jeudi 27 décembre 2012

John Prendergast accuse les « fonctionnaires corrompus congolais » d’entretenir la guerre en RDC

mercredi 26 décembre 2012
 
Le co-fondateur d’Enough Project, John Prendergast, accuse les« fonctionnaires corrompus congolais » d’entretenir la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) pour des « intérêts sans scrupules ».
 
« Il n'y aura pas de paix au Congo aussi longtemps que les intérêts sans scrupules peuvent faire des profits immenses de l'extraction des minerais et d’autres ressources naturelles avec la complicité des gouvernements régionaux. Les fonctionnaires corrompus congolais n'ont aucun intérêt dans la réforme de la justice ou de l'armée parce qu'ils récoltent une manne de la mafieuse contrebande et de l'accaparement des terres », affirme-t-il dans un récent témoignage devant le Sous-comité sur l'Afrique, la santé mondiale et les droits de l'homme du Congrès américain.
 
A son avis, « il faudra un effort visant à modifier les incitations de marché similaires à celui qui a mis fin aux diamants de sang des guerres ailleurs en Afrique ».
 
« Le Rwanda, post-génocide et miracle économique, a bénéficié d'énormes exportations d'étain et de tantale congolais de contrebande. L’Ouganda s'enrichit avec de grandes exportations illicites d'or congolais. Cela garantit que l'Est du Congo reste à la merci des groupes armés et leurs partenaires d'affaires criminelles alliés à Kinshasa, Kigali ou à Kampala. Comme avec toutes les mafias, parfois ceux-ci luttent par des groupes concurrents, parfois ils coopèrent », expliquent-ils.
 
Pistes de solutions
 
John Prendergast note qu’« après l'adoption de la loi Dodd-Frank qui oblige les entreprises à déclarer si les minéraux sont d'origine des zones de conflit, les bénéfices de guerre des minéraux T 3 ont diminué de 65%, car il est devenu de plus en plus difficile de vendre des minéraux introuvables sur le marché mondial ».
 
Il rappelle que « plusieurs réformes initiées par le Congo et l'industrie ont également vu le jour, en même temps que la région des Grands Lacs a développé un processus de certification pour les minéraux ».
 
« Les Etats-Unis ont l'occasion de contribuer à briser le cycle de la violence qui a ravagé l'Est du Congo et déstabilisé une grande partie de la région des Grands Lacs au cours des 15 dernières années. Mais, il faudra beaucoup plus d'attention de la part des décideurs de haut niveau, un changement radical dans notre engagement diplomatique dans la région, en nous concentrant sur les zones d’influence des Etats-Unis, en particulier sur les efforts visant à transformer le commerce des ressources naturelles de moteur de la violence en un catalyseur pour la paix régionale », estime-t-il.
 
Le co-fondateur d’Enough Project, John Prendergast, «recommande fortement» aux Etats-Unis de « prendre d'urgence les mesures suivantes à l'appui de la paix au Congo »:
  • Nomination d’un envoyé présidentiel. L'Envoyé doit être une personne de haut niveau ayant une expérience et des relations dans la région, qui serait chargé d'élaborer une politique unifiée vers la crise régionale et être capable de s'investir pleinement pour aider à élargir et approfondir le processus de paix pour répondre à ses carences béantes. Afin de s'assurer que toutes les parties vont coopérer pleinement au processus politique international et aussi travailler étroitement avec l'envoyé actuel de l'UA et celui de l'ONU ;
  • Appel à un envoyé de l'ONU pour les Grands Lacs. L'initiative de paix en cours parrainée par la CIRGL manque levier coordonnée au niveau international et de fortes voix externes qui peuvent aider à faire en sorte que les véritables causes du conflit soient finalement traitées dans un cadre politique. L'ONU devrait jouer un rôle majeur dans ce domaine.
Par conséquent, les Etats-Unis doivent travailler au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies afin d'assurer la nomination d'un envoyé de haut niveau pour travailler avec la CIRGL et l'UA à construire une crédibilité au processus politique international qui traite des cycles continus de violences et d'ingérence régionale ;
  • Soutiens robustes aux sanctions de l'ONU. La communauté internationale laisse un immense réservoir d'effet de levier sur la table en ne suivant pas les recommandations du Groupe d'experts des Nations Unies et d'autres.
Il doit y avoir la responsabilité de ceux qui ont recommencé la guerre au Congo, et ceux qui orchestrent ou financent les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. En tant que partisans responsables du régime de sanctions de l'ONU, les Etats-Unis devraient être incités à imposer des sanctions à toutes les personnes recensées dans le rapport final du Groupe des experts des Nations Unies et les entités appuyant les réseaux criminels à travers le commerce des ressources naturelles, l'une des principales motivations de l'actuel cycle de conflit ;
  • Suspension de l’aide américaine à tout gouvernement qui appuie les conflits et entrave la paix. Les Etats-Unis devraient réduire toute assistance militaire et suspendre certaines catégories d'accords bilatéraux et multilatéraux d'aide non humanitaire à tout gouvernement qui continue d'appuyer le conflit dans l'Est du Congo.
Par exemple, si les gouvernements rwandais et ougandais sont en train de poursuivre leur soutien à M23 et M23 soutiennent les efforts visant à entraver les progrès à la table des négociations, des mesures correspondantes devraient être prises par les Etats-Unis, les gouvernements des autres partenaires, et les organisations multilatérales auxquelles les Etats-Unis apportent une contribution substantielle en argent des contribuables américains.

  • Ces mesures sont essentielles pour encourager toutes les parties à s'engager de manière constructive dans un processus politique global ;
Appel à un sommet de haut niveau sur l'investissement responsable dans la région des Grands Lacs. Dans le cadre d'un accord de paix global qui s'attaque aux causes profondes, les Etats-Unis pourraient être très utiles pour assurer sa mise en œuvre.
 
A cet égard, les Etats-Unis, en partenariat avec l'Union européenne, pourraient faciliter une conférence sur l'investissement international sur «l'investissement dans les mines de la paix dans les Grands Lacs: un moteur pour le développement».
 
Le sommet se concentrera sur le développement des débouchés commerciaux pour l'investissement responsable au Congo et dans la région.

Angelo Mobateli
Le Potentiel

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