Le 28 août 2008, Laurent Nkunda et les Tutsis du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) reprenaient leurs attaques dans le Kivu, province de l'est de la République Démocratique du Congo ou RDC (1).
Le 29 octobre, ils s'emparaient de l'agglomération de Rutshuru puis, sans combat, de la ville de Goma. Dans la nuit du 5 au 6 novembre, les hommes de Nkunda ratissaient la bourgade de Kiwandja causant, au bas mot, plusieurs dizaines de mort.
Il faut, pour comprendre le sens de cette épopée en marche, disposer de quelques clefs et, d'abord, expliquer qui sont les Tutsis.
LES TUTSIS
D'après les historiens, les Tutsis seraient apparus dans la région des Grands Lacs vers le Xème siècle. Pasteurs et guerriers, ils remontaient des vallées du Nil à la recherche de nouveaux pâturages.
Arrivant dans les collines des futurs Rwanda et Burundi, ils soumirent les populations locales de cultivateurs, principalement des Hutus, et installèrent une société de type féodale dominée par des monarques.
Une thèse est parfois opposée à notre propos. Si l'on croit certaines personnes, les Tutsis et les Hutus auraient les mêmes origines et, entre eux, la différence ne serait que d'ordre social. Ce credo ne résiste pas à l'observation.
De très haute taille, les Tutsis présentent un profil longiligne, quand les Hutus, des Bantous beaucoup plus petits, sont eux de forte carrure (2), même si l'on voit de nombreux cas de métissages entre les deux ethnies.
LE RWANDA ET LE BURUNDI
Deuxième clef, l'histoire du Rwanda et du Burundi. Colonisés par les Allemands, ces deux petits pays passent sous mandat des Belges pendant la Première Guerre mondiale. Ces derniers, comme leurs prédécesseurs, pratiquent le gouvernement indirect, laissant l'aristocratie tutsie administrer la population hutue.
Montrant la même préférence et renforçant le choix du colonisateur, les écoles de missionnaires ouvrent largement les écoles aux jeunes Tutsis, ne recevant qu'une très faible proportion de Hutus (3).
Cependant, sous les pressions des Nations Unies, dès 1952, l'introduction de la démocratie ébranle les structures féodales des deux petits pays et éveille les ambitions politiques des Hutus. Puis, en 1962, le Rwanda et le Burundi accèdent à l'indépendance.
En 1966, au Burundi, l'avènement de la République voit le maintien au pouvoir des Tutsis dans l'armée et dans les structures politiques. Aussi, même s'ils ne représentent que 19% de la population, longtemps ils parviennent à se maintenir à la tête du pays.
Cette situation, génère de nombreux et sanglants affrontements interethniques, dont sont victimes tour à tour Hutus et Tutsis. Il faudra attendre 2005, pour qu'un Président hutu, élu par le plus grand nombre, finisse par s'installer fermement au pouvoir.
DU RWANDA A L'OUGANDA
Au Rwanda, en revanche, en 1961, à la suite de plusieurs révoltes des Hutus contre les Tutsis, la monarchie est renversée et la République proclamée. Les Hutus, qui forment 85% de la population, élisent alors un Président de leur ethnie. Affolée, la minorité tutsie s'exile, principalement en Ouganda, où elle s'organise en guérilla et effectue des raids contre le Rwanda.
C'est dans ce contexte que le Président Valéry Giscard d'Estaing signe un accord de coopération militaire au nom de la France avec ce pays en 1975. Cependant, la tension ne cessant de croître entre les deux ethnies, les pogroms répondent aux agressions.
Puis, en 1987, les Tutsis créent le FPR (Front patriotique rwandais) et, toujours à partir de l'Ouganda, le 1er octobre 1990, lancent une importante offensive contre le Rwanda où, dans le nord, ils parviennent à établir des bases.
La pression du FPR fouettant le ressentiment des Hutus contre les Tutsis, une campagne de haine organisée par le gouvernement trouve un terrain fertile à travers tout le Rwanda. Résultat, quand Juvénal Habyarimana (4), le président hutu, est tué le 6 avril 1994 dans un attentat, un déferlement de violence s'empare du pays pour prendre la forme d'un génocide anti-Tutsis.
Cette vague de meurtres fait de 800 000 à un million de victimes, incluant des Hutus dits modérés.
Néanmoins, synchronisant une nouvelle offensive avec les événements, le 4 juillet 1994, le FPR tutsi s'empare de la capitale, Kigali, et s'impose par la force des armes à la tête du pays.
Des Hutus, qualifiés sans distinction de " génocidaires ", se replient alors vers le Zaïre, future RDC (1), où à leur tour ils s'organisent en guérilla. Au Rwanda, le chef du FPR, Paul Kagame, prend habilement le titre de vice-président, laissant la magistrature suprême à un Hutu, le pasteur Bizimungu, derrière lequel il exerce la réalité du pouvoir. Pas pour longtemps cependant.
En mars 2000, Paul Kagame force Bizimungu à la démission et se fait élire Président à sa place par le Parlement. Puis, en avril 2002, il le jetteen prison sous l'accusation " d'incitation à la violence ".
Au cours d'un interview accordée à " Jeune Afrique " (5), parlant des Hutus et des Tutsis, le malheureux avait eu le tort de dire : " Chaque fois que l'un des groupes s'empare du pouvoir, il essaie d'écraser l'autre. Jusqu'à ce que ce dernier prenne sa revanche. Nous pensions qu'avec le FPR les choses allaient changer, nous avons été déçus ".
PAUL KAGAME
Le parcours du nouveau maître du Rwanda est lourd de signification politique. Né en 1957, quand il a deux ans, il quitte son pays pour l'Ouganda avec sa famille afin d'échapper aux violences ethniques. A 22 ans, il part pour l'Ouganda, où il rejoint les forces d'un certain Yoweri Museveni, le chef d'une guérilla, qui lutte alors contre Idi Amin Dada, l'ubuesque Président du pays (6), avant de retourner ses armes contre les successeurs de celui-ci.
En 1986, Museveni finit par devenir Président de l'Ouganda, position à laquelle il s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui. Comme beaucoup de Tutsis rwandais en exil, Kagame l'accompagne dans son succès, et devient le patron des renseignements militaires ougandais.
Il pourrait continuer une carrière ougandaise mais le sort et Museveni en décident autrement. En 1990, le chef du FPR, la rébellion tutsie du Rwanda, meurt au combat. Kagame est alors en stage de formation militaire aux États-Unis. Museveni le rappelle et l'impose à la tête de la guérilla. Il s'y maintiendra et, comme nous l'avons vu, suivant le modèle de son parrain, finira par devenir le Président du Rwanda.
LAURENT NKUNDA
Ensanglantant l'est du Congo, les événements décrits au début de cette page s'inscrivent dans la logique de l'expansion des Tutsis et de leurs alliés. Laurent Nkunda apparaît comme un marqueur de celle-ci.
Né le 2 février 1967 au Zaïre (1), il descend des Tutsis arrivés du Rwanda dans la province du Kivu, au XIXème siècle, au cours de leur poussée vers l'ouest. Au début des années 90, il rejoint le FPR de Kagame, en Ouganda, et fait ses premières armes avec lui.
En 1994, après la prise de pouvoir de Kagame au Rwanda, Nkunda sert pendant deux ans dans l'armée rwandaise. En bref, aux côtés de son mentor, il a suivi un itinéraire identique à celui de ce dernier derrière l'Ougandais Museveni.
Puis il combat au Zaïre avec les Tutsis de ce pays contre Mobutu (7). On le comprend en mission pour le nouveau Rwanda. Plus tard, en 1998, on le signale organisant la rébellion tutsie contre le nouveau maître de la RDC (1), Laurent Désiré Kabila.
Le Rwanda,
coeur d'un empire en expansion
Depuis, à travers l'instabilité entretenue dans la région par les pays voisins, Nkunda n'a jamais cessé de mener des opérations militaires en RDC, dans le nord du Kivu. Il porte pourtant le grade de général de l'armée congolaise, acquis à l'occasion d'un accord de paix resté lettre morte.
Plus grave, accusé de crimes de guerre, depuis 2005, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
UNE COALITION ANGLOPHONE
L'héritage colonial avait fait du Rwanda et de son jumeau, le Burundi, des pays francophones. Aujourd'hui, on s'étonne d'y voir l'anglais se substituant à la langue française.
Ce n'est pas tout. Museveni, l'Ougandais, se présente comme un évangéliste du mouvement " born again ". Nkunda, le Congolais, se déclare lui aussi de la mouvance évangéliste et porte à l'épaule un insigne sur lequel on lit en anglais " Rebelles pour le Christ ". Il dit avoir converti ses troupes à la même foi.
Déjà, en Côte d'Ivoire (8), au Bénin, au Togo et ailleurs, nous avons vu l'instrumentalisation de ce courant religieux, venu des États-Unis, au service des intérêts de Washington et de Londres. La saga expansionniste des Tutsis dissimule mal les appétits anglo-saxons. Mais pourquoi cet intérêt pour une région enclavée, dont les habitants ne tirent qu'un maigre revenu ?
Il faut savoir la zone des affrontements, le Kivu, riche en minerais de haute valeur stratégique. On y trouve de l'or, du cobalt, du tungstène, de l'antimoine, du thorium et autres métaux.
On comprend mieux pourquoi, les guerres du Congo, qui ensanglantent le Kivu depuis 1996, ont fait quatre à cinq millions de morts. Pourquoi, aussi, tant de forces cherchent à interdire à la France d'exercer une influence dans cette région.
Notes
(1) La RDC, République démocratique du Congo, connue autrefois sous le nom de Congo belge avant de prendre celui de Zaïre.
(2) Selon cette thèse, qui se veut anti-raciste, c'est le colonisateur belge qui aurait imaginé une distinction inexistante entre deux classes sociales. Cette interprétation angélique de la réalité est démentie par l'observation de la réalité sur le terrain.
(3) In " Les 50 Afriques ", d'Hervé Bourges et Claude Wauthier, Éditions du Seuil.
(4) Le 21 novembre 2006, le juge Jean-Louis Bruguière a délivré des mandats d'arrêts internationaux contre neuf proches de Paul Kagame. Ils sont soupçonnés, sous l'égide de ce dernier, d'avoir commandité l'assassinat du Président rwandais Juvénal Habyarimana.
(5) In " Jeune Afrique " du 3 juillet 2001.
(6) Pour mémoire, Idi Amin Dada a été déchu le 11 avril 1979. Exilé, il est mort en Arabie Saoudite le 16 août 2003.
(7) In " Libération " du 4 novembre 2008.
(8) Lire: " Côte d'Ivoire, la double manipulation ".
Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/index.html
Le 29 octobre, ils s'emparaient de l'agglomération de Rutshuru puis, sans combat, de la ville de Goma. Dans la nuit du 5 au 6 novembre, les hommes de Nkunda ratissaient la bourgade de Kiwandja causant, au bas mot, plusieurs dizaines de mort.
Il faut, pour comprendre le sens de cette épopée en marche, disposer de quelques clefs et, d'abord, expliquer qui sont les Tutsis.
LES TUTSIS
D'après les historiens, les Tutsis seraient apparus dans la région des Grands Lacs vers le Xème siècle. Pasteurs et guerriers, ils remontaient des vallées du Nil à la recherche de nouveaux pâturages.
Arrivant dans les collines des futurs Rwanda et Burundi, ils soumirent les populations locales de cultivateurs, principalement des Hutus, et installèrent une société de type féodale dominée par des monarques.
Une thèse est parfois opposée à notre propos. Si l'on croit certaines personnes, les Tutsis et les Hutus auraient les mêmes origines et, entre eux, la différence ne serait que d'ordre social. Ce credo ne résiste pas à l'observation.
De très haute taille, les Tutsis présentent un profil longiligne, quand les Hutus, des Bantous beaucoup plus petits, sont eux de forte carrure (2), même si l'on voit de nombreux cas de métissages entre les deux ethnies.
LE RWANDA ET LE BURUNDI
Deuxième clef, l'histoire du Rwanda et du Burundi. Colonisés par les Allemands, ces deux petits pays passent sous mandat des Belges pendant la Première Guerre mondiale. Ces derniers, comme leurs prédécesseurs, pratiquent le gouvernement indirect, laissant l'aristocratie tutsie administrer la population hutue.
Montrant la même préférence et renforçant le choix du colonisateur, les écoles de missionnaires ouvrent largement les écoles aux jeunes Tutsis, ne recevant qu'une très faible proportion de Hutus (3).
Cependant, sous les pressions des Nations Unies, dès 1952, l'introduction de la démocratie ébranle les structures féodales des deux petits pays et éveille les ambitions politiques des Hutus. Puis, en 1962, le Rwanda et le Burundi accèdent à l'indépendance.
En 1966, au Burundi, l'avènement de la République voit le maintien au pouvoir des Tutsis dans l'armée et dans les structures politiques. Aussi, même s'ils ne représentent que 19% de la population, longtemps ils parviennent à se maintenir à la tête du pays.
Cette situation, génère de nombreux et sanglants affrontements interethniques, dont sont victimes tour à tour Hutus et Tutsis. Il faudra attendre 2005, pour qu'un Président hutu, élu par le plus grand nombre, finisse par s'installer fermement au pouvoir.
DU RWANDA A L'OUGANDA
Au Rwanda, en revanche, en 1961, à la suite de plusieurs révoltes des Hutus contre les Tutsis, la monarchie est renversée et la République proclamée. Les Hutus, qui forment 85% de la population, élisent alors un Président de leur ethnie. Affolée, la minorité tutsie s'exile, principalement en Ouganda, où elle s'organise en guérilla et effectue des raids contre le Rwanda.
C'est dans ce contexte que le Président Valéry Giscard d'Estaing signe un accord de coopération militaire au nom de la France avec ce pays en 1975. Cependant, la tension ne cessant de croître entre les deux ethnies, les pogroms répondent aux agressions.
Puis, en 1987, les Tutsis créent le FPR (Front patriotique rwandais) et, toujours à partir de l'Ouganda, le 1er octobre 1990, lancent une importante offensive contre le Rwanda où, dans le nord, ils parviennent à établir des bases.
La pression du FPR fouettant le ressentiment des Hutus contre les Tutsis, une campagne de haine organisée par le gouvernement trouve un terrain fertile à travers tout le Rwanda. Résultat, quand Juvénal Habyarimana (4), le président hutu, est tué le 6 avril 1994 dans un attentat, un déferlement de violence s'empare du pays pour prendre la forme d'un génocide anti-Tutsis.
Cette vague de meurtres fait de 800 000 à un million de victimes, incluant des Hutus dits modérés.
Néanmoins, synchronisant une nouvelle offensive avec les événements, le 4 juillet 1994, le FPR tutsi s'empare de la capitale, Kigali, et s'impose par la force des armes à la tête du pays.
Des Hutus, qualifiés sans distinction de " génocidaires ", se replient alors vers le Zaïre, future RDC (1), où à leur tour ils s'organisent en guérilla. Au Rwanda, le chef du FPR, Paul Kagame, prend habilement le titre de vice-président, laissant la magistrature suprême à un Hutu, le pasteur Bizimungu, derrière lequel il exerce la réalité du pouvoir. Pas pour longtemps cependant.
En mars 2000, Paul Kagame force Bizimungu à la démission et se fait élire Président à sa place par le Parlement. Puis, en avril 2002, il le jetteen prison sous l'accusation " d'incitation à la violence ".
Au cours d'un interview accordée à " Jeune Afrique " (5), parlant des Hutus et des Tutsis, le malheureux avait eu le tort de dire : " Chaque fois que l'un des groupes s'empare du pouvoir, il essaie d'écraser l'autre. Jusqu'à ce que ce dernier prenne sa revanche. Nous pensions qu'avec le FPR les choses allaient changer, nous avons été déçus ".
PAUL KAGAME
Le parcours du nouveau maître du Rwanda est lourd de signification politique. Né en 1957, quand il a deux ans, il quitte son pays pour l'Ouganda avec sa famille afin d'échapper aux violences ethniques. A 22 ans, il part pour l'Ouganda, où il rejoint les forces d'un certain Yoweri Museveni, le chef d'une guérilla, qui lutte alors contre Idi Amin Dada, l'ubuesque Président du pays (6), avant de retourner ses armes contre les successeurs de celui-ci.
En 1986, Museveni finit par devenir Président de l'Ouganda, position à laquelle il s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui. Comme beaucoup de Tutsis rwandais en exil, Kagame l'accompagne dans son succès, et devient le patron des renseignements militaires ougandais.
Il pourrait continuer une carrière ougandaise mais le sort et Museveni en décident autrement. En 1990, le chef du FPR, la rébellion tutsie du Rwanda, meurt au combat. Kagame est alors en stage de formation militaire aux États-Unis. Museveni le rappelle et l'impose à la tête de la guérilla. Il s'y maintiendra et, comme nous l'avons vu, suivant le modèle de son parrain, finira par devenir le Président du Rwanda.
LAURENT NKUNDA
Ensanglantant l'est du Congo, les événements décrits au début de cette page s'inscrivent dans la logique de l'expansion des Tutsis et de leurs alliés. Laurent Nkunda apparaît comme un marqueur de celle-ci.
Né le 2 février 1967 au Zaïre (1), il descend des Tutsis arrivés du Rwanda dans la province du Kivu, au XIXème siècle, au cours de leur poussée vers l'ouest. Au début des années 90, il rejoint le FPR de Kagame, en Ouganda, et fait ses premières armes avec lui.
En 1994, après la prise de pouvoir de Kagame au Rwanda, Nkunda sert pendant deux ans dans l'armée rwandaise. En bref, aux côtés de son mentor, il a suivi un itinéraire identique à celui de ce dernier derrière l'Ougandais Museveni.
Puis il combat au Zaïre avec les Tutsis de ce pays contre Mobutu (7). On le comprend en mission pour le nouveau Rwanda. Plus tard, en 1998, on le signale organisant la rébellion tutsie contre le nouveau maître de la RDC (1), Laurent Désiré Kabila.
Le Rwanda,
coeur d'un empire en expansion
Depuis, à travers l'instabilité entretenue dans la région par les pays voisins, Nkunda n'a jamais cessé de mener des opérations militaires en RDC, dans le nord du Kivu. Il porte pourtant le grade de général de l'armée congolaise, acquis à l'occasion d'un accord de paix resté lettre morte.
Plus grave, accusé de crimes de guerre, depuis 2005, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
UNE COALITION ANGLOPHONE
L'héritage colonial avait fait du Rwanda et de son jumeau, le Burundi, des pays francophones. Aujourd'hui, on s'étonne d'y voir l'anglais se substituant à la langue française.
Ce n'est pas tout. Museveni, l'Ougandais, se présente comme un évangéliste du mouvement " born again ". Nkunda, le Congolais, se déclare lui aussi de la mouvance évangéliste et porte à l'épaule un insigne sur lequel on lit en anglais " Rebelles pour le Christ ". Il dit avoir converti ses troupes à la même foi.
Déjà, en Côte d'Ivoire (8), au Bénin, au Togo et ailleurs, nous avons vu l'instrumentalisation de ce courant religieux, venu des États-Unis, au service des intérêts de Washington et de Londres. La saga expansionniste des Tutsis dissimule mal les appétits anglo-saxons. Mais pourquoi cet intérêt pour une région enclavée, dont les habitants ne tirent qu'un maigre revenu ?
Il faut savoir la zone des affrontements, le Kivu, riche en minerais de haute valeur stratégique. On y trouve de l'or, du cobalt, du tungstène, de l'antimoine, du thorium et autres métaux.
On comprend mieux pourquoi, les guerres du Congo, qui ensanglantent le Kivu depuis 1996, ont fait quatre à cinq millions de morts. Pourquoi, aussi, tant de forces cherchent à interdire à la France d'exercer une influence dans cette région.
Notes
(1) La RDC, République démocratique du Congo, connue autrefois sous le nom de Congo belge avant de prendre celui de Zaïre.
(2) Selon cette thèse, qui se veut anti-raciste, c'est le colonisateur belge qui aurait imaginé une distinction inexistante entre deux classes sociales. Cette interprétation angélique de la réalité est démentie par l'observation de la réalité sur le terrain.
(3) In " Les 50 Afriques ", d'Hervé Bourges et Claude Wauthier, Éditions du Seuil.
(4) Le 21 novembre 2006, le juge Jean-Louis Bruguière a délivré des mandats d'arrêts internationaux contre neuf proches de Paul Kagame. Ils sont soupçonnés, sous l'égide de ce dernier, d'avoir commandité l'assassinat du Président rwandais Juvénal Habyarimana.
(5) In " Jeune Afrique " du 3 juillet 2001.
(6) Pour mémoire, Idi Amin Dada a été déchu le 11 avril 1979. Exilé, il est mort en Arabie Saoudite le 16 août 2003.
(7) In " Libération " du 4 novembre 2008.
(8) Lire: " Côte d'Ivoire, la double manipulation ".
Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/index.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire