vendredi 6 juillet 2012

Accusé par Kigali d’entretenir les FDLR : Julien Paluku remet les pendules à l’heure

Acculé de toute part et mis à nu par divers rapports aussi bien celui de la Monusco que celui de Human Rights Watch, le Rwanda s’agite comme diable dans un bénitier pour donner raison à sa démarche d’entretenir en permanence un climat de terreur dans la région des Grands Lacs, particulièrement dans la partie Est de la République démocratique du Congo.

                                          Julien Paluku

 
Sa dernière trouvaille est cette accusation portée contre le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku Kahongya, qu’il accuse d’entretenir les éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) pour mener des actions de sape à Kigali. Faux, a rétorqué Julien Paluku, réagissant vigoureusement à ses allégations depuis Goma.

Dans une conférence de presse tenue le jeudi 5 juillet 2012 à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, Julien Paluku a apporté des éléments de réponse à la prétendue collaboration qu'il entretiendrait, selon Kigali, avec les FDLR.

Tout est parti de la déclaration faite le 28 juin 2012 par Mme Yolande Makolo, directrice de communication du président Paul Kagame, sur AFP selon laquelle le gouverneur du Nord-Kivu a été chargé d'identifier les personnalités ayant des contacts avec les FDLR et qui pourraient permettre un lien avec le commandement en chef des FDLR pour le convaincre de reprendre la collaboration avec les FARDC et planifier les attaques terroristes au Rwanda. Ce qu’a rejeté en bloc Julien Paluku.

Sa rencontre avec la presse a été aussi l’occasion pour lui de rappeler tous les efforts entrepris depuis 2007 par le gouvernement de la RDC autant dans le cadre bilatéral avec le Rwanda que dans le cadre plus élargi de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) pour trouver une solution définitive au problème posé par les FDLR.

Toutes les parties impliquées dans ce projet avaient convenu que le rapatriement des FDLR dans leur pays d’origine, le Rwanda, était la seule et unique solution pour résoudre définitivement ce problème, a indiqué Julien Paluku. Malheureusement, a-t-il relevé, depuis les accords du 9 novembre 2007 jusqu’à ceux signés quelques années après, le Rwanda a toujours évolué à contre-courant des dispositions adoptées de manière consensuelle.

Pourtant, a-t-il indiqué, les termes de l’accord de novembre 2007 signé à Nairobi entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sur une approche commune de mettre fin à la menace pour la paix et la stabilité de deux pays et de la région des Grands Lacs ont été clairs.

Chacun de deux gouvernements, a-t-il dit, avait des engagements pour l’aboutissement heureux de ce processus. Ainsi, au point 9(a), (b) et (d) de ce communiqué conjoint, il était clairement dit que le gouvernement de la RDC s’engage à : «préparer un plan pour désarmer les ex-FAR/Interahamwe… il sera demandé à la Monuc de fournir un soutien… le plan inclura la réactivation et optimisation, parallèlement à l’exercice de la pression militaire, des efforts destinés à sensibiliser les éléments ex-FAR/Interahamwe à déposer les armes et à rentrer au Rwanda».

Des contacts, a-t-il fait observer, se sont multipliés, d’une part, entre les dirigeants congolais et les partenaires et, de l’autre côté, entre les autorités congolaises et les responsables des FDLR.

Mais, c’est encore, regrette-t-il, de Kigali que sont partis les points d’achoppement à l’exécution de cet accord. Ce qui n’a pas, a-t-il dit, entamé la détermination du gouvernement central en général, et de son gouvernement provincial à accélérer le rapatriement des éléments, en collaboration avec certains partenaires, dont la Monusco.

L’argument de Kigali : un faux-fuyant

A ce jour, a-t-il dit, et ce, depuis 1999, c’est plus de 100 000 FDLR qui ont été rapatriés au Rwanda. Ce qui balaie, selon lui, l’argument d’un quelconque regroupement des FDLR avancé par Kigali pour justifier ses actions de déstabilisation de la RDC.

«Depuis 1999 à nos jours : 107 817 Rwandais y compris les combattants FDLR ont été rapatriés en bonne et due forme vers le Rwanda. Avec toutes ces statistiques, il ne reste plus que moins d’un millier de FDLR au Nord-Kivu, les autres étant des FDLR dites «congolais» qu’on retrouve aussi bien à Masisi, Walikale, Rutshuru et Sud-Lubero. Avec ces statistiques de rapatriement, peut-on dire que la RDC ne montre pas sa ferme volonté de pacifier la région des Grands Lacs ! », s’est écrié Julien Paluku.

«Voilà la vérité sur la prétendue réorganisation des FDLR par le gouverneur du Nord-Kivu dont le souci majeur est de voir le Nord-Kivu débarrassé de ce mal qui le ronge, à savoir les FDLR qui pillent, volent et violent les Congolaises et Congolais et non les Rwandaises et Rwandais», a-t-il renchéri. Il ne s’est arrêté là. «Doit-on comprendre dans l’acharnement du Rwanda une absence ou non de volonté de trouver une solution durable à la problématique liée à la présence des FDLR en RDC ?»

Aussi, pense-t-il qu’«en ce jour, il est temps de restituer la vérité à sa juste place et rassurer l’opinion tant nationale qu’internationale que la RDC ne ménagera aucun effort pour détruire les dernières poches des FDLR, n’en déplaisent à ceux qui veulent en faire un objet de chantage».

Il a, à cet effet, lancé un appel autant à la CEPGL, à la CIRGL, à la SADC, à l’UE qu’au système des Nations Unies pour «soutenir la RDC dans ses efforts de rétablissement de la paix seul gage du développement dans la région des Grands Lacs», invitant, par la même occasion, le peuple congolais «à la mobilisation générale pour la défense de la patrie en soutenant les efforts des FARDC et de la Monusco qui se battent jour et nuit afin que triomphe la vérité et que la paix règne à jamais dans la région des Grands Lacs».

Faustin Kuediasala
© Le Potentiel

André Kimbuta, les frasques inédites d’un gouverneur atypique

le 6 juillet 2012.



Du gâchis. Cinq ans de gâchis pour la ville de Kinshasa. Le malheur de la capitale de la RD-Congo, c’est d’avoir accepté un gouverneur nommé André Kimbuta Yango. Au moment de faire les comptes, pas le moindre résultat à afficher au compteur de l’habitué de chez Mort-Mort (le féticheur le plus célèbre de la ville de Kinshasa).

Plutôt que de s’occuper de ses administrés, Ya André dit «le haut sommet» (un surnom digne des gangs) a passé son temps à multiplier des frasques autour desquelles des anecdotes de tous genres se racontent. Des anecdotes plus authentiques les unes que les autres. Si les sceptiques doutent un instant, ils se laissent tout de suite convaincre au regard de l’image du personnage.

L’anecdotique gouverneur fait le plus parler de lui chez Muguylaguyla, le temple de Zaïko Langa-Langa chaque week-end. Les gens qui viennent ici cherchent plus à voir Kimbuta que les déhanchements légendaires de Nyoka Longo. Une fois, le gouv’ s’est même déchaussé, question de donner plus de souplesse à ses mouvements de jambes.

Lorsqu’il s’y met comme cela, c’est pour être compté parmi les derniers à quitter le concert vers les quatre heures du matin. Certains diront qu’il a le droit de se divertir. Oui, se divertir mais pas au point de s’exhiber comme un vulgaire monsieur chaque week-end après avoir passé toute la semaine à écumer tous les pubs de Kinshasa. S’amuser mais pas devenir le pilier du cabaret en compagnie du cortège officiel jusqu’à des heures indues.

Le problème, Kimbuta n’a jamais pris la dimension d’une fonction qu’il dit ne devoir à personne d’autre qu’à lui-même. Même pas à Joseph Kabila. Ses proches affirment qu’il aime répéter que «poste oyo ya gouverneur ezali cop na ngai moko» (ce poste, c’est ma propre thune).

A son cabinet, à l’Hôtel de ville, il n’y met jamais les pieds avant 11 heures, rapportent des agents. Retard habituel dû à un rythme de vie indécrottable de noctambule. S’il est là plus tôt, c’est qu’il a un rendez-vous. Cette fois-là, il a rendez-vous avec la députée MLC, Eve Bazaïba.

Celle-ci commence à s’impatienter alors qu’un quart d’heure est passé depuis l’heure convenue. Un appel et le gouverneur promet d’être là avant dix minutes. Le voilà qui débarque pour prendre son visiteur à la main lui-même.

Et de l’autre main, il se tape le front pour dire « ban… biloko oyo tomelaka, epesi ngai retard » (je m’en veux à cette herbe qui m’a mis en retard). Cette herbe est l’un des clichés qui collent le gouverneur à la peau, déjà du temps qu’il était président de la coordination de l’AS Vita Club.

Mêmes les groupes des enfants qui vivent des exhibitions acrobatiques dans les terrasses kinoises le caricaturent dans cette posture. Allez-y faire un tour chez Mombonda ya Gécamines ou la terrasse Dajmani, sur Inga, à Bandalungwa, vous vous en régalerez.

A la série d’anecdotes. Un jour, alors ministre du Budget, Adolphe Muzito, s’offre une visite d’inspection dans certaines communes kinoises, histoire de vérifier si le gouverneur rétrocède aussi aux entités décentralisées. Quelques jours plus tard, une réunion des gouverneurs de provinces se tient autour du même Muzito, dans son cabinet, sur la rétrocession aux provinces.

Kimbuta a une façon bien particulière d’exprimer son mécontentement. Séance tenante, il vocifère au maître des céans que «biloko wana nalingi yango te». Sur ces entrefaites, le voilà debout pour quitter la salle. Il a fallu des supplications instantes de ses collègues pour lui rappeler que c’est à sa demande que cette réunion a été convoquée.

Cet épisode signe la brouille entre les deux hommes jusqu’au jour où devenu Premier ministre, Muzito envoie, un week-end, deux de ses conseillers pour une raison d’Etat chez Kimbuta, à sa résidence. Les deux émissaires le surprennent en compagnie de ses collaborateurs les plus intimes dont Godard Motemona, ministre provincial de l’Intérieur suspendu depuis plusieurs semaines, sur décision du gouverneur.

Kimbuta congédie les siens et aux envoyés de Muzito, il leur livre une scène insolite, selon des témoignages concordants. Il leur demande d’aller dire à son pangi (son frère du Bandundu) qu’il n’a rien contre lui et que d’ailleurs, ils peuvent faire énormément des choses ensemble. Il leur fait la confession de son appartenance au PALU.

Appel est fait à Motemona pour en donner la certification. « Dites-leur Godard, où est-ce que je garde toujours ma carte PALU», interroge-t-il son lieutenant. «Dans la chaussette», répond celui-ci. Et celle du PPRD? «Dans la poche de la Chemise», ajoute Motemona.

A Kimbuta de commenter : «celle du PPRD, je la garde toujours bien visible dans la poche de ma chemise blanche pour que le président Joseph Kabila la remarque à chaque fois qu’il me reçoit en audience».

La meilleure s’est passée à l’aéroport de N’Djili pendant que le gouverneur s’apprêtait à recevoir Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Kinshasa. Meilleur puisque ce spectacle a été diffusé en direct et tous les téléspectateurs en ont été témoins.

Ce jour-là, Kimbuta avait dû vraisemblablement marcher là où il y avait de la poussière avant d’embarquer sur la banquette arrière de sa Jeep. Quoi de plus normal pour lui que de sortir un mouchoir pour épousseter ses chaussures.

Le comble, c’est qu’il l’a fait en public et s’est servi, par la suite, du même tissu pour s’essuyer le visage. Décidément, cette journée était riche en bourdes pour Kimbuta. Au Palais de la nation, sous la rotonde, il tombe sur un groupe des journalistes qui l’ovationnent aux cris de gouv’.

Les confrères sont effarés d’entendre leur interlocuteur leur demander de lui montrer le chemin des toilettes avant qu’il ne les arrose. Ça lui pressait tant.

En 2008, Kimbuta aura été plus remarqué que les stars africaines comme Salif Keita ou Meiway venus se produire au FIET -Festival des étoiles de Serge Kayembe au GB. Le patron de la ville avait pour rôle de procéder à l’inauguration de la manif. Il y est arrivé visiblement éméché.

La preuve, lorsqu’il prend la parole devant le public, la langue lui colle au palais. «Veuillez-vous élever», lance-t-il en présence des reporters de «CONGONEWS» au lieu de dire «veuillez-vous lever».

Un appel pour observer une minute de silence en mémoire de Michaël Jackson décédé quelques jours auparavant. Dans le public, des voix se font entendre pour associer également la mémoire de Sans souci Mokili Ngonga.

Pour un moment aussi solennel, Kimbuta choisit de le trivialiser en se demandant, à haute voix, s’il fallait une ou deux minutes pour les deux illustres disparus. Toute la société des gens présente à la manifestation s’en est sentie choquée comme il s’était agi d’une profanation.

Et son bilan? Tout ce qu’il a entrepris a foiré. A commencer par sa tristement célèbre RIMMOKIN -Régie immobilière de Kinshasa-morte dans l’œuf. Pourtant des tiers avaient souscrit et libéré leurs promesses. Comme la SONAS qui ne s’est jamais fait rembourser ses près de 700.000 dollars versés pour la construction des maisons des agents et cadres.

La RETRANSKIN, également à pertes et profits. Le premier lot des bus n’ont roulé que l’espace d’une saison. Ces quincailleries destinées à la casse en Europe ont débarqué à Kinshasa sans aucune pièce de rechange, même pas un pneu de rechange.

Les Kinois les avaient surnommées «nakolala wapi» pour leurs pannes répétées, une façon de prévenir que quiconque emprunte cet engin n’a qu’à se prémunir pour passer la nuit à mi-chemin.

La Poubelle-Kin s’est transformée en des dépotoirs publics dont le contenu n’est jamais évacué avant plusieurs jours. En moyenne, deux décharges publiques par commune. De quoi contraindre les Kinois à faire des centaines de mètres avec les immondices sur la tête. Kimbuta s’était tant vanté de l’éclairage public. Depuis, les chaussées kinoises se sont replongées dans le noir, à l’exception de quelques unes.

Le rond-point des Huileries laissé à l’abandon. Dans sa politique très tape l’oeil, Kimbuta avait décidé de sa démolition sans étude préalable de faisabilité. La DGRK est devenue un véritable tonneau de Danaïdes, un puits sans fond.

Ses recettes sont logées dans un compte autre que celui prévu par la loi. Le plus grand mérite de Kimbuta est d’avoir réussi à mettre ses députés provinciaux dans sa poche.

Et pour cela, il se flatte qu’il accomplira son mandat jusqu’à son terme. Au grand dam des Kinois.

Direct.cd
Paul MULAND

Afrique. Nos Amis Dictateurs

« La pensée européenne se trouve à un tournant. Ce tournant, sur le plan historique, n’est autre chose que la fin de l’impérialisme. La crise de la pensée occidentale est identique à la fin de l’impérialisme. »

Michel Foucault



« La pensée européenne se trouve à un tournant. Ce tournant, sur le plan historique, n’est autre chose que la fin de l’impérialisme. La crise de la pensée occidentale est identique à la fin de l’impérialisme. » Michel Foucault

L’intronisation du nouveau président et gouvernement “socialistes” ne laisse aucun doute quant à la continuité de la politique étrangère de leurs prédécesseurs : alignement au millimètre près sur la “politique atlantiste” et totale servitude aux intérêts de l’Empire américain.

Tout particulièrement, au Moyen-Orient : soutien aveugle aux gérontocratiques absolutismes des pétromonarchies et aux dérives suicidaires de l’extrémisme sioniste.

En Amérique Latine : hostilité permanente à l’encontre des pays revendiquant indépendance économique et respect de leur souveraineté nationale (Cuba, Bolivie, Equateur, Venezuela). Avec appui indéfectible aux ploutocraties, travesties en ’démocraties électorales’, régies par des castes de milliardaires livrant leurs pays au pillage (Chili, Colombie, Mexique, Pérou).

Même approche en Europe dite ’de l’Est’, totalement inféodée à l’OTAN : solidarité inconditionnelle avec les régimes mafieux camouflés, là encore, en ’démocraties’ (Albanie, Bulgarie, Roumanie, etc.). Tout en harcelant la Russie, pour entraver son développement. Ou, en Asie : les régimes ultra corrompus, tels que ceux de Thaïlande ou des Philippines, seront encensés par rapport à une Chine qui sera, bien évidemment, sans cesse diabolisée.

Manière, pour ce qui est de la Russie ou de la Chine, de se relaxer dans la “bonne conscience” en sniffant une ligne aux “droits de l’homme”...

Rien de neuf sous l’euphorie du cynisme.

Mais, qu’en sera-t-il de la position de notre pays à l’égard de l’Afrique ? Du moins, de nos relations avec l’Afrique subsaharienne liée à l’espace francophone. Alice Primo pose la question (2) :

« Françafrique : le changement est-il en route ? »


François Hollande

Car, depuis les indépendances politiques ou théoriques difficilement concédées dans les années soixante, les Etats européens ont implacablement poursuivi les politiques de prédation de leurs anciennes colonies africaines, notamment la France et la Grande-Bretagne. Quels que soient les partis au pouvoir : “Travaillistes” ou “Conservateurs”, “Droite” ou “Gauche”…

Le mode opératoire de la France avec ses ex-colonies africaines, dans la corruption et le soutien aux pires dictatures, a été surnommé : « Françafrique » (3). Concept forgé par le regretté François-Xavier Verschave, reprenant l’expression (4) du dirigeant de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny, dans son livre paru au printemps 1998 : « La Françafrique, le plus long scandale de la République ». (5)

Ne cessant, rappelons-le, de dénoncer avec courage, rigueur, dans ses ouvrages, ses travaux au sein de l’association Survie dont il est un des fondateurs, l’emprise mafieuse de la France sur ses anciennes colonies africaines.

La France n’hésitant pas à soutenir des dictateurs, ou des dynasties de dictateurs sévissant de père en fils : les Eyadema, au Togo ; ou, les pathétiquement célèbres Bongo, au Gabon … Dictateurs, protégés par notre pays, se considérant, ou complaisamment qualifiés par la propagande : « amis de la France ». (6)

La France suscitant, ou organisant, des coups d’Etat. Soit, pour renverser des dirigeants refusant ce système : l’honnête et charismatique Thomas Sankara du Burkina-Faso, assassiné dans un putsch.

Soit, même au prix d’une guerre civile, pour imposer un gouvernant à sa solde : le général Sassou Nguesso fondé de pouvoir des intérêts français dans l’Etat pétrolier du Congo-Brazzaville (7).

Parmi tant d’exemples, dont les récents évènements en Côte d’Ivoire, avec l’éviction du président Gabgo, ne sont que la sanglante répétition …

Sujets, évidemment, jamais abordés dans les médias dominants, propriétés ou serviteurs des bénéficiaires de ce système : les chaînes TV et radios, dites du “service public”, concourant à cette complicité. Le pillage de l’Afrique impose le silence.

Un des responsables des services secrets français en Afrique, Dominique Fonvielle, le reconnaît dans son livre, « Mémoires d’un agent secret » (8) :

« Au lieu d’assister les transitions démocratiques, la France a au contraire aidé plusieurs chefs d’Etat corrompus à rester en place, par sa simple présence d’abord, par des actions militaires ensuite […]. Les raisons n’étaient pas idéologiques. A gauche comme à droite, seul comptait l’argent. »

L’Afrique est vampirisée dans une méthodique exploitation, dont cinq cercles s’emboitant dans une ambivalente synergie en fournissent l’illustration : fructueuse, pour les occidentaux et leurs nomenklaturas ; mortifère, pour des générations d’africains.

i) Pillage des ressources naturelles

Le premier cercle, le cœur de cible : les ressources naturelles et matières premières dont l’Afrique regorge.

Les spécialistes en ce domaine qualifient le continent de « scandale géologique », tellement il en est comblé. On veut l’ignorer : loin d’être ’pauvre’, l’Afrique est immensément ’riche’. Son niveau de vie devrait être supérieur à celui de l’Europe, qui n’en recèle pas le millième. Sa “pauvreté” apparente, ses bateaux de migrants clandestins affamés, n’étant que la conséquence de la rapacité des puissances coloniales.

L’Afrique : rongée jusqu’à l’os par les piranhas occidentaux. Matières premières et minerais en tous genres, des plus courants (cuivre, fer, bauxite) jusqu’aux plus rares (diamant, coltan). Avec, à profusion, les ressources énergétiques les plus demandées dans cette décennie : pétrole, gaz, et surtout uranium.

Aucune transformation locale, si ce n’est pour faciliter son enlèvement par transport maritime. Même pas un chantier naval apte à construire un chalutier (autre qu’en bois), un vraquier ou un pétrolier. Ce ne sont pas quelques usines de montage de véhicules, dont toutes les pièces sont importées, qui doivent faire illusion…

Sans oublier les richesses halieutiques de ses interminables côtes, notamment du Golfe de Guinée, pillées par les flottes de pêche “occidentales” : Japon et Corée du sud étant aussi actifs ou voraces, avec leurs bateaux-usines et flottilles de chalutiers sophistiqués, que les pays européens… (9) Ou agricoles, dont le détail mérite une encyclopédie.

Les empoignades actuelles se déroulant dans les pays du Sahel de l’Atlantique à la Mer Rouge, sur fond de chaos organisé à la sauce islamiste par les services secrets occidentaux (10), ne sont que la résultante des mainmises sur les colossales réserves d’uranium de la région : « Uranium Belt », « La Ceinture de l’Uranium ». D’où la partition du Soudan, et l’appropriation du Darfour par les occidentaux.


Tombouctou au Nord du Mali

La sécession du nord du Mali en cours, annonçant celles d’autres pays de la région, suivant le même schéma appliqué pour les ’bassins pétroliers’ de la péninsule arabique, lors de la ruée du pétrole à la suite de la dernière guerre mondiale : un émirat par zone… Ou encore, en Asie : le sultanat de Brunei érigé en “Etat indépendant”, par les britanniques, pour enlever la zone pétrolière de l’île de Bornéo à l’Indonésie et à la Malaisie. (11)

Tous les grands groupes français participent à la curée, principalement dans la partie africaine dite « francophone ». Les plus connus étant Areva sur le marché de l’uranium, et Total, qui au passage a absorbé la sulfureuse Elf, dans le pétrole et le gaz.

ii) Monopole des travaux d’infrastructure et grandes constructions

Le deuxième cercle concentre le monopole des travaux d’infrastructure et grandes constructions par les groupes BTP français, tel l’incontournable Bouygues. Pressurant, au passage, leurs meilleures marges : routes, ports ou aéroports, barrages, programmes de logements, hôtels, bâtiments publics et palais présidentiels. Y compris des cathédrales ou basiliques, comme l’ubuesque et pharaonique reproduction de la Basilique Saint-Pierre du Vatican à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.

Architectes, bureaux d’études, ingénieurs, cadres et ouvriers spécialisés, ne seront pas africains. Tant et si bien, qu’il n’existe pas à ce jour une seule société de BTP africaine capable de se substituer à ces groupes pour exécuter ces énormes marchés, dans l’endettement imposé.

Encore moins, d’exporter son savoir-faire sur d’autres continents à l’exemple de sociétés brésiliennes ou iraniennes. (12) La puissance coloniale veillant à ce qu’il n’y ait aucun transfert de technologies, ni de compétences.

iii) Accaparement des services publics

L’appropriation des services publics par des groupes français, sous forme de « privatisations », représente le troisième cercle. Systématiquement bradés par le pouvoir politique en place, ces services publics représentent de véritables rentes de situation.

Très recherchées pour leur facilité de gestion, les marges plantureuses et la régularité quasi quotidienne du chiffre d’affaires, tout particulièrement : télécommunications, distribution d’eau et d’énergie, transports y compris transports maritimes. Figurent aux premières places : Bolloré et Bouygues.

Le siphonnage de ces rentes de situation par les groupes français, étroitement contrôlé par une multitude d’expatriés, correspond à une véritable hémorragie de devises pour les pays asservis. Aucune valeur ajoutée, spécialement en termes d’accès des cadres africains à des postes de responsabilité autonome, ni transfert de technologie.

A ce panier de rentes de situation, se rajoute la Grande Distribution française avec le déversement des produits importés. Selon l’application de la règle de base de toute exploitation coloniale : le minimum fabriqué sur place, le maximum importé !...

iv) Enrichissement personnel de la caste politique française

La « Françafrique » représente pour la France, dans ce quatrième cercle, la caverne d’Ali-Baba du remplissage des caisses électorales de ses principaux partis politiques et, avantage collatéral, de l’enrichissement personnel de sa nomenklatura.

Car, on ne sait pas trop où commence “la caisse électorale”, vertueux prétexte à corruption, et où se termine la poche des personnes manipulant ces fonds secrets. En ce domaine du tripatouillage, le comportement des réseaux de François Mitterrand et de son fils, Jean-Christophe, par la multitude de scandales plus ou moins étouffés qui ont émaillé son septennat, n’a rien à envier à celui les réseaux de la « Droite ».

Dominique Fonvielle, cite quelques exemples :

« Nous avons par exemple recueilli des témoignages précieux sur la promesse d’un secrétaire d’Etat français à la Santé d’intervenir directement auprès du ministre de la Coopération pour accélérer le déblocage des fonds destinés à un hôpital africain en échange du reversement de la moitié des sommes concernées sur son compte personnel pour alimenter les caisses de son parti. » (13)

Retenons l’information, qui donne une idée du niveau des montants en jeu et de l’impudence de cette voyoucratie française : « … la moitié des sommes concernées sur son compte personnel … ».

Ou encore, en pleine ère mitterrandienne, les services secrets français ’officiels’ ne sachant plus où donner de la tête devant pareil grouillement :

« A l’époque de Pierre Marion, la situation en Afrique était totalement incontrôlable, et le ministère de la Coopération écoulait des armes au Tchad par l’intermédiaire d’une société privée. » (14)

v) Poubelle gratuite de l’industrie européenne


Le sinistre navire Probo Koala

Dernier cercle, stade ultime de l’infernale corruption, celui tout aussi occulte de la transformation de l’Afrique en ’poubelle gratuite’ pour les déchets hautement toxiques de l’industrie européenne. Dans l’impunité.

Il faut la déflagration d’une catastrophe sanitaire pour voir émerger le sommet de l’iceberg de cette activité criminelle qui capitalise beaucoup, beaucoup, d’argent et de gangstérisme…

Comme celle provoquée par le bateau Probo Koala affrété, en 2006, par une multinationale d’origine britannique Trafigura, du secteur de l’énergie, des mines, et des matières premières. Pour déverser 500 tonnes de déchets extrêmement toxiques en Côte d’Ivoire, censés être enfouis dans 18 endroits des environs de la capitale, Abidjan.

« Peu de temps après l’exécution de cette opération sont apparus, à grande échelle dans la population, des signes d’intoxication graves entraînant de nombreuses hospitalisations et la mort rapide d’une quinzaine de personnes ».

Un rapport d’experts internationaux, le Minton Report, publié en septembre dernier, a estimé que l’intoxication avait atteint un minimum de 108.000 personnes. Confirmant qu’il s’agissait bien d’intoxication en provenance du déversement de ces déchets

« … capables d’entraîner de graves conséquences sur la santé humaine, y compris la mort ». (15)

Le désastre écologique timidement identifié en Somalie, existe dans d’autres parties de l’Afrique, y compris de la zone “francophone”. Sous couvert de l’anarchie ambiante, les pays occidentaux en profitent pour se délester de leurs produits toxiques, même nucléaires, sommairement enfouis à terre, ou simplement jetés le long de ses côtes maritimes.

Il est vrai que les coûts de revient sont avantageux. Suivant la nature des déchets : de 200 à 300 euros jusqu’à 1000 $, la tonne, en Occident, on obtient des coûts d’enfouissement, ou de déversement, de 30 euros la tonne, pouvant descendre à $ 2,50.

Compte tenu de ces éléments ou de ce constat, de cet habitus colonial, peut-on effectivement envisager un “changement”, pour reprendre l’interrogation d’Alice Primo ? Sans se vouloir pessimiste, elle semble en douter au vu de la formation, de l’expérience, du parcours professionnel des principaux collaborateurs chargés des relations avec l’Afrique, tant auprès du président de la République que de son ministre des Affaires étrangères…

La réponse à cette question semble plus évidente, si on la formule à partir d’un postulat de base :

Comment un gouvernement, incapable d’appliquer des réformes indispensables, urgentes, de justice économique et sociale, en France, serait en mesure d’éradiquer les comportements de sa nomenklatura, fondés sur la corruption et la prévarication néocoloniales, à l’égard de l’Afrique ?...

Supprimer la « Françafrique » ou la « FrançàFric », cet eldorado de l’enrichissement personnel, aussi occulte, impuni que fulgurant ?…

La caste politique française, tous partis confondus, n’en a ni l’envergure, ni la qualification, ni la légitimité.

Trop vermoulue.

Georges Stanechy

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1) Michel Foucault, dans « Penser d’un Dehors (La Chine) – Entretiens d’Extrême-Occident », François Jullien & Thierry Marchaisse, Seuil, 2000, p. 29.

(2) Alice Primo, « Françafrique : le changement est-il en route ? », 13 juin 2012, http://survie.org/billets-d-afrique/2012/214-juin-2012/article/francafrique-le-changement-est-il

(3) « Petit Guide de la Françafrique : un voyage au cœur du scandale », juin 2010, http://survie.org/publications/brochures/article/petit-guide-de-la-francafrique

(4) François-Xavier Verschave, Noir silence – Qui arrêtera la Françafrique, Les Arènes, 2000, p. 266.

(5) François-Xavier Verschave, La Françafrique – Le plus long scandale de la République, éditions Stock, 1998. Ouvrage fondateur et indispensable.

On ne peut comprendre les problèmes de développement, économiques et politiques, de l’Afrique sans avoir lu aussi ses autres travaux, notamment :

- L’aide publique au développement, avec Anne-Sophie Boisgallais, Syros, 1994

- France-Afrique – Le crime continue, Tahin Party, 2000

- Noir silence – Qui arrêtera la Françafrique, Les Arènes, 2000

(6) « Les Dictateurs amis de la France !? », février 2006, http://survie.org/publications/brochures/article/les-dictateurs-amis-de-la-france

(7) Lire, sur ce coup d’Etat, les chapitres remarquablement bien documentés (interventions de l’armée française, soutien des partis politiques français y compris de la ’gauche plurielle’, propagande des médias, etc.) dans le livre de François-Xavier Verschave Noir Silence, Op. Cit., pp. 15 à 69.

(8) Dominique Fonvielle, Mémoires d’un agent secret, Flammarion, 2002, p. 144.

Excellent ouvrage (malgré son titre…), par un homme du métier, dont le regard critique livre une réflexion de qualité, très éloignée des habituels clichés journalistiques ou narcissiques des anciens dirigeants et prétendus “experts” du renseignement dans notre pays.

(9) J’ai travaillé sur cet épineux problème. Sans solution, en l’absence d’une volonté et d’une indépendance politiques, confortées par une marine de guerre articulée sur des gardes-côtes, en mesure de faire respecter la souveraineté des pays africains sur leurs eaux territoriales ou les ’quotas’ de pêche “librement” négociés.

Le constat de l’ampleur de ce pillage néocolonial, de la corruption (de toutes les parties “prenantes”), de l’épuisement de la ressource, m’a laissé un goût amer, face à la « pauvreté » des populations spoliées …

(10) C’est reparti : faire sauter un coup des églises, le coup suivant des mosquées… Susciter guerre civile et prétendues incompatibilités de vie commune entre chrétiens et musulmans en pulvérisant des lieux saints. Scénario favori des services secrets occidentaux, et des médias de la propagande…

(11) Cet Etat fantoche, dont le sultan est un des hommes les plus riches du monde, est administré de fait par la compagnie pétrolière britannique British Petroleum (BP).

(12) L’Iran construit des barrages, des routes, des voies ferrées, des lignes à haute tension, ou des programmes de logements, chez ses voisins du Moyen-Orient ou d’Asie Centrale et jusqu’au Venezuela…

(13) Dominique Fonvielle, Op. Cit., p. 144.

(14) Dominique Fonvielle, Op. Cit., p. 144.

(15) Cf. : http://stanechy.over-blog.com/article-afrique-pillage-et-pol...
Lien original: http://stanechy.over-blog.com/
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Crise RDC-Rwanda : un plan fatal en gestation à partir de Kigali


le 6 juillet 2012.



Sous le calme apparent ayant succédé à la publication du Rapport du Groupe d’Experts de l’Onu sur la guerre à l’Est de la RDC, couve un dangereux volcan. Des sources bien renseignées redoutent qu’un coup mortel ne parte de Kigali un de ces quatre matins. Nous sommes là en plein exercice de probabilités sécuritaires.

Dans ce domaine où l’on développe suffisamment son intelligence pour anticiper les faits. Dans ce domaine où on peut, par simple pré-évaluation tactique et stratégique, savoir ce que pense et pourrait faire l’ennemi.

Des limiers des renseignements ont réfléchi à un rythme vertigineux. Un scénario leur est apparu évident à savoir primo que Kagame est profondément blessé dans son amour propre. Et comme tout homme dans cet état, il prépare des représailles. Ces dernières viendront sous la forme d’une charge aveugle et inattendue. La RDC doit redoubler de vigilance et veiller grain.

La signature du crime

Dans toute communication d’un régime, surtout celui du Rwanda, les thèmes et les concepts développés possèdent tout leur sens.
Et sont appelés à servir une finalité préalablement entendue et commandée.

Ainsi, lorsque Kigali insiste sur la menace d’extermination qui couverait sur la communauté tutsie au Congo, le discours n’est pas qu’une simple propagande. Il sert, et cela paraît assez évident vu le contexte, à actionner un plan B au bout du compte.

Il y eut Gatumba, un matin de 2005 à l’Est. Un massacre ethniciste en norme. La communauté tutsie au centre de la tragédie.

Par centaines de victimes. Le Rcd, il faut se le rappeler, voulut instrumentaliser ce massacre pour mettre fin à la transition qui s’achevait de manière défavorable pour lui et relancer la guerre.

L’intervention énergique de la communauté internationale dut remettre les candidats à la rupture au sein des institutions à Kinshasa.

Mais qui avait tué à Gatumba! Les spécialistes de la criminologie établissent que, pour trouver l’auteur d’un crime, il faut chercher à savoir à qui celui-ci a profité. C’est ici que les thèses audacieuses du juge français Bruguière trouvent leur champ d’expression par excellence.

A qui a profité le génocide d’avril 1994 ? En tout cas pas aux ex-Far reconvertis en Fdlr et condamnés à l’errance permanente.

Il est à craindre, préviennent des Experts, que le Rwanda donne corps à ses allégations sur les menaces d’extermination des Tutsi congolais. Des Fdlr sont manipulés à partir de Kigali. Le fait a été établi par plusieurs sources concordantes.

Les Sociétés civiles, des Nord et Sud-Kivu en particulier. Ces mêmes Fdlr convolent en justes noces avec le M23. Et puis, il y a maintenant des groupes Maï-Maï pro-Kigali. C’est suffisant pour allumer le feu.

Un massacre des populations tutsies sur le sol congolais constitue une excuse suffisante à la nouvelle folie meurtrière du Rwanda à l’Est.

Alors, pendant que nos troupes se battent au front, il convient de savoir que Kagame voudrait nous faire payer notre audace devant le monde et l’Onu.

Quoi de plus normal alors pour lui que de provoquer l’effroi et l’honneur sur le sol congolais.

Quelques cousins congolais de sacrifiés suffiraient à contraindre la communauté internationale à fermer l’œil sur l’ingérence rwandaise en RDC et même à la justifier. Il faut faire gaffe.

La vraie guerre ne fait que commencer. Kigali est prêt à tout, même au pire pour maintenir l’Est de la RDC sous sa coupe.

Direct.cd
LP

RDC : «Les Combattants» déclarent la guerre à Paul KAGAME !

image Combattants - Manif des combattants devant l'ambassade du Rwanda à Paris


Devant l'ambassade du Rwanda à Paris ce vendredi 06 juillet 2012, les Patriotes de la Résistance Congolaise ont déclarés LA GUERRE AU GOUVERNEMENT GENOCIDAIRE DU RWANDA ET SES COMPLICES.

La Guerre du Congo et la Saga des Tutsis

Le 28 août 2008, Laurent Nkunda et les Tutsis du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) reprenaient leurs attaques dans le Kivu, province de l'est de la République Démocratique du Congo ou RDC (1).


Le 29 octobre, ils s'emparaient de l'agglomération de Rutshuru puis, sans combat, de la ville de Goma. Dans la nuit du 5 au 6 novembre, les hommes de Nkunda ratissaient la bourgade de Kiwandja causant, au bas mot, plusieurs dizaines de mort.

Il faut, pour comprendre le sens de cette épopée en marche, disposer de quelques clefs et, d'abord, expliquer qui sont les Tutsis.

LES TUTSIS

D'après les historiens, les Tutsis seraient apparus dans la région des Grands Lacs vers le Xème siècle. Pasteurs et guerriers, ils remontaient des vallées du Nil à la recherche de nouveaux pâturages.

Arrivant dans les collines des futurs Rwanda et Burundi, ils soumirent les populations locales de cultivateurs, principalement des Hutus, et installèrent une société de type féodale dominée par des monarques.

Une thèse est parfois opposée à notre propos. Si l'on croit certaines personnes, les Tutsis et les Hutus auraient les mêmes origines et, entre eux, la différence ne serait que d'ordre social. Ce credo ne résiste pas à l'observation.

De très haute taille, les Tutsis présentent un profil longiligne, quand les Hutus, des Bantous beaucoup plus petits, sont eux de forte carrure (2), même si l'on voit de nombreux cas de métissages entre les deux ethnies.

LE RWANDA ET LE BURUNDI

Deuxième clef, l'histoire du Rwanda et du Burundi. Colonisés par les Allemands, ces deux petits pays passent sous mandat des Belges pendant la Première Guerre mondiale. Ces derniers, comme leurs prédécesseurs, pratiquent le gouvernement indirect, laissant l'aristocratie tutsie administrer la population hutue.

Montrant la même préférence et renforçant le choix du colonisateur, les écoles de missionnaires ouvrent largement les écoles aux jeunes Tutsis, ne recevant qu'une très faible proportion de Hutus (3).

Cependant, sous les pressions des Nations Unies, dès 1952, l'introduction de la démocratie ébranle les structures féodales des deux petits pays et éveille les ambitions politiques des Hutus. Puis, en 1962, le Rwanda et le Burundi accèdent à l'indépendance.

En 1966, au Burundi, l'avènement de la République voit le maintien au pouvoir des Tutsis dans l'armée et dans les structures politiques. Aussi, même s'ils ne représentent que 19% de la population, longtemps ils parviennent à se maintenir à la tête du pays.

Cette situation, génère de nombreux et sanglants affrontements interethniques, dont sont victimes tour à tour Hutus et Tutsis. Il faudra attendre 2005, pour qu'un Président hutu, élu par le plus grand nombre, finisse par s'installer fermement au pouvoir.

DU RWANDA A L'OUGANDA

Au Rwanda, en revanche, en 1961, à la suite de plusieurs révoltes des Hutus contre les Tutsis, la monarchie est renversée et la République proclamée. Les Hutus, qui forment 85% de la population, élisent alors un Président de leur ethnie. Affolée, la minorité tutsie s'exile, principalement en Ouganda, où elle s'organise en guérilla et effectue des raids contre le Rwanda.

C'est dans ce contexte que le Président Valéry Giscard d'Estaing signe un accord de coopération militaire au nom de la France avec ce pays en 1975. Cependant, la tension ne cessant de croître entre les deux ethnies, les pogroms répondent aux agressions.

Puis, en 1987, les Tutsis créent le FPR (Front patriotique rwandais) et, toujours à partir de l'Ouganda, le 1er octobre 1990, lancent une importante offensive contre le Rwanda où, dans le nord, ils parviennent à établir des bases.

La pression du FPR fouettant le ressentiment des Hutus contre les Tutsis, une campagne de haine organisée par le gouvernement trouve un terrain fertile à travers tout le Rwanda. Résultat, quand Juvénal Habyarimana (4), le président hutu, est tué le 6 avril 1994 dans un attentat, un déferlement de violence s'empare du pays pour prendre la forme d'un génocide anti-Tutsis.

Cette vague de meurtres fait de 800 000 à un million de victimes, incluant des Hutus dits modérés.

Néanmoins, synchronisant une nouvelle offensive avec les événements, le 4 juillet 1994, le FPR tutsi s'empare de la capitale, Kigali, et s'impose par la force des armes à la tête du pays.

Des Hutus, qualifiés sans distinction de " génocidaires ", se replient alors vers le Zaïre, future RDC (1), où à leur tour ils s'organisent en guérilla. Au Rwanda, le chef du FPR, Paul Kagame, prend habilement le titre de vice-président, laissant la magistrature suprême à un Hutu, le pasteur Bizimungu, derrière lequel il exerce la réalité du pouvoir. Pas pour longtemps cependant.

En mars 2000, Paul Kagame force Bizimungu à la démission et se fait élire Président à sa place par le Parlement. Puis, en avril 2002, il le jetteen prison sous l'accusation " d'incitation à la violence ".

Au cours d'un interview accordée à " Jeune Afrique " (5), parlant des Hutus et des Tutsis, le malheureux avait eu le tort de dire : " Chaque fois que l'un des groupes s'empare du pouvoir, il essaie d'écraser l'autre. Jusqu'à ce que ce dernier prenne sa revanche. Nous pensions qu'avec le FPR les choses allaient changer, nous avons été déçus ".

PAUL KAGAME

Le parcours du nouveau maître du Rwanda est lourd de signification politique. Né en 1957, quand il a deux ans, il quitte son pays pour l'Ouganda avec sa famille afin d'échapper aux violences ethniques. A 22 ans, il part pour l'Ouganda, où il rejoint les forces d'un certain Yoweri Museveni, le chef d'une guérilla, qui lutte alors contre Idi Amin Dada, l'ubuesque Président du pays (6), avant de retourner ses armes contre les successeurs de celui-ci.

En 1986, Museveni finit par devenir Président de l'Ouganda, position à laquelle il s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui. Comme beaucoup de Tutsis rwandais en exil, Kagame l'accompagne dans son succès, et devient le patron des renseignements militaires ougandais.

Il pourrait continuer une carrière ougandaise mais le sort et Museveni en décident autrement. En 1990, le chef du FPR, la rébellion tutsie du Rwanda, meurt au combat. Kagame est alors en stage de formation militaire aux États-Unis. Museveni le rappelle et l'impose à la tête de la guérilla. Il s'y maintiendra et, comme nous l'avons vu, suivant le modèle de son parrain, finira par devenir le Président du Rwanda.

LAURENT NKUNDA

Ensanglantant l'est du Congo, les événements décrits au début de cette page s'inscrivent dans la logique de l'expansion des Tutsis et de leurs alliés. Laurent Nkunda apparaît comme un marqueur de celle-ci.

Né le 2 février 1967 au Zaïre (1), il descend des Tutsis arrivés du Rwanda dans la province du Kivu, au XIXème siècle, au cours de leur poussée vers l'ouest. Au début des années 90, il rejoint le FPR de Kagame, en Ouganda, et fait ses premières armes avec lui.

En 1994, après la prise de pouvoir de Kagame au Rwanda, Nkunda sert pendant deux ans dans l'armée rwandaise. En bref, aux côtés de son mentor, il a suivi un itinéraire identique à celui de ce dernier derrière l'Ougandais Museveni.

Puis il combat au Zaïre avec les Tutsis de ce pays contre Mobutu (7). On le comprend en mission pour le nouveau Rwanda. Plus tard, en 1998, on le signale organisant la rébellion tutsie contre le nouveau maître de la RDC (1), Laurent Désiré Kabila.

Le Rwanda,
coeur d'un empire en expansion



Depuis, à travers l'instabilité entretenue dans la région par les pays voisins, Nkunda n'a jamais cessé de mener des opérations militaires en RDC, dans le nord du Kivu. Il porte pourtant le grade de général de l'armée congolaise, acquis à l'occasion d'un accord de paix resté lettre morte.

Plus grave, accusé de crimes de guerre, depuis 2005, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt international.

UNE COALITION ANGLOPHONE

L'héritage colonial avait fait du Rwanda et de son jumeau, le Burundi, des pays francophones. Aujourd'hui, on s'étonne d'y voir l'anglais se substituant à la langue française.

Ce n'est pas tout. Museveni, l'Ougandais, se présente comme un évangéliste du mouvement " born again ". Nkunda, le Congolais, se déclare lui aussi de la mouvance évangéliste et porte à l'épaule un insigne sur lequel on lit en anglais " Rebelles pour le Christ ". Il dit avoir converti ses troupes à la même foi.

Déjà, en Côte d'Ivoire (8), au Bénin, au Togo et ailleurs, nous avons vu l'instrumentalisation de ce courant religieux, venu des États-Unis, au service des intérêts de Washington et de Londres. La saga expansionniste des Tutsis dissimule mal les appétits anglo-saxons. Mais pourquoi cet intérêt pour une région enclavée, dont les habitants ne tirent qu'un maigre revenu ?

Il faut savoir la zone des affrontements, le Kivu, riche en minerais de haute valeur stratégique. On y trouve de l'or, du cobalt, du tungstène, de l'antimoine, du thorium et autres métaux.

On comprend mieux pourquoi, les guerres du Congo, qui ensanglantent le Kivu depuis 1996, ont fait quatre à cinq millions de morts. Pourquoi, aussi, tant de forces cherchent à interdire à la France d'exercer une influence dans cette région.

Notes

(1) La RDC, République démocratique du Congo, connue autrefois sous le nom de Congo belge avant de prendre celui de Zaïre.

(2) Selon cette thèse, qui se veut anti-raciste, c'est le colonisateur belge qui aurait imaginé une distinction inexistante entre deux classes sociales. Cette interprétation angélique de la réalité est démentie par l'observation de la réalité sur le terrain.

(3) In " Les 50 Afriques ", d'Hervé Bourges et Claude Wauthier, Éditions du Seuil.
(4) Le 21 novembre 2006, le juge Jean-Louis Bruguière a délivré des mandats d'arrêts internationaux contre neuf proches de Paul Kagame. Ils sont soupçonnés, sous l'égide de ce dernier, d'avoir commandité l'assassinat du Président rwandais Juvénal Habyarimana.

(5) In " Jeune Afrique " du 3 juillet 2001.

(6) Pour mémoire, Idi Amin Dada a été déchu le 11 avril 1979. Exilé, il est mort en Arabie Saoudite le 16 août 2003.

(7) In " Libération " du 4 novembre 2008.

(8) Lire: " Côte d'Ivoire, la double manipulation ".

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/index.html

A propos du viol imputé à Diomi Ndongala, Me Richard Bondo est formel : « Un montage grossier et ridicule »

Jeudi, 05 Juillet 2012




Que s’est-il passé au Restaurant GREEN GARDEN le 26 juin dernier ? C’est la question à laquelle Me Richard BONDO a répondu hier au cours d’une conférence de presse tenue dans son cabinet situé dans l’immeuble Botour à Gombe.

Le 26 juin dernier, aux environs de 13 heures, a indiqué l’avocat de Eugène DIOMI Ndongala, le colonel KANYAMA accompagné de deux filles sont arrivés au Restaurant GREEN GARDEN situé à côté du siège social du parti politique Démocratie Chrétienne sur l’avenue Colonel EBEYA au N°7b.
En ce moment-là, DIOMI Ndongala était plongé dans les préparatifs de la cérémonie de la signature de la Charte de la Majorité Présidentielle populaire dont il est le porte-parole. En fait, il était en train de recevoir les différents responsables des partis politiques et associations ainsi que les personnalités indépendantes (69) voulant adhérer à cette plate-forme.
Vers 17 heures, Diomi Ndongala quitte le siège de son parti et prend place à bord d’une Jeep d’un ami membre de cette plate-forme. Curieusement vers 19 heures, les tenanciers du Restaurant GREEN GARDEN sont surpris par l’agitation d’un homme qui prétend avoir rattrapé ses deux filles dans ce restaurant sur l’invitation de DIOMI Ndongala. L’homme en question était dans tous ses états et s’était mis à frapper ses deux filles.

Pour préserver l’ordre public que de tapage nocturne risquait à perturber, les tenanciers ont essayé en vain de calmer cet homme qui criait si fort que les clients ont commencé à s’en aller. Il criait à tout celui qui voulait l’entendre que ses deux filles avaient été violées par Diomi Ndongala.

Curieusement, c’est à ce moment-là que le colonel KANYAMA a surgi brusquement en compagnie des éléments de la Police armés jusqu’aux dents, à la recherche du violeur Diomi Ndongala.

Montage grossier et ridicule

Selon Me Richard BONDO, il s’agit là d’un montage grossier et ridicule, du thêatre,  commandité par les services de la Police Nationale pour éliminer politiquement un adversaire coriace dont l’activisme, le courage et le patriotisme dérangent le pouvoir en place.

Tout d’abord, comment expliquer la présence dans la matinée du colonel KANYAMA accompagné de deux jeunes filles dans ce restaurant situé comme par hasard juste à côté du siège social de la Démocratie Chrétienne qui continue à réclamer la vérité des urnes ?

Pourquoi le soit disant père de ces deux jeunes filles refuse-t-il de présenter leur mère et l’adresse exacte du domicile familial ?

Qu’est ce qui explique l’irruption brusque du colonel KANYAMA  et de ses hommes en armes ainsi que des cameramen d’une télévision proche du pouvoir PPRD au restaurant GREEN GARDEN quelques minutes après le scénario macabre et indigeste du prétendu de ces deux jeunes filles ?

Alors que l’infraction pénale est réputée individuelle, pourquoi la Police a-t-elle procédé à l’arrestation de deux innocents qui ont le malheur d’être proches de l’honorable DIOMI Ndongala ?

Il s’agit là d’une prise d’otages pure et simple qui n’honore pas le pouvoir, en place, s’est écrié Me Richard BONDO. On cherche à donner à la fausseté des faits une apparence de vérité parce que l’on mobilise la presse audiovisuelle proche du régime en place, l’on instrumentalise les services de la Police nationale en postant deux éléments en armes et tenue devant le siège d’un parti politique et l’on met en branle l’appareil judiciaire tout aussi instrumentalisé à souhait.

Une véritable violation des droits de “homme doublée d’un mépris délibéré et éhonté de la dignité de la femme, a indiqué Me Richard BONDO.

Pire, a-t-il ajouté, les éléments de la Police nationale ont emporté les ordinateurs et autres instruments de travail trouvés au siège du parti politique Démocratie Chrétienne.

C’est pour ces raisons et bien d’autres que Me Richard BONDO, avocat conseil, de DIOMI Ndongala a formulés quelques exigences. Notamment un appel au Procureur Général de la République pour qu’il ait une approche impartiale dans le traitement de ce dossier en instruisant à décharge car le dossier du viol imputé à DIOMI Ndongala est vide et n’a aucun élément de cette infraction à sa charge.

Ensuite, la détention à la prison centrale de Makala du dénommé NTINU KOLOLO, ci-devant chef de chantier et de NSONI Eau, garde du corps procède de l’illégalité flagrante et de l’arbitraire.

Enfin, les poursuites dirigées contre DIOMI Ndongala doivent être rejetées et classées sans suite faute des éléments de preuve et parceque fausses.

Il en est de même de la saisine du bureau de l’Assemblée Nationale.

F.M.
LE PHARE, 05/07/2012


Poste-frontière pris par des mutins en RDC : 600 soldats fuient en Ouganda


6 juillet 2012


Un soldat mutin appartenat au M23 (Mouvement du 23 mars),
le 3 juin 2012 au Nord Kivu en RDC ©AFP
KAMPALA (AFP) - (AFP)



Environ 600 soldats de République démocratique du Congo (RDC) ont fui vendredi en Ouganda après la prise par des mutins du poste-frontière congolais de Bunagana, a annoncé l’armée ougandaise à l’AFP.

"Ils ont franchi la frontière ce (vendredi) matin ; nous les avons désarmés et ils sont désormais sous notre contrôle", a déclaré Peter Mugisha, un porte-parole de l’armée ougandaise.

La localité de Bunagana, poste-frontière avec l’Ouganda, est tombée vendredi matin aux mains des mutins du mouvement M23, qui affrontent depuis mai les forces armées de RDC (FARDC) dans la province instable du Nord-Kivu, frontalière de l’Ouganda et du Rwanda.

Un habitant de Bunagana, située à une soixantaine de km à vol d’oiseau de Goma, la capitale provinciale, avait auparavant indiqué à l’AFP que "toute la population" et les militaires de la localité avaient fui en Ouganda.

Le M23 est composé d’ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), réintégrés après un accord de paix avec Kinshasa en 2009 dans l’armée congolaise et qui se sont mutinés depuis avril, officiellement pour réclamer la pleine application de ces accords.

Un rapport d’experts de l’ONU a récemment affirmé que les mutins étaient soutenus par des hauts responsables rwandais, notamment le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, et le chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga.

Selon ce rapport, rejeté par Kigali qui a toujours nié tout soutien à la mutinerie, ils auraient apporté "une aide directe" à la création du M23, en fournissant aux mutins "des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues".

Africa n°1

DR Congo troops 'flee into Uganda' after rebel clashes



The Congolese soldiers are said to have been moved away from the border

Some 600 Congolese soldiers have fled into Uganda, following clashes with rebels who have seized a border town.

The Ugandan military said the fleeing troops had been disarmed.

As the rebels took control of the Democratic Republic of Congo side of the town of Bunagana, an Indian peacekeeper was killed, the UN says.

M23 rebels loyal to Bosco Ntaganda, who is wanted for war crimes by the International Criminal Court, took up arms in April.

They defected from the army after pressure increased on the government to arrest Gen Ntaganda, when one of his former colleagues was convicted of recruiting child soldiers by the ICC.

Security sources have told the BBC's Ignatius Bahizi in Uganda that the M23 rebels control a 15km (10 mile) stretch of the border running south from the famous Virunga National Park, home to rare mountain gorillas.

Ugandan army spokesman Capt Peter Mugisa says the 600 Congolese soldiers are in the custody of the Ugandan military. He told the AP news agency they fear being massacred by the rebels if they return.



Ugandan residents of Bunagana have told the BBC that the Congolese soldiers have been moved to the town of Kisoro, which is about 8km from the border.

Senior M23 official Col Sultani Makenga told the BBC that the rebels had seized the Congolese side of the town early on Friday - information confirmed by residents of the Ugandan side of the town.

"The mutineers took control of the entire town. The entire population and the [Congolese] troops are in Uganda," a police source in the area told the AFP news agency.

Col Makenga said the rebels responded after they were attacked by government troops on Thursday.

Some 200,000 people have fled their homes since April, with about 20,000 crossing the border to Uganda and Rwanda.

A recent UN report has accused Rwanda of backing the rebels - Gen Ntaganda is an ethnic Tutsi, like the majority of Rwanda's leadership.

But Rwanda has vehemently denied the accusations.

Mineral-rich eastern DR Congo has suffered years of fighting since 1994, when more than a million Rwandan ethnic Hutus fled crossed the border following the genocide, in which some 800,000 people, mostly Tutsis, were slaughtered.

Rwanda has twice invaded its much larger neighbour, saying it was trying to take action against Hutu rebels based in DR Congo. Uganda also sent troops into DR Congo during the 1997-2003 conflict.

The current mutiny is being led by fighters from Gen Ntaganda's former rebel group the CNDP, which was integrated into the Congolese national army in 2009 as part of a peace deal.

Known as "the Terminator", Gen Ntaganda has fought for various militias over the years but has told the BBC he has no involvement in the recent army mutiny.

Les 10 coups d'Etat qui ont changé l'Afrique

10 chefs d’Etat africains qui se suivent et ne se ressemblent pas. Tous tombés par des coups d’Etat qui ont suscité les réactions les plus diverses: liesse, soulagement, déception, stupeur, horreur… mais jamais l’indifférence.


Munitions sur des coupures de Zaïres à l’effigie de Mobutu Sese Seko, RDC, janvier 2003, REUTERS/Peter Andrews
10 - Togo, 13 janvier 1963: Sylvanus Olympio, père de l’indépendance abattu


En avril 1960, quand le protectorat français obtient enfin le droit de disposer de son destin, c’est ce cadre international, déjà Premier ministre, qui est perçu comme le prétendant naturel à la présidence de la toute jeune République du Togo.

Parlant six langues, ce métis de sang à la fois brésilien, nigérian et togolais n’a pas ménagé ses forces et ses réseaux diplomatiques pour obtenir l’indépendance. La souveraineté acquise, il multiplie les vexations à l’égard de l’ancienne puissance tutélaire, diversifiant ses partenaires économiques et financiers, poussant la volonté d’autonomie jusqu’à envisager la sortie de la zone franc

Courant 1962, il commet l’acte qui servira de prétexte à sa déchéance. Il refuse de réintégrer dans la petite armée togolaise, un groupe d’officiers togolais ayant combattu pour la France en Algérie. Parmi ces démobilisés rentrés au pays et livrés à un désœuvrement soudain, un certain Etienne Eyadema Gnassingbé. Il sera le bourreau d’Olympio.

Dans la nuit du 12 au 13 janvier 63, ces demi-soldes furieux et bien armés prennent d’assaut la maison du président paisiblement occupé à rédiger la charte de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Alerté, Olympio  se réfugie dans la cour de l’ambassade américaine qui jouxte sa résidence. Il en est délogé par les putschistes qui lui enjoignent de quitter les lieux. Il refuse, on le tue.

«Je l’ai abattu parce qu’il ne voulait pas avancer. Le jour se levait et les gens commençaient d’arriver. Ça pouvait faire un incident. Alors j’ai tiré», se bornera à dire le sergent-chef Eyadema qui se vantera longtemps du forfait.
A la place de Sylvanus Olympio, les militaires placent à la tête de de l’Etat son… beau-frère, et adversaire politique, le très francophile Nicolas Grunitzky, démis 4 ans plus tard par le même Eyadema qui s’installera au pouvoir pour quatre décennies.

Ce 13 janvier 1963, à l’aube, le soleil des indépendances a comme une teinte rouge sang. L’Afrique vient de vivre son premier coup d’Etat meurtrier. Le premier d’une longue liste, hélas.

9 - Ethiopie, 12 septembre 1974: la disgrâce de l’empereur Haïlé Sélassié 1er

Haîlé Selassié © Dubdem Sound system, tous droits réservés
Pour ses sujets éthiopiens et tous les «rastafari» du monde, le Négus (roi) avait autant de titres qu'une divinité: «Seigneur des Seigneurs», «Lion conquérant de la Tribu de Juda», «Lumière du Monde», ou encore «Élu de Dieu.» Bref, le véritable messie pour ses adeptes, en lieu et place du Jésus chrétien.
La similitude christique s’arrête là. Car, au grand désarroi de ses «disciples», le dernier empereur d’Ethiopie n'a pas ressuscité.
«Le mythe est toujours là (…) Hailé Sélassié est toujours en vie, avec nous. Son legs est toujours avec nous, il a donné un prestige international à l'Ethiopie et a été un empereur réformateur en modernisant notamment le système éducatif».
plaidait à l'Agence France Presse l’universitaire Indrias Getachew, le jour des funérailles publiques du monarque, le 2 novembre 2000, 25 ans après son décès, dans la captivité.

Couronné «négus negest» (roi des rois, en amharique) en 1930, Haïlé Sélassié 1er gouverne déjà depuis deux ans l’Ethiopie. En 1936, il est contraint à l’exil à la suite de l’invasion des troupes fascistes de l’Italie mussolinienne. De retour au pays reconquis en 1941, il symbolise alors la résistance à la colonisation italienne, «résistance à laquelle se sont identifiés bon nombre de mouvements d'indépendance», explique l'historien britannique Richard Pankhurst.

Mais au fil du temps, on reproche à ce «sage de l’OUA», l'Organisation de l'Unité Africaine créée en 1963 avec siège dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba dont il est initiateur, son exercice absolutiste du pouvoir. Sa gestion de l'exaspération estudiantine et de la terrible famine qui survient dans le nord-est du pays (200.000 morts) est jugée désastreuse.

Un jour de septembre 1974, un comité militaire marxiste dirigé par le futur dictateur Mengistu Hailé Mariam dépose le Négus et institue la loi martiale.

L'empereur est emprisonné, la monarchie abolie peu avant son trépas l’année suivante. Décrétée «naturelle», la mort de l'ultime Négus alimente encore aujourd’hui des suspicions.

8 - Centrafrique, 20 septembre 1979: Jean-Bedel Bokassa, mégalomane déchu




















Il était une fois, sur les rives de l’Oubangui, un chef d’Etat qui rêvait du statut impérial. Le 4 décembre 1977, avec l’approbation complaisante de la France, Jean-Bedel Bokassa décide de faire de son rêve une réalité en s’autoproclamant «Empereur de Centrafrique.»

La cérémonie, d’un faste grotesque, tente risiblement de correspondre au sacre napoléonien de 1804. Et ce jusque dans les symboles: tenue, couronne, sceptre, trône qui sont confectionnés par les artisans français mis à la disposition du despote. Qu’importe si tout cela a coûté près de 100 millions de francs français de l'époque (15 millions d'euros), «Sa majesté impériale», ne regarde pas à la dépense.


Bokassa était pourtant considéré comme un homme du peuple à son accession au pouvoir par… un coup d’Etat en 1965. Ancien officier supérieur de l’armée française, décoré de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre pour ses faits d’armes durant les guerres mondiale (seconde), d’Indochine et d’Algérie, Bokassa se veut réformateur.

Mais en 1979, le dictateur brutal envers son peuple (tortures, exécutions) est devenu impopulaire. Cette année, il fait réprimer dans le sang une simple manifestation de lycéens. On l’accusera même d’anthropophagie à cette occasion, réputation tenace qui lui valut le sobriquet d’«Ogre de Berengo» (du nom de son palais).

C’est la répression de trop. Le 21 septembre 1979, alors qu’il est en visite en Libye, Bokassa est renversé par les services secrets français lors de l’opération «Barracuda». A sa place, on installe son prédécesseur et cousin David Dacko qui rétablit la République.
«Seul Bokassa a tué? Les autres n'ont-ils pas tué? Non vraiment, il faut être juste... On m'a présenté comme un monstre en inventant cette histoire de cannibalisme parce qu'on voulait ma peau. C'est cela la vérité», dira plus tard, en guise de défense, Bokassa déchu.
Condamné à mort en 1987, puis à la prison à vie, il est finalement gracié. 14 ans après son décès, en 1996, il est «réhabilité dans tous ses droits» par l'actuel président, François Bozizé.

7 - Burkina Faso, 15 octobre 1987: l’espoir est assassiné avec Thomas Sankara

T.Sankara en conférence de presse au Zimbabwe, Harare, 2 sept. 1986, AFP photo D.Faget/A. Joe
«Malheur, à ceux qui bâillonnent le peuple!», c’est sur cette sentence, terrible, que Thomas Sankara démissionne avec fracas, en 1982, de son poste de secrétaire d’Etat à l’Information.

Les Burkinabè s'en souviendront. Tout comme ils se souviennent de la conduite héroïque du jeune officier lors de la courte et pathétique guerre qui opposa la Haute-Volta au Mali, en 1974.

Né en 1949, Thomas Isidore Noël Sankara est un capitaine de l’armée voltaïque très en vue au début des années 80.

Sa conscience politique bien forgée, teintée de marxisme, lui permet d’exercer un leadership idéologique sur la nouvelle génération d’officiers. Lors du coup d’Etat qui suit de près sa démission, il est désigné Premier ministre. Mais l’homme est incontrôlable. Déjà, il dérange les hauts-lieux françafricains qui réclament sa tête.

La nouvelle de sa mise aux arrêts en mai 1983 plonge Ouagadougou dans un climat quasi insurrectionnel.
Libéré par ses camarades menés par son bras droit et éternel numéro deux, Blaise Compaoré, Sankara prend le pouvoir. La révolution démocratique et populaire est proclamée.

Quatre années durant, l’autosuffisance alimentaire, l’éducation, la santé et la promotion de la femme sont érigées en priorités. Avec des résultats probants. Des initiatives audacieuses sont prises, quitte à verser parfois dans l’aventure politique. Volonté de renouveau: le pays est rebaptisé Burkina Faso, la «patrie des hommes intègres.»

Mais le révolutionnaire se fait beaucoup d’ennemis. En visite officielle à Ouagadougou, en novembre 1986, le président français François Mitterrand a affronté verbalement Thomas Sankara. Du guide libyen, Mouammar Kadhafi, ancien parrain, Sankara refuse la tutelle. Tout comme celle de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, doyen régional.

Au plan national, la chefferie traditionnelle et la bourgeoise sont frustrées par la réduction de leurs privilèges. Compaoré, le frère jumeau, devenu adversaire, cache à peine ses volontés putschistes.

Dans l’après-midi du 15 octobre 87, ses hommes investissent l’état-major du Conseil national de la révolution, où le président du Faso est en réunion. Entendant les tirs, Sankara rassure ses camarades apeurés: «Restez-là, c'est moi qu'ils veulent!».

Les mains en l’air, le capitaine sort. Il est aussitôt criblé de balles. Son corps, enterré à la hâte, avec ceux de ses 12 compagnons d’infortune, est honoré par une foule de courageux. Le nouveau régime démantèle la révolution.

Partout sur le continent, la jeunesse inspirée par le modèle s’indigne. Jusqu'au Cameroun, la rue pleure. Momentanément, une partie de l'Afrique vient de perdre espoir.

6 - Tunisie, 7 novembre 1987: Habib Bourguiba le père de la nation vieilissant est déposé

L’ancien président tunisien, Habib Bourguiba, en compagnie de Ben Ali, mai 1997, Reuters/Stringer
Militant nationaliste, Habib Bourguiba (1903-2000) a traversé le 20ème siècle, marquant l’histoire de la Tunisie de son empreinte. Avocat de formation, il mène une lutte inlassable pour que la Tunisie accède à la pleine souveraineté, engagement qui lui vaudra emprisonnements répétés et exils forcés.

La lutte accompagnée de diplomatie aboutit en mars 56. Un an plus tard, Bourguiba devient le premier président de la République tunisienne.

Sitôt élu, il se montre réformateur. Il veut un Etat moderne aussi bien sur le plan économique que sociétal. On retiendra de lui ses décisions dites «progressistes»: interdiction de la polygamie, autorisation du divorce et de l’avortement. Laïcité oblige, les autorités religieuses voient leur pouvoir réduit.

Cependant, le pays n’échappe pas au marasme économique dans les années 70 et à son corollaire, la montée progressive de l’islamisme. Ayant une très haute idée de lui-même, Bourguiba se fait président à vie en 1974. Son état de santé, pourtant, ne rassure pas. On dit le leader faiblissant de moins en moins lucide et on soupçonne son épouse, Wassila, de gouverner à sa place.

C’est sur ses doutes que son Premier ministre, Zine El-Abidine Ben Ali, décide d’intervenir en perpétrant un «coup d’Etat médical» le 7 novembre 87. Certifié sénile par des rapports médicaux, Bourguiba est déposé avec ménagement par son numéro deux qui prend le pouvoir en tant que successeur constitutionnel.

Assigné à résidence à Monastir, sa ville natale, Bourguiba mettra 13 ans à y mourir. Enterré dans le somptueux mausolée qu’il s’y est fait construire de son vivant, «le père de la Tunisie moderne» est honoré, une dernière fois par des funérailles nationales.

5 - Liberia, 9 septembre 1990: Samuel Doe ou la sauvage exécution d’un barbare















Il n’aura pas voulu se montrer magnanime, il n’y aura aucune indulgence pour lui non plus. Samuel Kanyon Doe a fini comme il a gouverné, dans la cruauté.

Le souvenir est encore vif dans la mémoire collective africaine de l’interminable supplice infligé au président libérien lors de sa destitution en septembre 1990.

La lente torture et les mutilations qu’il subit sont filmées en même temps qu’elles se déroulent sous le regard goguenard du rebelle Prince Yormie Johnson, son vainqueur, qui le fait finalement exécuter. Aujourd’hui encore, ces images circulent.


A son arrivée au pouvoir, en avril 1980, la figure du sergent Samuel Doe, 29 ans, est inconnue du grand public. Même William Tolbert, le président démis, n’avait pas vu venir ce putsch quand il est étranglé dans son lit. Ses ministres, tous arrêtés, sont fusillés en public sur les plages de Monrovia après un jugement expéditif.

De telles exécutions sommaires rythmeront les années de terreur du régime Doe (1980-1990), qui perpétue les pratiques de corruption pourtant dénoncées par lui. Premier «autochtone», à diriger le pays jusque-là sous la domination des Américano-Libériens (descendants d’esclaves affranchis), le militaire de l’ethnie Khran se rend progressivement impopulaire.

De nombreuses tentatives de coups d’Etat contre lui échouent.

En décembre 1989, la rébellion du «National Patriotic Front of Liberia» (NPLF) de Charles Taylor éclate. Elle conquiert rapidement l’essentiel du pays jusqu’à pénétrer la capitale Monrovia.

Acculé, Samuel Doe se laisse alors abuser par une proposition de rapprochement de Prince Johnson, ancien allié de Taylor, qui a créé sa rébellion dissidente. Le général président est cueilli dans un piège mortel.

La suite est connue. La guerre civile, une des plus meurtrières du continent, elle, ne fait que commencer.

4 - Mali, 26 mars 1991: la chute de Moussa Traoré, le tyran



Le sommet franco-africain de la Baule de 1990 aura-t-il eu raison de deux décennies de pouvoir au Mali?

Le régime dictatorial de Moussa Traoré (1969-1991) est l’un des premiers à tomber après le célèbre discours du président François Mitterrand du 20 juin 1990 à La Baule, conditionnant l’octroi de l’aide française au développement à un (véritable?) processus de démocratisation.

A la fin des années 80 et à l’orée d’une nouvelle décennie, les Maliens n’en peuvent plus d’un Etat policier qui pendant plus de 20 ans s’est illustré par son impéritie à doter le pays d’une vraie économie. Ils réclament le multipartisme. En clair, la possibilité d’une alternance à un régime faiblissant, laxiste face aux graves sécheresses qui ont sévi en 1972-73 et 1984-85.

Jusqu’ici, le parti-Etat, système assurant la réélection systématique du lieutenant sur des scores soviétiques, n’avait pas permis à la contestation sociale de s’exprimer.

Certes, les Maliens avaient bien manifesté en 1977 lors des funérailles de Modibo Keïta, premier président (1960-68) et père de l’indépendance malienne fauché par un putsch de Traoré, mais de tels mouvements d’humeur ont rarement été possibles. En 1980, une grève scolaire et étudiante est durement réprimée.

«Invincible» pendant la première décennie de son règne, le militaire déjoue toutes les tentatives de coups d’Etat (1969, 71, 75, 78) dont les auteurs sont condamnés à mort, ou embastillés à vie.

Mais en mars 91, alors qu’il est occupé à mater dans le sang une agitation étudiante, le désormais général ne voit pas venir une action militaire qui conduit à son arrestation. Les putschistes placent à leur tête, Amadou Toumani Touré, le «soldat démocrate». Il promet des élections et s’exécute 9 mois plus tard. Le Mali est sur les rails d’une démocratisation unanimement acclamée.


Quant à Traoré, condamné à mort, il est gracié en 2002 et s’attache à vivre pieusement retranché dans un quartier de Bamako. Avec quelques privilèges dus à son rang passé.

3 - Zaïre, 17 mai 1997: Mobutu Sese Seko, vieux roi Léopard, est chassé



Grandeur et décadence du personnage ont suscité un éloquent documentaire biographique: «Mobutu, roi du Zaïre» réalisé par le Belge Thierry Michel. Il relate comment un sous-officier, journaliste à ses heures, gravit les échelons de la hiérarchie administrative et militaire à l’occasion d’un mouvement national dans lequel il s’inscrit tardivement. 

Se rendant incontournable, il réussit à se poser en arbitre de querelles politiques qu’il tourne en sa faveur par un coup d’Etat, en 1965.

Parvenu au pouvoir, il s’approprie avec cynisme l’aura du défunt artisan de l’indépendance, le charismatique Patrice Lumumba, qu’il a pourtant livré à ses bourreaux belges et katangais, en 1961.

Américains, affirment certains, qui voient dans la neutralisation de l’ancien Premier ministre une injonction de la CIA, peu désireuse de voir le communisme s’implanter au centre de l’Afrique.

Car c’est en garant des intérêts occidentaux dans la région que le régime Joseph-Désiré Mobutu s’inscrit dans la durée, en plein contexte de guerre froide.

En contrepartie, on ferme les yeux sur sa gouvernance: régime de parti unique, despotisme, culte de la personnalité, corruption endémique qui font du dirigeant et de son sérail des milliardaires.

Côté face, c’est la révolution nationale, le Congo est rebaptisé Zaïre en 1971.

1989, le mur de Berlin s’effondre et avec lui les stratégies d’alliance. Discours de la Baule oblige, la contrainte du multipartisme est inévitable. L’affaiblissement du Maréchal-président qui doit partager le pouvoir est visible aux yeux de tous.

En 1996, une rébellion venue de l’est et soutenue par le Rwanda éclate. Une de celles qu’on n’arrête pas.

En mai 97, les troupes de Laurent-Désiré Kabila entrent dans Kinshasa livrée au pillage.

Le «Léopard du Zaïre» est obligé de fuir le 17 mai 1997. Il n’avait plus de dents pour résister. Au moins ses ennemis n’auront pas eu sa peau. Malade, il s’éteint quelques mois plus tard à Rabat, au Maroc.

2 - Côte d’Ivoire, 24 décembre 1999: Henri Konan Bédié, l’héritier destitué

Henri Konan Bédié, à Accra, pour des négociations, 29 juillet 2004, REUTERS/Luc Gnago
Se croyait-il destiné à gouverner indéfiniment? En bon dauphin (constitutionnel) Henri Konan Bédié (HKB) s’assure que son statut de successeur ne sera pas remis en cause, à la mort du président Félix Houphouët-Boigny, en décembre 1993.

Il lui faut disqualifier son rival Alassane Dramane Ouattara qui a fait figure de véritable régent du royaume éburnéen en tant que Premier ministre (1990-1993) d’un patriarche vieillissant après des décennies de règne. A ces fins, il lance le concept d’«ivoirité». Une idée restrictive de l’identité nationale, excluant nombre d’Ivoiriens de la nationalité et Ouattara de la prétention à la succession, loi électorale à l’appui.

Le «Sphinx de Daoukro» (son village), tel qu’on le surnomme, vient d’ouvrir la boîte de Pandore. Les crispations xénophobes et ethnicistes s’exacerbent à la faveur de l’avènement d’une idéologie nauséabonde promue par d’obscurs universitaires. Viendront s’y greffer, clivages religieux et régionaux.

Ce climat sociétal coïncide avec la fin du «miracle économique ivoirien.» Dans ce contexte social délétère où accusations de tribalisme et de mauvaise gestion fusent à l’égard d’HKB, survient une mutinerie bien vite transformée en putsch un jour de réveillon.

Mené par le général Robert Guéï qui prétend être venu «balayer la maison», ce coup d’Etat du 24 décembre 1999, surprend l’opinion africaine et internationale tant il intervient dans une mer de stabilité, de calme et de paix au sein d’un océan ouest-africain tourmenté.

C’est le début d’une longue période de troubles. S’ensuivront une présidentielle «calamiteuse», une rébellion venue du nord puis une partition du pays qui ne prendra fin qu’en même temps la crise postélectorale de 2011-2012.

1 - Madagascar, 17 mars 2009: La rue pousse Marc Ravalomanana à la sortie

Partisans de Rajoelina durant un meeting à Antananarivo,14 mars 2009, REUTERS/Siphiwe Sibeko
En ce début d’année 2009, Antananarivo semble unanime pour réclamer le départ du président Ravalomanana, pourtant réélu fin 2006. On lui reproche, entre autres, de mêler intérêts publics et privés. Il reste, il est vrai, patron d’un des plus grands groupes agroalimentaire du pays.

Deux mois durant, la capitale est sous le coup d’une agitation entretenue par son jeune maire, Andry Rajoelina. Mi-janvier, fort de sa popularité et du soutien de ses partisans rassemblés en masse sur la place du 13 mai, il réclame la démission du chef de l’Etat.

Sûr de lui, le surnommé «TGV», en référence à son mouvement «Tanora Gasy Vonona» signifiant «Jeunes Malgaches prêts», pousse la hardiesse jusqu’à se proclamer à la tête d’une Haute-Autorité de transition. Le coup de force n’est pas loin.

Les manifestants, encouragés à la marche sur le palais présidentiel le 7 février pour y installer l’édile frondeur subissent des représailles qui feront 30 morts et plus de 200 blessés. Rajoelina doit se réfugier à l’Ambassade de France, d’ores et déjà suspecte d’une certaine complaisance à son égard.

Le 8 mars, une mutinerie de militaires d'une base proche de la capitale prend la tête de l'armée et accélère le cours des évènements. Ils contraignent Ravalomanana à la démission. Le 17 mars, ce dernier remet le pouvoir à un directoire militaire qui s’empresse aussitôt de le transférer à son rival.

La communauté internationale condamne ce qu’elle indexe comme un «Coup d’Etat», malgré une tentative de légitimation du pouvoir de Rajoelina par la Haute Cour Constitutionnelle de Madagascar. TGV part en quête de cette reconnaissance et se donne deux ans pour organiser des élections.

Les Malgaches attendent toujours. Exilé comme nombre de ses prédécesseurs (notamment Didier Ratsiraka), Marc Ravalomanana, lui, attend encore de pouvoir faire son grand retour. Et récupérer, pourquoi pas, ce pouvoir qu’il a perdu.

Malik Delwendé Ouedraogo
SlateAfrique