lundi 20 juin 2011

Elections 2011 en RDC : La fraude planifiée !

image Carte d'electeur - Carte d'electeur d'un mineur qui se fait enroler par CENI


L’affaire des enfants mineurs surpris dans les bureaux d’enrôlement dans la province du Katanga et dans la ville de Kindu, mais aussi à Kinshasa, n’a pas fini de soulever des vagues. On rappelle que Le Phare a publié hier une des nombreuses photos en circulation sur Internet et illustrant un cas typique de ce qui a l’air d’un tricherie électorale planifiée. Il semble que le cliché mis à la disposition du public n’aurait pas permis de noter certains détails.
Dans le souci de permettre à tous et à chacun de bien décortiquer ce spécimen du délit, le quotidien de l’avenue Lukusa revient à la charge avec un cliché plus lisible en ce qui concerne le numéro d’ordre, le label CENI, le centre d’identification, l’identité complète du requérant et des ses parents, sa fausse date de naissance, son district, son territoire et son secteur d’origine, ainsi que son adresse de résidence.
Cette photo autant que d’autres du même genre, troublent sérieusement les consciences. La méfiance ne peut qu’être de mise au regard des statistiques que distille la CENI elle-même au sujet des concitoyens déjà enrôlés, soit plus de 25 millions, alors que des millions de compatriotes résidant à Kinshasa, à l’Equateur, dans les deux Kasaï, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu continuent d’attendre d’être enrôlés, dans une ambiance délétère faite de pannes de kits, de l’inaccessibilité des centres d’inscription, de l’amateurisme des opérateurs de saisie, d’absence de groupes électrogènes de secours, de rupture de stocks de cartes d’électeurs, de tracasseries administratives et policières, etc.
Aussi, face à l’accumulation d’accusations et « pièces » apparemment à conviction, les responsables de la Commission Electorale Nationale Indépendante devraient absolument briser le silence. Il n’est pas normal que presque deux semaines après les révélations de Vital Kamerhe relatives à l’enrôlement des mineurs dans la partie Sud et Est du pays, l’opinion puisse rester dans une confusion de nature à la pousser à souscrire totalement à l’idée que les opérations de révision du fichier électoral ne seraient nullement transparentes.

Fraude planifiée en province de l’Equateur

Pour ne plus revivre la situation des élections générales de 2006 qui furent reprises dans son territoire sur décision du pouvoir organisateur, l’honorable René Isekemanga Nkeka a écrit à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Dans son mémo adressé au président de cette institution, l’élu du territoire de Befale dans la province de l’Equateur invite son correspondant à ouvrir l’œil sur les préparatifs de la fraude auxquels des agents commis aux opérations préélectorales dont l’enrôlement, se livrent actuellement dans son fief.
C’est au cours d’une conférence de presse tenue, samedi 11 juin dernier, qu’il a porté à la connaissance du public son mémo adressé au bureau de la Ceni.
Se référant au mauvais souvenir de la situation vécue à la reprise des législatives en 2008 à Befale, le député national pense qu’il est temps pour que l’actuel pouvoir organisateur de prochaines élections, évite la répétition de ce qui était arrivé à l’époque à Befale, district de la Tshuapa, province de l’Equateur.
Selon l’auteur du mémo, il a été constaté aux élections reprises en 2008, entre autres : la disparition des cartons de bulletins de vote ; le bourrage des urnes dans les secteurs de Douale et de Lomako ; la circulation des fausses cartes d’électeurs, l’enrôlement illicite des mineurs en vue de gonfler le nombre d’électeurs dans certaines localités bien ciblées ; la délivrance de plus d’une carte aux mêmes personnes pour leur permettre de voter plusieurs fois ; ainsi que l’achat des cartes d’électeurs des enrôlés dans le secteur de Befumbo dans le but de les empêcher de voter les candidats de leurs choix.
Face à cela, René Isekemanga vient de prendre le taureau par les cornes. Raison pour laquelle, il a jugé bon d’alerter la Ceni à temps pour que des dispositions soient prises dès maintenant.
C’est pourquoi, il suggère que le chef de bureau de liaison de la Ceni à Befale soit un non originaire du territoire en vue de garantir l’impartialité des actions, ne pas accepter les membres des bureaux de vote de 2008 implantés à Duale et Lomako où la fraude fut manifeste ; etc.
En plus, conseille-t-il, à l’examen des candidatures, il faudra que les instances judiciaires compétentes veillent au strict respect de la loi électorale.
A ce sujet, il a dénoncé le cas d’un agent de la défunte Cei (commission électorale indépendante), repris à la Ceni et qui a joué un rôle pas du tout propre dans l’opération de révision du fichier électoral en cours, qui vient de démissionner de ses fonctions pour se porter candidat.
D’après le député national élu de Befale, ledit monsieur a déjà tout planifié de façon à permettre la fraude en sa faveur.

CENI : ça sent le brûlis

L’accusateur porte un nom : René Isekimanga, ministre honoraire des Hydrocarbures dans le gouvernement Gizenga. L’accusé aussi : Zacharie Botuli, chef de Bureau démissionnaire de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), en fonction depuis la création de la défunte CEI (Commission Electorale Indépendante). Le hic se trouve dans la rumeur qui circule avec force dans le territoire de Befale, en province de l’Equateur, et qui donne l’intéressé pour prétendant à un mandat de député national dans la circonscription électorale précitée.
Ambition politique légitime ? Non ! Selon René Isekimanga, il s’agit d’une candidature très suspecte car émanant d’un citoyen qui a eu la charge de recruter et positionner, dans le territoire précité, le personnel local de la CEI/CENI, à savoir les agents chargés de l’enregistrement écrit des candidats à l’enrôlement, des opérateurs de saisie, du traitement des données et clichés, de l’impression des cartes d’électeurs, de la surveillance des bureaux de vote, de l’encadrement des résultats, etc.
Constat de Isekimanga : le sieur Zacharie Botuti a démissionné de ses fonctions car convaincu d’avoir planifié sa victoire électorale aux législatives toutes proches. Cette nouvelle, qui est encore perçue comme une allégation, mérite d’être sérieusement recoupée. Il n’est pas possible en effet qu’un cadre de la CENI qui est tenu par le serment de neutralité et d’apolitisme puisse se réveiller un bon matin pour renoncer à ses fonctions et postuler pour la députation, dans un territoire où ses anciens subalternes ne pourraient lui faire allégeance, pour leur avoir permis de rompre avec le chômage depuis 2005 pour les uns et 2009 pour les autres.
S’il y a un vœu à émettre, c’est celui d’inviter le président du bureau de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, à ouvrir l’œil et le bon, de manière à décourager, dès à présent, une manœuvre qui épouse les contours d’une tricherie planifiée. A cet effet, son institution devrait exercer une surveillance accrue sur son ancien « expert » dans le territoire de Befale, afin de l’empêcher de faire accréditer la thèse du manque de transparence dans l’organisation de futures élections présidentielle, législatives, sénatoriales, urbaines, municipales et locales.
En plus d’une enquête fortement attendue sur la situation du territoire de Befale, il est souhaitable que ses limiers se déploient vers d’autres territoires, où des cadres et agents ayant œuvré sous le label de la CEI et de la CENI en cette période électorale, seraient tentés de rendre le tablier après avoir soigneusement préparé le terrain pour le trucage des résultats du vote à leur profit personnel.

Jamais un sans deux ?

Il y a eu d’abord l’affaire de l’enrôlement des enfants mineurs au Katanga et dans la ville de Kindu, au Maniema, dénoncée dernièrement par l’ancien président de l’Assemblée Nationale, actuel président national de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), Vital Kamerhe. En dehors d’une réponse convaincante des gestionnaires de la Commission Electorale Nationale Indépendante, une large partie de l’opinion nationale et internationale est tentée de souscrire à l’alerte de l’ancien Directeur de campagne de Joseph Kabila, qui en sait certainement un bon bout sur les tripatouillages des résultats sous le mandat de l’abbé Apollinaire Malumalu, en 2006.
Aujourd’hui, tout le monde est ahuri d’apprendre qu’un ancien sociétaire de la CEI/CENI s’apprête à engager un combat inégal contre ses adversaires politiques dans le territoire de Befale. A présent que son manège a été éventré, il est permis de croire que sa disqualification d’office est acquise. A défaut, son apparition sur les tablettes des candidatures constituerait un gros scandale.
Comme par hasard, Befale est inscrit dans les annales du processus électoral de 2006 comme l’unique territoire où les élections législatives avaient été annulées, pour de multiples raisons, le bourrage des urnes, la mise à sac des bureaux de vote, des affrontements sanglants entre partisans des candidats, etc. La CENI se trouve devant un terrible défi : celui de rassurer la communauté nationale quant à sa détermination à ne pas favoriser des élections complaisantes des candidats, à quelque niveau que ce soit.
[Dominique Mukenza/Jacques Kimpozo/Le Phare]

Kinshasa aussi touchée par l’enrôlement des mineurs

La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) dénonce l’enrôlement des personnes mineures dans la perspective de les rendre aptes à voter aux prochaines échéances électorales prévues au mois de novembre 2011. A cet effet, elle demande aux autorités municipales d’arrêter la délivrance des attestations de pette des pièces aux mineurs.
Selon nos investigations, nous avons constaté que bon nombre d’enfants âgés de moins de 18 ans se font enrôler pour voter lors des élections de novembre 2011.
Contactés à ce sujet, certains agents de la CENI dont Madame Kasongo, commis à l’enrôlement au centre Ango-ango dans la commune de Bandalungwa à Kinshasa, nous ont déclaré qu’ils avaient fait le constat d’un enrôlement des enfants n’ayant pas encore atteint l’âge de voter. Questionnés, ils ont décliné la responsabilité de cet état de chose arguant qu’ils sont tenus à enrôler toute personne, homme et femme, de nationalité congolaise âgée de 18 ans ou plus. S’il y aurait fraude, c’est à l’autorité municipale qu’il fallait imputer la responsabilité car elle est la seule habilitée à délivrer des attestations de perte de pièces aux requérants, faisant ainsi foi de leur majorité pour l’enrôlement. Ils nous ont en plus fait remarquer le manque de kits électoraux depuis hier dans leurs centres, ce qui fait qu’il y a un nombre important des personnes à enrôler qui attendent. Ils ont déjà informé leurs supérieurs à ce sujet. Et depuis le début de l’enrôlement jusqu’à présent ils demeurent impayés ni motivés.
La FBCP pense que si à Kinshasa où sont présentes les autorités tant politiques qu’administratives, il y a des fraudes, qu’en sera-t-il à l’intérieur du pays ? Pour qu’il y ait la paix et les élections transparentes et apaisées à tous les niveaux, les autorités municipales doivent mettre un terme à la délivrance des attestations de perte des pièces aux mineurs.
Compte tenu de toutes ces insuffisances, nous demandons à la CENI de prévoir une prolongation d’une durée raisonnable afin de faciliter un enrôlement massif des électeurs.
Nous demandons à la CENI de faire parvenir sans délai les kits électoraux aux provinces et aux différents centres d’enrôlement qui en manquent.
La FBCP demande à la CENI de bien vouloir procéder au payement des agents engagés pour l’enrôlement dans différents centres.
Nous demandons à la communauté internationale à travers la Monusco de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d’une action préventive pour éviter un bain de sang après les élections.
La FBCP demande à la CENI de tout faire pour que les enfants mineurs possesseurs des cartes d’électeurs puissent être empêchés de voter par un contrôle strict.
Fait à Kinshasa, le 13 juin 2011
Emmanuel Aducole
Président du Comité Exécutif

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