08/07/2012
Paul KAGAME et les Forces Rwandaises
Le Rwanda, qui partage pourtant la même date d’indépendance avec le Burundi, a passé la charnière du cinquantenaire dans la « méditation ». Ce grand moment de l’histoire d’une nation semble avoir été pris en otage par le pantagruélique appétit de pouvoir de Paul Kagame qui a estimé qu’il n’y a rien à fêter et qu’au contraire, les rwandais devraient plutôt se répandre dans les pleurs et grincements des dents.
Gros paradoxe quand on se rend compte qu’en fait, on assiste à un véritable spectacle du pyromane qui crie au feu ou du bourreau qui se confond en lamentations pour attirer la commisération générale.
Le début du second demi-siècle d’indépendance des pays des Grands Lacs (RDC, Burundi et Rwanda) s’entame sous des jours bien contrastés. Alors que les premières lueurs ayant succédé au 50 ans d’indépendance de ces trois pays auguraient, ici et là, des lendemains plus prometteurs après des torrents de sang qui ont irrigué les vastes pâturages des Grands Lacs, les peuples de la région sombrent à nouveau dans un autre cycle de violence qui, ces deux derniers mois, ravissent la vedette aux fêtes d’indépendance à Kinshasa, Kigali et Bujumbura.
En RDC, en effet, le 52ème anniversaire de l’indépendance a été commémoré dans la méditation, en solidarité avec les populations de l’Est à nouveau meurtris à la suite de la mutinerie-agression de la coalition rwando-M23. Joseph Kabila, Président de la République, a su fédérer ses compatriotes autour de ce devoir de solidarité. Il n’a, pour cela, pas eu trop d’efforts à fournir, le nationalisme congolais ayant fait ses preuves tout au long des différents drames injustes qui ont eu à endeuiller la Nation.
Le Burundi, pour sa part, a célébré ses 50 ans d’indépendance dans la joie le 1er juillet 2012, certes. Une fête « douce-amère », mais placée sous le signe de l’espoir si l’on observe seulement le parcours de ce pays, surtout ces dix dernières années, et les gros efforts de ses dirigeants à inscrire le pays sur les autoroutes du développement.
C’est à juste titre, d’ailleurs, que notre consœur Colette Braeckman notait, avant le jour de la fête d’indépendance, que « le Burundi pourra démontrer qu’à force de négociations, de compromis, de dialogues sous de multiples auspices, les démons de l’ethnisme ont été conjurés. »
Pour la fête de l’indépendance, poursuit-elle, « chaque province, chaque commune a été invitée à présenter une « œuvre », une réalisation concrète indiquant que la reconstruction est en bonne voie. »
Fuite en avant
Le Rwanda, qui partage pourtant la même date d’indépendance avec le Burundi, a passé la charnière du cinquantenaire dans la « méditation ». Ce grand moment de l’histoire d’une nation semble avoir été pris en otage par le pantagruélique appétit de pouvoir de Paul Kagame qui a estimé qu’il n’y a rien à fêter et qu’au contraire, les rwandais devraient plutôt se répandre dans les pleurs et grincements des dents.
Gros paradoxe quand on se rend compte qu’en fait, on assiste à un véritable spectacle du pyromane qui crie au feu ou du bourreau qui se confond en lamentations pour attirer la commisération générale. L’antienne, pour Kigali est bien connue : l’indépendance, aux oreilles de Kagame, se traduit, non pas par la libération d’un peuple, mais par la mise à l’écart, la stigmatisation et la persécution d’une composante de la nation, les Tutsis.
Pourtant la « victoire », sanglante du Front patriotique rwandais, le 4 juillet 1994 sur les forces régulières, a toujours été chantée comme la fin du génocide et célébrée, depuis, comme l’entrée du pays dans une nouvelle époque de rupture avec l’ordre coloniale et de jonction la reconstruction du pays et de l’identité nationale.
Au finish, on se rend compte qu’en fait de lutte pour les égalités au sein de son pays et d’œuvrer pour la « construction », d’une « identité nationale », Paul Kagame n’a jamais été aussi divisionniste qu’aujourd’hui.
Tous ceux qui connaissent bien le Rwanda et ses communautés plurielles savent qu’aujourd’hui ce pays vit à plusieurs vitesses : d’une part les tutsis de la diaspora anglo-saxonne qui dominent et tiennent tous les leviers du pouvoir politique et financier, tandis que l’autre diaspora francophone (notamment les anciens de la RDC, du Congo Brazzaville, Gabon, Côte d’Ivoire) qui continuent de se demander à quoi sert leur appartenance tutsie.
D’autre part, le reste des populations confiné dans la majorité silencieux sous forme de ces vaincus qui n’ont plus voie au chapitre.
Silence, ici on construit l’ethnisme. Ce n’est, en effet, pas à tort que les autorités congolaises accusent Kigali d’entretenir et de raviver le divisionnisme dans la petite région des grands lacs. Son soutien actif aux mutins communautaristes dans les Kivu est une de ces nombreuses preuves de sa volonté et sa détermination à voguer à contre-courant de la nécessaire intégration communautaire, préférant, lui, la séparation des communautés, au besoin à travers les espaces de vie ; quitte, s’il le faut, à chambouler les frontières héritées des colonisations pour diviser des peuples que, pourtant, les cultures condamnent de vivre ensemble.
Pour les nouvelles fêtes d’indépendance, Kagame n’a, manifestement, pas su finaliser son énième coup qu’il aura été démasqué dans sa démarche. Alors, dans sa fuite en avant, il ré-instrumentalise le génocide, espérant, susciter la commisération internationale.
Mais cette fois la mayonnaise a décidé de ne pas prendre. Au contraire, c’est lui, Kagame, qui est pris la main dans le sac, en flagrant délit de pyromanie dans les Grands Lacs.
Au moins aura-t-il réussi une chose : ternir les fêtes d’indépendance pour cette année 2012. Courte satisfaction, car, tant que les peuples existeront, ils célébreront leurs existences à chaque lever et chaque coucher du soleil.
JEK
© KongoTimes
Paul KAGAME et les Forces Rwandaises
Le Rwanda, qui partage pourtant la même date d’indépendance avec le Burundi, a passé la charnière du cinquantenaire dans la « méditation ». Ce grand moment de l’histoire d’une nation semble avoir été pris en otage par le pantagruélique appétit de pouvoir de Paul Kagame qui a estimé qu’il n’y a rien à fêter et qu’au contraire, les rwandais devraient plutôt se répandre dans les pleurs et grincements des dents.
Gros paradoxe quand on se rend compte qu’en fait, on assiste à un véritable spectacle du pyromane qui crie au feu ou du bourreau qui se confond en lamentations pour attirer la commisération générale.
Le début du second demi-siècle d’indépendance des pays des Grands Lacs (RDC, Burundi et Rwanda) s’entame sous des jours bien contrastés. Alors que les premières lueurs ayant succédé au 50 ans d’indépendance de ces trois pays auguraient, ici et là, des lendemains plus prometteurs après des torrents de sang qui ont irrigué les vastes pâturages des Grands Lacs, les peuples de la région sombrent à nouveau dans un autre cycle de violence qui, ces deux derniers mois, ravissent la vedette aux fêtes d’indépendance à Kinshasa, Kigali et Bujumbura.
En RDC, en effet, le 52ème anniversaire de l’indépendance a été commémoré dans la méditation, en solidarité avec les populations de l’Est à nouveau meurtris à la suite de la mutinerie-agression de la coalition rwando-M23. Joseph Kabila, Président de la République, a su fédérer ses compatriotes autour de ce devoir de solidarité. Il n’a, pour cela, pas eu trop d’efforts à fournir, le nationalisme congolais ayant fait ses preuves tout au long des différents drames injustes qui ont eu à endeuiller la Nation.
Le Burundi, pour sa part, a célébré ses 50 ans d’indépendance dans la joie le 1er juillet 2012, certes. Une fête « douce-amère », mais placée sous le signe de l’espoir si l’on observe seulement le parcours de ce pays, surtout ces dix dernières années, et les gros efforts de ses dirigeants à inscrire le pays sur les autoroutes du développement.
C’est à juste titre, d’ailleurs, que notre consœur Colette Braeckman notait, avant le jour de la fête d’indépendance, que « le Burundi pourra démontrer qu’à force de négociations, de compromis, de dialogues sous de multiples auspices, les démons de l’ethnisme ont été conjurés. »
Pour la fête de l’indépendance, poursuit-elle, « chaque province, chaque commune a été invitée à présenter une « œuvre », une réalisation concrète indiquant que la reconstruction est en bonne voie. »
Fuite en avant
Le Rwanda, qui partage pourtant la même date d’indépendance avec le Burundi, a passé la charnière du cinquantenaire dans la « méditation ». Ce grand moment de l’histoire d’une nation semble avoir été pris en otage par le pantagruélique appétit de pouvoir de Paul Kagame qui a estimé qu’il n’y a rien à fêter et qu’au contraire, les rwandais devraient plutôt se répandre dans les pleurs et grincements des dents.
Gros paradoxe quand on se rend compte qu’en fait, on assiste à un véritable spectacle du pyromane qui crie au feu ou du bourreau qui se confond en lamentations pour attirer la commisération générale. L’antienne, pour Kigali est bien connue : l’indépendance, aux oreilles de Kagame, se traduit, non pas par la libération d’un peuple, mais par la mise à l’écart, la stigmatisation et la persécution d’une composante de la nation, les Tutsis.
Pourtant la « victoire », sanglante du Front patriotique rwandais, le 4 juillet 1994 sur les forces régulières, a toujours été chantée comme la fin du génocide et célébrée, depuis, comme l’entrée du pays dans une nouvelle époque de rupture avec l’ordre coloniale et de jonction la reconstruction du pays et de l’identité nationale.
Au finish, on se rend compte qu’en fait de lutte pour les égalités au sein de son pays et d’œuvrer pour la « construction », d’une « identité nationale », Paul Kagame n’a jamais été aussi divisionniste qu’aujourd’hui.
Tous ceux qui connaissent bien le Rwanda et ses communautés plurielles savent qu’aujourd’hui ce pays vit à plusieurs vitesses : d’une part les tutsis de la diaspora anglo-saxonne qui dominent et tiennent tous les leviers du pouvoir politique et financier, tandis que l’autre diaspora francophone (notamment les anciens de la RDC, du Congo Brazzaville, Gabon, Côte d’Ivoire) qui continuent de se demander à quoi sert leur appartenance tutsie.
D’autre part, le reste des populations confiné dans la majorité silencieux sous forme de ces vaincus qui n’ont plus voie au chapitre.
Silence, ici on construit l’ethnisme. Ce n’est, en effet, pas à tort que les autorités congolaises accusent Kigali d’entretenir et de raviver le divisionnisme dans la petite région des grands lacs. Son soutien actif aux mutins communautaristes dans les Kivu est une de ces nombreuses preuves de sa volonté et sa détermination à voguer à contre-courant de la nécessaire intégration communautaire, préférant, lui, la séparation des communautés, au besoin à travers les espaces de vie ; quitte, s’il le faut, à chambouler les frontières héritées des colonisations pour diviser des peuples que, pourtant, les cultures condamnent de vivre ensemble.
Pour les nouvelles fêtes d’indépendance, Kagame n’a, manifestement, pas su finaliser son énième coup qu’il aura été démasqué dans sa démarche. Alors, dans sa fuite en avant, il ré-instrumentalise le génocide, espérant, susciter la commisération internationale.
Mais cette fois la mayonnaise a décidé de ne pas prendre. Au contraire, c’est lui, Kagame, qui est pris la main dans le sac, en flagrant délit de pyromanie dans les Grands Lacs.
Au moins aura-t-il réussi une chose : ternir les fêtes d’indépendance pour cette année 2012. Courte satisfaction, car, tant que les peuples existeront, ils célébreront leurs existences à chaque lever et chaque coucher du soleil.
JEK
© KongoTimes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire