15 secondes pour éplucher un tubercule de manioc de 7cm de diamètre, long de 20cm et pesant ± 800g. Ce dernier est placé entre les deux bras de fixation. On pose le couteau sur le manioc et on presse un bouton, le moteur fait tourner le tubercule qui, dans sa rotation, se débarrasse de son écorce.
En fin d’épluchage, on dégage le couteau, on libère le manioc et on est prêt pour reprendre le cycle. Friendship est une petite machine toute simple qui fonctionne avec l’équivalent d’un moteur de mobylette.
Attentes et espoir des planteurs
Tout calcul fait, en une heure la machine produit près de 200 kg de manioc. L’officier des FARDC explique que dans le processus de transformation du manioc, l’épluchage est l’opération la plus fastidieuse surtout lorsqu’il est fait à main nue. « Ce fait, explique-t-il, réduit la marge bénéficiaire de beaucoup, ce qui décourage les planteurs à cultiver le manioc à grande échelle ». Le témoignage de Simon Mvumbi, un élu local, propriétaire de grandes concessions agricoles à 50 km de Matadi, confirme les propos du militaire.
« Pour éplucher à la main du manioc en provenance d’un champ d’environ 5 ha, je dépense beaucoup d’argent pour payer les femmes que j’engage pour cette fin. Cela absorbe souvent une part importante d’investissement. Mais avec l’invention de ce militaire, c’est sûr que je dépenserai moins. Question seulement qu’il mette au plus vite sa machine à la disposition de nous autres cultivateurs ».
Alain Huart, ancien conseiller au ministère de l’Agriculture, explique que la RDC produit entre 15 à 17 millions de tonnes de manioc par an. « Le manioc est l’une des principales cultures vivrières du pays et l’aliment de base d’une majorité de notre population. Environ 5 familles sur 10 vivent chaque jour grâce au manioc ».
La perspective de la mécanisation de l’épluchage réjouit ainsi tous les intervenants dans la chaîne de production du manioc en tubercule jusqu’à la transformation en farine.
Expérience des milieux ruraux
Mais Mvumbi, comme d’autres planteurs, devra prendre encore patience, car pour l’heure, l’inventeur est à l’étape des essais. Les prototypes actuellement en expérimentation ne peuvent produire autant de manioc comme le fait l’éplucheuse importée qui fonctionne au plateau des Bateke, à 80 km de Kinshasa.
C’est pourquoi l’inventeur veut avant tout améliorer la vitesse de ses machines pour qu’elles arrivent à éplucher plus d’une tonne de manioc en six heures, ensuite penser à « les commercialiser en association ou en achetant le brevet ».
L’officier a suivi une formation à l’Ecole du génie de Jambes en Belgique puis à l’Ecole d’application du génie d’Angers en France. Il a eu à diriger le Centre d’encadrement, de production agricole de reconstruction et de développement (CEPARD) de Kanyama Kasese dans le Katanga avant d’être ensuite envoyé au Bas-Congo où il a dirigé le Service national dans la vallée de Nkundi et à Seke-Banza avant d’être rappelé à Kinshasa.
C’est de ses nombreuses expériences en milieux ruraux que lui est venue l’idée de mettre au point cette machine « pour alléger les souffrances des femmes qui doivent éplucher à la main de grande quantité de tubercules ».
Friendship a valu à son initiateur la reconnaissance de la qualité d’inventeur et chercheur par un jury constitué de représentants du ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire et ceux de la Recherche scientifique et par des chercheurs des Instituts supérieurs techniques de la RDC lors de deux matinées scientifiques en 2007.
Syfia/LP

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