mardi 24 avril 2012

Les 10 Africaines les plus influentes

Elles occupent toutes les sphères d'activités. Le succès de la carrière de ces Africaines en font des personnalités incontournables sur le continent.
Maathai (REUTERS/Kim Kyung Hoon), Okonjo-Iweala (Afolabi Sotunde), Kidjo (Denis Balibouse), Sirleaf (Lucas Jackson)

Joyce Banda, le gage d’espoir du Malawi

Les premiers mots de Joyce Banda, lorsqu’elle est investie le 7 avril comme présidente du Malawi, sont en faveur de la réconciliation et de l’unité nationale. En réalité, celle qui prend les rênes du pays, dès le lendemain de l’annonce officielle du décès du président Bingu Wa Mutharika, a bien conscience de la difficulté de la tâche qui l’attend. D’abord, parce que la légalité constitutionnelle a bien failli ne pas être respectée.
La Constitution malawite prévoit qu’en cas de décès du chef de l’Etat, c’est le vice-président qui assure l’intérim. Or, bien que vice-présidente depuis 2009, Joyce Banda était en très mauvais termes avec le président Mutharika, dont elle n’a jamais cessé de critiquer les dérives autoritaristes. En 2010, elle est d’ailleurs exclue du parti de Mutharika, le Democratic Progressive Party (DPP). De ce fait, les barons de cette formation politique la voyaient mal succéder à leur mentor. Il aura donc fallu tout le courage et la détermination de cette femme de 61 ans, pour éviter une crise politique au Malawi.
Mais de nombreux autres défis l’attendent. Elle est la deuxième femme à diriger un pays africain, après la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, et si l’on exclut l’intérim de 45 jours de Rose Rogombé, en 2009 au Gabon, après le décès d’Omar Bongo. La personnalité de Joyce Banda, a elle seule, est un signe d’espoir pour les Malawites, confrontés à une grave crise économique et en proie à un chômage de masse. Le pays est classé parmi les plus pauvres du monde.
La nouvelle présidente devra donc mobiliser toutes les ressources qu’elle avait déjà déployées dans les années 90 en faveur des droits des femmes et de l’éducation, pour mettre en place un nouveau plan de croissance. Pendant les deux années de son mandat, Joyce Banda devra aussi restaurer la confiance avec les principaux bailleurs de fonds du pays, que sont le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis. Et sur ce point, elle a quelques atouts. Militante des droits de l’homme, elle a également su s’imposer dans les affaires au point de créer, en 1997, la première association des femmes d’affaires du Malawi. La même année, elle reçoit le prix Leadership Afrique de la Fondation Mo Ibrahim.
Dans tous les cas, Joyce Banda veut aller vite, puisqu’elle a déclaré trois jours seulement après sa prise de fonction:  
«Nous sommes en deuil, mais certaines décisions ne peuvent pas attendre.»
 Résultat, la mise à l’écart des proches de Mutharika, le limogeage du gouverneur de la Banque centrale ainsi que celui du patron de la radio-télévision publique. Une témérité que ceux qui connaissent bien Joyce Hilda Mtila Banda estiment avoir été héritée de son père, un ancien membre de l’orchestre musical de la police malawite.

Fatou Bensouda, la Gambienne qui n’a pas froid aux yeux

Fatou Bensouda prendra officiellement ses fonctions de procureur de la Cour pénale internationale, le 16 juin. Mais, depuis sa nomination pour succéder à Luis Moreno-Ocampo, la juriste Gambienne de 51 ans fait déjà trembler certains par sa fermeté. Dans tous les pays où elle s’est déplacée, Fatou Bensouda rappelle qu’elle sera inflexible face aux auteurs d'actes de torture, ou de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
La nouvelle procureure générale de la CPI vient d’être retenue par le magazine américain Time, pour figurer dans son classement 2011  des 100 personnalités les plus influentes dans le monde. Elle arrive 64e, deux rangs derrière le président nigérian Goodluck Jonathan. Tous deux sont d’ailleurs les seuls Africains du classement.
Cela étant, une lourde responsabilité pèse sur les épaules de Fatou Bensouda, comme le souligne le directeur exécutif de l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch:
«Elle sera la première Africaine à diriger un tribunal international. Elle devra donner une nouvelle vigueur à l’institution», écrit-il dans Time. Cette femme de 51 ans, dispose de tous les atouts, au vu de sa longue expérience de juriste, pour contribuer à plus de justice et à la paix dans le monde.»
L’une de ses premières grandes affaires est attendue pour dès après sa prise de fonctions. En effet, c’est elle qui sera aux commandes lorsque débutera en juin 2012, le procès de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. Spécialiste du droit maritime, Fatou Bensouda a une formation d’avocate. Ministre sous le gouvernement du très sulfureux président gambien Yahya Jammeh, entre 1998 et 2000, elle est ensuite passée par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), à Arusha en Tanzanie, avant d’atterir à la CPI, il y a neuf ans.

Nonkululeko Nyembezi-Heita, la reine d’acier de Johannesburg

Son ascension est l’une des plus fulgurantes que l’Afrique ait connues. Et l’une des plus encourageantes pour les femmes africaines. A 52 ans, Nonkululeko Nyembezi-Heita fait partie du cercle très fermé —et souvent très masculin des grands patrons dans le monde. Elle dirige la filiale sud-africaine du géant de l’acier, le groupe Arcelor-Mittal. Comme on dit dans le gotha des industriels, elle la Chief Executive Officer de Mittal en Afrique du Sud, depuis 2008.
Incontestablement, cette position fait d’elle une vraie femme d’influence sur le continent, qui discute en toute égalité avec les plus grands argentiers et les businessmen de la planète. En août 2011, le magazine américain Forbes l’a inscrite dans sa liste des 100 femmes les plus puissantes du monde. En 97e position, peut-être, mais tout de même dans le classement. Une récompense du talent de cette Sud-Africaine, mère de deux enfants, formée comme ingénieur à l’université de Manchester.
Nonkululeko Nyembezi-Heita débute sa carrière chez IBM en Caroline du Nord, aux Etats-Unis et y fait ensuite l’essentiel de son parcours professionnel, à Dallas dans le Texas et dans son pays. Un petit détour par l’opérateur téléphonique Vodacom, où elle consolide son expérience managériale, lui permet ensuite d’atterrir dans le saint des saints du groupe industriel indien Mittal.

Dambisa Moyo, l’iconoclaste zambienne

Alors qu’elle n’était connue jusque-là que par ses collègues de la Banque mondiale, la jeune économiste zambienne a été propulsée en 2009, au centre d’une vaste polémique idéologique. Son livre L’aide fatale (éd.JC Lattès), publié la même année, est venu pour ainsi dire, secouer le cocotier. Dambisa Moyo, 42 ans, détonne par ses positions pour le moins dérangeantes et quasiment taboues en Afrique et dans le monde: «L’aide publique donnée à l’Afrique constitue une rente.»
La réputation de Dambisa Moyo et tout son cercle d’influence se sont constitués à partir du postulat selon lequel, l’aide publique au continent est en partie responsable des problèmes de développement des Africains.  
«Elle permet à de nombreux dirigeants de ne pas assumer leurs responsabilités, puisqu’ils savent que d’autres financeront l’éducation, la santé ou les infrastructures nécessaires au développement de leurs pays», n’a-t-elle de cesse d’affirmer. Elle fustige le FMI et la Banque mondiale en soutenant que ces institutions «ont un plus grand besoin de donner que le récipiendaire de recevoir.»
Elle estime aussi dans son ouvrage que la démocratie n’est pas un préalable au développement:
«La démocratie ne peut se développer qu’avec l’émergence d’une classe moyenne en position de demander des comptes au pouvoir .»  Elle pense même que « les dictateurs de bonne volonté et déterminés » valent mieux que les «démocraties multipartites.» Et pour enfoncer le clou, elle est l’une des rares personnalités africaines à soutenir ouvertement l’arrivée de plus en plus forte de la Chine en Afrique.
Formée dans les meilleures universités occidentales (Oxford et Harvard), Dambisa Moyo a pourtant été élevée en Afrique, par un père universitaire, chantre de la lutte anti-corruption en Zambie et par un grand-père mineur. Elle connaît donc bien le continent et se dit très attachée à sa terre. Une voix discordante parmi les discours convenus et policés habituels qui l’ont fait figurer en 2008, dans le classement des 100 personnalités les plus influentes du magazine Time.

Bineta Diop, l’arme de la paix du Sénégal

L’essentiel de sa carrière s’est jusqu’ici effectuée dans l’ombre. Avant d’être mise sous les feux des projecteurs en avril 2011, lorsque le magazine Time la classe parmi les 100 personnalités les plus influentes dans le monde, la Sénégalaise Bineta Diop était davantage connue des milieux diplomatiques. Elle était surtout engagée auprès des femmes dont elle se bat pour la protection en périodes de conflits en Afrique. Femme de l’ombre mais très impliquée dans des initiatives en faveur de la paix sur le continent, au travers de son ONG Femmes Africa solidarité (FAS).
Sa préoccupation: intégrer les femmes dans les processus de paix et la résolution des conflits. C’est ce qu’elle a fait au Burundi et en République démocratique du Congo, mais aussi dans toutes les zones sensibles (Darfour, Sierra-Leone, Rwanda, Tchad, Soudan). C’est ce qu’elle continue de faire dans des pays en post-conflits, comme le Liberia, où a elle a dirigé des équipes d’observateurs lors des élections. C’est encore ce qu’elle a fait en 2004, quand elle a usé de tout le poids de son influence pour amener les chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) à appliquer le principe de parité  (PDF) dans l’élection des cinq commissaires femmes sur les dix que compte l’organisation:
«Ce sont les femmes qui subissent la violence des conflits et ce sont elles qui reconstruisent et qui font le travail de réconciliation. C’est pour cela que les femmes doivent faire entendre leurs voix lors des négociations.»
Tel est le message qu’elle porte dans toutes les instances décisionnelles dont elle ouvre les portes. C’est ce qu’elle a déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies où elle a été la première femme à intervenir sur le rôle des femmes dans la résolution des conflits.
Native de Guéoul, dans le nord-ouest du Sénégal, Bineta Diop semble tenir cette fibre féministe et cette passion pour l’action diplomatique de son histoire familiale. Sa mère est une militante féministe de la première heure. Elle même passe son bac à Addis Abeba en Ethiopie à l’âge de 19 ans, le siège des institutions africaines où son mari est diplomate. Et c’est à Genève en Suisse alors qu’elle travaille depuis 1981 comme juriste internationale qu’elle créera, 15 ans plus tard, le FAS.

Wangari Maathai, la Kényane qui parlait aux arbres

Wangari Maathai est décédée le 26 septembre 2011. Mais elle reste dans la conscience africaine et mondiale, l'une des femmes qui auront marqué le continent, jusqu'ici. Elle fut première en tout. Première dans sa famille à être scolarisée, elle fut aussi la première Kényane à décrocher un doctorat. La première encore à diriger une faculté, la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Nairobi au Kenya, lorsqu’elle revint de ses études aux Etats-Unis.
Wangari Maathai reste surtout dans le souvenir de tous, comme la première africaine à obtenir le très prestigieux prix Nobel de la paix, en 2004, pour «sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix».
Ces trois concepts résument l’idéal pour lequel s’est toujours battue cette femme, décédée à l'âge de 71 ans, après sa naissance dans une famille de fermiers de l’ethnie kikuyu, sur les hauteurs des White Highlands, au Kenya.
Lorsque commencèrent à se poser les problèmes de déforestation dans son pays, Wangari Maathai fut, cette fois-là encore, l’une des premières à flairer le danger. Et surtout la première à agir, avec la création, en 1977, du Green Belt Movement, le mouvement de la Ceinture verte. Elle commence par planter modestement sept arbres.
Soutenu par les femmes, le Green Belt Movement a réussi à planter 30 millions d’arbres en trente ans afin de prévenir l’érosion des sols, devenant ainsi le plus grand projet de reboisement en Afrique. La militante écologiste gagne dès lors un surnom: «tree woman», la femme des arbres.
«Nous n’avons le droit ni de fatiguer ni de renoncer», aimait à dire Wangari Maathai pour qui l’écologie, le féminisme, la politique, la lutte pour la paix et contre la pauvreté veulaient dire la même chose.

Elle reste aussi connue pour son tempérament de feu, qui lui valut d’ailleurs d’être plusieurs fois emprisonnée sous la présidence de Daniel Arap Moi (de 1978 à 2002). On raconte par exemple que son mari, dont elle divorça en 1979, avait affirmé au juge qu’elle avait un trop fort caractère et qu’il était incapable de la maîtriser. Sa liberté de ton et son engagement pour la survie de la planète font aujourd’hui référence et continuent d'inspirer les femmes.

Ngozi Okonjo-Iweala, l’executive woman du Nigeria

Elle n'a pas réussi à se faire élire à la présidence de la Banque mondiale, le 16 avril 2011. Malgré le soutien des pays émergents des Brics dont elle bénéficiait, ni même de celui d'une partie des écnomistes internationaux. Il lui a été préfé son concurrent, l'Américain Jim-Yong- Kim.
Pourtant, tous les observateurs du monde s’accordent pour dire que Ngozi Okonjo-Iweala a bien fait bouger les lignes et bousculé les habitudes au Nigeria. L’ancienne directrice générale de la Banque mondiale est surnommée la tsarine de l'économie. Elle a été nommée ministre de l'Economie et des Finances, dans le dernier gouvernement du président Goodluck Jonathan. Elle exigeait, pour intégrer l'équipe gouvernementale, de disposer de pouvoirs exécutifs très étendus.
Ngozi Okonjo-Iweala est connue pour sa rigueur et pour être une forte tête. Elle s'est fait remarquer lorsque l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo lui propose, en 2003, d’occuper le poste de ministre des Finances.
Ngozi Okonjo-Iweala engage alors une croisade contre la pauvreté et la corruption dans son pays, peuplé de près de 120 millions de personnes, avec une série de réformes pour assainir les finances publiques. Objectif affiché:  
«Faire en sorte que les revenus du pétrole soient bien investis dans le développement des infrastructures, de l’éducation et de la santé.»
Pour ce faire, elle réduit les subventions au secteur pétrolifère, met en place un système antifraude pour traquer les fonctionnaires véreux et exige un rapport de comptes sur les dépenses du gouvernement. Dès lors, on ne parle que d’elle au Nigeria —et ailleurs. La ministre venue de la Banque mondiale ne se fait pas que des amis, mais se fait élire «héros de l’année» en 2004 par le magazine Time, à qui elle confie:  
«Mon but est de servir mon pays avec ce que j’ai appris.»
De fait, sa formation au très prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT) et sa carrière de près de 20 ans au sein du groupe de la Banque mondiale lui ont permis de mener les négociations qui ont conduit, en 2006, à l’annulation de deux tiers de la dette nigériane (soit 18 milliards de dollars sur 30) auprès du Club de Paris, un groupe qui réunit les principaux créanciers de la planète.

Ellen Johnson-Sirleaf, la dame de fer du Liberia

Lorsque le prix Nobel de la paix lui est attribué le 7 octobre 2011, en même temps que sa compatriote libérienne Leymah Gbowee et la journaliste yéménite Tawakhol Karman, Ellen Johnson-Sirleaf va essuyer les critiques les plus virulentes de ses opposants.  La distinction tombe quelques quatre jours avant l’élection présidentielle. Le contexte est particulier car, la présidente du Liberia est candidate à sa propre succession. Des jeunes descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement face à ce qu’ils considèrent comme une tentative d’influencer le vote.
Pourtant, malgré ce flot de critiques Ellen Johnson est réélue et sa popularité n’a pas vraiment été entamée au Liberia, comme l’a souligné le journaliste Antoine Glaser, dans les colonnes du Nouvel Observateur:  
«Son pays revient de loin. Elle a réussi à le sortir de l’enfer, à le pacifier alors que c’était loin d’être acquis.»
Mais, bien avant son Nobel, la présidente libérienne était déjà à l'honneur, le 17 juin 2011, à Dakar (Sénégal). Elle recevait l'African Gender Award, un prix d'excellence, créé en 1996 par l'ONG Femmes Africa Solidarité. Ellen Johnson Sirleaf était ainsi récompensée pour son action et son engagement en faveur des droits des femmes. Avant même son accession à la magistrature suprême au Liberia en 2006, Ellen Johnson Sirleaf s’était déjà taillé une réputation de femme à poigne. Figure emblématique dans ce pays ravagé par des années de guerre civile, elle fut ministre des Finances sous la présidence de William Tolbert, tué lors d’un coup d’Etat mené en 1980 par Samuel Doe. Sa formation d’économiste et sa perspicacité de femme politique lui permettent de s’engager dans la défense des droits de ses concitoyens.
Elle approuve, un temps, le coup d’Etat de Samuel Doe contre un régime qui avait fini par museler les ethnies locales, avant de critiquer fortement la dictature militaire qui s’installera dans le pays. Ellen Johnson est emprisonnée, puis exilée. Une période au cours de laquelle elle soutient le chef de guerre Charles Taylor.
Déjà candidate en 1997 contre ce dernier, elle remporte l’élection de 2006 face au Ballon d’or africain George Weah, et s’engage à «vaincre la destruction physique et la décadence morale qui ont suivi 15 ans de guerre civile.» Les femmes et les Africains voient dans l'accession de la première africaine à la magistrature suprême un signe de renouveau et d’espoir, même si «Mama Ellen» ne promettait en prêtant serment, «ni l’abondance ni le miracle, tout juste l’effort».

Were Were Liking, la mystique Camerouno-Ivoirienne

Elle a formé des générations et des générations d’artistes, toutes disciplines confondues. Aujourd'hui, Were Were Liking est considérée par nombre d'Africains comme une "légende". Née en 1950 au Cameroun, cette dramaturge et metteur en scène s’installe en 1978 en Côte d’Ivoire, dont elle prend aussitôt la nationalité. Après des travaux de recherche en traditions esthétiques négro-africaines, elle crée le village Ki-Yi M’bock dans le quartier de la Riviera II à Abidjan.
Un espace culturel multidisciplinaire, dont elle fait le laboratoire de sa production artistique. Elle accueille des jeunes déshérités à qui elle donne un avenir dans la musique, la danse, le théâtre ou les arts plastiques. Elle accueille pour des stages et des résidences de nombreux jeunes comédiens africains désireux de se forger une carrière professionnelle.

Dès ses débuts au milieu des années 80, le village Ki-Yi devient vite une référence. Were Were Liking est surnommée la «reine-mère» et côtoie les plus grands d’Afrique. Sa voix compte dans les milieux internationaux de l’art. Sa production littéraire est immense: une dizaine de pièces de théâtre, autant de romans et de nouvelles, des recueils de contes et de poésie, et des spectacles qui ont fait le tour du monde. Ses créations mêlent volontiers textes, musique et danse tout comme ses publications associent poésie, roman et théâtre.
Cette figure majeure de l’esthétique du théâtre rituel et initiatique n’est pas en odeur de sainteté avec la politique pour laquelle elle dit afficher un mépris souverain. On l’a peu entendue durant les événements en Côte d’Ivoire en début d'année 2011. Et avant l’escalade de la violence dans le pays, l'artiste panafricaniste a réitéré le peu de confiance qu’elle avait pour les hommes politiques:
«Même si Jésus descendait sur terre pour créer un parti, je ne le soutiendrais pas parce qu’il va échouer comme les autres », déclarait-elle en décembre 2010 lors du troisième Festival mondial des arts nègres à Dakar, au Sénégal.

Angélique Kidjo, la Béninoise globe-trotter

Elle est l’une des rares chanteuses africaines à crouler sous le poids des prix et des distinctions à travers le monde. Depuis qu’elle a commencé sa carrière internationale au début des années 80 en France, la chanteuse béninoise Angélique Kidjo a été primée une trentaine de fois, dont deux aux célèbres Grammy Awards pour «meilleur album des musiques du monde».
Née pratiquement en même temps que l’indépendance du Bénin (ex-Dahomey) en 1960, la chanteuse s’initie aux arts dans la troupe de théâtre que dirige sa mère, puis se fait connaître, encore adolescente, en interprétant à la radio nationale une chanson à succès de la diva sud-africaine Miriam Makeba. Les troubles incessants que connaît alors le Benin la poussent à tenter une carrière à l’étranger. Et le succès ne se fait pas attendre.

Angélique Kidjo se fait remarquer par la diversité de ses influences musicales et l’originalité de ses clips. Plusieurs de ses chansons sont longtemps restées au sommet des hits mondiaux, comme Agolo, We We, ou encore Batonga. La BBC l’inclut dans sa liste des 50 icônes du continent africain, et pour le magazine Time, elle est n’est ni plus moins que «la Première diva africaine». Le Guardian complète le tableau en la faisant figurer dans son classement des 100 femmes les plus influentes du monde.
Une notoriété certes, et surtout un talent qui permet à l’artiste de promouvoir la richesse de la musique africaine à travers le monde. Mais aussi de défendre la promotion des femmes, à travers la fondation Batonga qu’elle a créée pour soutenir l’éducation des jeunes filles sur le continent. Angélique Kidjo est d’ailleurs ambassadrice de bonne volonté du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) depuis 2002. Elle fait  aussi campagne pour le commerce équitable.

Raoul Mbog
SlateAfrique

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