Depuis l’annonce de la tenue de la présidentielle en RD Congo en novembre prochain, Joseph Kabila se trouve dans une posture inconfortable. Organiser des élections, notamment la présidentielle, à date échue ou les reporter, l’une ou l’autre éventualité relève d’une vraie quadrature de cercle. Surtout qu’à l’intérieur, l’opposition s’est réorganisée autour de Tshisekedi, mais à l’extérieur la diaspora fait de la résistance.
Elu en 2006, contre toute attente, Joseph Kabila, alors porté par ses parrains occidentaux -Etats-Unis et France- avait bénéficié d’une caution morale de la communauté internationale. Cette caution lui avait permis notamment d’asseoir son pouvoir, de contenir la population de Kinshasa, capitale congolaise, qui lui est très hostile, et, aussi et surtout, la menace Bemba, candidat malheureux à la présidentielle de 2006, la première dite démocratique organisée en RDCongo.
5 ans après, l’actuel occupant du Palais de Marbre-résidence du chef de l’Etat congolais- n’est plus en odeur de sainteté sur le plan international. Si les français le ménagent, mais timidement, les américains, eux, vouent une distance vis-à-vis de son régime qualifié à Washington ‘’d’amateur et corrompu’’. Au plan politique, il doit faire face à un Tshisekedi, qui a repris toute sa place sur la scène politique congolaise, et de nombreuses organisations de la diaspora qui ne jurent que par sa perte.
Face à un climat de plus en plus délétère, le fils supposé de LDK –Laurent Désiré Kabila- n’a vraiment pas de marge de manœuvre. Depuis plusieurs mois maintenant, il improvise plus qu’il ne dirige, l’objectif étant de devancer les événements avant d’être pris au dépourvu. Car dans son cercle le plus restreint, on est conscient que sans des gages de bonne foi vis-à-vis de la communauté internationale, JOKA – comme le surnomme sa cour- confronté depuis son arrivée au pouvoir à plusieurs tentatives de renversement, ne peut pas tenir.
Fin avril, à l’issue d’un meeting devant plus des 80.000 sympathisants, Tshitshi, l’opposant historique, qui entretemps a déclaré sa candidature à la présidentielle, nargue le régime de Kinshasa : ‘’ Après le 28 novembre, le peuple congolais ne considérera plus Joseph Kabila comme président’’. Deux jours après, la Ceni, dont le président est un proche du chef de l’Etat congolais, prend le devant. ‘’Les élections auront lieu en novembre et seront tenues à date échue’’, annonce t-on comme pour rétorquer à l’opposition et surtout à la diaspora congolaise qui, depuis début janvier, organise des manifestations hostiles à travers l’occident.
La volonté affichée derrière cette stratégie bancale, est assurément de garder la main et d’avancer ses atouts pour permettre à son champion de rempiler. Là où de nombreuses organisations, notamment Crisis Group sur la RD Congo, trouvent que ‘’les conditions ne sont pas réunies pour la tenue des élections crédibles en RDCongo’’, Lambert Mende, ministre de la communication et porte parole du gouvernement, pense autrement. ‘’Le gouvernement de la république est conscient de la complexité de la tâche, mais toutes les dispositions ont été prises pour mener cette mission à bon port’’, rassure t-il. Des propos qui sont loin de la réalité !
La paix très fragile et l’insécurité, des vraies chapes de plomb
Contrairement aux assurances du gouvernement, toutes les conditions ne sont cependant pas réunies pour tenir de vraies élections démocratiques. ‘’La paix, condition sine qua non pour la tenue d’un scrutin présidentiel incontestable, n’est pas encore totale dans le pays’’, observe maître Ndala wa Ndala, vice-président de l’Apareco, un mouvement politique que Kinshasa soupçonne d’être derrière des tentatives de déstabilisation. ‘’Comment d’ailleurs peut-on comprendre cette improvisation quand le CNDP -rébellion soutenue par Kigali- occupe le Masisi et organise des infiltrations des Rwandais dans le pays pour biaiser le verdict des urnes’’, se demande t-il.Mais la paix n’est que la face visible de l’iceberg car le malaise est plus profond. L’insécurité et une administration partielle du territoire par le gouvernement congolais est un véritable casse-tête. ‘’Quand le gouvernement soutient que les conditions sont réunis et qu’il contrôle la situation, il ne dit pas la vérité’’, soutien Théophile Mbemba, député de l’opposition. A en croire des sources proches de l’assemblée nationale congolaise, des pans entiers du territoire national comme le Masisi, l’Ituri et Kahemba sont occupés par des forces dites négatives qui terrorisent les populations et dictent leur loi. Dans ces zones donc, les affrontements entre ces forces et des éléments de l’armée régulière sont récurrents.
‘’Pour que le souverain primaire s’exprime en toute indépendance, des gages des libertés et des droits sont nécessaires’’, estime un militant des Droits de l’homme pour qui ‘’ se serait plutôt une mascarade si des élections sont organisées en novembre, car il faut que le pays soit pacifié de fond en comble et les droits et libertés des citoyens soient consacrés ’’. Dans un pays où les assassinats des journalistes et des activistes politiques et des Droits humains sont monnaie courante et où les manifestations publiques sont prohibées, Kabila est conscient qu’il a mis la charrue avant le bœuf .Mais peut –il faire marche arrière ? En tout cas, novembre approche !
Par Mohamed Mboyo Ey’ekula -Premièreligne, mensuel panafricain
Published By www.KongoTimes.info - © KongoTimes! - All Rights Reserved.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire