Métier ingrat
Par RICH NGAPI
L'Université congolaise se meurt. Les professeurs succombent l'un après l'autre. On les enterre, hélas ! presque vivants. Faute de moyens pour se faire soigner. Eux qui consacrent toutes leurs énergies au service de la Nation, se voient payer en monnaie de singe. Minés par la maladie et la misère, la plupart d'enseignants, s'ils n'entrent pas dans la politique, finissent leurs jours comme de minables vauriens. Au bout du compte, ce sont des " loques humaines " qu'on expédie à la tombe. Sans état d'âme. De ce drame nous pouvons tirer trois conséquences : le mauvais traitement, le cumul et la relève.Le mauvais traitement. L'enseignement, " Notre beau métier " serait-il devenu un métier ingrat ? Certainement. Des illustrations sont nombreuses : la semaine dernière, deux profs de l'Université de Kinshasa (UNIKIN) sont morts d'une " mort subite ". A l'instar de ces deux, beaucoup d'autres ont trépassé dans des conditions similaires. Parfois pour des cas qu'on pouvait sauver s'il y avait une moindre volonté politique. Le mauvais traitement du personnel enseignant est la première cause de la mort précipitée des professeurs. Nombreux sont sur la liste d'attente.
Le cumul. Hormis cette première cause, les professeurs (congolais) meurent à cause du cumul et du trop plein de la charge horaire. Il faut le dire, nos profs ne se reposent plus. On dispense des enseignements ici et là, de jour comme de nuit, du 1er au 30, de janvier à décembre. Sans arrêt, sans repos, sans sommeil, sans vacances, sans ménage. Et la conséquence : on s'esquinte, on s'épuise, on vieilli vite, on tombe malade et on meurt. Mais comment auraient-ils pu faire autrement ? L'instinct de la survie oblige. Il faut combler le vide pour nouer les deux bouts du mois, l'Etat ayant longtemps relégué les enseignants à la dernière loge de ses soucis.
La relève. Le corps professoral ayant sensiblement vieilli, il se pose un sérieux problème de la relève dans nos universités. L'UNIKIN, par exemple, comptant à ce jour environ 630 professeurs à thèse, 1100 assistants et chefs de travaux, la moyenne d'âge des profs est estimée à 60 ans. Il faut parer au plus pressé pour ne pas importer des cerveaux dans un avenir proche. Ce qui est dit de la " Colline inspirée " vaut pour les autres universités et instituts supérieurs.
Voilà un des défis à relever, chers Excellences. Un gouvernement marque des points par sa capacité d'anticiper sur les événements. Ça ne les subit pas. Souvenez-vous, chers ministres, que vous avez été (ou êtes encore), pour la plupart, des enseignants. Dans vos " messes " au Saint des Saints, pensez aussi à vos collègues. Ne les tuez pas à petit feu.
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