Les Camerounais sont choqués par le rapt d'une famille française, près de la frontière avec le Nigeria, et craignent que cette région touristique ne devienne un nouveau Tombouctou.
Une vue du parc naturel de Waza (Nord-cameroun), photo prise en 2008. © MARC PREEL / AFP
Depuis l'annonce de l'enlèvement d'une famille de sept Français près du parc national de Waza, non loin de la frontière avec le Nigeria, les commentaires vont dans tous les sens.
Cameroon Voice publie une tribune pour le moins étonnante d’un ressortissant français résidant au Cameroun, qui ne croit pas en la thèse, avancée conjointement par les autorités camerounaises et françaises, selon laquelle ce rapt serait l’œuvre de la secte islamiste Boko Haram ou de sa branche dissidente Ansaru.
Il estime que ce rapt n’est que la rançon de «toutes les atrocités coloniales commises par la France», dans ce pays. Avant de donner l’impression de se contredire:
«Je ne prétends pas ici que l’enlèvement de cette famille française est un acte politique conscient et respectable commis par des révolutionnaires africains dignes d’admiration. Je ne dis pas non plus que le lien est direct avec l’intervention en cours (et en cours d’enlisement?) au Mali.»
Cet argumentaire un peu confus, fait dire au site Cameroon Voice qui publie la tribune, qu’il s’agit-là, tout bonnement, d’une «digression sur un enlèvement».
Ces propos ont en tout cas le mérite de faire parler de l’affaire en elle-même. Car, un jour après l’enlèvement de la famille française dans l’extrême-nord du Cameroun, les informations peinent à filtrer et le silence dans les colonnes de la presse est assez retentissant.
Propos laconiques et formules lapidaires
Le site Camnews24 et le quotidien pro-gouvernemental Cameroon Tribune se contentent de reprendre un communiqué laconique du ministère des Relations extérieures, confirmant le rapt, le nombre de personnes enlevées —ce que tout le monde sait déjà, depuis le 19 février au soir— et sur le fait que les ravisseurs auraient conduit leurs otages vers le Nigeria voisin.
Dans ce communiqué, les autorités camerounaises indique aussi que le chef de l’Etat, Paul Biya a instruit des «mesures urgentes» et que «le dispositif sécuritaire en place dans la région a été renforcé, le gouvernement camerounais reste en contact permanent avec les autorités nigérianes et françaises».
Bien évidemment, cela ne rassure personne, comme le souligne Le Journal du Cameroun, qui s’inquiète:
«C’est la première fois que des touristes Français sont enlevés dans une ville camerounaise.»
A l'instar des autorités françaises, le site d’information voit dans cette affaire la main de la secteBoko Haram et la menace que celle-ci représente désormais sur le Nord-Cameroun, qui partage une frontière longue et très poreuse avec le Nigeria.
Indignation et inquiétudes des populations
Indignation donc, et inquiétude pour cette famille dont le père travaille pour le groupe GDF-Suez à Yaoundé, la capitale camerounaise et dont les quatre enfants sont âgés de 12 ans, 10 ans, 8 ans et 5 ans.
Pour le quotidien camerounais Le Messager, c’est aussi ce qui ce rend cet enlèvement à la fois spectaculaire et douloureux.
Le correspondant du journal dans la région septentrionale du pays fait savoir que «malgré le rapide déploiement des forces de l'ordre pour tenter de quadriller le terrain, les ravisseurs auraient franchi la frontière avec le Nigeria, distante de quelques kilomètres à peine».
Et Le Messager de s’alarmer une nouvelle fois:
«Dans cette région, il est illusoire de vouloir contrôler tous les trafics, il existe une psychose car rien n'arrête ces individus qui utilisent sans doute le Cameroun commebase arrière. Mais la population était loin de se douter qu'ils en viendraient à enlever sept étrangers d'un seul coup.»
Désormais se pose la question du sort de ces Français, pris en otage alors qu’ils revenaient d’une excursion touristique dans le parc naturel de Waza, l’un des parcs nationaux les plus fréquentés du pays et situé dans une région montagneuse et aride.
Que va-t-il leur arriver si, comme le soupçonne aussi le site Bonaberi.com, les ravisseurs sont bien Boko Haram ou Ansaru? Il y a de quoi s’inquiéter, note le site.
«Les trois Occidentaux —un Anglais, un Italien et un Allemand —, enlevés en 2011 et 2012 par Ansaru, ont été tués.»
Raoul Mbog
SlateAfrique
Une vue du parc naturel de Waza (Nord-cameroun), photo prise en 2008. © MARC PREEL / AFP
Depuis l'annonce de l'enlèvement d'une famille de sept Français près du parc national de Waza, non loin de la frontière avec le Nigeria, les commentaires vont dans tous les sens.
Cameroon Voice publie une tribune pour le moins étonnante d’un ressortissant français résidant au Cameroun, qui ne croit pas en la thèse, avancée conjointement par les autorités camerounaises et françaises, selon laquelle ce rapt serait l’œuvre de la secte islamiste Boko Haram ou de sa branche dissidente Ansaru.
Il estime que ce rapt n’est que la rançon de «toutes les atrocités coloniales commises par la France», dans ce pays. Avant de donner l’impression de se contredire:
«Je ne prétends pas ici que l’enlèvement de cette famille française est un acte politique conscient et respectable commis par des révolutionnaires africains dignes d’admiration. Je ne dis pas non plus que le lien est direct avec l’intervention en cours (et en cours d’enlisement?) au Mali.»
Cet argumentaire un peu confus, fait dire au site Cameroon Voice qui publie la tribune, qu’il s’agit-là, tout bonnement, d’une «digression sur un enlèvement».
Ces propos ont en tout cas le mérite de faire parler de l’affaire en elle-même. Car, un jour après l’enlèvement de la famille française dans l’extrême-nord du Cameroun, les informations peinent à filtrer et le silence dans les colonnes de la presse est assez retentissant.
Propos laconiques et formules lapidaires
Le site Camnews24 et le quotidien pro-gouvernemental Cameroon Tribune se contentent de reprendre un communiqué laconique du ministère des Relations extérieures, confirmant le rapt, le nombre de personnes enlevées —ce que tout le monde sait déjà, depuis le 19 février au soir— et sur le fait que les ravisseurs auraient conduit leurs otages vers le Nigeria voisin.
Dans ce communiqué, les autorités camerounaises indique aussi que le chef de l’Etat, Paul Biya a instruit des «mesures urgentes» et que «le dispositif sécuritaire en place dans la région a été renforcé, le gouvernement camerounais reste en contact permanent avec les autorités nigérianes et françaises».
Bien évidemment, cela ne rassure personne, comme le souligne Le Journal du Cameroun, qui s’inquiète:
«C’est la première fois que des touristes Français sont enlevés dans une ville camerounaise.»
A l'instar des autorités françaises, le site d’information voit dans cette affaire la main de la secteBoko Haram et la menace que celle-ci représente désormais sur le Nord-Cameroun, qui partage une frontière longue et très poreuse avec le Nigeria.
Indignation et inquiétudes des populations
Indignation donc, et inquiétude pour cette famille dont le père travaille pour le groupe GDF-Suez à Yaoundé, la capitale camerounaise et dont les quatre enfants sont âgés de 12 ans, 10 ans, 8 ans et 5 ans.
Pour le quotidien camerounais Le Messager, c’est aussi ce qui ce rend cet enlèvement à la fois spectaculaire et douloureux.
Le correspondant du journal dans la région septentrionale du pays fait savoir que «malgré le rapide déploiement des forces de l'ordre pour tenter de quadriller le terrain, les ravisseurs auraient franchi la frontière avec le Nigeria, distante de quelques kilomètres à peine».
Et Le Messager de s’alarmer une nouvelle fois:
«Dans cette région, il est illusoire de vouloir contrôler tous les trafics, il existe une psychose car rien n'arrête ces individus qui utilisent sans doute le Cameroun commebase arrière. Mais la population était loin de se douter qu'ils en viendraient à enlever sept étrangers d'un seul coup.»
Désormais se pose la question du sort de ces Français, pris en otage alors qu’ils revenaient d’une excursion touristique dans le parc naturel de Waza, l’un des parcs nationaux les plus fréquentés du pays et situé dans une région montagneuse et aride.
Que va-t-il leur arriver si, comme le soupçonne aussi le site Bonaberi.com, les ravisseurs sont bien Boko Haram ou Ansaru? Il y a de quoi s’inquiéter, note le site.
«Les trois Occidentaux —un Anglais, un Italien et un Allemand —, enlevés en 2011 et 2012 par Ansaru, ont été tués.»
Raoul Mbog
SlateAfrique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire