Cinq semaines après le lancement de l’opération Serval, la guerre est loin d’être terminée. Si l’avancée-éclair des troupes maliennes et françaises a fait reculer les cadres djihadistes vers les montagnes, des affidés aux mouvements islamistes continuent de s'infiltrer dans la population.
«Nous avons dit que des membres du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) s'étaient infiltrés dans la population, mais personne ne nous écoute», a déclaré M. Ag Badara, un guide touristique converti en chasseur d’islamistes.
D’après lui, les troupes françaises et maliennes se fourvoient en pensant la guerre avec une grille classique.
«Pourquoi restent-ils seulement aux points de contrôle et dans leurs camps? La guerre est là dans les rues», affirme-t-il.
La bataille pour le Mali n’est-elle pas en passe de s’enliser et de se transformer en guérilla latente, imprévisible pour les forces d’interventions. Le contrôle à l’entrée des grandes villes a été renforcé mais les combattants islamistes bénéficieraient de soutiens dans les villages qui entourent la ville de Gao.
«Les djihadistes sont toujours dans les environs», affirme le commandant de l’armée malienne le colonel El Hadj Ag Gamou.
Les islamistes, comme le montre le document inédit retrouvé à Tombouctou, cherchaient à greffer des groupes locaux à leur cause.
«Ce sont des villages qui ont fait allégeance au Mujao», ajoute Ousmane Maïga, un instituteur de Gao.
Ces localités avaient effectivement été des puits de forces vives pour les djihadistes. De nombreux jeunes, par nécessité ou conviction politique, avaient gonflé les rangs des islamistes.
Les autorités craignent que la situation s’envenime et prenne les traits des conflits afghans ou irakiens avec leur lot d’attentats suicides. Le 8 février, un nouvel attentat a secoué la ville de Gao. Un phénomène nouveau pour le pays qui n’avait jamais été confronté à des attentats suicides.
Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), l'un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, a revendiqué l'attentat. L'opération serval pourrait rapidement se transformer en un bourbier ingérable pour les armées maliennes et françaises.
Lu sur New York Times
SlateAfrique
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