dimanche 13 mai 2012

Double jeu au Kivu : le peuple en a marre !

11 Mai 2012

C’est depuis bientôt deux décennies que les territoires des deux provinces du Kivu vivent dans une situation de ni paix ni guerre. Chaque jour qui passe apporte son lot des viols massifs, enterrements des femmes vivantes, tueries, massacres, destructions méchantes, pillage, déplacements forcés des populations, etc.

Les populations autochtones vivent dans un traumatisme récurrent et permanent, à telle enseigne que le vocable paix leur est devenu inhabituel.

Ce qui au début avait été considéré comme une révolte déclenchée par les «Banyamulenge» pour recouvrer leur nationalité congolaise, s’est révélée plus tard comme une expédition pour traquer les interahamwe, les rebelles de Joseph Kony et ceux du Palipehutu dont la présence sur le sol congolais constituait une menace pour la sécurité intérieure du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda.


On a eu beau crier à une agression du Congo par des armées régulières de ces trois pays voisins, mais en vain. Tout d’abord, les puissances occidentales qui tenaient à se dédouaner de leur silence face au génocide perpétré au Rwanda par les milices hutu du clan politique proche du président Juvénal Habyarimana ont fermé les yeux, à défaut d’appuyer cette agression armée.

Ensuite, il faut déplorer aussi et surtout le comportement irresponsable des tenants du pouvoir en place à Kinshasa qui ont commis l’erreur grossière de s’allier aux Interahamwe pour combattre les troupes armées du Rassemblement Congolais pour la Démocratie fortement commandées et appuyées par Kigali.

C’est lorsque des pays africains, notamment le Zimbabwe, la Namibie et l’Angola, ont fini par comprendre les dessous des cartes, le double jeu et surtout l’intention de nuire dans le but de piller les richesses naturelles du Congo, qu’ils ont volé au secours de Kinshasa.


Malgré l’accord de Sun City qui avait pourtant consacré la fin des hostilités et le partage du pouvoir au sein de toutes les institutions de la République par tous les mouvements belligérants et les partis politiques ainsi que la société civile, les trois pays voisins de l’Est qui disposent de plusieurs tours dans leurs manches ont recouru au même prétexte sécuritaire pour maintenir les territoires de l’Est dans une situation de ni paix ni guerre.

C’est l’avènement du CNDP avec Laurent Nkunda Mihigo qui finit par être arrêté et conduit manu militari au Rwanda lorsque les autorités de Kigali décelèrent en lui un esprit d’indépendance et une mégalomanie excessive.

Le prétexte sécuritaire tombe caduc

Inspiré par on ne sait quel esprit saint, Kinshasa va souscrire au plan des opérations militaires conjointes des armées rwandaises et congolaises en 2009 pour pourchasser les interahamwe dans les deux provinces du Nord et Sud Kivu. Une fois terminées ces opérations militaires, les populations de ces contrées avaient espéré que la paix allait s’installer.

Mais hélas ! Ce n’était que de la poudre aux yeux, car les interahamwe redoublèrent d’intensité et de cruauté à l’endroit des autochtones : les massacres, les viols, les destructions méchantes, les pillages des ressources minières et naturelles, les déplacements massifs des populations.

C’est comme si rien n’avait été fait, l’on est revenu à la case départ. A quoi ont servi ces opérations militaires conjointes qui ont coûté cher à Vital Kamerhe qui fut le premier à dénoncer leur caractère fallacieux et cynique ?

A ce jour, la réalité sur le terrain donne raison au président national de l’Union pour la Nation Congolaise.

L’arrestation de Laurent Nkunda et son transfert vers Kigali ont prouvé à l’opinion que c’est le pouvoir du Front Patriotique Rwandais qui est derrière tous ces mouvements armés.

Sinon, l’ex-général Nkunda se serait enfui en Ouganda qui, comme on le sait, héberge tous ceux qui ont maille à partir avec Paul Kagame. Le pays de milles collines a ensuite sorti la carte de Bosco Ntaganda qui, Dieu aidant, vient d’être reconnu comme un ressortissant du Rwanda par la Cour Pénale Internationale.

Avec comme prétexte sécuritaire, la présence des interahamwe et le retour des réfugiés tutsi congolais hébergés dans un camp aux environs de Ruhengeri.

Le plus curieux et c’est ce qui a mis la puce aux oreilles des congolais, c’est le fait que les éléments du CNDP n’ont jamais voulu rejoindre les centres de formation militaire situés au Bas-Congo, à l’Equateur et à Lukandu près de Kindu.

Sous prétexte qu’ils tiennent à protéger leurs frères menacés par les interahamwe qui sont actifs dans le Nord Kivu. Depuis 2004, il est étonnant que les éléments du CNDP ne soient toujours pas venus à bout de ces interahamwe. Preuve éloquente que ce prétexte est purement fallacieux et sert aux éléments du C.N.D.P. pour se livrer au trafic illégal des matières précieuses.

Et Dieu aidant, leur chef Bosco NTAGANDA a été pris la main dans le sac l’année dernière lorsqu’un aéronef battant pavillon américain mais en provenance de Lagos a atterri à Goma avec à son bord la somme mirobolante de six millions des dollars Us pour acheter 450 kilos d’or.

Kigali vient de créer un autre prétexte de mutinerie au sein des FARDC menée par des éléments rwandophones de l’ex-CNDP juste au moment où le monde entier réclame le transfert de Bosco Ntaganda à la Haye pour y répondre des crimes commis en Ituri à l’époque où il exerçait comme chef d’état major de la milice de Thomas Lubanga.

Traqué, ce criminel semble se cacher dans les grottes du volcan Mikeno situé juste à la frontière entre le Rwanda et la RDC. Pour jeter la poudre aux yeux des autorités Rdcongolaises, il semble que Kigali a arrêté l’un des lieutenants de Ntaganda en la personne du colonel Baudouin non autrement identifié qui était en fuite vers l’Ouganda.

La nouvelle trouvaille s’appelle M23, un mouvement politico-militaire créé par des officiers proches de Ntaganda et qui revendique une solution politique. Le même langage vient d’être tenu par l’indécrottable James Kabarebe, ancien chef d’état major général de l’AFDL et aujourd’hui ministre de la Défense du Rwanda.

Et la question : pourquoi Kigali continue-t-il à refuser une solution militaire avec le FDLR et veut l’imposer à la RDC ?

Les Congolais à la recherche d’un pays normal

Les Congolais sont à la recherche d’un Congo normal où il n’y aura plus des militaires étrangers du genre Ntaganda et Kabarebe, un pays où il n’y aura plus des pillards, des violeurs, des génocidaires, des trafiquants des matières précieuses, des agents au service des pays étrangers, des faux congolais qui ont le cœur au Rwanda, en Ouganda, au Burundi et le portefeuille en RDC.

Bref, un Etat normal comme la France qui vient d’élire un président normal.

F.M., In Le Phare

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