samedi 22 décembre 2012

RDCongo, entre humiliation d’un peuple, détresse politique et leçons de l’histoire

Ce qui se passe en République Démocratique du Congo devrait être suivi avec attention. Ce pays dont le peuple se sent profondément bafoué et humilié depuis 1996 (première Guerre du Congo) pourrait être un laboratoire de ce que nous réserve l’avenir, à l’appui des leçons du passé, de meilleur comme de pire.

Le silence des grands médias et des grandes puissances sur un véritable génocide qui se déroule au Congo ouvre la voie à un avenir incertain, non seulement pour les Congolais.

Il suffit pourtant de taper dans le portail de Google « Congo massacres », puis de cliquer sur « images[1] » pour ouvrir juste une lorgnette sur la pire campagne d’extermination des populations au monde depuis la Shoah. Mais tout le monde se tait, du moins ceux qui sont censés parler de la barbarie et des violations des droits de l’Homme dans le monde.

En Europe, les politiques, les journalistes, les intellectuels ne parlent que de la Syrie et de l’Iran, passant sous silence – hallucinant – le génocide en cours au Congo. Les gouvernements sont au courant. Les ONG les alertent, comme récemment avec cette lettre de 15 ONG au Président Obama. Mais ils se taisent ou se contentent de quelques réponses çà et là, juste pour la forme.

L’humiliation

Au Congo, le moral est au plus bas. Un profond sentiment d’humiliation ronge les esprits suite à l’affaire du M23, la milice tutsie soutenue par le Rwanda et l’Ouganda qui s’est emparée de la ville de Goma, capitale de la province riche en coltan du Nord-Kivu, le 20 novembre 2012.

L’attaque a provoqué l’exode des populations et une catastrophe humanitaire, en plus des dizaines de Congolais tués. Leurs corps jonchaient les routes que femmes et enfants, chargés de bagages, arpentaient dans leur fuite devant l’avancée des troupes d’agression.

Puisque, justement, le M23 n’est qu’une façade, c’est le visage du Rwanda qui est revenu dans la mémoire collective. Le Congo à nouveau battu par le Rwanda, un pays 90 fois plus petit qui, aidé par les pays occidentaux, mène au Congo des guerres répétées de pillage, de massacres et de viols.

Des guerres sales mais dont tout indique qu’elles vont se poursuivre, les autorités congolaises étant infiniment impuissantes.

Le régime de Joseph Kabila, mis en place par les armées rwandaises et ougandaises, est associé aux responsables des humiliations subies par les Congolais. Il aurait entrepris d’affaiblir l’armée nationale pour faciliter les razzias rwando-ougandaises sur les richesses minières du Congo au profit des multinationales.

Des opérations lourdes de conséquences qui laissent des femmes violées, déshonorées et délaissées par leurs maris, des enfants recrutés de force et des morts par millier.

Les Congolais sont dans un état de détresse politique, les autorités nationales jouant quasiment le jeu de l’« ennemi ».

Les négociations en cours à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 sont vécues comme un acte de trahison. Cette trahison remonte aux fameux accords de Lemera[2] (sorte de Wagon de l’Armistice couplé avec les frustrations du Traité de Versailles), qui consacrent le « dictat » officieux du Rwanda sur le Congo, dont les autorités ont la particularité de « se dérober » chaque fois que Paul Kagamé monte au créneau.

La détresse

Ainsi les Congolais n’ont véritablement aucune autorité nationale sur qui compter. Au-delà, les casques bleus ont montré leurs limites. Ils coûtent chaque année 1,5 milliards de dollars aux contribuables du monde entier qui financent la Mission des Nations Unies au Congo (MONUSCO).

Mais depuis leur arrivée en avril 2001, les viols et les massacres se produisent parfois en leur présence, comme le massacre de Kiwanja[3] en novembre 2008.

En novembre dernier, ils sont restés les bras croisés pendant qu’un Etat membre de l’ONU se faisait agresser, que sa population se faisait tuer, et que l’ONU elle-même décrivait dans ses rapports[4] le crime d’agression et nommait les agresseurs, images à l’appui (voir documents annexés).

Ils ont pourtant le mandat pour agir et protéger la population, en application du chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies. Un véritable échec, voire carrément une honte. Mais ils ne sont pas les seuls à blâmer.

Les grandes puissances brillent par leur discrétion. On imagine aisément pourquoi. Le pillage des minerais du Congo est réalisé par le Rwanda et l’Ouganda au profit des multinationales.

Le coltan du Nord-Kivu est utilisé dans la fabrication des téléphones portables.

Donc toute une chaîne qui va du minerai pillé au Congo aux opérateurs de la téléphonie mobile en passant par les usines en Asie, les banques d’affaires, les assurances, les entreprises et leurs sous-traitants,… les financements politiques.

Et les lobbies mandatés par les multinationales veillent sur nos élus et nos institutions « démocratiques ». Un système mafieux rondement mené à l’échelle internationale, ce qui pourrait expliquer le silence « collectif » de « ceux qui ont l’habitude de dénoncer les violations des droits de l’homme dans le monde » (Syrie, Iran, pays musulmans,…).

Par ailleurs, on se souvient de l’engagement pris par la communauté internationale après le génocide rwandais de 1994 : « plus jamais ça ». Ce génocide avait coûté la vie à 800 mille personnes, le génocide congolais, qui continue, a coûté la vie à 6 millions de personnes, c’est-à-dire 7,5 fois plus.

Où est passé le « plus jamais ça » ? Naturellement, on éprouve un malaise face à six millions de morts après avoir juré qu’il n’y aurait « plus jamais ça ». Reste à savoir jusqu’à quand devra-t-on se taire sous le poids du malaise.

Les leçons de l’histoire

Que faut-il faire ? Il faut régler trois problèmes avec des moyens et des conséquences qui nous font retomber dans les leçons de l’histoire.

Le peuple congolais doit se prendre à charge tout seul.

Puisqu’il n’est ni écouté, ni soutenu, et que ses martyrs (six millions de morts, zéro procès) sont bafoués, il doit s’appuyer sur des « patriotes » parmi les plus déterminés. Peu importe l’appellation qui leur sera attribuée (nationalistes, extrémistes). C’est le recours ultime d’un peuple en pleine détresse politique.

Ceux-ci devront dans un premier temps lutter contre le régime actuel de Joseph Kabila, devenu un boulet pour le Congo, et obtenir son départ définitif. C’est un régime fondamentalement illégitime (arrivée à Kinshasa par infraction au droit international : agressions rwando-ougandaise ; deux élections toutes frauduleuses – 2006 et 2011) et qui a échoué sur quasiment tous les plans.

Ils devront, dans la foulée, refuser le dictat rwando-ougandais sur le Congo, rejeter les accords de Lemera et tous les accords secrets conclus avec les régimes de Paul Kagamé et Yoweri Museveni. Le Congo n’a pas d’avenir en restant sous le joug du dictateur rwandais qui tient dans la soumission[5] les autorités de Kinshasa.

Les « patriotes » congolais devront, par la suite, faire entendre la cause des victimes sur lesquelles les grands médias et les grandes puissances s’emploient à entretenir la loi du silence. Exiger que justice leur soit rendue, ce qui peut mener aux guerres de vengeance, faute de justice. Car aucune société n’avance durablement sans faire le deuil de ses martyrs, civils et militaires.

Enfin, les « patriotes » congolais devront mettre fin au pillage des richesses du Congo. Le pays a besoin de ces richesses pour se développer (il manque de routes, d’hôpitaux, d’écoles,…), entretemps leur exploitation anarchique est source de guerres interminables, de corruption généralisée et d’une pauvreté extrême. Le Congo est, en effet, classé pays le plus pauvre du monde[6] malgré ses immenses richesses minières[7].

Il se pose toutefois un problème avec le recours aux « patriotes déterminés » (nationalistes ou révolutionnaires). Ils ont tellement marqué l’histoire des nations que leur irruption à la tête d’un pays aussi stratégique que le Congo devrait faire réfléchir à deux fois. Nés dans le martyre d’un peuple, les nationalistes/révolutionnaires, une fois au pouvoir, vivent dans la paranoïa.

D’où la militarisation du pays à outrance, la « traque » contre les étrangers (ennemis de l’intérieur), la mainmise sur les entreprises, les guerres préventives,... Tout commence par les conditions de leur accession au pouvoir, guère rassurantes.

Dans le cas du Congo, on est à peu près certain que le jour où le Rwanda attaquera à nouveau et infligera, comme d’habitude, une défaite humiliante à l’armée congolaise, une révolte populaire risquera de précipiter la fin du régime, déjà affaibli, de Joseph Kabila.

Le pays serait alors dans une situation comparable à celle de la France au lendemain de la prise de la Bastille (Révolution française) ou de la chute du Tsar (Révolution bolchévique). Le peuple décide de s’occuper directement des affaires du pays parce que les autorités sont tellement incapables.

Le pire des scénarios est celui de la Nuit des Longs Couteaux (Révolution hitlérienne).

Malheureusement, on sait comment tout cela se termine. Les Français en voulaient à leur roi (Louis XVI). Ils ont engendré la Terreur, la guillotine, Napoléon Bonaparte et ses ravages militaires à travers l’Europe.

Les Russes en voulaient à leur Tsar. Ils ont engendré l’Union Soviétique, la Guerre froide et mis le monde au bord de l’apocalypse nucléaire. Les Allemands n’en pouvaient plus du dictat imposé par le Traité de Versailles et l’apathie de la corvéable République du Weimar. Ils ont fini avec Hitler et la Seconde Guerre mondiale.

Des peuples bafoués et humiliés deviennent des bombes à retardement. Même un peuple d’un minuscule pays (sur la carte) comme le Rwanda. C’est le laissez-faire de la communauté internationale face au génocide rwandais qui a permis aux dirigeants actuels, extrémistes et sans scrupule, de prendre le pouvoir à Kigali.

Les guerres de massacres, de viols et de pillages menées actuellement au Congo trouvent leur origine dans le conflit entre Hutus et Tutsis rwandais, abandonnés entre eux par la communauté internationale en avril 1994. On a choisi de rester les bras croisés. Comme les casques bleus actuellement au Congo.

En tout cas, au pays comme dans la diaspora, les Congolais passent et repassent les images de leurs femmes et enfants massacrés, les corps des soldats congolais tués dans leur propre pays et abandonnés à même le sol pendant que les troupes d’agressions paradent dans une ville congolaise, en territoire conquis.

Les soldats congolais, humiliés, mais applaudis par la population, ruminent leur amertume. Ils auraient pu l’emporter (victoire de l’armée congolaise à Kibumba, 113 soldats rwandais tués) s’ils n’avaient pas été trahis.

En 1918 un jeune soldat allemand attribua la défaite militaire à la trahison des autorités. Il rumina son ressentiment pendant des années et finit Führer

Les leçons de l’histoire…C’est ce qu’on sent méditer François Mitterrand et Helmut Kohl, le 22 septembre 1984 devant l’ossuaire de Douaumont. Sur le Congo, on méditera plus tard, sûrement quand il sera trop tard.

Boniface MUSAVULI


[5] A Kinshasa, les autorités éprouvent une telle « peur » manifeste qu’elles n’osent pas citer le nom du Rwanda en tant que pays agresseur du Congo, alors même que ce nom apparaît clairement dans les rapports de l’ONU. A Kinshasa, pour désigner le Rwanda, on utilise l’expression « les pays voisins ».
[7] Selon le magazine britannique New African, dans un article intitulé « The curse of coltan (« La ruée vers le coltan ») le potentiel minier du Congo s’élève à 24 mille milliards de dollars, largement plus que les réserves pétrolières de l’Arabie Saoudite (18 mille milliards).


Comment les Belges ont fait disparaître Lumumba

Patrice Lumumba à New York en août 1960. Il est assassiné six mois plus tard au Katanga.
Patrice Lumumba à New York en août 1960. Il est assassiné six mois plus tard au Katanga.
AFP

Par Christophe Boisbouvier
 
Va-t-on vers un procès des assassins de Patrice Lumumba ? La justice belge se dit compétente pour enquêter sur la mort du père de l'indépendance du Congo Kinshasa. C'était il y a plus de 50 ans, le 17 janvier 1961.

Mais qui peut encore être jugé ? En l'an 2000, le sociologue belge Ludo de Witte a publié chez Karthala L'assassinat de Lumumba.

L'affaire Lumumba sera le thème de notre émission Appels sur l'actualité, présentée par Juan Gomez, lundi 17 décembre 2012, à partir de 9h10 sur l'antenne Afrique et 10h10 sur l'antenne Monde (heures de Paris)

Vous écrivez : « La nuit est froide. Ce 17 janvier 1961 au Katanga, un commissaire de police belge prend Lumumba par le bras et le mène jusque devant un grand arbre. Un peloton d’exécution fort de quatre hommes se tient en attente, alors qu’une vingtaine de soldats, de policiers, d’officiers belges et de ministres katangais regardent en silence. Un capitaine belge donne l’ordre de tirer, et une salve énorme fauche Lumumba ». Ce sont donc des Belges qui ont tué Lumumba ?

De facto, dans l’administration, dans l’armée, dans l’économie katangaise, c’était tous des Belges qui commandaient. Et donc, formellement, il y avait un président, Moïse Tshombe.

Et de facto, le commandant en chef de l’armée katangaise était un officier belge, qui pour cela, était formellement mandaté par le gouvernement belge. Et donc, ce sont ces officiers qui commandaient des soldats katangais, qui ont, plusieurs heures, frappé, torturé Lumumba et deux autres dirigeants nationalistes du Congo, et finalement, ils l'ont exécutés.

Et ce sont aussi des Belges qui ont fait disparaître son corps ?

Oui, exact. Il y a deux frères, les deux frères Soete, dont le plus important était un commissaire de police. Vous voyez, ils ont détruit les corps, ils les ont coupés en morceaux et les ont fait disparaître dans un fut rempli d’acide sulfurique.

Alors six mois avant sa mort, le 30 juin 1960, jour de l’indépendance, Patrice Lumumba est Premier ministre. Mais dès le mois de septembre, le chef d’état-major, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir à Kinshasa et fait arrêter Lumumba. Quand Mobutu décide d’envoyer Lumumba au Katanga, est-ce qu’il sait qu’il l’envoie à la boucherie ?

On le savait très bien, parce que le contexte dans lequel on a pris la décision était un contexte de panique généralisée. Lumumba était enfermé dans une cellule dans la capitale. Mais les partisans de Lumumba étaient en train de reconquérir le pays, les armes à la main, à partir de l’est du Congo.

Et même dans la garnison où on avait mis en prison Lumumba, il y avait une mutinerie qui avait éclaté. Et donc, on craignait la libération de Lumumba et son retour au pouvoir à n’importe quel moment.

Les Belges, les Américains et Mobutu savaient très bien qu’un envoi de Lumumba au Katanga signifiait sa mort, parce que les dirigeants au Katanga voulaient en finir avec lui.

Et donc, on ne voulait pas que Lumumba soit assassiné dans la capitale où il était gardé, parce que : un, on craignait fort que l’assassinat, là, allait provoquer une mutinerie généralisée, dans et autour de la capitale, et que ça allait balayer le régime pro-occidental qu’on avait mis en place autour de Mobutu et autour du président Kasa-Vubu.

Et la deuxième raison était que le président Kasa-Vubu avait pris partie contre Lumumba et pour l’Occident, et on ne voulait pas que le sang de Lumumba aille tacher les mains de Kasa-Vubu, parce que Kasa-Vubu avait une certaine légitimité démocratique dans les instances internationales, comme les Nations unies.

Et donc, c’est pour ça qu’on l’a envoyé au Katanga, sachant qu’il allait être tué là-bas. Et donc, comme ça, ils avaient trouvé un sous-traitant qui faisait le sale boulot.

A l’époque, le Premier ministre belge est Gaston Eyskens. Est-ce qu’il y a un conseil de défense, un conseil secret à Bruxelles, au cours duquel il consulte les autres ministres et donne l’ordre formel d’éliminer Lumumba ?

Non, pas Eyskens, mais le ministre des Affaires africaines de la Belgique. Il faut savoir que les têtes pensantes au Katanga, donc les Belges, ne voulaient pas accepter Lumumba, parce qu'ils savaient qu’ils devaient forcément l’éliminer.

Et donc les Belges au Katanga disaient "non, on ne veut pas". Alors ce qu’on a, c’est un télex du ministre belge des Affaires africaines, qui a ordonné aux Belges et aux Katangais d’accepter Lumumba.

A cette époque, le président des Etats-Unis est le général Eisenhower. Mais John Kennedy vient d’être élu et va prêter serment quelques jours plus tard. Est-ce qu'Eisenhower est au courant ? Est-ce qu’il donne un ordre formel ? Est-ce qu’il en prévient Kennedy ?

Non. Sur toutes les archives qu’on a vues, les Américains avaient, à un certain moment, envoyé un tueur professionnel de la CIA pour éliminer Lumumba. Mais dès que Lumumba a été mis en prison, les Américains ont retiré leur tueur professionnel.

Et donc, on sait que la CIA était au courant. Mais dans le transfert et dans les dernières heures où Lumumba était encore vivant sur le sol du Katanga, il n’y avait aucune implication américaine. Tout était entre les mains des Belges.

Aujourd’hui, l’agence Belga de Bruxelles affirme que huit responsables belges de cet assassinat sont encore en vie et pourraient être poursuivis. Est-ce que vous confirmez ?

Oui, c’est exact. Il y a un peu plus d’un an, au moment où on a introduit la plainte, il y avait sur la liste, je crois, onze ou douze Belges qu’on a incorporés dans la liste pour être poursuivis pour assassinat de Lumumba. Donc, je crois qu'effectivement, aujourd’hui, il y a encore peut-être huit ou dix qui vivent encore, oui.

On parle d’un homme d’affaires qui était en 1960 un jeune diplomate. On parle aussi d’un ancien conseiller des sécessionistes katangais ?

Oui, oui. Il y a beaucoup de noms qui circulent. Il y a un juge de la paix, ici en Belgique, qui serait aussi sur la liste. Mais moi, je ne peux pas officiellement confirmer qui est sur la liste. C’est quelque chose que je laisse à la famille et aux avocats.

Selon l’acteur américain Ben Affleck . "Washington doit exercer son influence "unique" sur Kagamé et Museveni"

vendredi 21 décembre 2012


Engagé dans le combat humanitaire dans l’est de la RDC depuis 2009, l’acteur et réalisateur américain Ben Affleck s’est adressé à la Chambre des représentants, mercredi 19 décembre 2012, à Washington.

Objectif : demander aux députés américains d’exercer leur influence pour rétablir la paix au Congo.

Ben Affleck est sensible à la situation humanitaire catastrophique depuis des années dans l’est de la RDC. En 2009, l’acteur et réalisateur hollywoodien a lancé l’Initiative pour le Congo oriental (ECI), une association de soutien aux ONG qui a déjà levé plus de deux millions de dollars.

Et mercredi 19 décembre, il était devant les élus de la commission de la Défense du Congrès américain pour leur demander, notamment, de s’engager en faveur d’un renforcement du mandat de la Monusco.

« Je ne suis pas ici pour quémander l’argent du contribuable américain. Je suis ici aujourd’hui pour respectueusement demander que vous usiez de votre pouvoir, a-t-il d’abord déclaré.

Le M23 n’est que le dernier d’une longue liste de groupes armés qui déstabilisent le Congo depuis 1994.

(…) Nous avons vu ce cycle se répéter à de trop nombreuses reprises : la violence éclate, la communauté internationale s’intéresse pendant un moment à cette partie du monde, la violence recule et le monde se détourne, soulagé, sans s’occuper des problèmes systémiques » à l’origine de l’instabilité.

Influence "unique"

« Au minimum, le mandat [de la Monusco, NDLR] doit être renforcé afin de lui permettre de vraiment maintenir la paix et protéger la population », a conclu Ben Affleck.

Qui a aussi rappelé que le M23 était, selon lui et l’ONU, « soutenu par le Rwanda et l’Ouganda », qui ont toutefois toujours nié ce rôle, sans véritablement réussir convaincre la communauté internationale. Et l’acteur de demander que Washington utilise son influence « unique » sur les présidents Paul Kagamé et Yoweri Museveni.

Un appel qui intervient justement au lendemain d’un communiqué de la Maison Blanche au sujet d’une mise en garde adressée par le président américain à son homologue rwandais.

« Lors d’un appel téléphonique, Barack Obama a souligné que tout soutien au groupe rebelle M23 était incompatible avec le désir de stabilité et de paix du Rwanda », disait le communiqué.

Ben Affleck ne néglige pas non plus la piste plus classique des négociations favorisées par la communauté internationale. « Il faudrait également que l’ONU et l’Union africaine dépêchent un envoyé spécial dans la région pour amener les parties à la table des négociations », dit-il.

Comme s’il pressentait l’échec des discussions directes engagées à Kampala entre la RDC et le M23 sous l’égide de la CIRGL [Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, NDLR]. Une organisation largement dominée par les pays mêmes qui sont accusés d’être partie au conflit : le Rwanda et l’Ouganda.

L’Avenir

RDC: Kinshasa et le M23 ajournent à janvier les négociations de paix

  - Publié le 21/12/2012 

Le M23 est formé d'anciens rebelles, d'abord intégrés dans l'armée de RDC aux termes d'un accord signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa, mais qui ont repris le combat au printemps dans le Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas l'avoir respecté.

Les négociations de paix entre la rébellion congolaise du M23 et le gouvernement de Kinshasa, entamées le 9 décembre à Kampala, ont été suspendues vendredi jusqu'à début janvier, sans aucune avancée jusqu'ici, entretenant l'incertitude sur le terrain.

Depuis leur ouverture, les négociations piétinent et les deux parties n'ont toujours pas abordé le fond des problèmes qui les opposent, n'ayant toujours pas réussi à se mettre d'accord sur le programme des discussions.

"En dépit de progrès substantiels, le consensus n'a pas été trouvé sur un des points de l'ordre du jour (...) relatif au besoin de renforcer l'accalmie actuelle des hostilités militaires", a déclaré le ministre ougandais de la Défense Crispus Kiyonga, médiateur des pourparlers.

"Le facilitateur a décidé, après consultation avec les parties, d'ajourner les réunions préliminaires du dialogue jusqu'au 4 janvier 2013", alors qu'approchent les fêtes de fin d'année, a-t-il ajouté.

Les délégués du M23 à Kampala avaient réclamé mercredi la signature d'un cessez-le-feu avec les autorités de République démocratique du Congo (RDC), accusant Kinshasa de s'y refuser et de faire traîner les négociations pour renforcer ses positions dans l'est du pays.

Les rebelles estiment indispensables la signature de ce cessez-le-feu avant tout réel début des discussions.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a lui jugé nécessaire cette pause dans les pourparlers.

Un tel processus "nécessite de temps en temps que les personnes déléguées reviennent a la centrale pour faire le point avec ceux qui les ont mandatées. Je pense que c'est tout à fait sage et normal", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les pourparlers avaient été promis aux rebelles en échange de leur retrait de la capitale du Nord-Kivu, Goma, prise le 20 novembre et évacuée le 1er décembre, au terme d'une médiation des pays des Grands Lacs orchestrée par l'Ouganda.

Ce retrait a dans l'immédiat éloigné la crainte d'un embrasement de la région mais, sur le fond, rien n'est réglé et le piétinement des négociations entretient la crainte de nouveaux combats.

Une partie des mutins ne s'est pas retirée, comme convenu, à au moins 20 km plus au nord et campe à portée de tir de la ville.

Mardi, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, affirmait que des centaines de rebelles effectuaient des déplacements "erratiques mais inquiétants" près de la capitale provinciale et n'excluait pas l'envoi de renforts "si les circonstances l'exigent".

Un officier supérieur de l'armée congolaise s'exprimant sous couvert d'anonymat a de son côté estimé insuffisants les 650 soldats gouvernementaux déployés à Goma: "On ne peut pas être efficace de cette façon," s'est-il inquiété, qualifiant la proximité des rebelles de "menace directe".

Le M23 est formé d'anciens rebelles, d'abord intégrés dans l'armée de RDC aux termes d'un accord signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa, mais qui ont repris le combat au printemps dans le Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas l'avoir respecté.

Initialement formé pour obtenir la pleine application de l'accord, le M23 a depuis multiplié ses doléances, qui touchent désormais à des questions de gouvernance, de bien-être social, de droits de l'homme. Il a aussi remis en cause la légitimité du président Joseph Kabila, réélu en 2011 au terme d'élections contestées.

Depuis le début des pourparlers, les délégués de Kinshasa et du M23 n'ont réussi qu'à se mettre d'accord sur des règles de procédure présidant les discussions et sur les grandes lignes de l'ordre du jour.

Quatre grands sujets seront discutés: l'accord du 23 mars 2009, des problèmes de sécurité, des questions politiques, économiques, sociales et les mécanismes de mise en oeuvre d'un éventuel accord, selon M. Kiyonga.

Comment les médias américains couvrent l'Afrique

L’Afrique est honteusement négligée par la plupart des médias occidentaux qui privilégient les histoires sordides montées en épingle au mépris de la déontologie la plus élémentaire.

Un homme décharge un sac de riz à Abidjan, Côte d'Ivoire, le 1er Janvier 2011. ISSOUF SANOGO / AFP
 
Les médias chinois font le choix de traiter l’Afrique de manière positive. Ils ne traitent donc pas de sujets qui fâchent.
 
Ils privilégient «un style de journalisme qui se concentre sur les réalisations collectives plutôt que des questions qui divisent, comme les crises politiques ou des nouvelles négatives comme les famines», relaie le site CNN.
***
La vie est dure pour les expatriés d’Afrique. Nous aspirons de toutes nos forces à voir paraître davantage d’articles sur les grands événements du continent, et à ce que nos voisins en sachent davantage sur les lieux où nous étudions et travaillons.

Et pourtant, quand ces articles existent, ils nous font souvent grincer des dents.

Prenez par exemple la vague de violence actuelle dans le nord du Mali. Au cours des derniers mois, le Mali a connu un coup d'Etat et une déclaration d’indépendance par des rebelles qui contrôlent désormais à peu près la moitié de son territoire.

Le récent conflit a déplacé environ 268.000 personnes chassées par divers groupes d’islamistes et de rebelles séparatistes luttant pour le contrôle de villes-oasis du désert, tandis que la menace d’une crise provoquée par la sécheresse se profile à l’horizon avec l’arrivée de la saison sèche.

La situation au Mali est de loin la pire crise humanitaire du monde actuel, mais comparé, disons, à la Syrie ou à l’Afghanistan, vous n’avez probablement pas entendu grand-chose à son sujet.

Reportages stéréotypés 


Voyez aussi la rafale de reportages sur l’Afrique centrale qui a suivi le phénomène «Kony 2012» en mars. Tout d’abord, il est très frustrant qu’il faille une vidéo virale sur Internet ou l’engagement de célébrités hollywoodiennes pour attirer l’attention sur les ravages commis par des groupes comme l’Armée de résistance du seigneur (LRA).

Pire encore, beaucoup de correspondants en Afrique publient des articles qui tombent dans des stéréotypes pernicieux et autres tropes qui déshumanisent les Africains.

Les médias grand public publient fréquemment des reportages avec des unes comme «Le pays des mangues et de Joseph Kony,» visiblement sans se rendre compte à quel point un titre pareil peut être raciste et condescendant.

Les reportages occidentaux sur l’Afrique sont souvent bourrés d’erreurs factuelles, d’analyses incomplètes et de stéréotypes qui ne passeraient jamais le service de secrétariat de rédaction s’il s’agissait de la Chine, du Pakistan, de la France ou du Mexique.

Un journaliste qui écrirait des clichés aussi ouvertement insultants sur des politiciens allemands ou violerait les normes déontologiques concernant la protection des victimes de pédophilie dans l’Ohio serait au minimum sanctionné et pourrait même y perdre son emploi.

Mais quand il s’agit de l’Afrique ces problèmes sont tolérés, et, dans certains cas, glorifiés.

«Au coeur des ténèbres»

Une rapide recherche dans les archives de Google News pour «Congo» et «cœur des ténèbres» donne presque 4.000 résultats, dont la majorité ne sont pas des critiques littéraires mais servent plutôt à donner un côté plus exotique à la République Démocratique du Congo, tout en évoquant des stéréotypes sur la race et la sauvagerie.

Imaginerions-nous une seconde une publication sérieuse utilisant le même genre de terminologie pour décrire le sud de Chicago, de Baltimore ou de n’importe quelle autre ville à prédominance africaine-américaine?

Pour les observateurs de l’Afrique, il y a clairement deux poids, deux mesures en termes de qualité, d’intégrité et de déontologie journalistique lorsqu’il s’agit de faire des reportages sur le continent.

C’est suffisant pour nous donner envie de hurler ou d’aller ramper dans un coin en regrettant le temps où Howard French couvrait l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour le New York Times.

Même si son travail de journaliste portait sur les violences post-Guerre froide parmi les pires du continent, les reportages de French pour le Times au milieu des années 1990 étaient nuancés et équilibrés, et reflétaient les réalités de l’Afrique qu’il ne présentait pas simplement comme une terre ravagée par la guerre et la pauvreté, mais plutôt comme un système complexe de sociétés comme n’importe quelles autres, constituées de gens normaux qui faisaient de leur mieux pour vivre décemment.

54 Etats pour une poignée de journalistes


Pourquoi tant de mauvais reportages sur l’Afrique?

Une partie du problème réside dans le nombre limité de journalistes assignés au continent. Beaucoup de grands médias occidentaux n’affectent qu’un seul correspondant à toute l’Afrique —plus de 28 millions de kilomètres carrés. Il ou elle est basé(e) à Johannesburg ou Nairobi, mais devra être parachuté(e) d’une minute à l’autre au Niger, en Somalie ou dans le pays où éclatera la prochaine crise.

Au mieux, les plus grandes publications ont deux ou trois correspondants régionaux en Afrique, chacun responsable de 10 à 15 pays.

Les agences de presse ont généralement une meilleure couverture du continent, mais même elles ne peuvent poster un correspondant dans chaque pays.

C’est dément. L’Afrique est un continent constitué de 54 États distincts, tous pourvus de multiples langues, de groupes ethniques et de dynamiques politiques uniques. Nulle part ailleurs dans le monde —pas même en Amérique latine, pourtant largement peu couverte par les médias— on ne demanderait à une seule personne de faire des reportages sur tant de situations compliquées.

Pourtant, en termes de couverture médiatique de l’Afrique par l’Occident, ce genre de situation est courante. On pourrait avancer que ces moyens limités résultent du déclin des revenus des médias traditionnels à l’âge de l’Internet.

Il est vrai que les correspondants à l’étranger coûtent cher et que les recettes sont en baisse, mais c’est passer outre le fait que la couverture de l’Afrique par les médias occidentaux a toujours obéi à cette règle.
Il y a vingt ans, la plupart des grands médias occidentaux n’avaient déjà que un à trois correspondants en Afrique. Très peu de choses ont changé.

Engager des correspondants africains


Il existe une solution simple à ce problème: engager des journalistes locaux. Une exception notable à l’histoire de la mauvaise couverture médiatique de l’Afrique est celle de la BBC, dont le World Service entretient depuis longtemps des correspondants dans la plupart des capitales du continent.

Bien que le budget du World Service ait été réduit plusieurs fois à cause d’une baisse du soutien du gouvernement, la BBC a réussi à garder une bonne présence sur le terrain africain en s’appuyant en grande partie sur des journalistes locaux. Cela a été particulièrement important en Somalie.

Pendant vingt ans, il a été presque impossible pour les journalistes occidentaux de faire leur travail complètement et librement de Somalie pour des questions de sécurité, mais les correspondants et les producteurs locaux de BBC Somali Service excellent à faire sortir les nouvelles de leur pays.

Il n’y a pas de raison que d’autres grands médias ne puissent pas engager des journalistes locaux pour améliorer leur couverture. Plutôt que de les reléguer au statut de journalistes de seconde zone ou de co-auteurs, pourquoi ne pas engager des Africains comme correspondants nationaux ou régionaux?

Un journaliste n’est pas obligé d’être blanc pour fournir des reportages objectifs et bien écrits depuis le continent, et dans de nombreux cas, ces reportages sont plus nuancés que ceux d’un correspondant international qui n’y consacre que cinq jours d’enquête.

Le reportage et l’analyse de loin les plus réfléchis sur les réactions ougandaises à la vidéo virale Kony 2012 n’ont par exemple pas été le fait de journalistes américains, mais celui du reporter ougandais Angelo Izama qui, il faut le reconnaître au New York Times, a pu publier un article d’opinion dans ses pages.

Pourquoi le Times ne pourrait-il pas engager Izama ou quelqu’un d’également qualifié pour couvrir l’Ouganda à plein temps?

Frontières linguistiques et interprètes


Engager des journalistes locaux résout aussi le problème de la langue, autre raison expliquant pourquoi les reportages sur l’Afrique sont si mauvais.

C’est particulièrement évident à l’endroit de la frontière anglophone-francophone: les reportages sur la crise au Mali par des médias comme l’Agence France-Presse et France 24 ont été bien meilleurs que ceux des médias anglophones.

Ils détenaient les meilleures informations du front et pouvaient interviewer facilement des Maliens non-anglophones.

Le problème n’est pas seulement qu’on ne peut pas demander à des reporters de parler les plus de 3.000 langues africaines, c’est que les correspondants étrangers ont tendance à s’appuyer sur le même petit groupe d’intermédiaires débrouillards pour arranger des interviews, trouver des interprètes et organiser la logistique.

Mais ces intermédiaires ont tendance à toujours organiser des rencontres avec les mêmes personnes.
Il en résulte souvent une sorte de chambre d’écho car les mêmes interviews sont menées avec, en gros, les mêmes questions et les mêmes réponses.

Les ONG font la loi


Ce problème est bien pire dans les zones de conflit, où les ONG organisent souvent des déplacements sécurisés pour les journalistes afin de faire connaître leur situation (et lever des fonds pour leurs opérations humanitaires).

Vu le défi que représente le journalisme au milieu d’un conflit ouvert, cette relation symbiotique arrange tout le monde: le journaliste a son papier et l’ONG une bonne publicité pour sa campagne.

Le problème est que l’on obtient bien souvent des reportages subjectifs et loin d’être impartiaux.

Par exemple, une bonne partie des reportages sur le conflit dans les Monts Nouba au Soudan a été facilitée par l’ONG américaine Samaritan's Purse.

Beaucoup des journalistes voyageant avec Samaritan's Purse ont utilisé le même intermédiaire pour leurs articles, Ryan Boyette, ancien employé du groupe marié à une femme originaire de Nouba et qui gère une initiative locale, pour décrire les atrocités commises là-bas.

En l’espace de quelques semaines, Boyette est aussi devenu le sujet d’un profil flatteur dans le New York Times par Nicholas Kristof, a fait l'objet d'un article de Jeffrey Gettleman pour la même publication et a été interviewé par Ann Curry pour l’émission Today de NBC.

Il ne s’agit pas de mettre en doute la crédibilité ou l’analyse de Boyette (même s’il est loin d’être un observateur neutre), mais plutôt de souligner l’un des nombreux exemples de la manière dont le manque d’accès et de maîtrise de la langue déforme le journalisme occidental en Afrique.

Comme le note Karen Rothmyer dans un article de la Columbia Journalism Review, beaucoup de journalistes travaillant sur l’Afrique dépendent «lourdement, et sans aucun sens critique, d’organisations humanitaires pour leurs statistiques, leurs sujets, leurs histoires et leurs sources.»

Rien d’étonnant donc si tant d’articles sur l’Afrique se concentrent sur les crises et que beaucoup ressemblent étrangement à du matériel promotionnel d’ONG.

Déontologie à géométrie variable 


Autre grand problème: le manque de déontologie de certains journalistes qui travaillent sur le continent.
Les normes de description et d’identification des victimes de conflits, de viols et de pédophilie sont souvent beaucoup moins respectées que lorsque la victime est américaine ou européenne.

Il est très courant de voir des photos d’enfants mourant de faim ou des victimes de viol dans les pages des journaux occidentaux.

L’exemple le plus extrême est celui de l’identification par Kristof, en 2010, d’une fillette congolaise de 9 ans victime d’un viol collectif. Le New York Times publia le nom de la fillette et une photo de son visage et posta même une vidéo d’elle en ligne.

Après de violentes polémiques, Kristof posta une réponse sur son blog dans laquelle il promettait de ne pas le refaire, tout en réfutant les critiques affirmant qu’il mettait l’enfant en danger en l’identifiant. Il reconnut cependant qu’imprimer son nom violait la politique du Times, même s’il avait reçu l’autorisation d’une femme qui jouait le rôle de tutrice de l’enfant.

Difficile d’imaginer un rédacteur en chef, quel qu’il soit, laisser une telle «bavure» se produire dans un article concernant une victime occidentale de pédophilie. Un article pareil n’aurait jamais pu —ou ne devrait jamais— arriver jusqu’à l’étape de la publication sans que le nom soit changé, la photo retirée ou remplacée par un cliché non-identifiable et sans qu’il soit rappelé qu’il n’est pas dans les principes du Times de publier le nom des victimes de viol.

C’est précisément ce genre de double traitement qui enrage les observateurs de l’Afrique et ceux qui se soucient de l’éthique des reportages sur les victimes de violences. Pourtant, ce genre d’abus est trop souvent toléré dans les médias occidentaux quand il s’agit de l’Afrique.

Est-ce parce que l’Afrique est toujours, dans beaucoup d’esprits occidentaux, «l’autre» exotique des films et de l’imaginaire?

Ou parce que beaucoup de reporters occidentaux approchent encore l’Afrique avec un sentiment mêlé d’excitation de se trouver dans un lieu si «unique» et de peur inspirée par le Cœur des Ténèbres?

Ou est-ce simplement l’ignorance d’une Afrique qui, comme le remarque l'auteur kenyan Binyavanga Wainaina, ne ressemblera jamais à ce à quoi l’Occident voudrait qu’elle ressemble? Je n’ai pas de réponse définitive.

Mais je suis persuadée qu’on peut mieux faire.

Laura Seay
Foreign Policy
Traduit par Bérengère Viennot

La difficile quête de la paix avec la rébellion du M23 au Congo (RDC)

M23 rebels on a truck in the streets of Goma
Les rebelles du M23 à bord d'un camion dans les rues de Goma (29 novembre 2012) - Photo VOA par Wikimedia Commons (Domaine Public)

[Liens en anglais ou en français] Le conflit actuel dans la région du Kivu en République Démocratique du Congo (RDC) risque de s'éterniser malgré les efforts de la communauté internationale pour négocier une trêve entre la rébellion du M23 et le gouvernement congolais.

La version 2012 de ce conflit est difficile à cerner, en particulier parce que le M23 est un mouvement armé en mutation à la fois géographiquement et politiquement. Son commandement est interchangeable entre différents chefs, et le mouvement est soutenu par des influences étrangères qui convoitent les richesses géologiques de la région.

L'évolution de la rébellion du M23

Qui sont exactement les rebelles du M23 ? C'est la question que le Projet Usamala du Rift Valley Institute cherche à résoudre dans son récent rapport intitulé “De la CNDP au M23 : l'évolution d'un mouvement armé dans l'Est du Congo” (PDF).

Alors que la branche armée de la rébellion est facile à définir, sa direction politique est plus insaisissable. Le rapport explique en outre :
La direction politique du M23 était principalement composée de loyalistes l'ex-CNDP [Congrès National pour la Défense du Peuple] avec Jean-Marie Runiga Lugerero, le représentant du CNDP basé à Kinshasa en tant que coordinateur politique.
Cependant, il y avait aussi quelques nouveaux noms qui auraient été nommés suite aux pressions du Rwanda (…) entre mai et août 2012 ; le M23 a également commencé à renforcer son aile politique. Il a nommé plusieurs nouveaux chefs locaux, mis en place un réseau de collecte d'impôt et a établi un bureau de liaison formelle pour les humanitaires travaillant dans la zone - des structures ressemblant à celles de l'ère du CNDP.
Ils ont également conçus deux sites web (www.soleildugraben.com et congodrcnews.com), une page de fans sur Facebook et plusieurs comptes Twitter administrés par eux ou leurs proches. Le 20 octobre, afin de renforcer davantage leur légitimité, ils ont rebaptisé leur bras armé l'Armée Révolutionnaire du Congo (ARC).
En effet, rudimentaire au début, la stratégie des relations publiques des rebelles du M23 est devenue de plus en plus sophistiquée pour obtenir un soutien public. Dans Jeune Afrique, Trésor Kibungula illustre l'évolution du M23 sur Facebook, d'un timide début en juillet à une plate-forme médiatique suffisamment controversée pour que Facebook décide finalement de la supprimer.

Une interview avec Bertrand Bisimwa du M23 sur le blog Congo Siaisa contribue à éclaircir la genèse du mouvement et ses prétendus objectifs primordiaux :
Le M23 est constitué de groupes armés qui ont signé l'accord du 23 Mars. Nous avons commencé par demander la mise en œuvre de cet accord. Le gouvernement nous a combattus en disant que nous n'avions pas le droit d'exiger cela [..]
Aujourd'hui, en plus de l'accord du 23 mars, nous voulons une bonne gouvernance dans le pays et un gouvernement légitime. Vous devez comprendre que tout l'ex-CNDP a rejoint le M23. En fait, la plupart ne l'ont pas fait. Ce sont les autres, ceux qui ne les ont pas rejoints qui ont aidé à truquer les élections en faveur de [Joseph] Kabila à Masisi.
Le Général Sultani Makenga, le chef militaire du M23, a également donné récemment une interview où il parle de la direction fluctuante du mouvement M23, faisant le point sur la position de l'ancien chef du CNDP Laurent Nkunda et du général détenu Bosco Ntaganda au sein du mouvement.

Mis à part sa direction fluctuante, Mélanie Gouby dans le magazine Newsweek explique que le mouvement ne semble pas avoir une idéologie politique définie et semble beaucoup plus enclin à protéger les intérêts économiques et politiques des nations environnantes.

Impliquer tous les acteurs dans la recherche de la paix

Les deux nations aux enjeux les plus économiques et politiques dans le conflit sont le Rwanda et l'Ouganda. Selon les Nations Unies, le Rwanda est associé au conflit au Kivu depuis longtemps malgré les dénégations du gouvernement du président Paul Kagame.

Pourtant, il y a peu d'incertitude sur le soutien du Rwanda, comme l'explique le rapport du projet Usamala :
Le soutien rwandais au M23 a été bien documenté en particulier par le Groupe d'experts des Nations Unies. Leurs conclusions ont été confirmées par Human Rights Watch, par la MONUSCO, et par au moins trois ambassades à Kigali à travers des enquêtes internes [..]
En ce qui concerne le rôle du Rwanda dans la crise, la politique américaine qui consiste à minimiser les sanctions contre le gouvernement Kagame est incompréhensible pour de nombreux observateurs.

Le gouvernement ougandais est également soupçonné d'avoir fourni un soutien logistique à la dernière offensive du M23. Dans la vidéo suivante, les députés ougandais demandent au président d'expliquer la relation avec les rebelles du M23 du Congo :



Avec autant d'acteurs impliqués dans la crise, ce qu'elle réserve pour la région est encore très flou. Le retrait définitif du M23 de Goma ? Certains combattants du M23 semblent croire fermement qu'ils seront bientôt de retour dans la ville. Les observateurs ne paraissent pas espérer beaucoup des pourparlers de paix.

Gérard Prunier, un universitaire et auteur français, soutient que le Congo et le Rwanda sont “juste en train de jouer la montre jusqu'à ce que la situation sur le terrain soit tirée au clair.” Il croit qu'il pourrait y avoir une escalade de la crise :
Si demain vous pourriez avoir la sécession du Katanga (ndlr: une région du Congo riche en minéraux) de retour dans les ouvrages, je ne serais pas surpris
Pendant ce temps, la population locale fait les frais de cette guerre sans fin. Le Programme Alimentaire Mondial indique qu'au moins 80 000 personnes sont déplacées dans la région :


ISN logo





Cet article et ses traductions en espagnol, arabe et en français ont été commandés par le Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens sur les relations internationales et les questions de sécurité dans le monde. Ce article a été publié sur le blog de ISN, voir ici des histoires similaires.

Fin du monde, les larmes des Congolais

larmes-de-guerre_365

Si la fin du monde intervenait effectivement aujourd’hui, des millions de Congolaises et de Congolais quitteraient cette planète Terre en larmes. Larmes pour n’avoir pas su « bâtir un pays plus beau qu’avant », comme claironné dans l’hymne national, au moment du passage du « témoin » avec la Belgique, le 30 juin 1960.

A la carence de cerveaux que l’on déplorait à la veille de l’indépendance a succédé une inflation de diplômés d’études secondaires, supérieures et post-universitaires, condamnés au chômage ou à des salaires de misère.

Le colon blanc, présenté comme un maître et un bourgeois sans coeur, bien qu’ayant beaucoup fait pour l’émancipation du Congolais, l’industrialisation du pays, le désenclavement et la bonne administration des provinces, territoires, secteurs et villages, a cédé sa place à un maître à la peau noire, plus impitoyable, cruel et injuste que le blanc.

Ce vendredi 21 décembre 2012, c’est un Congo en proie à une double occupation ougando-rwandaise, couverte par une pseudo-rébellion, qui serait appelé à s’effacer de la surface du globe, avec en prime plus d’un million de déplacés de guerre internes et un demi-million de citoyen réfugiés dans les pays voisins.

Au plan de l’histoire, l’après indépendance avait démarré sous le signe des guerres fratricides et de républiquettes de fait. Paradoxalement, la «fin du monde » surprend tout le peuple congolais dans un environnement de conflit armé et de balkanisation.

Bien qu’encore débout, la République Démocratique du Congo offre la triste image d’un pays potentiellement riche, mais dont les habitants occupent le bas de l’échelle dans pratiquement tous les domaines : produit intérieur brut, indice du développement humain, corruption, droits de l’homme, démocratie, climat des affaires, sport, enseignement, sciences, techniques, etc.

Les Congolais devraient nourrir de regrets au moment de faire leurs adieux à un univers où, en 1960, leur patrie était comptée parmi les Etats émergents, au même titre que l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, le Canada, le Maroc, Singapour…

Les routes, les écoles, les universités, les industries les fermes, les champs, lés bateaux, les trains, les autobus, les hôpitaux, les habitations de 1960 faisaient passer le Congolais pour un blanc à la peau noire un citoyen du monde civilisé, effectivement engagé dans la voie de la modernité.

52 ans après, il est rentré à l’époque de la pierre taillée. Le Congolais va actuellement se faire soigner en Afrique du Sud alors qu’avant l’indépendance, c’était l’inverse. Aujourd’hui, le Congolais cherche à aller en exil partout, pour fuir l’enfer du Congo. Mais partout, il est traqué comme un chien galeux.

Si la fin du monde intervenait effectivement ce vendredi, ce serait peut-être la grande « délivrance » pour le fonctionnaire, l’étudiant, le paysan, le déplacé de guerre, la fille-mère, l’orphelin, l’enfant de la rue, le vendeur à la criée, la prostituée, le maître d’école, la vendeuse de pain, le footballeur, le cantonnier, le tireur de charrette… ayant perdu tout espoir de vivre comme des êtres humains sur cette terre des hommes, à cause notamment d’une classe politique qui, depuis 1960, se bat d’abord pour son propre confort matériel, reléguant au second plan le bonheur collectif.

Dans l’hypothèse où la ligne du temps ne s’arrêterait pas aujourd’hui, les Congolais ont le devoir de s’interroger, à tous les niveaux, sur les tenants et aboutissants de leur triste descente aux enfers, alors que le Créateur leur a donné un pays où devraient couler, tous les jours, le lait et le miel.

Pourquoi le paradis tant chanté par les pères de l’indépendance a-t-il tourné le dos à un peuple qui donne l’impression d’être maudit ?

Kimp
Direct!cd

John Kerry secrétaire d’Etat, une bonne nouvelle pour la RDC?

le-senateur-john-kerry-le-20-decembre-2012-a-washington_949106

C’est officiel. John Kerry succèdera à Hillary Clinton à la tête de la diplomatie américaine, a annoncé Barack Obama, ce vendredi.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a nommé John Kerrypour prendre la succession de Hillary Clinton au poste de secrétaire d’Etat, a annoncé officiellement le président des Etats-Unis.

« Je sais que vous allez être un formidable secrétaire d’Etat », a affirmé Barack Obama aux côtés de John Kerry, après avoir assuré que la vie entière du sénateur du Massachusetts (nord-est), 69 ans, l’avait préparé à ce poste.

La nouvelle avait été diffusée samedi soir par les chaînes de télévision CNN et ABC. CNN avait cité un « démocrate ayant parlé à John Kerry » à l’appui de son information, tandis qu’ABC a évoqué des « sources » non identifiées. Sollicitée par l’AFP, la Maison Blanche n’avait pas encore confirmé.

Un ancien candidat à la présidentielle

Le candidat malheureux à la présidentielle américaine de 2004 a accumulé une solide expérience internationale au Sénat, élu depuis fin 2008 à la tête de la commission des Affaires étrangères.

Elu au Sénat en 1984, il se fait connaître de la plupart des Américains en portant les couleurs démocrates à la présidentielle de 2004.

Face au président George W. Bush, il dénonce les mauvais renseignements ayant conduit au déclenchement de la guerre en Irak et fait du rétablissement du prestige américain une priorité de sa campagne. Le président sortant, qui sera réélu, rappelle au sénateur Kerry qu’il avait voté pour la guerre, comme nombre de ses collègues.

Depuis septembre, John McCain et ses alliés républicains avaient levé un mur de barrage contre Susan Rice, l’accusant d’avoir trompé les Américains sur son compte-rendu de l’attaque meurtrière du consulat de Benghazi, en Libye.

Incidemment, ils étaient nombreux à suggérer le nom de John Kerry comme un choix préférable.

Avec 

La Société civile insiste sur l’urgence et la nécessité de matérialiser la réforme de l’armée

jeudi 20 décembre 2012

FARDC

Lettre ouverte au Chef de l’Etat


Dans une lettre ouverte au président de la République, cent quarante organisations de la Société civile soulignent que la réforme de l’Armée, de la Police et des services de sécurité permettra de doter la République démocratique du Congo d’une « Armée qui rassure notre peuple dans toute sa diversité… Une Armée apolitique, professionnelle et dont notre peuple sera fier… ».

Après avoir suivi le discours du Chef de l’Etat sur l’état de la nation le 15 décembre 2012, cent quarante organisations de la Société civile saluent son option levée, non seulement de poursuivre le renforcement des capacités des Forces armées de la RDC, à « un rythme plus accéléré », mais aussi de voir « toutes les Lois concernant la réforme de l’Armée ainsi que leurs mesures d’application être scrupuleusement observées… ».

A ce titre, elles tiennent à lui signaler que les avancées significatives enregistrées en août 2011, avec la promulgation des Lois organiques n°11/012 et n°11/013, portant respectivement organisation et fonctionnement des Forces Armées ; organisation et fonctionnement de la Police Nationale Congolaise semblent s’être arrêtées, voire retardées.

Elles en veulent pour preuve, et cela à titre strictement illustratif, le fait que ci-après : la Loi organique portant organisation, composition, attributions et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Défense, déjà votée par les deux Chambres du Parlement, attend sa promulgation par le Président de la République, depuis plus d’une année, alors que l’arrêt R. Const.179/TSR de la Cour suprême de justice,  l’ayant déclarée conforme à la Constitution lui a été notifiée depuis le 19 juin 2012.

Il en est de même de la Loi portant Statut Militaire des Forces Armées de la République démocratique du Congo, votée en seconde délibération, lors de la session extraordinaire de juin 2012, et qui en appelle à sa promulgation, dans le respect du délai constitutionnel.

Quant à la Loi organique n°11/012 du 11 août 2011, portant organisation et fonctionnement des Forces Armées et de la Défense, déjà promulguée : les ordonnances présidentielles, les arrêtés ministériels et les directives du Chef d’Etat-major général des FARDC, ne sont toujours pas pris pour qu’ils soient scrupuleusement observés, ainsi que le Chef de l’Etat l’a souhaité dans son discours sur l’état de la Nation.

Elle précisent : « Cette loi prévoit un délai fixe de deux ans pour la prise des mesures d’application. Or l’on a déjà fait plus d’une année, il ne reste que quelques mois, aucune mesure d’application n’est encore prise ».

Elles font en outre remarquer que la Loi portant Statut du Personnel de carrière de la Police Nationale Congolaise, votée par l’Assemblée nationale et le Sénat, fut transmise au Président de la République depuis le 29 octobre 2011, selon la lettre cosignée par les Présidents de deux Chambres du Parlement et référencée N/Réf : CAB/PDTS/A.N.-SENAT/043/2011.

Cette loi qui constitue un complément nécessaire à la Loi organique portant organisation et fonctionnement de la Police Nationale Congolaise n’est pas toujours promulguée… Elle a été retournée pour une seconde délibération, au-delà du délai constitutionnel.

Elles déclarent aussi que le processus d’assainissement des effectifs au sein de l’Armée, en commençant par les invalides, les décédés, les personnes non éligibles (les condamnés, les déserteurs…), avant d’envisager la mise en retraite des vieillards (militaires ayant atteint la limite d’âge) n’a toujours pas commencé ;

En outre, disent-elles, le commandement général des Ecoles militaires, avec à sa tête un officier général et un Etat-major ayant un pouvoir décisionnel clair et complet n’est toujours pas mis en place.

Le « Vetting » au sein des services de sécurité en vue d’y extirper les auteurs présumés des crimes économiques, des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire n’est toujours pas effectif. Et cela a le désavantage, aux yeux de l’opinion, de considérer les services de sécurité comme un lieu de refuge des « hors la loi ».

Selon la Société civile, l’organisation et le fonctionnement des juridictions militaires doivent pleinement assurer le droit de toute personne à un tribunal compétent, indépendant et impartial, lors de toutes les phases de la procédure, celle de l’instruction comme celle du procès.

Elle réclame la nomination des magistrats militaires aux grades de général major et de lieutenant général pour garantir la poursuite de tous les officiers supérieurs qui se rendent coupables de violations à la loi.

En effet, la limitation au grade de général de brigade a pour conséquence un blocage des poursuites des officiers généraux de l’Armée. Le statut des magistrats militaires à nommer à ces grades doit garantir leur indépendance et leur impartialité, notamment par rapport à la hiérarchie militaire.

Ces organisations pensent que le Chef de l’Etat est l’Institution la mieux indiquée pour donner le ton, en promulguant par exemple les Lois susmentionnées dont l’attente est allée au-delà du délai de quinze jours prévu par la Constitution de la République démocratique du Congo.

Pour elles, la poursuite et la finalisation des réformes institutionnelles préconisées par le Programme d’Action du Gouvernement, concernent aussi la « réforme de l’Armée, de la Police et des services de sécurité ».

Ceci étant, elles sont convaincues que la promulgation des Lois relatives à la réforme du secteur de sécurité et de leurs mesures d’application, incitera le Gouvernement à « assurer la mise en œuvre effective de ces Lois, par l’allocation des crédits budgétaires correspondants aux différents droits des militaires et des policiers… ».

Elles pensent que la volonté politique du Président en matière de la réforme de l’Armée et de la Police peut amener le gouvernement congolais à confirmer son leadership dans le processus de la réforme en cours, en y apportant la contrepartie nationale, autour de laquelle devront graviter les appuis d’autres partenaires.

Elles disent en guise de conclusion : « C’est en procédant de la sorte que la République démocratique du Congo sera dotée réellement d’une Armée dissuasive, républicaine… que le peuple soutiendra en tous temps et en toutes circonstances… ».

Donatien Ngandu Mupompa
Le Potentiel