le 28/11/2012
Incertitude et confusion, mardi à Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu occupée depuis une semaine par les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda.
Convoqué lundi soir à Kampala par le président Museveni, médiateur dans cette crise, le chef militaire des rebelles, le général Sultani Makenga, a cédé aux pressions du chef d’Etat, fort des décisions du sommet régional de samedi (voir "LLB" 27/11) ordonnant le retrait de Goma du M23 en échange d’un engagement du président Kabila à "écouter" et "résoudre les revendications légitimes" des rebelles.
Le chef d’état-major ougandais a annoncé lundi matin un retrait du M23 de la ville, "qui sera achevé dans les 48 heures" , soit jeudi.
Sultani Makenga a tempéré, auprès de l’AFP : "Demain ou après-demain [ ] au plus tard dans trois jours, on va quitter Goma " et se retirer à 20 km de la ville, aux positions occupées par les rebelles avant la dernière offensive sur Kibumba, Goma et Saké.
Soit vendredi, jour pour lequel l’Ouganda a annoncé une réunion des chefs d’états-majors des pays de la région pour vérifier le respect des décisions prises samedi à Kampala.
Selon l’accord de Kampala, un bataillon de l’armée et la police congolaise seront déployés à Goma tandis que le M23 ne gardera qu’une centaine d’hommes à l’aéroport de la ville, avec autant de militaires congolais et autant venus d’une "force neutre" (la Tanzanie ?). Une zone tampon entre le territoire sous contrôle M23 et Goma sera gardée par les casques bleus.
Mais, à Goma, le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, n’a pas la même position. Pour lui, le M23 se retirera de Goma quand ses revendications seront satisfaites.
Or, les deux chefs du M23 n’ont pas les mêmes.
Celles de Sultani Makenga sont les revendications originelles du M23, de type "syndical" et régional : réintégration des rebelles dans l’armée avec leur grade; même traitement que les autres militaires; amélioration du fonctionnement de l’armée; retour des réfugiés tutsis au Nord-Kivu
Celles de M. Runiga, dopées par la chute de Goma, sont nationales - apparemment dans l’espoir de gagner aux rebelles un appui populaire qui leur manque et d’obtenir le renversement du président Kabila, dont l’élection, il y a un an, fut " non crédible" , selon les observateurs.
Il réclame donc, en plus, la fin de la mise en résidence surveillée de l’opposant Tshisekedi; l’arrestation du chef de la police, John Numbi, accusé par les familles de l’assassinat de deux défenseurs des Droits de l’homme; des enquêtes sur des généraux corrompus, sur un assassinat et sur une tentative d’assassinat qui ont indigné l’opinion; la libération des prisonniers politiques; la dissolution de la commission électorale responsable de fraudes massives.
Des revendications qualifiées mardi de "farces" par Kinshasa.
Les jours qui viennent devraient donc montrer la vraie nature du M23 : une mutinerie, et dans ce cas, c’est l’option choisie par Sultani Makenga qui sera suivie, ou "le mouvement politique" qu’il prétend être, où les militaires sont soumis aux politiques; dans ce cas, c’est Runiga qui l’emportera.
Il se peut aussi que les deux parrains du M23 - le Rwanda en tant qu’Etat, selon les experts onusiens, et l’Ouganda par le biais d’individus proches du pouvoir - appuient chacun une branche du M23.
L’annonce, par les autorités rwandaises, d’une attaque meurtrière des FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires, réfugiés au Kivu) contre le Rwanda, mardi à l’aube, tombe à point nommé pour rappeler à l’Ouganda que Kigali entend garder un œil sur la politique sécuritaire au Kivu.
C’est, en effet, la décision du président Kabila de mettre fin aux opérations militaires rwando-congolaises contre les FDLR qui avait poussé à la création du M23, en mai dernier.
Les habitants de Goma sont, quant à eux, dans une expectative inquiète.
Convoqué lundi soir à Kampala par le président Museveni, médiateur dans cette crise, le chef militaire des rebelles, le général Sultani Makenga, a cédé aux pressions du chef d’Etat, fort des décisions du sommet régional de samedi (voir "LLB" 27/11) ordonnant le retrait de Goma du M23 en échange d’un engagement du président Kabila à "écouter" et "résoudre les revendications légitimes" des rebelles.
Le chef d’état-major ougandais a annoncé lundi matin un retrait du M23 de la ville, "qui sera achevé dans les 48 heures" , soit jeudi.
Sultani Makenga a tempéré, auprès de l’AFP : "Demain ou après-demain [ ] au plus tard dans trois jours, on va quitter Goma " et se retirer à 20 km de la ville, aux positions occupées par les rebelles avant la dernière offensive sur Kibumba, Goma et Saké.
Soit vendredi, jour pour lequel l’Ouganda a annoncé une réunion des chefs d’états-majors des pays de la région pour vérifier le respect des décisions prises samedi à Kampala.
Selon l’accord de Kampala, un bataillon de l’armée et la police congolaise seront déployés à Goma tandis que le M23 ne gardera qu’une centaine d’hommes à l’aéroport de la ville, avec autant de militaires congolais et autant venus d’une "force neutre" (la Tanzanie ?). Une zone tampon entre le territoire sous contrôle M23 et Goma sera gardée par les casques bleus.
Mais, à Goma, le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga, n’a pas la même position. Pour lui, le M23 se retirera de Goma quand ses revendications seront satisfaites.
Or, les deux chefs du M23 n’ont pas les mêmes.
Celles de Sultani Makenga sont les revendications originelles du M23, de type "syndical" et régional : réintégration des rebelles dans l’armée avec leur grade; même traitement que les autres militaires; amélioration du fonctionnement de l’armée; retour des réfugiés tutsis au Nord-Kivu
Celles de M. Runiga, dopées par la chute de Goma, sont nationales - apparemment dans l’espoir de gagner aux rebelles un appui populaire qui leur manque et d’obtenir le renversement du président Kabila, dont l’élection, il y a un an, fut " non crédible" , selon les observateurs.
Il réclame donc, en plus, la fin de la mise en résidence surveillée de l’opposant Tshisekedi; l’arrestation du chef de la police, John Numbi, accusé par les familles de l’assassinat de deux défenseurs des Droits de l’homme; des enquêtes sur des généraux corrompus, sur un assassinat et sur une tentative d’assassinat qui ont indigné l’opinion; la libération des prisonniers politiques; la dissolution de la commission électorale responsable de fraudes massives.
Des revendications qualifiées mardi de "farces" par Kinshasa.
Les jours qui viennent devraient donc montrer la vraie nature du M23 : une mutinerie, et dans ce cas, c’est l’option choisie par Sultani Makenga qui sera suivie, ou "le mouvement politique" qu’il prétend être, où les militaires sont soumis aux politiques; dans ce cas, c’est Runiga qui l’emportera.
Il se peut aussi que les deux parrains du M23 - le Rwanda en tant qu’Etat, selon les experts onusiens, et l’Ouganda par le biais d’individus proches du pouvoir - appuient chacun une branche du M23.
L’annonce, par les autorités rwandaises, d’une attaque meurtrière des FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires, réfugiés au Kivu) contre le Rwanda, mardi à l’aube, tombe à point nommé pour rappeler à l’Ouganda que Kigali entend garder un œil sur la politique sécuritaire au Kivu.
C’est, en effet, la décision du président Kabila de mettre fin aux opérations militaires rwando-congolaises contre les FDLR qui avait poussé à la création du M23, en mai dernier.
Les habitants de Goma sont, quant à eux, dans une expectative inquiète.
Marie-France Cros
Lalibre.be
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