mercredi 23 février 2011

Kadhafi, la fin ?

« Le « roi des rois d’Afrique » dans l'œil du cyclone », voilà bien « la plus inattendue des conséquences des remous sociaux dont sont actuellement l’objet les pays arabes », écrit Guineeconakry.info . C'est le sujet dominant, ce mardi 22 février 2011, dans de nombreux quotidiens africains, notamment dans la presse algérienne. A la une de La Nouvelle République , apparaît le visage fatigué du dirigeant libyen, appuyé sur son poing droit, avec ce point d’interrogation : « Kadhafi, la fin ? ». Le leader sera-t-il la prochaine victime de cette « vague de démocratisation », s'étonne La Tribune , toujours à Alger. L'étonnement, la stupeur... C'est bien le ton de la presse de ce mardi qui pensait le colonel inébranlable.
La presse algérienne revient largement sur le bain de sang de ces derniers jours, sur cette «réponse foudroyante» (...), annoncée par les autorités. Elle « est visible dans les hôpitaux, les morgues et les cimetières », commente Le Quotidien d'Oran . Pour L'Expression , les « déclarations du fils du colonel Kadhafi (...) estimant que son pays est proche de la guerre civile, poussent de fait au crime, par l’incitation de Libyens à combattre d’autres Libyens ». « Quatre décennies de pouvoir absolu ont fait perdre le sens des choses au clan de la tribu des Kadhafi [qui signifie] littéralement « gicleurs » de sang, ou « buveurs » de sang, comme l’expliquait complaisamment, il y a quelques années, le dirigeant libyen à un magazine français ».
Ce qui se passe en Libye est pour La Nouvelle République , « un scénario à la tunisienne, avec plus de folie meurtrière et plus de sang, à la mesure de la mégalomanie du personnage qui a présidé à la destinée de ce pays ». Une contestation qui « s’annonce comme la plus dure depuis le début des révoltes dans les pays arabes », annonce L'Expression . « Débordé par la révolution, [Kadhafi] n’a plus de choix, sinon celui de l’exil forcé », écrit Le Potentiel en République démocratique du Congo. Après Ben Ali en Arabie saoudite, « reste à savoir vers quel pays l’homme fort de Tripoli va commencer un nouvel épisode d’errance ».
Le silence des diplomaties occidentales
La presse africaine commente aussi le manque de fermeté de la communauté internationale après les répressions sanglantes de ces derniers jours. Et tout le monde en prend pour son grade, à commencer par les puissances occidentales. Des réactions jugées, « mesurées et presque timides », face à un « massacre à huis clos » note La Tribune  en Algérie. La Nouvelle République s'interroge aussi sur ce silence, face à « des images insoutenables d’une guerre atroce ». Liberté , toujours en Algérie, accuse l'Occident de « fermer les yeux et [de] laisser le régime libyen faire régner l’ordre, lui seul pouvant contenir la menace d’une immigration clandestine massive [vers l'Europe] ». « Avant de partir, le colonel aura été au bout de sa logique de terreur, note le quotidien. Et le reste du monde au bout de sa cupidité ». Mais au Mali, Le Républicain  épingle aussi l'Union africaine : « Dommage qu’à Addis-Abeba et dans bien d’autres capitales africaines, le silence l’ait emporté ». « Il faudra (...) après les opportunités manquées se demander quel crédit restera à l’organisation continentale à la fin de ce cycle de colères justes et de révoltes légitimes pour une Afrique qui gagne », prévient le journal de Bamako.
Et l’après-Kadhafi ?
« La "révolution de jasmin" et celle du Nil sont sur le point d’épingler à leur tableau de chasse une troisième pièce de choix », note L'Expression  en Algérie. « Une pièce du puzzle indispensable, à la recomposition d’un Maghreb dépouillé de ses oripeaux ».
Mais comment le pays peut-il survivre au départ de Kadhafi ? «La Libye n’est pas comme la Tunisie ou l’Egypte (...), poursuit le journal. Il n’y a ni société civile, ni partis politiques». « Un État sans institutions, renchérit le quotidien Liberté . « Entre le "Guide de la révolution" et le peuple, c’est le vide total. Ce sont les chefs de tribu qui gèrent à travers les « comités populaires ». Alors, comment tout reconstruire, s'interroge la presse, des institutions aux relations diplomatiques ? « Si le marché du pétrole a réagi par une hausse, note Le Républicain au Mali, il est par contre difficile d’anticiper les relations entre l’Afrique et la Libye sans Kadhafi l’Africain. Au Mali, en particulier, où l’investissement libyen s’est accru ces dernières années ». Le quotidien qui s'inquiète aussi de la situation « de plusieurs milliers de Touaregs maliens enrôlés dans la sécurité du Guide mais qui pourraient être indésirables en Libye après lui ».

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