jeudi 26 avril 2012

Pour rêver des trésors du Congo

Le carnet de Colette Braeckman
Un site utilisant les blogs du soir.be
17 avril 2012

Chantal Tombu et Alain Huart ont pris un engagement pour les dix prochaines années : publier sur chacune des onze provinces du Congo une monographie qui allie les informations touristiques, l’approche anthropologique et culturelle et l’aperçu économique.

Le premier de ces ouvrages, consacré au Bas-Congo, est à la fois hétéroclite et fascinant : d’un côté, il invite les « fûtés » et les « routards » à faire le voyage et leur communique une multitude de « bons plans », qu’il s’agisse des séjours, des excursions, des logements pas trop chers, des lieux où s’attarder devant une bière fraîche ou devant les spécialités locales.


Mais de l’autre, les auteurs s’attachent à retrouver les traces que l’histoire a laissées, qu’il s’agisse de la traite esclavagiste ou des premiers pas des explorateurs puis des colons.

L’évocation des caravanes esclavagistes qui parcoururent la région est passionnante, surtout lorsque les auteurs retrouvent les gestes et les traditions qui furent emmenés par les populations «kongo » d’Angola et du Bas Congo, jusqu’à Cuba, au Brésil ou en Haïti.

A Boma, les voyageurs retrouvent le Congo de Stanley, du lointain Léopold II ; les auteurs font une incursion par le musée de Kinshasa, puis parcourent la ville et font revivre l’épopée de ceux qui se préparaient à remonter le fleuve.


Plus loin dans le Mayombe, l’histoire cède la place au souci de préserver la forêt tropicale, aux mécanismes qui devraient permettre à la fois de protéger les arbres et d’assurer un revenu aux paysans et il apparaît que les recettes de l’éco tourisme pourraient contribuer à satisfaire les deux impératifs.

Photos, maquettes, dessins ponctuent cet ouvrage superbement édité, qui est à la fois un compagnon de voyage et un livre de collection.

Moins connue que le Bas Congo, la région du Haut Uele a également fait l’objet d’une importante monographie : plusieurs auteurs liés au Musée de Tervuren, sous la direction de Jean Omasombo, ont retracé l’histoire de cette région voisine de la frontière soudanaise, qui a été particulièrement perturbée par les troubles qui ont suivi l’indépendance.


C’est là en effet que se déploya la rébellion des Simba, c’est par l’Uele que les « rebelles » mis en déroute par l’armée de Mobutu se taillèrent une échappée vers le Soudan. Cette région, relativement peu visitée, jusqu’à aujourd’hui, est cependant très riche sur le plan culturel, malgré les destructions opérées par les missionnaires.

Les statuettes et les instruments mangbetu sont d’une qualité remarquable, le parc national de la Garamba est considéré par l’Unesco comme un chef d’œuvre en péril.

Car le péril subsiste encore : cette région est toujours menacée par la guerre, par les incursions des pasteurs bororos, par la convoitise des groupes armés attirés par l’or de Kilo Moto.

Cette monographie là est trop volumineuse pour être emmenée en voyage, mais elle représente sans doute le document le plus exhaustif jamais consacré à l’une des plus fascinantes régions du Congo.

Chantal Tombu et Alain Huart, Bas Congo, éditions Weyrich-Africa

Haut Uele, trésor touristique, sous la direction de Jean Omasombo Tshonda, publié par Le Cri, Africa (musée royal de l’Afrique centrale)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire